L'identification des évolutions du champ de bataille à l'horizon des quinze prochaines années peut sembler être une gageure. Toutefois, en s'inspirant des tendances lourdes, il est possible d'identifier trois principaux axes de changement : nombre et nature des acteurs présents sur le champ de bataille, prolifération des technologies, nature des milieux d'affrontement. Cette analyse est centrale afin de préparer la puissance aérospatiale à affronter les défis de demain, qui tendent à placer les temporalités au cœur des réflexions futures.
Évolution du champ de bataille et puissance aérienne à horizon 15 ans
Note préliminaire : Les propos et réflexions sont propres à leurs auteurs et n’engagent aucunement l’Armée de l’air ou le ministère de la Défense. Le présent article est tiré d’une étude réalisée par les auteurs au profit de l’État-major de l’Armée de l’air intitulée L’évolution du champ de bataille et son impact sur la puissance aérospatiale à horizon des quinze prochaines années.
Les armées, et plus globalement le ministère de la Défense, ont entamé un processus de transformation et d’adaptation de leurs outils à l’environnement international dans lequel ces derniers sont appelés à évoluer dans les années à venir. L’Armée de l’air n’échappe pas à cette évolution et a, de la même manière, entamé un processus comparable qui doit la conduire au-delà de l’horizon de 2025. Cette transformation doit alors s’accompagner, fort logiquement, d’une réflexion plus globale sur l’évolution et la nature du changement du champ de bataille selon la même démarche prospective. C’est cette réflexion que les développements suivants proposent de nourrir.
Les récentes interventions témoignent d’une évolution dans la nature des conflits, des milieux d’intervention, des adversaires et, de facto, dans l’emploi fait de la puissance aérospatiale. Ce dernier rompt très nettement avec les opérations menées durant la décennie 90. Faut-il cependant voir dans ces évolutions un quelconque caractère dimensionnant pour les engagements futurs ? Toutes les évolutions du champ de bataille ont-elles un impact causal direct sur l’emploi de la puissance aérospatiale, voire sur ses caractéristiques ? L’objet de cet article est alors de détecter les évolutions, actuelles ou futures, du champ de bataille qui pourront éventuellement impacter l’exercice de la puissance aérospatiale.
La multiplication des acteurs sur le champ de bataille
Le constat de l’accroissement du nombre des acteurs et de leur nature n’est pas une tendance nouvelle. Toutefois, cette recomposition et la complexité de cette mosaïque de réseaux se sont accentuées depuis l’identification du phénomène il y a plusieurs décennies. Sur le champ externe, la forme étatique n’est plus la seule à posséder les ressources nécessaires au développement d’une action sur la scène internationale. Les organisations non gouvernementales, les organisations internationales, les mouvements transnationaux, les entreprises privées, les sociétés militaires/de sécurité privées, en sont aussi des acteurs. La nature collective même de l’acteur des relations internationales se voit battu en brèche. Le rôle de l’individu, le touriste ou le terroriste, serait le signe ultime de l’atomisation de la société internationale. Par son action (attentat, envoi d’une vidéo sur Internet) ou par sa simple présence (enlèvement, victime), l’individu devient un acteur des relations internationales. D’un point de vue interne, les États se voient concurrencer, jusqu’à l’implosion parfois, par des acteurs collectifs infra-étatiques qui remettent en cause la légitimité de la structure politique.
Le champ de bataille reflète alors dans un espace plus restreint cette remise en cause d’un double monopole étatique : celui de la maîtrise des relations internationales et celui de la légitimité politique interne. La caractérisation des acteurs du champ de bataille confirme en effet ce brouillage de la frontière interne/externe. Ainsi, les Organisations non-gouvernementales (ONG) de type organisations de solidarité internationale interviennent sur le champ de bataille à travers leur division opérationnelle, mais recueillent leur financement auprès des États et des organisations intergouvernementales grâce à des militants et des structures implantées – notamment – dans les États occidentaux. Elles ne sont pas forcément transnationales, mais parfois identifiées à une nation. La communication visant à la promotion de leur action sur le champ de bataille a un objectif double : lever des fonds et accroître leur capital médiatique auprès des populations occidentales. Cette légitimité leur servira dans le cadre de négociations, notamment financières, avec les autorités publiques nationales et/ou internationales. Les sociétés militaires, bien qu’intervenant sur le terrain, existent et développent elles aussi des relations contractuelles avec certains États selon des systèmes normatifs distincts, questions juridiques définies nationalement qu’elles importent dans une certaine mesure sur le champ de bataille. Il s’agit là de deux exemples, mais qui illustrent particulièrement la fin de l’appropriation étatique du champ de bataille, qui est le symptôme et l’une des conséquences de la multiplication des acteurs. L’autre conséquence qui entraîne un accroissement de la complexité du champ de bataille est la confrontation d’une multiplicité de rationalités. Chacun d’entre eux a ses propres priorités, ses propres enjeux qui ne relèvent pas du même registre : militaires, politiques, médiatiques, normatifs (morale, droit…).
