Dans cet ouvrage, Walter Bruyère-Ostells fait le point sur le mercenariat : son travail, articulé en douze chapitres thématiques laisse apparaître trois grands axes.
Le premier traite de l’histoire en elle-même des mercenaires, celle du « deuxième plus vieux métier du monde ». L’auteur ne se contente pas de faire une simple relation historique de cette activité ; il analyse l’image même des mercenaires dans l’histoire en multipliant les points de vue. Nous pouvons observer l’évolution de ce phénomène de l’époque antique à la Seconde Guerre mondiale. Bien qu’il y ait eu une césure importante avec la Révolution qui entraîna la création d’armées nationales, le mercenariat ne fut pas pour autant arrêté. Il fut notamment utilisé pour former les troupes de masse ou même exécuter des missions périlleuses.
Un deuxième axe analyse toute la complexité de phénomène en lui-même ; à titre d’exemple il étudie comment on peut qualifier un mercenaire, que ce soit d’un point de vue moral ou juridique. Quelles étaient et quelles sont les motivations de ces mercenaires ? Qui sont-ils ? Cet axe d’investigation qui s’échelonne de la décolonisation jusqu’à nos jours, met l’accent sur les guerres post-coloniales, période cruciale pour le mercenariat. En effet, dans les années 50, beaucoup de mercenaires européens sont alors animés par un fort sentiment anticommunisme et la nucléarisation des deux puissances rend impensable tout affrontement militaire direct. De ce fait, les mercenaires sont utilisés pour intervenir officieusement dans le contexte de la décolonisation et de la guerre froide. Beaucoup eurent pour mission de renverser des États pour le compte de la CIA ou de l’URSS et ainsi assurer des transactions plus ou moins licites d’armes.
Le troisième axe de l’ouvrage pose la question du mercenariat contemporain par l’étude des sociétés militaires privées qui se sont développées à partir des années 90 (à titre d’exemple, près de la moitié du personnel déployé en Irak est employée par des sociétés privées). Le dernier chapitre, quant à lui, clos le livre en mettant en avant le débat actuel sur la privatisation de la guerre.
Avec cet ouvrage, le terme d’histoire est ici bien respecté (étymologiquement Historia signifiant « enquête ») puisque l’auteur nous offre une analyse complète du phénomène sous toutes ses formes.