La haute intensité est aujourd’hui prédominante dans l’agenda stratégique. Force armée dédiée à la sécurité et à la gestion des crises intérieures, la Gendarmerie est susceptible de contribuer à cette conflictualité, en complémentarité et avec différenciation de l’action des armées. Selon une stratégie intégrale approuvée en Conseil de défense et de sécurité nationale, des missions transverses pourront lui être confiées sur le théâtre d’opérations extérieures comme sur le territoire national avec un objectif de continuum. Une exigence élevée de coordination au niveau opératif, d’interopérabilités avec les composantes des armées ainsi que de protection des gendarmes y participant permettra de produire les effets attendus.
Contribution de la Gendarmerie nationale à un conflit de haute intensité
« Pour la population et par le gendarme. Chacun, à son niveau, doit savoir répondre présent pour la sécurité de la France et des Français. » Ce principe issu des orientations générales pour l’action de la Gendarmerie en 2021 est-il applicable dans le cadre d’un conflit de haute intensité ?
Cette hypothèse d’engagement majeur a, aujourd’hui, une grande actualité. Cela implique donc pour les forces armées de s’y préparer, notamment la Gendarmerie, car en s’inspirant de Winston Churchill (1) : « La paix, dans son risque actuel, doit avoir ses gendarmes. » L’ambition est, au final, d’œuvrer à la constitution d’une force interarmées permettant à une puissance comme la France de déployer toutes ses capacités indispensables, notamment celles polyvalentes et robustes de la Gendarmerie, afin d’emporter face à un rival systémique la supériorité et la décision. La haute intensité est donc un scénario opérationnel probable de la Gendarmerie, se cumulant sans rupture avec ses missions quotidiennes de sécurité et de gestion de crise.
Pour s’en convaincre, le cadre favorable à un tel emploi de la Gendarmerie sera d’abord développé. Les conditions estimées utiles pour y parvenir seront, ensuite, exposées. Une stratégie des moyens à envisager sera, enfin, proposée.
Le cadre favorable à un tel emploi
Le retour de la haute intensité, « de quoi s’agit-il ? », comme se serait interrogé le maréchal Foch (2)
Alors qu’elle n’était plus qu’un scénario d’étude depuis la fin de la guerre froide, la conflictualité de haute intensité a retrouvé une grande actualité stratégique avec le Sommet de Varsovie de l’Otan des 8 et 9 juillet 2016. Les chefs d’État y ont rappelé, d’une part, que la responsabilité première de l’Alliance est « de protéger et de défendre le territoire et la population de ses pays membres contre une attaque, conformément à l’article 5 (3) du traité de Washington sur l’Atlantique Nord du 4 avril 1949 (4) ». Ils ont annoncé, d’autre part, qu’ils veilleront « à ce que l’Otan dispose de toute la gamme des capacités nécessaires pour assurer la dissuasion et la défense face à des adversaires potentiels et à l’éventail complet des menaces auxquelles l’Alliance pourrait être confrontée, d’où qu’elles viennent. » Cette déclaration soulève donc la question de la définition de la haute intensité avant d’en évaluer les répercussions potentielles. Celle-ci peut être vue d’abord comme la situation stratégique mettant en jeu l’application de l’article 5 précité. Il dispose notamment que « Les parties conviennent qu’une attaque armée contre l’une ou plusieurs d’entre elles survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties ». Une autre approche possible est celle prévue par l’article 42.7 du Traité sur l’Union européenne du 7 février 1992 qui stipule qu’« Au cas où un État-membre serait l’objet d’une agression armée sur son territoire, les autres États-membres lui doivent aide et assistance par tous les moyens en leur pouvoir, conformément à l’article 51 (5) de la charte des Nations unies. (6) ». La haute intensité pourrait donc trouver à se concrétiser au préjudice d’un allié de la France et ainsi l’impliquer par le jeu de ses alliances. Par ailleurs, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, elle pourrait aussi se voir engager dans une coalition de circonstance en cas d’agression armée d’un État contre un autre, motivant sa légitime défense collective comme ce fut le cas lors de la guerre du Golfe en 1990-1991. Elle pourrait, en outre, la toucher en propre par une atteinte envers sa souveraineté nationale, notamment contre son intégrité territoriale, en particulier au travers de ses possessions outre-mer.