Du point de vue des parties belligérantes, l’une des principales, et vraisemblablement des plus notables, évolutions du champ de bataille de ces dernières années semble évidemment tenir au caractère non-étatique des adversaires auxquels doivent avoir à faire face les forces occidentales. À l’exception du conflit ayant opposé, en août 2008, la Géorgie et la Russie, la majeure partie des conflits contemporains voit en effet l’opposition ou la collaboration de forces conventionnelles à des insurgés ou mouvements non étatiques. L’Irak, l’Afghanistan, le Sud Liban, la Libye, ou encore le Mali en apportent de notables illustrations. La question qui domine nombre d’analyses actuelles est alors celle de l’adaptation de la puissance aérospatiale, conçue – d’abord – pour répondre à la menace d’un adversaire étatique. La théorie des cercles concentriques de Warden formalisait, de ce point de vue, cette forme d’engagement en envisageant « l’adversaire comme un système décisionnaire quasi-organique, doté de capacités décisionnelles et d’action ». Or, comment faire face à un adversaire a priori dépourvu de centres de gravité ? La réponse consiste tout d’abord à ne pas avoir une vision tronquée du modèle systémique de Warden qui définissait une « entité stratégique » comme « toute organisation qui peut opérer de façon autonome ; c’est-à-dire qui se dirige et se supporte elle-même ». Comme l’explique Joseph Henrotin, si l’« adversaire typique » de Warden « était un État, une vision systémique permet d’étendre le raisonnement aux groupes insurgés : eux aussi fonctionnent avec un leadership (dirigeants et idéologues), des ‘‘organes essentiels’’ (plates-formes médiatiques en ligne, par exemple), des ‘‘infrastructures’’ (système financier ou de passeurs), une ‘‘population’’ (soutenant les insurgés) et des ‘‘forces déployées’’ ». S’il est donc actuellement important de concevoir les moyens de répondre à ces situations, le besoin sera toujours existant à l’horizon des quinze prochaines années, horizon auquel l’adversaire non étatique sera toujours dans une situation de refus de l’affrontement direct, fugace, et donc par la même rapide, imprévisible, difficilement identifiable/discriminable, léger. En effet, ces traits caractérisent la nature objective des guerres irrégulières, pour employer la terminologie clausewitzienne. Si l’on postule l’existence de tels conflits dans l’avenir, on suppose également, en effet, la présence d’un adversaire possédant ces traits. Reste, cela étant, qu’il faut également se prémunir contre un autre danger qui serait de considérer la contre-insurrection comme étant, inévitablement et invariablement, l’unique forme de guerre dans les quinze prochaines années.
Outre la nature des adversaires, ce type de conflit a permis de mettre particulièrement en lumière l’importance d’autres acteurs non belligérants. Ainsi, selon le type d’analyse, ces groupes d’individus, vivant ou non sur le théâtre d’opérations (on pense pour l’essentiel aux populations locales ou nationale, aux médias et aux ONG), peuvent être considérés de trois manières différentes et simultanées : en tant qu’instrument, objectif, voire centre de gravité ; en tant qu’acteur autonome ; et, enfin, en tant que contexte.
À la différence du territoire qui peut être tenu, la population n’est pas un objet inerte : elle possède son propre caractère et son intentionnalité évolue. C’est parce qu’elle est un acteur, qu’elle peut être convaincue par l’une ou l’autre des parties. La considérer seulement comme un objet ou un élément de l’environnement physique peut conduire à la transformer en un allié volontaire (support logistique, réservoir de recrutement) de l’adversaire asymétrique. Ainsi, la population, ou plutôt son soutien, devient un objectif stratégique pour les parties prenantes.
Si les moyens (persuasion ou terreur) varient d’un protagoniste à l’autre (et de son système de valeur), la population représente un élément de la conquête. « Gagner les cœurs et les esprits » : l’expression – aujourd’hui largement connue et répandue – reflète une réalité et une évolution du champ de bataille. Comme le met en exergue le General Sir Rupert Smith dans la troisième partie de son ouvrage L’utilité de la force, « les finalités pour lesquelles nous nous battons ont changé », la population est devenue le centre de gravité des opérations contemporaines. Objectif stratégique, la conquête du soutien de la population appelle à une redéfinition de l’usage de la force et surtout l’évaluation de son impact sur la population, prise en tant qu’opinion publique.
