Saint Cyrien de 1966, Michel Klen analyse en détail les événements de la guerre d’Algérie et souligne avec neutralité tous les traumatismes qui ont entraîné la fin de l’Algérie française. Remontant dans le passé, il rappelle l’enlèvement des Chrétiens par les pirates barbaresques, la vente frauduleuse de blé au Directoire, l’opposition des Arabes à l’agriculture (selon Tocqueville), les hésitations de Bugeaud, l’approbation de la colonisation par Victor Hugo et Ferhat Abbas.
Il corrige à la baisse les estimations des victimes de la répression en mai 1945, août 1955 et octobre 1961 ; pour cette dernière, il cite le rapport des RG qui contredit les mensonges du maoïste Einaudi : les noyés dans la Seine sont les victimes de règlements de compte FLN-MNA. Il met en relation les interrogatoires « musclés » des DOP avec la terreur exercée sur les civils, la mutilation des blessés, la cruauté d’Amirouche, et reconnaît la victoire de Massu sur la barbarie et le pourquoi nous mourons du père Delarue.
Sa description de la société algérienne est celle d’une origine cosmopolite des Européens, et patriarcale des musulmans, sur laquelle s’exerce l’action samaritaine et psychologique des SAS, des EMSI, de Mme Massu et du capitaine Sirvent, contrés par la pression médiatique des insoumis et des complices du FLN.
Les événements prometteurs : bataille des frontières, 13 mai, ralliement d’Azzedine, plan Challe, référendum de septembre 1958, affaire Si Salah, sont suivis des feux de la révolte : barricades de février 1960, fondation de l’OAS, putsch des généraux, coopération des barbouzes avec le FLN, fusillades de Bab el Oued et de la rue d’Isly. L’échec du putsch est attribué au respect des militaires envers le chef de l’État.
Le drame final est celui du calvaire des pieds noirs et des harkis. Les concessions d’Évian (statut des Européens, abandon du Sahara) s’expliquent par l’évolution équivoque de la pensée gaulliste, qui influencée par le double jeu des grandes puissances, passe de la France intégriste de Tamanrasset à une politique d’association, puis à la reconnaissance de la république algérienne. La trêve d’août 1961 met fin aux succès de l’armée et contribue à la remontée des wilayas. La peur de mai 1968 a entraîné le pardon accordé aux soldats perdus.
En conclusion, l’auteur confirme que l’histoire a été confisquée par le FLN : la libération du peuple a fait place à la dictature personnelle, puis militaire, au socialisme étatique, à la fracture sociale et à la guerre civile de 1990. De nombreux auteurs algériens confirment cette dérive. Lanzman, accusateur des harkis, fait acte de contrition. Albert Camus, partisan d’une réconciliation, est sans doute mort trop tôt.
Cette recension synthétique est une invitation à la lecture. Les analyses, les citations, la référence à de remarquables officiers et à des historiens objectifs confirment le bien-fondé des idées exprimées et la nécessité de revenir à une bataille des mémoires impartiale.