Les gazettes nous alertant ces temps-ci sur une nouvelle ruée vers l’or (ou au moins sur la valeur élevée et croissante de ce précieux métal), ce petit livre arrive à point nommé. Il est en effet plus rentable de se servir en magasin que d’aller jouer les orpailleurs au fond de la Guyane.
Le titre agressif et la cruauté de l’illustration de couverture indiquent bien de quoi il s’agit. L’auteur cite et commente un grand nombre de cas concrets touchant pour l’essentiel la branche professionnelle des bijoutiers- joailliers- horlogers, et ceci même si la légende attribue le premier prix au train postal et si, de leur côté, les banques sont de plus en plus sécurisées. Il y a effectivement de quoi frémir et se reconvertir dans l’épicerie.
Les attaquants, organisés, renseignés, « déguisés en lord anglais, en diplomate soviétique ou en rabbin » effectuent des repérages préalables, détectent les points faibles, jouent sur l’effet de surprise et la vitesse d’exécution. Ils n’hésitent pas à employer la brutalité avant de jouer au besoin sur la « complexité de l’arsenal répressif ».
L’ouvrage présente pourtant des perspectives relativement rassurantes. En premier lieu, les professions visées s’organisent, forment leur personnel, établissent des consignes de comportement. Elles luttent contre la routine, mettent l’accent sur les heures critiques de la journée et développent les dispositifs retardateurs. Elles bénéficient aussi de l’apport de systèmes passifs, notamment dans les secteurs du fumigène à déclenchement rapide et du marquage coloré indélébile. Par ailleurs, s’il existe encore parmi les assaillants des débutants improvisés et manquant de sang froid, les adversaires les plus redoutables sont en nombre limité et assez bien répertoriés, au prix par exemple d’aboutir en France à un « noyau dur d’environ deux mille criminels ». Les Balkans en sont les grands fournisseurs, entre les gens du voyage et les successeurs dévoyés de la Main noire. Les zones d’action préférentielles, à l’exemple de Monaco, sont également bien délimitées. La collaboration entre les services spécialisés de police et de gendarmerie progresse également sur la scène internationale, notamment «par le biais d’Interpol et d’Europol », où l’on suit aussi le monde du recel. Les assureurs enfin lancent de leur côté leurs limiers, découvrent à l’occasion des complicités internes et manient les récompenses.
Ainsi, si le « risque zéro n’existe pas », il convient de ne pas baisser les bras, d’obtenir un bon climat dans les entreprises et d’instaurer une « culture de l’accueil » à base de gestes simples permettant de rester en éveil sans dissuader le client.