Il découle de cet objectif, un certain nombre de contraintes, de principes ou de paradigmes que l’on peut présenter comme suit :
- comprendre la population afin de mieux appréhender la manière dont elle perçoit ou peut percevoir les actions des forces conventionnelles ;
- faire comprendre les objectifs et y faire adhérer la population ;
- venir en soutien à la population, lui apporter une large aide, aussi bien d’un point de vue médical que d’infrastructure (à ce niveau, il apparaît bien que les moyens dédiés à l’aéromobilité jouent un rôle essentiel dans ce soutien à la population, que ce soit par le ravitaillement et les évacuations sanitaires notamment) ;
- maîtriser la violence (usage proportionné, éviter les pertes civiles) – et donc au préalable posséder, outre des règles d’engagement très strictes, une large gamme d’armements à effets progressifs ou de mode d’action permettant de moduler les effets – afin de ne pas en faire un argument pour les insurgés dans la lutte d’influence qu’ils conduisent ;
- répondre aux arguments de persuasion et actions sociales de l’adversaire point par point.
Ces règles et objectifs font alors de la population un environnement contraignant pour les forces occidentales, ce dont l’adversaire cherche à tirer avantages.
De manière spontanée, un certain nombre d’éléments pourrait contribuer à penser que la puissance aérospatiale n’est que peu concernée par ce recentrage de la réflexion stratégique sur la population. Cette vision est évidemment fausse. La préservation de la population et la limitation des dommages collatéraux sont devenues pour la puissance aérospatiale un enjeu central et ce pour plusieurs raisons : les grands principes du droit des conflits armés (distinction, nécessité, proportionnalité, humanité), la judiciarisation de la guerre, l’importance devant être accordée aussi bien à la légitimité de l’action qu’à la perception de celle-ci par les opinions publiques, à la guerre de la communication, et donc dans une certaine mesure à l’instrumentalisation pouvant être faite par les adversaires de toutes frappes non discriminantes.
De plus, il est évidemment essentiel de garder à l’esprit la prise en compte des effets politiques. Il est en effet devenu commun que de rappeler qu’un succès tactique peut, facilement, déboucher sur un échec stratégique. La destruction d’un réseau électrique peut, par exemple, induire des coupures d’énergie dans l’alimentation d’une usine de purification des eaux. Ces défaillances pourront elles-mêmes avoir des conséquences sur la vie quotidienne et la santé de la population civile locale.
Finalement, ces différents éléments confirment que, si l’arme aérienne, a pu être un temps l’outil central de la guerre industrielle et d’une certaine conception nord-américaine de l’affrontement, ses évolutions (technologiques et d’emploi) la rendent particulièrement propre à l’action au sein de la population. Loin de conduire à la centralisation et à la rupture avec la réalité des opérations, conception très orwellienne de la technlogie, sa sophistication la rapproche du « terrain » et de l’homme : déconcentration de la décision, renforcement des liens horizontaux et boucle décisionnelle courte, observation intime et discriminante de la population et de l’adversaire (pattern of life) par les drones. Paradoxalement, la technologie déployée par l’arme aérienne offre une économie des moyens et des hommes loin d’une formalisation abstraite.
Multiplication des acteurs, des natures protéiformes, un acteur étatique toujours présent mais dont les pratiques peuvent également largement s’inspirer des méthodes de guerre irrégulières sont autant de traits qui s’agrègent pour constituer une première tendance lourde de l’évolution du champ de bataille.
La puissance aérospatiale face au paradoxe de la modernité chez l’adversaire : entre rusticité et haute technologie
De manière comparable à ce qui a été souligné pour les acteurs, le changement – du point de vue technologique – ne peut être appréhendé de manière unidirectionnelle. Aussi, la puissance aérienne devrait continuer à être à même de faire face à des adversaires possédant un potentiel technologique comparable, ou technologiquement asymétrique, ou bien encore alliant, selon les moments ou les domaines d’actions, la très haute technologie et des moyens dépassés selon les standards des nations les plus industrialisées.
Toutefois, ce constat réalisé, et en ayant postulé que l’avance technologique reste un facteur clé dans la conduite de la guerre et central dans le cadre de la troisième dimension – dans laquelle prévaut la loi du plus fort (1) –, la question du nombre de compétiteurs et de la forme de leur contestation de la supériorité aérienne des forces armées les plus avancées reste entière. La ou les réponses fluctuent et résultent de la prise en compte de deux sources de tensions : les moyens financiers et matériels disponibles (ce qui renvoie partiellement à la nature étatique ou non-étatique de l’adversaire) et le niveau de sophistication des technologies.
C’est notamment ce sur quoi insistait le général Denis Mercier, Chef d’état-major de l’Armée de l’air, en soulignant que « [l]e combat pour la maîtrise des espaces aériens peut être anticipé car celui qui s’oppose à un adversaire dans ce milieu doit se signer et préparer son affrontement à visage découvert, contrairement aux espaces terrestres ou maritimes dans lesquels des modes d’action asymétriques fragilisent les équilibres, notamment par tous les dispositifs de minage. La puissance aérospatiale est démonstrative. La loi du plus fort en reste l’élément déterminant » : GAA Denis Mercier : « Penser la puissance aérospatiale de 2025. Cinq principes pour guider la réflexion » in Air & Space Power Journal – Afrique et francophonie, 2e trimestre 2012, vol. 3, n° 2, p. 9.
