Mai 1940. Les alliés sont pris en étau au nord de la ligne Boulogne-Sedan et contraints de se replier vers Dunkerque où 400 000 soldats s’entassent dans une sorte de nasse mal défendue, dans l’espoir de s’échapper par la mer. Convaincu que la bataille continentale est perdue et de crainte de voir la totalité de son armée professionnelle prise au piège, le gouvernement britannique ordonne en urgence l’opération Dynamo. Le rembarquement des troupes commence le 26 mai, dans le port comme sur les plages, sur une multitude de navires et embarcations de toutes sortes, qui traverseront tant bien que mal la Manche avec beaucoup de pertes. Du 26 mai au 4 juin, 350 000 combattants alliés sont ainsi évacués sous le feu ennemi. Pour les Anglais, c’est un succès incroyable et inespéré ; côté allemand, une occasion manquée de mettre à genoux la Grande-Bretagne dès 1940.
L’auteur s’appuie sur un solide fonds d’archives et de témoignages pour rédiger un texte précis, bien présenté, agréable à lire. Il met en évidence la réalité historique de cette « guerre éclair » du 10 mai au 25 juin 1940, qui fut extrêmement dure et meurtrière pour tous les partis en présence. Les pertes militaires allemandes et françaises attestent de l’âpreté des combats : 342 000 soldats français tués, disparus et blessés, contre 212 000 soldats allemands. Si on y ajoute 50 300 soldats britanniques, belges et hollandais, ainsi que 6 200 Italiens, cela porte le total général à 610 500 soldats tués, disparus ou blessés en seulement quarante-cinq jours de combat. Cette première phase de la guerre en 1940 a été en réalité beaucoup plus meurtrière que la bataille de Normandie de 1944.
Du 10 au 23 mai 1940, l’armée française met hors de combat la moitié des chars allemands, ce qui contraint Hitler à ne pas engager massivement ses panzerdivisionen contre Dunkerque, d’autant que la poche de résistance acharnée de Lille occupe également une partie significative de ses forces.
La défense terrestre de la poche de Dunkerque est assurée par 30 000 soldats français et 2 000 à 6 000 soldats de l’empire britannique. Pendant une dizaine de jours, ces modestes forces parviennent au prix de lourdes pertes à contenir les attaques de 160 000 soldats allemands appuyés par une centaine de chars et près d’un millier d’avions. La Marine française fournit également 300 des quelque 850 navires employés pour l’opération et embarque plus de 100 000 des 350 000 évacués.
En couvrant le rembarquement de l’armée britannique à Dunkerque et en causant des pertes très significatives à l’armée allemande, l’armée française a joué un rôle déterminant dans la sauvegarde de la Grande-Bretagne en 1940. « La résistance héroïque de l’armée française a sauvé l’armée britannique, permettant à l’Angleterre de poursuivre la guerre. » (Winston Churchill). ♦