Ce livre, fort de 464 pages et de 24 témoignages (à une ou plusieurs voix) recueillis par les deux auteurs pourrait très bien être le pendant de Sous le feu de Michel Goya. Les témoignages qui y sont retranscrits sont d’une très grande variété, tant par la spécialité des témoins (infirmière, plongeur-démineur, tringlot, légionnaire, planificateur d’état-major, pilotes de chasse, etc.) et leurs grades que par les différents théâtres évoqués, qui vont du Liban à la Centrafrique, en passant par la Bosnie, le Golfe, le Rwanda, l’Afghanistan, la Libye et le Mali.
Des témoignages sur le retour de mission et celui, particulièrement poignant et courageux, d’une veuve de soldat complètent le volume.
Au début de chaque partie, une courte introduction, accompagnée d’une ou deux cartes, précise le contexte de l’opération. Pour chacune d’elle, entre un et cinq témoignages de longueur variable ont été sélectionnés par les deux auteurs (qui précisent leur méthodologie dans l’introduction générale). Ces témoignages montrent bien les colères, le décalage médiatique ressenti par les personnels en mission, les doutes et la tentation de l’action individuelle qui assaillent les soldats immergés dans la bulle de l’action, mais aussi parfois les traumatismes qu’ils ont ramenés dans leurs bagages ou la question de la transmission de leur expérience à leurs proches (la colère peut toutefois surgir après le retour de mission).
On pourra cependant regretter l’absence de témoignages de marins, des notes infrapaginales imprécises, un glossaire lacunaire, des introductions inégales et quelques erreurs manifestes de retranscription mais qui ne remettent pas en cause le grand intérêt des témoignages, parfois émouvants, qui éclairent beaucoup sur l’expérience humaine face au danger, à la souffrance et à la mort. Les droits d’auteur sont reversés à l’association d’aide aux blessés de guerre Terre Fraternité.