S’agissant de la doctrine interarmées, la haute intensité est prise en compte dans le Concept d’emploi des forces 2020-CIA 1 (7) de l’État-major des armées (EMA). Sur le plan stratégique, un conflit de haute intensité y est entendu, en effet, comme « Un affrontement extrême des volontés politiques, provoqué par le franchissement – volontaire ou non – du seuil de tolérance d’un des protagonistes en regard d’enjeux majeurs, voire jugés existentiels. S’exerçant en différents domaines, la confrontation dépasse le strict périmètre des armées et peut nécessiter la mobilisation durable de nombreuses ressources ».
Ces approches politiques, juridiques et conceptuelles de la haute intensité peuvent être également complétées grâce à d’autres angles d’analyse. En premier lieu, des modes d’action hybrides peuvent être assimilés à la haute intensité. À ce titre, il pourra être noté que l’Actualisation stratégique 2021 du ministère des Armées acte que « certains de nos compétiteurs, étatiques ou non, usent principalement de “stratégies hybrides” (8) et qu’en haut du “spectre hybride”, l’utilisation de groupes armés non étatiques rend ainsi possibles des agressions armées dissimulées ou du moins non assumées. (9) » En outre, réfléchir à la haute intensité est aussi une opportunité pour questionner l’état de siège, prévu par l’article 36 (10) de la Constitution et qui pourrait découler d’un conflit de haute intensité sur le territoire national ou non. Sa mise en œuvre est déclinée dans les articles L2121-1 et suivants (11) du Code de la défense qui disposent que « L’état de siège ne peut être déclaré, par décret en conseil des ministres, qu’en cas de péril imminent résultant d’une guerre étrangère ou d’une insurrection armée. » Un contexte sur le territoire national de type Vigipirate Urgence Attentat, pourrait interroger la mise en œuvre de cet état d’exception si la menace terroriste était d’ampleur, généralisée et militarisée. Si l’état de siège est en effet un cas d’étude théorique, pour autant, sa mise en œuvre semble impensable, notamment au regard du retour d’expérience de l’application de l’État d’urgence.
La haute intensité doit être resituée dans une compétition de puissances se traduisant tout au long du « continuum paix-crise-guerre », faite de pression, d’intimidation voire de coercition, et qui implique des risques sérieux de montée aux extrêmes. Cela signifie pour la France, ainsi que le précise l’Actualisation stratégique 2021, de « conserver résilience et capacité d’action sur l’ensemble du spectre, depuis les menées hybrides jusqu’au conflit de haute intensité (12) ». Le recours à la Gendarmerie, dans ce contexte, apparaît comme une option pour en couvrir certains besoins induits, en complémentarité et avec différenciation des armées assurant l’action principale. L’histoire l’a montré par le passé.
Une histoire de la Gendarmerie marquée par les opérations militaires du haut du spectre
Forte de sept siècles d’histoire, héritière de la maréchaussée, la Gendarmerie a toujours été associée aux opérations des armées, notamment les plus contemporaines. Les orientations générales 2021 pour l’action de la Gendarmerie citées en introduction rappellent que « l’histoire autant que le caractère de force armée de la Gendarmerie conduisent à ne pas ignorer que le temps de guerre demeure un cadre d’emploi de l’Institution (13) ». Les soldats de la Loi en ont payé le prix du sang, souvent dans de fortes proportions au regard de leurs effectifs engagés dans les conflits, notamment :
– Le 12 janvier 1871, à Pontlieue (Le Mans), un régiment de gendarmes résiste face à l’armée prussienne : 103 militaires périssent dans leur action de défense ferme.
– Le 11 novembre 1918, 878 militaires de la Gendarmerie sont reconnus « Morts pour la France » dans les prévôtés, les unités combattantes ou les légions.
– Du 13 au 27 mai 1940, le 45e Bataillon de chars de combat de la Gendarmerie et l’Escadron de Gendarmerie mobile de Saint-Amand-Montrond, intégrés à la 3e Division cuirassée, combattent héroïquement l’envahisseur allemand à Stonne dans les Ardennes au prix de 30 tués, 4 disparus et 59 blessés. Au total, 400 gendarmes mourront pour la France dans les combats de mai-juin 1940.
Au cours des conflits de 1870 et de la Première Guerre mondiale, la Gendarmerie perdit un homme sur 20 et un homme sur 10 lors de la Seconde Guerre mondiale, cette dernière donnant aussi lieu à la fusillade de 340 des siens par l’occupant et à la mort en déportation de 235 militaires.
– De novembre 1953 à mai 1954, sur les 21 gendarmes déployés à Dien Bien Phu, seule la moitié reviendra en France, 8 décédant d’ailleurs des atrocités de la captivité vietminh. En Indochine, la Gendarmerie comptera 654 tués et 1 500 blessés sur un effectif global de 15 000 hommes.
