Les célébrations en 2014 du 50e anniversaire de la reconnaissance de la Chine par le général de Gaulle au nom de la France, en un temps où notre pays était très isolé, offre une occasion privilégiée d’échanger avec ce peuple sur un partenariat auquel l’Europe tout entière, et chaque nation en particulier sont conviées.
Le colloque s’est tenu, le 30 août 2013, au Futuroscope de Poitiers. Le discours d’ouverture de Jean-Pierre Raffarin, président de la Fondation Prospective et Innovation, fut particulièrement apprécié. La Chine, quasi zone grise en 1973, est devenue en 2013 sinon le cœur de l’économie mondiale, du moins un des foyers de son ellipse, l’autre restant les États-Unis qui ont infligé au monde une terrible crise économique lors du quasi krach en 2008 de leur système financier. Récemment, le président Xi Junping déclarait au Forum de Boao : « Jamais dans l’histoire de la Chine nos intérêts n’ont été autant liés à ceux du reste du monde ».
La nouveauté, c’est que la Chine, au lieu de poursuivre sur l’erre l’alignement avec l’Occident, veut changer de cap, changer de modèle. Elle veut inventer à son tour les termes de son destin, donc concourir à définir ceux du destin du monde. Il est bien nécessaire de chercher à mieux comprendre vers où elle va et pourquoi elle y va.
L’Amérique s’alarme du réarmement chinois, mais la Chine interprète le Transpacific Partnership imaginé par l’Amérique comme une opération de containment à son encontre.
La Chine s’est élevée au statut implicite de seconde grande puissance mondiale, situation de fait que traduit la mise en circulation officieuse du concept de G2. Ce concept installe une méfiance stratégique inhérente à cette dualité. Dans les faits, le G2 n’a jamais été opérationnel.
Depuis 2008, la Chine a dépassé les États-Unis comme premier pays industriel mondial, et, depuis 2011, comme premier pays exportateur. Son PNB sera à parité en 2050. Mais la Chine est consciente que la croissance mondiale va chuter et que l’investissement passera de un demi à un tiers, elle en tire les conséquences pour son avenir. Ce livre en dévoile des pistes.
On voit s’installer un nouveau barycentre du monde, centré sur l’Asie avec la Chine pour première assise qui aura son Orient aux États-Unis et son Occident en Europe. Mais cette Asie est elle-même multipolaire, avec un Japon au Proche-Orient, de la Chine et une Inde à son Occident immédiat, tandis que l’Amérique devient de plus en plus latin et que l’Europe se complique d’une dimension euro-méditerranéenne, voire euro-africaine, qui accentue les vulnérabilités et les incertitudes. Dans cette carte, le monde arabe est une incertitude. La Russie sera reliée par une ligne ferroviaire ultra-rapide qui gagnera plusieurs jours de voyages entre Moscou et Pékin.
Toujours est-il que les destins de la France, de l’Europe et de la Chine resteront liés comme l’indiquait le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius. La Chine tient à la vitalité de l’Europe et prend ses responsabilité pour lui venir en aide, comme s’il s’agissait d’un élément de son propre intérêt. Elle tient aussi à la consolidation de la relation franco-allemande.
Les annexes qui représentent près d’un tiers du livre donnent des informations très utiles.
Le professeur d’université Michel Aglietta explore le modèle économique de la Chine après 2020. Guo Bai y trace « Une voie chinoise vers la démocratie ? ». La rencontre avec le China Entrepreneur Club au Palais du Luxembourg, le 27 juin 2013, montre que la France est une terre d’opportunité avec ses 30 000 entreprises qui travaillent à l’étranger et ses 20 000 entreprises étrangères qui travaillent en France.