Raoul Delcorde, diplomate belge, fait ici une brève histoire de la mondialisation ou comment la fin de la guerre froide a correspondu à celle de l’ordre westphalien. À la toute-puissance des États s’est substituée une société-monde où de nouveaux acteurs sont entrés dans la danse (ONG, communautés scientifiques, villes, grandes entreprises, etc.). Désormais, la planète entière se trouve interconnectée, les problèmes (notamment économiques, sociaux et environnementaux) des uns concernent forcément les autres.
L’ancien ambassadeur (Suède, Pologne, Canada), aujourd’hui à la direction du ministère des Affaires étrangères de son pays, veut surtout expliquer comment les diplomaties traditionnelles se sont adaptées à la nouvelle donne. Bien qu’affaiblies, des secousses mondiales leur ont donné l’occasion de retrouver leur superbe. Ainsi, les États conservent une importance majeure, encore plus depuis le 11 septembre 2001 puis la crise économique de 2008, qui ont nécessité leur intervention. Aux yeux de l’auteur, le ministère des Affaires étrangères s’apparente à une « tour de contrôle » autour desquelles doivent se concerter les différents protagonistes afin d’assurer une sécurité collective. Il « est le seul à disposer des capacités globales d’analyse, de synthèse, d’information, et de coordination pour assumer ce rôle », affirme Raoul Delcorde.
Les États s’avèrent d’autant plus essentiel que les systèmes de gouvernance supranationale comme l’ONU ou le G7 font preuve de faiblesse. Pour autant, l’auteur voit dans une structure comme l’Union européenne une clef aux problèmes liés à la mondialisation, à commencer par les inégalités sociales et l’environnement. On ne peut ici s’empêcher d’y voir un optimisme parfois un peu exagéré du diplomate, bien que celui-ci concède que l’UE « a beaucoup perdu de sa légitimité ». La capacité de l’Union européenne à prendre toute sa place pour se faire entendre et respecter laisse plus d’un spécialiste circonspect. Le Brexit, jamais mentionné par Raoul Delcorde, en constitue un exemple. L’attitude agressive de la Russie, la Chine, et les États-Unis de Trump représentent d’autres raisons d’être pessimiste quant à l’idée de lendemains qui chantent pour l’UE et par ricochet pour les populations les plus fragiles.
On aurait aimé que Raoul Delcorde rebondisse après avoir cité un autre ambassadeur, le Français Gérard Araud, qui compare l’UE à « l’antichambre d’un monde auquel elle n’est pas préparée ». Faute de plus de pages, le diplomate nous laisse sur notre faim. Son ouvrage peut toutefois être perçu comme utile pour celles et ceux qui veulent s’initier aux questions autour de la mondialisation.