– Le 18 mars 1962, à la signature des accords d’Évian mettant fin à la guerre d’Algérie, 531 noms sont venus s’ajouter sur le registre obituaire de l’institution sachant que la Gendarmerie départementale y comptera jusqu’à 6 000 hommes affectés, la Gendarmerie mobile en déployant près de 6 800 pour l’ordre public.
– Le 29 octobre 1987, un officier et un gendarme de l’Escadron de Gendarmerie mobile 6/20 de Dijon sont tués et un gendarme départemental du groupement de Gendarmerie départementale de Côte d’Or est grièvement blessé alors qu’ils assurent la sécurité de l’ambassade de France à Beyrouth.
– Le 23 avril 2013, 2 gendarmes en faction devant l’ambassade de France en Libye sont grièvement blessés par un attentat à la voiture piégée qui était dirigé contre l’emprise.
Ces sacrifices suprêmes sont un témoignage de l’identité militaire de la Gendarmerie. Une trace épique figure dans son Livre d’or créé le 17 juin 1912 dans le but de mettre en exergue l’esprit de courage et d’abnégation des militaires de la Gendarmerie ainsi que sur le monument aux morts pour la France en Opérations extérieures (Opex) inauguré en 2019 à Paris. À l’instar de la guerre du Golfe à laquelle participèrent 60 prévôts, leur héroïsme et leur compétence témoignent de cette capacité renouvelée de la Gendarmerie à tenir sa place dans les engagements militaires du haut du spectre. Le droit positif le consacre de même.
Un édifice normatif compatible
L’article L3211-3 du Code de la défense dispose que « La Gendarmerie nationale est une force armée (14) instituée pour veiller à l’exécution des lois. Sans préjudice des dispositions de l’article L.421-1 du Code de la sécurité intérieure, elle participe à la défense de la Patrie et des intérêts supérieurs de la Nation, notamment au contrôle et à la sécurité des armements nucléaires. L’ensemble de ses missions militaires s’exécute sur toute l’étendue du territoire national, ainsi qu’en haute mer à bord des navires battant pavillon français. Hors de ces cas, elles s’exécutent en application des engagements internationaux de la France, ainsi que dans les armées. (15) ». Cet article est issu de la Loi n° 2009-971 relative à la Gendarmerie nationale du 3 août 2009 après sa codification dans le Code de la défense. Cette loi fondatrice finalise le rattachement de la Gendarmerie au ministère de l’Intérieur qui avait été lancé en 2002. Elle réaffirme son caractère militaire en la consacrant de nouveau comme force armée. Les gendarmes demeurent dans la communauté militaire et sont donc susceptibles de participer à ces missions en France comme à l’étranger, notamment celles relatives à la dissuasion nucléaire, ce qui socle juridiquement leur capacité à être engagés dans un conflit de haute intensité.
Cette base législative est complétée par celle de l’article L3225-1 du Code de la défense qui précise que « Sans préjudice des attributions de l’autorité judiciaire pour l’exercice de ses missions judiciaires, et de celles du ministre de l’Intérieur pour l’exercice de ses missions civiles, la Gendarmerie nationale est placée sous l’autorité du ministre de la Défense pour l’exécution de ses missions militaires, notamment lorsqu’elle participe à des opérations des forces armées à l’extérieur du territoire national. Le ministre de la Défense participe à la gestion des ressources humaines de la Gendarmerie nationale dans des conditions définies par décret en Conseil d’État et exerce à l’égard des personnels militaires de la Gendarmerie nationale les attributions en matière de discipline. (16) ». En outre, la mission supérieure et les exigences fondamentales qui sont énoncées à l’alinéa 2 de l’article L4111-1 du Code de la défense (17) attestent d’une communauté de destin entre les forces armées dont la Gendarmerie. Il y a ainsi une cohérence entre la légitimité générale de l’action militaire de la Gendarmerie, la gestion associée de ses personnels et leurs valeurs spécifiques guidant leur service public spécial. C’est une garantie pour la Nation de fiabilité et de performance dans la haute intensité. Il mérite d’être noté, à ce titre, que le Livre blanc sur la Sécurité intérieure de 2020 relève que la Gendarmerie est une « force armée investie d’une mission de sécurité et de paix publique » et qu’« à ce titre, elle agit (…) dans le champ de l’action militaire » (18).