D’une part, en raison du coût toujours plus élevé de la recherche et du développement des technologies les plus sophistiqués et de la multiplicité des domaines d’expertise à coordonner, le ticket d’entrée dans le club des puissances aériennes est élevé. Il en résulte qu’il ne rassemble que des acteurs étatiques (à l’exception d’un embryon de « force » aérienne comme tel peut être le cas avec les Tigres tamouls). Mais, cette condition n’est pas suffisante. En effet, ce chiffre décroît encore si on ne compte que les États capable de générer une force aérienne pouvant accomplir autre chose que des missions d’auto-défense. Sous cet angle, le paysage deviendrait alors particulièrement contrasté, entre un nombre de plus en plus réduit de compétiteurs crédibles (en raison des coûts croissants) et une forme de désert technologique. En réalité, la situation est beaucoup plus nuancée.
En effet, tout d’abord, il y a, et il y aura, prolifération de technologies aéronautiques, essentiellement russes et chinoises, même si la prolifération des aéronefs russes comme chinois ne remet pas nécessairement, et inévitablement, en cause la supériorité aérienne des forces occidentales. Cette tendance est concomitante à celle du passage de considérations essentiellement quantitatives à d’autres qualitatives. Cette évolution est directement liée à l’entrée dans les forces des appareils de 4e génération et à l’arrivée de la 5e (quand bien même celle-ci soit restreinte à un nombre limité d’États).
Ensuite, entre 2005 et 2015, 4 000 avions de combat (y compris avions légers) seront produits dans le monde dont les deux tiers seront des avions de combat polyvalents. Ce qui va être suivi entre 2015 et 2025 par le remplacement des flottes de 3e génération. Une réduction globale du nombre d’avions de combat dans le monde est probable, en raison de la recherche d’une plus grande polyvalence des vecteurs et d’une meilleure performance globale. Par ailleurs, la recherche des avantages qu’offrent les systèmes de drones va non seulement croître mais se généraliser et ne restera très certainement pas le privilège des armées à fort potentiel technologique.
Enfin, la puissance aérospatiale devra alors savoir développer des systèmes de détection et d’identification particulièrement efficaces afin de faire face à des technologies rustiques que savent employer, notamment, les adversaires non étatiques.
Cela étant, le constat de la prolifération des technologies aérospatiales n’induit pas automatiquement l’émergence de compétiteurs crédibles, et encore moins leur généralisation à horizon 15 ans, et cela essentiellement pour trois raisons :
- Ces systèmes d’armes nécessitent des compétences précises résultant d’une formation initiale, de l’acquisition et de la transmission d’une expérience opérationnelle conséquente ainsi que de leur maintien à travers la participation régulière à des exercices notamment interarmées et interalliés. Or, de fait, peu nombreux sont les États pouvant combiner des technologies avancées et l’ensemble de ces éléments.
- Ces systèmes d’armes doivent de plus être intégrés dans un système C2 particulièrement performant afin de pouvoir fournir leur plein potentiel.
- Enfin, outre que ces systèmes d’armes doivent bien sûr posséder les armements adéquats, ils doivent être étroitement liés à un réseau de surveillance aérienne et de défense antiaérienne efficaces et performants.
Cependant, il semble nécessaire et important de prendre en considération aussi la tendance à la prolifération des systèmes antiaériens, quand bien même, une fois encore, la diffusion des systèmes de missiles sol-air ne doit pas être considérée ponctuellement, mais réintégrée dans une structure de défense.
En synthétisant ce tour d’horizon de l’évolution du champ de bataille du point de vue technologique, trois axes d’évolutions potentielles se dégagent :
- Poursuite et accélération de la prolifération des systèmes d’armes, y compris pour les générations les plus récentes.
- Prolifération au profit des acteurs non étatiques.
- Émergence de plus en plus marquante de la capacité des acteurs – en particulier non étatiques – à adapter, à transformer et à détourner des systèmes d’armes et/ou des technologies civiles.
Pour la puissance aérienne, il en résulte dès lors la nécessité de s’attendre à un large spectre de menaces, et à une grande imprévisibilité. Au-delà des réponses en termes de stratégie de moyens et de modes d’action, il apparaît fondamental de garder à l’esprit que, d’une part, l’adversaire n’est pas forcément tout le temps et en tout lieu technologiquement inférieur sur le champ de bataille et, d’autre part, si tel est le cas, cela ne postule pas qu’il est dénué de moyen de nuisance.
