Ce livre illustré nous propose une compilation thématique de douze histoires en vignettes dessinées de la série Commando relatant la période du débarquement en Normandie. Cette série, datant d’un demi-siècle, rencontre toujours un vif succès en Angleterre où elle est considérée comme « une institution ».
Ce recueil nous plonge historiquement dans des opérations ayant lieu à la veille du débarquement ou au jour du débarquement lui-même. Les commandos – parachutés ou débarqués – se retrouvent donc directement sur le front ou lors d’opérations parallèles à l’offensive principale et ont pour missions principales d’attaquer des installations allemandes (neutralisation d’une station de radar ou d’une batterie d’artillerie).
Les héros mis en avant sont souvent des têtes brûlées, freinées par leur hiérarchie, bien décidées à en découdre avec l’ennemi, et ce malgré leurs jeunes âges. À titre d’exemple, on relève l’histoire de la section des Cadets qui se cachent dans un avion pour rejoindre le front. Mais on retrouve également en contrepoint de ces héros, des soldats maladroits et peu confiants qui semblent dépassés par les événements mais qui, grâce à l’esprit d’équipe, se dépassent et accomplissent leur mission.
Les soldats allemands standards sont dessinés comme une masse inhumaine déterminée et redoutable dans le combat mais dépassés par la résolution de leurs adversaires. Bien que par moments on les montre sous un jour plus humain, choqués par les horreurs perpétrées par leur camp ou effrayés à l’approche de la défaite. Les chefs nazis sont bien souvent dépeints comme intelligents, sadiques et violant les lois de la guerre. Les héros développent des inimitiés personnelles et les traquent sans relâche, le tout se finissant par un duel, souvent à mains nues.
Le format BD assez inédit dans ce genre d’analyse se révèle riche d’enseignements. Que le concept d’histoire de commandos intéressent autant en Angleterre n’est pas anodin. L’Angleterre, avant l’arrivée des Américains, ne pouvait pas lancer de grandes offensives contre les Allemands et les opérations menées par des commandos étaient le seul moyen de frapper au sol les territoires sous occupation allemande. Ces actions étaient un moyen de maintenir sous pression une Allemagne qu’elle ne pouvait pas défier frontalement.
Chaque histoire s’ouvre avec une fiche d’explication sur les armes, l’équipement ou les appareils, accompagnée de schémas. Les récits sont entrecoupés de scènes de fusillades et de scènes d’approfondissements des relations entre les soldats où l’auteur explore le passé des hommes. La guerre est montrée comme une expérience permettant de se dépasser et qui change les hommes de manière positive. Ils ne remettent jamais en cause la justesse du combat, ne parlent jamais d’abandonner et ne montrent pas de la lassitude par rapport au conflit. Leur principal grief est par rapport à leurs officiers, vus comme rigides voir snobs mais qui finissent par reconnaître la valeur de leurs hommes.
La formule choisie, la BD, permet de suivre la guerre d’une manière simple et dynamique. Bien que peu détaillés au niveau des visages, les dessins s’avèrent agréables, les armes, véhicules et uniformes sont bien représentés. La mort est ici représentée de manière épurée, lorsqu’un homme est touché on ne montre pas de sang, juste un bref cri et le soldat s’effondre, les commandos ne sont pas épargnés par le deuil. Les situations de combats sont réalistes et offrent une idée des combats de la Seconde Guerre mondiale, à savoir le choc entre petites unités sur un front aux dimensions du pays entier.