Les anniversaires fournissent l’occasion de commémorations et de retours sur le passé. Ainsi les événements qui ensanglantèrent l’ancien mandat belge du Rwanda, après l’accident (ou plutôt le meurtre !) du président Habyarimana le 6 avril 1994, sont revenus un temps dans les colonnes des médias et ont provoqué en France les commentaires d’hommes politiques en poste à l’époque, comme Alain Juppé ou Bernard Kouchner.
Un article du numéro de mars de notre revue ne parle-t-il pas du « spectre du génocide rwandais qui hante encore la conscience de la classe politique française » ? Bernard Lugan, grand spécialiste de l’Afrique, avait précédé les uns et les autres dans ce livre paru en janvier.
L’auteur décortique l’affaire de façon analytique sous la forme de réponses précises et détaillées à une série de questions concernant l’événement initial, sa préparation, son exploitation, puis le génocide qui lui succéda, enfin la recherche de la responsabilité du massacre. S’il réfute avec précision les accusations portées contre la France, il ne ménage pas le général (canadien) Dallaire et il pense que « le jugement de l’histoire sera très sévère pour le TPIR » (le Tribunal pénal international pour le Rwanda).
Cette méthode d’investigations successives permet d’apporter des réponses claires et détaillées sur des points précis. Elle ne livre évidemment pas une vue d’ensemble sur un sujet auquel Lugan l’Africain a consacré plusieurs autres livres et s’y retrouve à l’aise en fréquentant des patronymes aussi aisés à retenir que Ndindahizi ou Zigiranyirazo.