La puissance aérospatiale entre champ de bataille et champ d’affrontement
Au-delà des acteurs et des moyens, l’analyse de l’évolution du champ de bataille doit naturellement porter une attention particulière au terrain sur lequel seront mises en œuvre les forces armées en général et, pour ce qui nous intéresse ici, la puissance aérienne en particulier. De ces caractéristiques résultent en effet des contraintes sur les moyens déployés et leurs effets attendus et réels. À nouveau, l’actualité trace une ligne d’évolution attachée à un espace particulier, la ville. Toutefois, la réserve initiale – soit ne pas considérer les évolutions actuelles comme étant nécessairement les réalités de demain – pousse à prendre des distances avec ce qu’on pourrait qualifier de « tout urbain ». La montagne en tant qu’espace de confrontation est, par exemple, un environnement complexe appelant aussi à la mise en œuvre d’un certain nombre de moyens aérospatiaux selon des paradigmes sensiblement différents. C’est très clairement ce qu’ont récemment illustré les opérations au Mali, notamment lors des phases offensives visant les sanctuaires des groupes armés situés dans les Ifoghas et l’Adrar. Cela a conduit à la mobilisation et à la coordination d’un grand nombre d’aéronefs de tout type (Rafale, Mirage 2000D, C135, drone Harfang, Atlantique 2) pour mener des frappes simultanées contre plusieurs objectifs. En outre, la confrontation des volontés ne se limite plus aujourd’hui à la surface terrestre et n’implique pas nécessairement l’usage, même maîtrisé, de la force armée. L’Espace comme le cyberespace deviennent de véritables champs d’affrontement : extension ou composante du champ de bataille, leur nature ainsi que les menaces les peuplant et qui pourront y transiter appellent à des considérations elles aussi particulières.
Les conflits contemporains, qu’il s’agisse de l’Afghanistan, de l’Irak, des conflits opposant les forces israéliennes au Hezbollah et au Hamas au Sud Liban et dans les Territoires palestiniens, ou bien sûr de la Libye, témoignent d’un glissement du champ de bataille vers des milieux particulièrement complexes, et notamment vers les villes. La ville ou la montagne ne sont certes pas des milieux nouveaux pour les forces. En existe-t-il d’ailleurs encore dans lesquels les hommes ne se soient-ils pas déjà battus ? L’histoire militaire regorge d’exemples de bataille ou de guerre menées dans ces environnements, conséquence directe du fait que la ville possède une « valeur » en raison de la concentration des pouvoirs politiques, économiques, sociaux, culturels et de la charge symbolique qui est la sienne. Les villes continueront donc naturellement à être un enjeu des conflits. Mais plus encore, le champ de bataille urbain tendra certainement à se généraliser, non seulement du fait du phénomène d’urbanisation croissante à l’échelle mondiale, comme peuvent le relever nombre de projections, mais également par la volonté même de certains acteurs. Les adversaires des forces occidentales sont en effet enclins à rechercher dans cet environnement un rôle égalisateur en contournant la puissance militaro-technologique de ces dernières. Le combat en zone urbaine, en milieu clos, tend alors à devenir un moyen d’autant plus privilégié pour le plus faible qu’il s’agit de zones, d’une part, que l’adversaire connaît d’autant mieux qu’il y vit généralement et a pu se préparer au combat et, d’autre part, qui complexifient l’intervention. La ville est en effet un environnement qui offre nombre d’avantages au défenseur : refuges, imbrication avec les populations, obstacles pour le déploiement de véhicules blindés, pour l’emploi de l’arme aérienne… Par ailleurs, outre le positionnement géographique de la ville elle-même (cuvette, sommet, plaine, etc.), sa géographique propre peut différer (centre ville occidental, ancien, périphéries résidentielles et pavillonnaires, industrielles, etc.). La ville, au sens large, tend ainsi à devenir en soi un milieu physique de plus en plus complexe en raison de son évolution propre.
Comme le souligne Olivier Zajec, « [l]e combat urbain représente sans conteste le champ d’engagement futur le plus probable et le plus dimensionnant pour les forces armées des pays occidentaux. La puissance aérienne n’est pas la seule à tenter de résoudre l’équation difficile qu’il pose. Pour l’aviation comme pour les forces terrestres, le théâtre urbain, par définition complexe et changeant, constitue un défi majeur ». Cela étant, la puissance aérospatiale joue un rôle éminent en milieu urbain pour plusieurs raisons. D’une part, elle permet de disposer une connaissance situationnelle fondamentale dans ce milieu complexe et évolutif grâce aux capacités ISR (Intelligence, Surveillance, Reconnaissance) permanentes qu’elle met en œuvre – les drones – et qui présentent l’avantage d’être hors de portée des menaces sol/air de type armes légères et SATCP (Sol-air à très courte portée) contrairement aux aéronefs à voilures tournantes qui peuvent difficilement faire du vol statique dans ce milieu sans être exposés. L’intérêt que présentent les drones en milieu urbain est tout aussi avéré dans les phases amont d’une action armée comme l’illustrent particulièrement bien les quatre mois d’acquisition de renseignements et de géo-référencement qui ont précédé la seconde offensive sur Falloujah (novembre 2004) ou lors du conflit qui a opposé Israël au Hezbollah à l’été 2006. D’autre part, la puissance aérospatiale autorise des modes d’actions « atypiques » afin de limiter les dommages collatéraux dont l’emploi de munition avec une charge non explosive en béton, à l’image de ce qui a pu être fait par des Mirage 2000D français en Libye.
