Sigem 2016 - L’officier au service de la Nation dans le monde du XXIe siècle
Depuis 2001, le Séminaire interarmées des grandes écoles militaires (Sigem) rassemble chaque année les élèves des grandes écoles militaires auxquels se joignent quelques étudiants de grandes écoles civiles.
Le thème du Sigem 2016, tenant lieu de fil conducteur aux différentes interventions et activités organisées, s’articule autour de l’idée suivante : choisir de servir la Nation repose plus que jamais sur l’adhésion à des valeurs fondamentales qui conservent leur acuité dans un monde devenu fort complexe et qui doit conduire chacun à s’interroger pour donner du sens à son action.
Le jeune officier, comme tout être humain, a besoin de repères de temps et de perspective pour mieux se situer dans le présent afin de se projeter dans l’avenir. Il lui est pour cela nécessaire de s’appuyer sur un héritage, un corpus de valeurs et de connaissances, solides.
Confronté à la complexité du monde de ce début de XXIe siècle, l’officier, militaire professionnel et citoyen, doit disposer d’une sérieuse culture générale. Elle seule peut lui assurer les clés de compréhension historique, sociale, géographique, économique, technologique, du choix ou du comportement de l’autre, qu’il soit ennemi ou ami.
Mais cela ne suffit pas à faire de l’officier un chef. Au moment de la décision, ce dernier est seul face à lui-même. Il lui est donc nécessaire d’avoir un esprit ouvert et curieux, apte à l’intelligence de situation et au discernement, c’est-à-dire en capacité de réfléchir sur une philosophie de l’action.
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Le service de la Nation
Face à la crise actuelle des valeurs, il est nécessaire de s'interroger sur leur mode de transmission, de définir ensuite celles sur lesquelles se fonde la formation des décideurs d'aujourd'hui, et enfin, d'analyser les transformations à l'œuvre ces dernières années pour tenter d'établir celles qui pourraient ou devraient inspirer les décideurs de demain.
La jeunesse de France s'est battue à Verdun, il y a un siècle, pour défendre non seulement le sol mais aussi une certaine idée de notre pays. Aujourd'hui, cette unité créée par le champ de bataille n'est pas une vaine idée et peut encore contribuer à la cohésion nationale.
Armée, Nation et discipline - William Coulet - p. 21-26
La discipline fait la force principale des armées. Cette formule réglementaire est demeurée inchangée même si sa portée est devenue moins absolue mais peut-être aussi plus exigeante. Faut-il ainsi réserver aux militaires une place spéciale dans la Nation ? Faut-il au contraire reconnaître aux militaires des droits égaux aux autres citoyens ? La réponse à cette question dépend d'une prise de position fondamentale relative à l'insertion de l'armée dans la Nation.
Armée et Nation - Gabriel Robin - p. 27-33
Il n'y a d'armée que nationale. Ce caractère national est aux prises, aujourd'hui, avec la professionnalisation de l'armée et avec l'internationalisation des opérations militaires. Survivra-t-il aux progrès de l'intégration et au déclin de l'idée de Nation?
La complexité du monde
La volatilité actuelle de la scène internationale ne peut qu'inquiéter avec l'augmentation des crises et conflits ouverts aux dimensions multiformes. Plus que jamais, la réflexion stratégique s'avère indispensable pour comprendre les confrontations actuelles et à venir.
Ce retour détaillé sur les causes structurelles des récentes révoltes du monde arabe explique les incertitudes stratégiques durables qui grèvent le développement des sociétés arabo-musulmanes. Les troubles qui ont éclaté en 2011 furent une surprise pour tout le monde. Pourtant, des événements antérieurs survenus en Algérie à partir d'octobre 1988 et leurs conséquences tragiques, auraient dû attirer l'attention sur ce qui risquait de se passer ailleurs.
Les Accords Sykes-Picot, vieux d'un siècle, ont explosé récemment tant les antagonismes régionaux sont clivants. La complexité de la mosaïque des identités associées à la dimension confessionnelle constitue un défi majeur pour les pays concernés mais aussi pour l'Occident.
La guerre au XXIe siècle
Les nouveaux guerriers totalitaires - André Glucksmann - p. 55-62
Au lieu de concevoir les guerres actuelles comme autant de « désordres », regardons, au contraire, la logique de leurs apparitions, la cohérence interne, sociologique et stratégique des situations conflictuelles qui prolifèrent depuis l'éclatement de l'Empire soviétique. Ainsi, loin de simplement vouloir « rétablir » l'ordre supposé préexistant, un effort de paix lucide doit commencer par désordonner le nouvel ordre guerrier et terroriste qui se mondialise à grande vitesse.
Penser l'ennemi - Emmanuel Romémont (de) - p. 63-68
Penser, voire repenser, la notion d'ennemi est aujourd'hui indispensable pour pouvoir affronter cet ennemi et définir ainsi une stratégie capable de remporter la décision. Sans cet effort préalable, le risque est réel de courir à l'échec militaire et donc politique.