La période dite « classique » de l’histoire grecque correspond aux Ve et IVe siècles. Elle se termine lorsque commence le règne d’Alexandre le Grand (336-323). C’est la période de l’apogée d’Athènes. Elle exerce depuis l’Antiquité une véritable fascination et constitue le moment de référence de l’histoire grecque qui vit naître la démocratie ainsi que les textes fondateurs de l’histoire, de la philosophie et du théâtre européens. Hérodote (480-425) est ainsi le premier historien dont l’œuvre nous soit parvenue. Paradoxalement, il n’était pas athénien, mais était originaire d’Halicarnasse, une petite cité sur la côte sud de l’Asie mineure, au croisement des mondes grec et perse. Il fut contemporain des guerres médiques.
Il convient de préciser ici que la notion de « siècle de Périclès » pour désigner l’âge d’or d’Athènes au Ve siècle est une création relativement moderne due à Frédéric II de Prusse dans son livre L’Anti-Machiavel (1741). L’expression s’est imposée en France au XIXe siècle (Victor Duruy) alors que s’élaborait une représentation libérale et bourgeoise d’Athènes.
Sur le plan militaire, l’époque traitée par ce livre est celle du développement de la puissance navale d’Athènes dans le cadre de la ligue de Délos, qui regroupait sous son hégémonie la plupart des cités de l’Égée entre 477 et 404 et a permis d’endiguer la menace perse, mais aussi une piraterie endémique. C’est aussi la grande épopée de la colonisation grecque, qui dispersa les Grecs sur un espace immense s’étendant du détroit de Gibraltar à la mer Noire. Massalia, la future Marseille, fut fondée vers 600 av. J.-C. par des colons ioniens. Les nouveaux venus établirent aussi des colonies secondaires dans la même région telles que Nikaia (Nice), Antipolis (Antibes) ou Agathé (Agde) sur les bouches de l’Hérault et Thélimé (Arles) sur le Rhône. Ils prirent aussi pieds sur le littoral corse avec Alalia (Aléria).
Pourquoi les auteurs ont-ils choisi précisément la date de 510 comme point de départ du livre ? Cette date marque la fin de la tyrannie des Pisistratides qui étaient au pouvoir à Athènes depuis les années 561-560. En 507, les réformes de Clisthène établirent les bases de la démocratie athénienne, dont les principaux acteurs furent Ephialtès et Périclès. Quelques pages fort intéressantes sont consacrées au tirage au sort des membres de la Boulé (l’assemblée du peuple) par l’entremise d’une machine ingénieuse (en marbre !), le klérôtérion.
L’hégémonie athénienne n’a pris fin que par la victoire de Sparte dans la guerre du Péloponnèse (431-404) et par la montée en puissance de la Macédoine. Après sa victoire sur Athènes et Thèbes à Chéronée en 338, Philippe II de Macédoine domina alors la Grèce. Son fils Alexandre lui succéda en 336, date qui marque le point d’orgue de ce volume. Son précepteur était le philosophe Aristote, ce qui explique le sous-titre choisi par les auteurs.
À la fois livre d’art richement illustré (par près de deux cents documents iconographiques et une quarantaine de cartes originales) et synthèse historiographique nouvelle, la parution de ce deuxième volume de l’histoire de la Grèce antique poursuit la série qui lui est consacrée dans cette prestigieuse collection. ♦