Mais la ville, de nouveau, n’est pas tout. Elle n’est pas le seul visage du lieu d’affrontement futur. Une tentative de définition du champ de bataille tendrait à souligner combien ses contours sont difficiles à tracer, résultat en partie de son extension à des sphères non forcément physiques. Cette tendance n’est bien sûr pas soudainement apparue, mais correspond au développement et à l’arrivée à maturité de technologies de plus en plus performantes.
D’une part, la numérisation du champ de bataille, dont la mise en réseau est l’un des principaux instruments, représente l’affirmation d’un véritable champ d’affrontement, dont les adversaires chercheront à acquérir le contrôle ou pour le moins à nous en contester les avantages offerts. Ce premier espace, généralement qualifié de cyberespace, tend à devenir un milieu où les menaces vont croissant, tant il s’agit d’un milieu stratégique duquel dépendent aussi bien les opérations militaires que plus largement nos sociétés modernes. Il importe d’ailleurs pour cette dernière raison d’avoir une prise en compte globale de cette sphère d’affrontement. Autrement dit, si l’Armée de l’air est très largement dépendante de cette sphère et si, « naturellement », il lui incombe d’assurer la sécurité de ses réseaux et systèmes d’information, le cyberspace reste en revanche un domaine commun, aussi bien aux différents acteurs militaires que plus largement à l’ensemble des acteurs soient ils civils ou militaires. Aussi, la prise en compte des vulnérabilités et des menaces, et donc la surveillance, relève de démarches « inter » (-armées, -agences, -services et -ministérielles).
D’autre part, plus embryonnaire pour l’instant en termes de menace, mais néanmoins sujet à préoccupation, l’espace (exo- et extra-atmosphérique) apparaît aussi comme un milieu où s’exprimeront les rivalités et s’exerceront des rapports de force tant ce milieu est essentiel à la conduite des opérations militaires que véritablement stratégique pour le développement de nos sociétés. L’une des principales raisons tient tout d’abord au fait que la maîtrise de l’espace représente, d’une manière quelque peu semblable à l’arme nucléaire, un enjeu de rang pour les États. La course au premier satellite (habité et non-habité), puis la conquête de la Lune entre les États-Unis et l’URSS, appartenait à ce type de registre. Cette motivation n’a pas disparu aujourd’hui. On la retrouve dans les discours accompagnant les programmes spatiaux de certains États, comme par exemple l’Iran, devenu dixième puissance spatiale mondiale avec le lancement d’un satellite (Omid, Espoir) le 4 février 2009, lors des célébrations des 30 ans de la Révolution islamique.
Au-delà de l’enjeu de souveraineté et/ou de rayonnement, qui peut guider les programmes spatiaux, ce sont aussi bien des intérêts stratégiques que tactico-opératifs qui poussent les États, ou groupes d’États, à accéder à l’Espace, à tenter de le maîtriser, voire à en dénier l’accès à d’autres. Ainsi, prolongement ou produit du développement du cyberespace, le domaine spatial est devenu essentiel, indispensable, à toute opération militaire de par son utilisation dans le domaine des télécommunications, de l’observation, de la navigation, de l’alerte avancée, etc. De manière connexe à la dépendance au cyberespace, les forces armées modernes sont donc soumises à l’utilisation de l’espace qui concourt très largement à la conduite des opérations militaires sur terre. Dès lors, les capacités spatiales apparaissent d’autant plus sensibles que leur neutralisation, au sens le plus large du terme, nuirait sans conteste à la conduite des opérations. Il apparaît ainsi logique de l’intégrer dans l’analyse des milieux du champ de bataille et, donc, de chercher à dégager les futures évolutions.
Plus qu’une autre composante, l’Armée de l’air a une responsabilité particulière, si ce n’est quasi-naturelle à l’égard de ce milieu. Bien que l’on conteste parfois la continuité de la troisième dimension et de l’espace pour des motifs relevant des sciences physiques, celle-ci demeure une réalité de manière pratique.
