L’incendie le 16 avril 2019, par une belle fin d’après-midi de printemps, de la cathédrale Notre-Dame a constitué un événement majeur dont les échos ont traversé l’opinion publique mondiale tant le symbole était fort. Mais face à ce drame dantesque qui a failli emporter un des édifices les plus emblématiques et visités au monde, l’engagement massif de la BSPP a été vécu comme une bataille historique contre le feu et qui a permis de sauver la plus célèbre cathédrale du monde.
Sans la volonté collective des pompiers, l’édifice multiséculaire se serait littéralement consumé puis effondré. La perte aurait été dès lors irrémédiable et un traumatisme non seulement pour les chrétiens, les Parisiens, mais pour l’Humanité. D’où la solidarité exprimée venant du monde entier.
De nombreuses publications et des documentaires ont retracé l’histoire de cette nuit d’enfer, tout en la replaçant dans la longue vie d’un édifice dont la construction avait débuté en 1163 et qui a profondément structuré la vie de la capitale et de la France. Il suffit ainsi de se souvenir des grandes cérémonies qui s’y déroulèrent comme le sacre de l’Empereur, le Magnificat le 26 août 1944 en présence du général de Gaulle ou encore les hommages lors de sa mort ou de celle de son successeur, le président Georges Pompidou.
L’intérêt de cet ouvrage – corédigé par la BSPP et le grand reporter Romain Hubert, de l’hebdomadaire Le Point – est de retracer de l’intérieur cet événement unique, où c’est bien le courage individuel et collectif des soldats du feu qui a permis de sauver l’édifice. Ce sont en quelque sorte les destins croisés de la jeune sapeure récemment incorporée au général commandant la BSPP, et le tout sous une forte pression politique et médiatique. Ainsi, les plus hautes autorités de l’État, à commencer par le président Macron, se sont très vite déplacées sur le lieu de l’incendie, tandis que les images en direct étaient suivies dans le monde entier.
Il ne s’agit pas ici de retracer le déroulement du drame, mais plutôt souligner quelques points qui ressortent de la lecture.
D’abord, il faut comprendre que seuls le professionnalisme et l’esprit de corps de la BSPP ont permis d’éteindre ce brasier hors norme. Les primo-intervenants du Centre de secours Poissy, situé rue du Cardinal Lemoine, au pied de la Montagne Sainte-Geneviève, connaissaient par cœur la Cathédrale située dans leur périmètre de responsabilité. Cette connaissance a été indispensable pour pouvoir engager immédiatement la lutte et d’emblée, l’état-major a tout de suite compris l’ampleur du sinistre à affronter, en envoyant toutes les ressources nécessaires : soldats du feu, matériels et équipements, mais aussi structure de commandement mobile pour coordonner non seulement les pompiers, mais aussi les forces de sécurité afin de protéger la zone d’autant plus que de nombreux Parisiens et des touristes regardaient atterrés le bûcher.
Ensuite, un autre élément essentiel a été l’importance de la condition physique des pompiers qui leur a permis de supporter les difficultés liées à l’étroitesse des passages et aux centaines de marche pour accéder au toit et au beffroi lourdement équipés. L’aptitude physique est, là aussi, une exigence permanente, qui fait partie de la culture, voire de l’ADN de la BSPP, dont la nature militaire renforce largement cet état d’esprit tourné vers l’action.
Il ressort de cette nuit extraordinaire un récit profondément humain. En effet, à une époque où tous les « apôtres » du nouveau monde numérique raisonnent en applis et en start-ups, on constate que face à la catastrophe, c’est l’Homme qui fait la différence et que le numérique n’est qu’un outil de plus, certes très utile, mais qui face au feu ne remplacera jamais le pompier, sa lance et les mètres cubes d’eau projetés.
Il en est de même à l’heure de la pandémie du Covid-19. Là encore, sans préparation, anticipation et entraînement, il n’y aura pas de succès. Et une fois de plus, ce sont les professionnels qui gagneront, à condition que les décideurs politiques leur en donnent les moyens.
La dizaine d’heures qui a vu Notre-Dame s’embraser, est ainsi une leçon de courage et d’abnégation, conformément à la devise de la brigade « Sauver ou périr ».