Cet édifice législatif est complété par une réglementation qu’il convient de conserver à l’esprit, au vu de son impact sur la planification et le commandement d’une contribution de la Gendarmerie à une opération de haute intensité. L’article D3122-2 du Code de la défense énonce, en effet, en son alinéa 2, s’agissant des attributions du Directeur général de la Gendarmerie nationale (DGGN), qu’il est responsable : « De la participation de la Gendarmerie à la préparation et à l’exécution de la mobilisation des armées, services de soutien, organismes interarmées et formations rattachées et de la mise en condition des unités de Gendarmerie en vue de leur participation aux opérations militaires au sein des forces armées selon les plans élaborés par les chefs d’état-major. (19) ». Dans ce contexte, les gendarmeries spécialisées (20) dont le cadre d’emploi est fixé par voie réglementaire continueraient à assurer leur mission permanente, en adaptant leurs modes d’action.
Le droit international vient en appui du droit positif français pour cette contribution de la Gendarmerie à la haute intensité, comme le montre en particulier le décret n° 2012-1021 du 4 septembre 2012 portant publication du traité entre le Royaume d’Espagne, la République française, la République italienne, le Royaume des Pays-Bas et la République portugaise instituant la force de gendarmerie européenne EuroGendFor. Il a pour objet « de créer une Force de gendarmerie européenne qui est opérationnelle, pré-organisée, robuste et déployable rapidement, et qui comprend exclusivement des éléments des forces de police à statut militaire des Parties, afin d’assurer toutes les missions de police dans le cadre d’opérations de gestion des crises (21) ». La Gendarmerie et EuroGendFor disposent d’une base juridique internationale pouvant s’inscrire dans le spectre de la haute intensité.
S’il existe donc un cadre favorable à un engagement de la Gendarmerie dans cette situation, des conditions devront être réunies pour qu’il produise pleinement ses effets et soit légitime dans la durée.
Des conditions générales à réunir
La reconnaissance du besoin stratégique
L’Actualisation stratégique 2021 constate le besoin d’une approche globale pour la gestion des situations critiques d’un conflit de haute intensité (22).
En première ligne pour mener leurs actions de coercition, les armées ne peuvent cependant prendre en compte la couverture d’angles morts, touchant pour les territoires d’engagement, à leur gouvernance, leur administration civile, leur développement et leur sécurité. Sur la base d’une cartographie des risques et des menaces transverses, il apparaît pertinent d’identifier les leviers mobilisables outre ceux des armées. Dès lors une stratégie intégrale doit être envisagée. Le concept de piano stratégique trouve donc également à s’appliquer à la haute intensité et certaines des touches pourraient intéresser la Gendarmerie pour la supervision et/ou la mise en œuvre. Tel est le cas par exemple de la sécurité publique et de la sûreté, donc le renseignement, à l’arrière de la ligne de front ou de la zone des combats. La réponse judiciaire à des faits de délinquance, de droit commun mais aussi les crimes contre l’humanité, les génocides et les crimes de guerre peuvent requérir de même une chaine pénale robuste incluant des capacités d’investigation et d’intervention au contact. Les mobilités militaires et les intermodalités qui les caractérisent sont également porteuses de vulnérabilités, en particulier au regard de leur dimension duale et des différents systèmes de sécurité en présence. Des pans du cyberespace et du champ informationnel peuvent en outre ne pas être couverts par les moyens des armées et, pourtant, s’avérer sensibles pour leurs actions. C’est aussi le cas de certaines atteintes au spectre fréquentiel sous la forme de brouillage pouvant relever de modes d’action hybrides armés. Des infrastructures vitales sur le territoire national peuvent être par ailleurs l’objet d’actions insidieuses voire directes (intrusion, coups de main, etc.) et nécessiter un renforcement de leur protection et une optimisation de la couverture territoriale dans la profondeur. Un lien s’impose, de plus, pour la synthèse interarmées du renseignement sur le traitement de l’ennemi à l’extérieur et de ses soutiens sur le territoire national. Avec la haute intensité, enfin, la mobilisation de la réserve opérationnelle de 2e niveau (23) est susceptible d’être décidée en raison des besoins d’effectifs pour durer dans l’espace et le temps en application des articles L2141-1 et L2141-2 du Code de la défense (24). Cela impliquera pour sa mise en œuvre la nécessité de capacités de maillage et de sécurisation. Pour répondre donc aux impératifs et contraintes de la haute intensité, il apparaît essentiel de générer un continuum de portée générale et à plusieurs niveaux, notamment militaro-sécuritaire, théâtre d’opération-territoire national, public-privé ou encore matériel-immatériel.