Les nécessaires adaptations peuvent être résumées au développement et au durcissement des flottes satellitaires, soit dans un cadre strictement national, soit, plus probablement dans un cadre européen. Les efforts déjà consentis dans ce domaine ont fait de la France et de l’Europe des puissances spatiales de premier rang. Leur poursuite est nécessaire pour bénéficier d’une réelle et totale autonomie de décision et de conduite des opérations. À la lumière de la rapidité des évolutions technologiques, politiques et des réalisations de certains États, tout bref relâchement dans les efforts budgétaires et technologiques, mais également doctrinaux, pourrait avoir des conséquences fortement préjudiciables. Aujourd’hui, la France bénéficie avec le radar Graves (Grand réseau adapté à la veille spatiale) d’un réel avantage en matière de connaissance situationnelle spatiale qu’il importe, bien sûr, non seulement de conserver et donc de protéger, mais également d’élargir afin d’anticiper tout risque ou menace dans ce milieu qui tendra à être de plus en plus contesté à l’horizon des quinze prochaines années. Il s’agit donc de réfléchir aux parades et mécanismes de dissuasion spatiaux face à l’hypothèse de l’affirmation par certains États d’une éventuelle arsenalisation de l’espace. Le renforcement des capacités de surveillance et de détection serait en effet dissuasif en ce sens qu’il permettrait d’identifier l’origine d’une attaque contre un segment satellitaire.
Le Temps, élément central du champ de bataille
Évoquer les évolutions que connaît le champ de bataille et qui seront amener à le caractériser à l’horizon des prochaines années, doit enfin conduire à s’intéresser à une notion centrale qui est celle du temps. Centrale en effet en ce que le temps est véritablement devenu un enjeu majeur des conflits, chacun cherchant à le maîtriser, à imposer son rythme à l’autre. Garder un avantage temporel sur l’adversaire, un « coup d’avance », conserver l’initiative, représente en effet l’une des conditions classiques du succès de la manœuvre militaire. L’accélération du temps et l’évolution de la nature de l’adversaire, de ses modes et milieux d’action, etc. transforment alors sensiblement ce préalable.
L’un des défis pour la puissance aérospatiale – dans l’environnement conflictuel tel qu’il est amené à évoluer, marqué par la fugacité des cibles et le refus de l’affrontement direct des adversaires – apparaît finalement devoir être celui de conjuguer maîtrise de la force, connaissance situationnelle et réactivité. Ces deux derniers aspects renvoient à la nécessité pour la puissance aérospatiale de savoir maîtriser les temps long (permanence en vol) et court. De ce point de vue, les récentes opérations ont témoigné du rôle central dévolu aux drones pour ce faire. Outre le fait qu’ils éloignent l’Homme de la zone de risque, ils offrent surtout comme principal avantage celui de maîtriser le temps long, de durer sur zone. Ils offrent, autrement dit, l’avantage de la permanence. Cette caractéristique est d’autant plus essentielle que le temps est devenu un trait marquant des conflits contemporains et un élément vraisemblablement structurant des conflits de demain. Les adversaires agissent à un double niveau de temporalité. Ils chercheront, d’une part, à faire durer l’engagement des forces pour les conduire à l’essoufflement en profitant de plus en plus des différents relais médiatiques pour influer sur les opinions publiques, sur leur perception de la légitimité de l’intervention, voire chercheront-ils à tirer profit de leur « faible » capacité de résilience. Leur objectif en jouant sur le temps long est alors de nature « stratégique ». À l’inverse, ils utiliseront, d’autre part, au niveau tactique, le temps court. N’ayant pas les capacités d’affronter directement la force, ils préfèreront, comme nous l’avons vu, faire le choix de la fugacité et de la dissimulation en profitant notamment de la complexité des environnements. La force déployée doit alors savoir maîtriser le temps court. En cela la permanence est un gain opérationnel certain : l’occupation du ciel en permanence, couplée à une mise en réseau des capteurs et des récepteurs, permet d’avoir une pleine connaissance situationnelle, une vision totale du champ de bataille et une image commune de la situation opérationnelle ; elle offre une maîtrise, au niveau tactique et opératif, du temps long, permettant d’agir sur le temps court en captant l’instant fugace. Si la guerre du Kosovo avait révélé certaines limites en la matière, la permanence des plates-formes ISR, tout temps, apparaît aujourd’hui comme une véritable innovation tactico-opérative en offrant une couverture de zones et en alimentant les forces (aériennes comme terrestres) en renseignement de manière continue et instantanée. Les exemples en témoignant sont nombreux : que ce soit au Liban ou à Gaza, en Irak ou en Afghanistan, aucune force engagée dans un conflit ne peut dorénavant faire l’économie de cette permanence que confèrent les drones.
Mais la permanence des plateformes peut offrir un avantage autre que la seule acquisition du renseignement. De la même manière que le sont (temporairement) le Show of Presence et le Show of Force, les drones ont un rôle dissuasif – au niveau tactique – au sens premier du terme et contribuent à un emploi maîtrisé de la force. En faisant planer non forcément une menace mais une présence au dessus d’une zone, laissant entendre aux adversaires qu’ils sont perpétuellement observés et que la réaction de la force tend à devenir de plus en plus courte dans le temps, les drones contribuent à influer sur la prise de décision et à inciter les adversaires « à ne pas agir ». Cette fonction dissuasive des drones – qui s’en trouve renforcée dès lors que les plateformes sont armées – offre un niveau de graduation supplémentaire dans l’emploi de la force d’autant plus essentiel dans des opérations de contre-insurrection ou de stabilisation que la protection et l’aide à la population, et plus clairement son soutien, sont déterminants.
