L’auteur entraîne son lecteur dans un tour du monde, à la poursuite des trafics qu’il a dénichés sur tous les continents et qu’il décrit avec précision dans leurs origines, leurs mécanismes et leurs filières. Celles-ci sont souvent fort tortueuses, utilisant des documents falsifiés, des frontières poreuses et un enchaînement de voies terrestres, maritimes ou aériennes empêchant au total tout effort de traçabilité.
Comme pour tout commerce (dont le mot trafic est un synonyme déplaisant), la marchandise doit être payée, souvent en nature, en drogue comme en Amérique du Sud ou en diamants comme en Sierra Leone, voire en …chèvres comme dans la région des grands lacs d’Afrique centrale ! Et après tant d’épreuves, il faut aussi s’assurer de la qualité de la marchandise.
Plus que de chars d’assaut, il est question ici en grande majorité d’ « ALPC », à savoir « armes légères de petit calibre », dénomination large puisqu’elle englobe le calibre 12,7 dont la légèreté est relative pour qui a entendu cracher un affût quadri tube. Mais il faut reconnaître que le champion toutes catégories est la fameuse Kalachnikov « fusil d’assaut le plus résistant et le plus rustique » dont les ignorants apprendront ici qu’elle fut inventée « lors d’une convalescence par un sergent de l’arme blindée ». Elle ne se trouve pas uniquement dans les quartiers nord de Marseille, reste le fabuleux héritage du Pacte de Varsovie et fourmille dans les Balkans où « la collusion entre les mondes politique, économique et mafieux est de règle », et jusqu’en Albanie et en Transnistrie où la XIVe armée a laissé des stocks considérables.
La morale n’a guère ici sa place. Dans certaines régions du monde, le marché répond aux besoins de sécurité des habitants qui ont perdu confiance en leur police officielle. Les agents des forces de l’ordre savent parfois fermer les yeux pour améliorer l’ordinaire. Les Etats emploient des mercenaires et évoluent dans un « marché gris » en considération de leurs « intérêts stratégiques, souvent occultes » et l’Onu sert parfois de paravent. En Europe, comme en d’autres matières, les législations sont différentes et l’espace Schengen confère bien des souplesses. Le marquage permettant l’identification est resté un vœu pieux. Une série de cartes parlantes illustre filières et lieux de stockage. Et à titre de consolation, apprenons que notre Guyane mérite relativement une bonne note.