Dans un monde en pleine évolution
Qu’est-ce qui fait du monde d’aujourd’hui un monde complexe à appréhender ? La multiplication et l’accélération de ses évolutions ? Leur caractère inattendu ? Le haut niveau de réflexion philosophique et/ou de connaissances technologiques qu’elles sous-tendent ?
La complexité ne doit pas faire peur mais au contraire susciter « le courage de penser ». Le renouveau de la pensée stratégique passe notamment, selon le général Patrick Destremau, par une réflexion sur « L’impact du dérèglement climatique sur les enjeux de défense et de sécurité », « “une problématique globale” impactant la résilience de nos sociétés ».
Mais attention ! Si l’intelligence doit permettre d’appréhender la complexité des situations, elle ne peut s’exercer convenablement qu’à travers le discernement, conjonction de l’intelligence et de l’expérience. L’article « Surprise stratégique ou défaillance de l’intelligence stratégique ? » de Mustapha Banchenane met en garde contre l’utilisation tous azimuts du concept de « surprise stratégique ».
Autre question stratégique d’actualité : la Chine. Valérie Niquet dresse une analyse détaillée de la situation dans « Les “routes de la soie” : décryptage d’une stratégie chinoise globale de retour à la puissance ». Il en ressort que ce projet « constitue un élément de la grande stratégie du parti communiste qui possède une double dimension de stabilité interne et d’affirmation de puissance à l’extérieur, au service de la légitimité du régime ».
La question de « La dissuasion partagée ? » est, elle, une question stratégique pour la France. L’article de Bruno Tertrais vient clarifier les notions en jeu dans ce débat lié à « l’autonomie stratégique européenne ». Comment partager une dissuasion qui est l’« expression la plus forte de la souveraineté » et donc difficilement « partageable » ?
François Sureau aborde, dans « La dialectique du droit, de la démocratie et de l’action militaire », une autre interrogation philosophique, éthique et politique : le rapport de l’action de force au droit. La soumission de la première au second ne va pas de soi.
Les dimensions éthique et politique se sont également invitées dans les débats autour de l’intelligence artificielle (IA). Olivier Kempf et Éloïse Berthier, avec « IA, explicabilité et défense », tentent l’exercice difficile d’en vulgariser les principes scientifiques. Comprendre ce qu’est l’IA est essentiel car son emploi dans un contexte militaire repose sur la résolution de la « question de l’explicabilité » des résultats des calculs utilisant cette technologie.
Les progrès technologiques suscitent craintes et fantasmes lorsqu’ils ne sont pas correctement « maîtrisés », tout d’abord du point de vue intellectuel. « L’intelligence artificielle : un moteur de défense française » d’Emmanuel Chiva met audacieusement l’IA au cœur de l’innovation de défense.
Quelle sera la guerre de demain ? Celle des villes intelligentes ? Nicolas Mazzucchi et Jonathan Jay Mourtont se projettent, dans ce dernier article « Smart cities : la guerre de siège à l’ère 4.0 », dans cet avenir très proche de la conflictualité en zone urbaine. ♦