Le programme de recherche sur le soldat augmenté
Lancé en 2015 par le Centre de recherche des Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan (CREC), le programme de recherche sur le soldat augmenté est né de la constatation que le combattant en opération, s’il a vocation à rester au centre des systèmes d’armes de demain, pourrait dans les années à venir apparaître comme le futur maillon faible des dispositifs militaires de par les faiblesses inhérentes à sa nature humaine, voire à en être exclus.
Son objectif est d’étudier en quoi la révolution technologie des NBIC (Nanotechnologies, biotechnologies, informatique et des sciences de la cognition) pourrait compenser ces faiblesses du soldat sur le champ de bataille, plongé dans des conditions éprouvantes de fatigue, de stress et/ou de saturation d’informations.
État des lieux
À cet effet, les travaux menés ont d’abord tenté de lister un état des lieux de l’augmentation et des problématiques engendrées, qui s’est traduit par un premier colloque à l’École militaire de Paris le 8 juin 2015. Les actes de cette journée ont été recueillis et élargis lors de la publication du hors-série n° 45 de la revue Défense & Sécurité Internationale (DSI) en décembre 2015 (1).
Les travaux ont ensuite repris courant 2016, en orientant le focus de recherche sur les opportunités et impacts des augmentations sur les missions de défense et de sécurité, ayant à l’esprit que les différentes possibilités offertes par les avancées technologiques et médicales sont susceptibles de changer les modes opératoires de ces missions et qu’il convient d’en étudier les risques et bénéfices pour le militaire et les agents de la force publique.
Organisation
Se sont associés à cette réflexion des experts et des spécialistes de leurs domaines, notamment le CREC Saint-Cyr, l’Institut de recherche biomédicale des armées (IRBA), la Direction générale de l’armement (DGA), les industriels de la défense Safran et Thales avec le soutien particulier – et de façon non exhaustive – de l’équipe de l’IC2ETA Emmanuel Gardinetti, des médecins chef des services Frédéric Canini et Christian Colas et du lieutenant-colonel Thomas Noizet du bureau Plans de l’État-major de l’armée de Terre (EMAT).
Trois groupes de travail (GT) ont été constitués par l’équipe de pilotage du programme pour orienter les axes de réflexion par thèmes généraux. Ont ainsi été créés :
• Le groupe de travail A sur l’augmentation des capacités cognitives et le soutien psychologique du futur combattant (mobilisation des ressources perceptives et cognitives, gestion des émotions, gestion du stress, gestion de la volonté, évitement des syndromes post-traumatiques, etc.) incluant notamment la gestion des moyens mis à disposition (technologiques, pharmacologiques…).
• Le groupe de travail B sur l’augmentation des capacités physiques et le soutien physiologique du futur combattant (force, endurance, mobilité, protection, combat, évitement des troubles musculo-squelettiques, etc.).
• Et le groupe de travail C sur les politiques de gestion de l’augmentation par les forces (révision de l’aptitude et de ses normes, spécificités de sélection, responsabilité et acceptabilité, etc.).
(Schéma des 3 groupes de travail)
Les objectifs de chaque GT
S’appuyant, comme support à la réflexion, sur des scénarios écrits par des opérationnels présentant les besoins actuels d’augmentations des performances du soldat en opération et du gendarme en mission – scénarios qui vous sont détaillés dans ce Cahier –, ces groupes de travail se sont attachés à établir une liste des possibles, puis la liste des souhaitables afin de réaliser une adéquation entre les solutions et les besoins opérationnels en mission comme à l’entraînement.
La poursuite de ce programme de recherche
La journée d’études du 19 juin 2017 restera une étape intermédiaire dans les réflexions menées jusqu’à la production de cette publication. Ce programme poursuit en effet comme objectif, même si l’on ne peut jamais être exhaustif, de centraliser les réflexions sur le soldat augmenté, avec le soutien des opérationnels qui en seront les premiers acteurs. Ceci afin d’en faire bénéficier les institutions concernées par des analyses et des recommandations dont elles puissent tirer profit et qui pourraient potentiellement aboutir à des études et développements ultérieurs.
Il invite pour cela le personnel de la Défense ou les personnes travaillant pour la Défense, experts dans les disciplines traitant de cette problématique, à le rejoindre au sein des groupes de travail précités.
(Présentation du programme)
Enfin, si les champs d’application et des usages possibles de l’augmentation des performances offrent de nouvelles opportunités pour les combattants ou les forces de l’ordre, il convient de les accompagner en les sécurisant et en les plaçant dans un contexte opérationnel pour déterminer le juste besoin en augmentation. De plus, comme les technologies envisagées peuvent être intrusives et toucher à l’intégrité du corps, l’augmentation du soldat devra être également abordée sous ses aspects éthique et juridique, afin d’éviter tout débordement contraire à la tradition militaire de la France et du respect de la personne, pour que notre Nation puisse conserver sa tradition d’humanité dans ce très exigeant métier de soldat. ♦
(1) Ce hors-série est toujours disponible à la vente (www.areion24.news/boutique-areion24news/).