Derrière les avantages qu’offrent les drones en termes de renseignement et de maîtrise de l’information, c’est bien la notion de réactivité qui se dessine en filigrane. Cette problématique n’est bien sûr pas nouvelle en soi et est au cœur aussi bien du concept de boucle OODA (Observation, orientation, décision, action) que du cycle de traitement d’une cible dit F2T2EA (Find, Fix, Track, Target, Engage, Assess). Mais les opérations contemporaines, qu’il s’agisse de celles conduites par Israël ou de celles menées en Afghanistan et en Irak, révèlent le caractère central de cet aspect et l’importance aussi bien de savoir effectuer des ciblages d’opportunité que de pouvoir traiter des Time Sensitive Target (TST). Dans les récentes opérations de contre-insurrection, le ciblage d’opportunité a pu constituer l’essentiel des missions offensives de la puissance aérospatiale. La nécessité de maîtriser le temps court, et à l’extrême le temps réel, apparaît comme l’une des principales conséquences des évolutions que connaît le champ de bataille. En cherchant par exemple à se fondre dans la population ou à profiter des diverses zones d’ombre qu’offrent les centres urbains, les adversaires tentent d’imposer leur rythme. Il s’agit donc de maîtriser le temps long (permanence) et de contracter celui s’écoulant entre l’observation et l’action. C’est de ce point de vue que les drones présentent un avantage incommensurable : la permanence qu’ils autorisent associée à leur capacité à transmettre l’information directement, en continu et en temps réel, permet une accélération du rythme et une maîtrise du temps.
S’il ressort finalement une importance toute particulière de l’ensemble « observation/frappe », maîtriser le tempo – en particulier à des fins de réactivité dans le déclenchement d’une opération – nécessite également à un autre niveau un important niveau de décentralisation, qui n’est dès lors pas sans conséquence en termes organisationnels. De ce point de vue, les opérations au Mali illustrent particulièrement bien le savoir-faire de l’Armée de l’air en terme de réactivité. Elles témoignant par là même de tout l’intérêt qu’il y a à pouvoir conduire des opérations depuis le CNOA (Centre national des opérations aériennes) de Lyon Mont-Verdun.
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Parmi les nombreuses dimensions et nature du changement du champ de bataille, seules quelques-unes, parce qu’ayant un possible lien direct avec l’emploi de l’arme aérienne ont été mises en exergue. Il s’agit d’une lecture d’un environnement complexe qui a pour objectif d’esquisser un paysage avec une forme de subjectivité qui exclut toute exhaustivité. En effet, si une tendance, un axe d’évolution central ressort de l’analyse de l’évolution du champ de bataille, c’est l’accroissement continu de sa complexité, lié de manière étroite à l’accroissement du tempo, du rythme sur le champ de bataille, et de son évolution.
Cette tendance centrale a des conséquences contrastées et nuancées sur les caractéristiques de la puissance aérospatiale. D’une part, elle peut renforcer l’importance de ces dernières et donc accroître son propre rôle sur le champ de bataille. La description et les tendances qui traverseront l’environnement de bataille (étendu mais aussi confiné et déspatialisé, pouvant être déshumanisé mais aussi peuplé, aux menaces diffuses et permanentes, etc.) mettent en valeur le traditionnel triptyque (« Plus haut, plus vite, plus loin ») caractérisant la puissance aérospatiale.
Cependant, afin de conserver cet avantage initial, voire de multiplier les effets et les bénéfices procurés par cette trinité de caractéristiques, il convient peut-être de remettre plus en exergue les qualités des vecteurs de la troisième dimensions : la flexibilité (adaptabilité) et la permanence. Déjà identifiés dans l’Instruction 1000 portant Doctrine interarmées d’emploi des forces en opérations, ces qualités devraient devenir des caractéristiques de la puissance aérospatiale. Ce quintette – « Plus haut, plus vite, plus loin, plus flexible, plus longtemps » – serait alors l’outil le plus adapté face à la complexification du champ de bataille ainsi qu’à l’intensification de son rythme. Si le temps est bien l’enjeu central des prochains engagements armés, c’est bien la capacité à le maîtriser qui sera gage de succès des opérations. ♦
Éléments de bibliographie
Joseph Henrotin : « Peut-on penser une campagne coin en stratégie aérienne ? L’apport de Warden » in Défense & sécurité internationale n° 54, décembre 2009, p. 29.
Rupert Smith : L’utilité de la force : l’art de la guerre aujourd’hui ; Economica, 15 février 2007 ; 395 pages.
Olivier Zajec : Puissance aérienne et milieu urbain, Compagnie européenne d’intelligence stratégique, 10 juillet 2007 ; p. 5-6.
(1) La 3e dimension : un espace où prévaut la loi du plus fort.