L’auteur, Pierre Martinet, est un ancien du service action de la DGSE : il a donc une approche réaliste de l’univers qu’il décrit, il a d’ailleurs déjà écrit plusieurs livres sur le thème du renseignement.
L’histoire, romancée, est totalement dans l’air du temps : l’action débute lors de la passation de pouvoir de la présidence de Nicolas Sarkozy à François Hollande. Il est question d’une cellule secrète de la DGSE, l’unité Delta, qui se livre à une traque réciproque, d’une cellule islamiste, « le Sabre d’Allah », qui prépare un attentat sur le sol français.
L’intérêt principal, au-delà du côté haletant de ce récit, c’est ce qu’il nous apprend sur la guerre moderne et le monde du renseignement en général. On prend conscience de la nature de la guerre que mènent les démocraties modernes : l’ennemi n’est pas un pays et il n’y a pas de champs de bataille. L’adversaire prend la forme de groupes d’individus travaillant dans tous les pays du monde et organisé en cellules pouvant opérer indépendamment.
Plus encore qu’à l’époque de la guerre froide, « les renseignements » sont primordiaux, pour anticiper les attentats et démanteler lesdits groupes. L’information devient alors l’arme principale qui nécessite des agents infiltrés dans les zones sensibles du monde pour établir des contacts locaux ; elle exige une coopération entre services de différents pays.
Au travers du personnage de Hichad, le hacker de l’équipe, l’auteur illustre le côté très high-tech que prend cette guerre menée pour l’information via des piratages et des virus et apporte ainsi une contribution décisive au succès des entreprises contre-terroristes.
Mais l’information peut également nuire aux personnages, ainsi la taupe côté français fait circuler de fausses informations faisant de « Vincent » une cible pour une cellule britannique. De même le leader de la cellule terroriste est-il victime d’une mise en scène du Mossad le faisant passer pour un traître aux yeux d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Ombres et mirages.
Si l’information est primordiale, l’action n’est pas en reste. L’auteur nous montre que les agents de la DGSE sont également efficaces sur le plan physique. Les agents de l’équipe originelle ont suivi un entraînement intensif et éprouvant de plusieurs mois et les nouvelles recrues en guise de test de résistance subissent un faux enlèvement suivi de plusieurs jours de sévices. « Annie » se révèle un sniper d’une précision redoutable. De même les personnages de « Vincent » et « Stéphanie » sont présentés à plusieurs reprises en train de neutraliser de multiples adversaires au moyen d’armes à feu, armes blanches ou même à mains nues. Ce qui donne une image d’agent très efficace, semblable à de véritables machines à neutraliser.
Au final, on retiendra que l’art de la guerre moderne est fondé sur le regroupement de l’information et sur des actions menées par des petits groupes surentraînés.