L’AML Panhard figure en bonne place parmi les objets emblématiques des armées françaises, tant sa silhouette est associée à nos Opex. De l’opération Tacaud en Mauritanie en 1978 à la chevauchée de Serval en 2013, les petits blindés à roues de Panhard sont intimement liés à l’action militaire de la France. Ayant inscrit à son livret militaire plus d’un demi-siècle au combat, l’AML Panhard méritait qu’un bel ouvrage lui soit consacré, enfin. L’initiative en revient à Charles Maisonneuve, l’un de nos meilleurs experts en France de la cavalerie et de l’arme blindée. Avec cette réalisation, le président d’honneur de l’association « Saumur » signe son cinquième ouvrage.
La conception intelligente d’un véhicule rustique à roues, léger et très armé, est due à un travail méticuleux du constructeur ; son châssis permet de décliner plusieurs versions. Au premier chef, il y eut la version armée d’un canon de 90 mm, ce qui constitue un record et un exploit en termes de rapport poids-calibre de l’arme principale. Il signale aussi une configuration intégrant des missiles antichars ou des versions de défense sol-air. Armée par des équipages de marsouins ou de légionnaires, l’automitrailleuse répond bien à la culture stratégique française, une culture tournée vers les opérations extérieures, de l’Afrique au Moyen-Orient.
Dès lors, la cavalerie légère française se monte sur roues, et la tendance se consolide et se développe à mesure que la politique de défense post-chute du mur de Berlin met l’accent sur les interventions au loin. Le contexte géopolitique s’y prête et l’AML contribue largement à l’action politico-militaire de Paris. L’engin devient à l’occasion l’arme de choix des forces d’interposition de casques bleus sous mandat de l’ONU. En une décennie, l’option « roues » s’impose sur la chenille, le genre plus adapté au centre Europe. Ce livre sur l’AML peut aussi se lire à travers ce prisme roue/chenille. Nous avons donc, sur l’AML, un compromis au profit de la projection, de la mobilité, de l’élongation et de la puissance de feu. À l’international, les armées étrangères sont vite séduites par l’intelligence de la conception de ce petit blindé « Made in France ». Au bilan, il sera produit à 4 759 exemplaires.
L’illustration de l’ouvrage a fait l’objet d’une attention particulière valorisée par son format ; l’éditeur a fait appel aux meilleurs. C’est à Yves Debay, figure de la presse de défense française, tristement disparue en Syrie, que l’on doit la couverture. La qualité du livre doit aussi beaucoup au travail de Patrick Robert, journaliste de l’image, qui a accompagné l’armée tchadienne en bande sahélo-saharienne en 2013.
La saga Panhard se poursuit maintenant sous l’enseigne Arquus avec le Jaguar du programme Scorpion de l’Armée de terre. L’avenir pourrait prendre aussi la forme de concepts futuristes de blindés légers. Actuel chef de la division des plans et des programmes à l’EMAT, le général Charles Beaudouin a signé la préface en indiquant que que le futur véhicule blindé d’aide à l’engagement, le VBAE actuellement en réflexion, sera le véritable successeur de l’AML.
Ce livre d’histoire militaire et de prospective est un « must », il ne faut pas s’en priver !