La Gendarmerie nationale s’avère alors une réponse à certains besoins sur le territoire national comme sur le théâtre d’Opex ouvert. Elle peut être envisagée au-delà de la prévôté et de la contribution classique à la fonction protection-résilience pour assurer la sécurité des Français et du territoire national, et ainsi garantir la continuité des fonctions essentielles de la Nation. Pour être effective, en cohérence avec les exigences de ses missions quotidiennes sur le territoire national, elle doit s’inscrire dans le processus décisionnel au sommet duquel figure le président de la République.
La légitimité d’un tel engagement
Envisager l’emploi de la Gendarmerie lors d’un conflit de haute intensité questionne le processus politico-militaire qui le permettrait. Cet emploi s’inscrirait dans une planification de niveau stratégique incluant la proposition d’options soutenables au président de la République et au gouvernement. C’est donc le Conseil de défense et de sécurité nationale, présidé par le Président et prévu par l’article 15 de la Constitution (25), qui apparaît comme le cadre décisionnel adapté. Au sein de ce conseil, les arbitrages sont rendus par le Président sur la base du dossier politico-militaire fixé par l’ordre du jour. Ce dossier sera coordonné par le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) en lien avec le Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO) de l’État-major des armées (EMA). S’agissant d’un engagement de la Gendarmerie, il est essentiel que le ministère de l’Intérieur et la DGGN en soient aussi contributeurs, notamment pour mettre en évidence l’évaluation des impacts pour le théâtre national d’une projection de moyens de la Gendarmerie à l’étranger. Ces impacts s’inscriront dans un cycle de type « préparation opérationnelle-engagement-remise en condition » pour les unités et personnels concernés. Ces trois phases retireront donc de la réserve générale à la disposition du Gouvernement pour assurer l’ordre public et la sécurité publique sur le territoire national un certain nombre de moyens, notamment de la Gendarmerie mobile (26). Il conviendra d’en obtenir toutes les répercussions et avis afférents pour le ministère de l’Intérieur, en fonction des effets à produire sur le théâtre d’opérations, afin de faciliter la prise de décision objectivée du président de la République.
Cette décision devra être associée à une communication stratégique (StratCom) afin d’en faciliter l’appropriation au plan interministériel, par les armées et par les relais d’opinions. Il importe, en effet, qu’un engagement aussi singulier de la Gendarmerie fasse l’objet d’un accompagnement en termes de message et d’image. Cet effort d’information aura aussi une finalité interne à la Gendarmerie afin de préparer et de sensibiliser les personnels, pour les mettre en condition mais aussi pour s’adresser à leurs familles. Cette communication participera également du lien Armées-Nation pour que les communes d’affectation des personnels engagés soient également dans la boucle d’information.
Ces actions d’influence attesteront également que l’État mobilise ses capacités complémentaires, différenciées et pertinentes en vue d’être décisif dans le conflit et pour se donner les moyens d’atteindre ses objectifs. Cela permettra donc d’adresser des messages aux alliés, comme aux compétiteurs ou rivaux étrangers sur la nature des forces françaises déployées. Ce point apparaît de plus essentiel en termes de commandement et de planification valorisés pour traiter justement les besoins et gagner encore en crédibilité stratégique. Ainsi, l’État montre qu’il intègre des recommandations internationales faisant autorité comme celles (27) développées par Elisabeth Braw, chercheuse résidente de l’American Enterprise Institut et chroniqueuse à Foreign Policy, prescrivant que les forces de type gendarmerie sont des capacités clés pour apporter la stabilité dans la crise ou dans les conflits de la « zone grise ». La mission Sahel 2020 (28) du CHEM a permis de mettre en évidence lors d’échanges avec différentes autorités, notamment maliennes, leur pertinence pour combler les vides de gouvernance et d’administration civile.
Une stratégie opérationnelle commune aux armées et à la Gendarmerie
La composante gendarmerie participant avec les armées à un conflit de haute intensité sera placée sous l’autorité du ministre des Armées. Ce ne sera pas le cas, par contre, des unités de Gendarmerie en charge de missions d’ordre public et de sécurité intérieure sur le territoire national, découlant du conflit de haute intensité, qui seront dans les attributions du ministre de l’Intérieur. La composante Gendarmerie relèvera également du commandement opérationnel du Chef d’état-major des armées (Céma) (29) en application des dispositions de l’article D3121-6 du Code de la défense (30). La Gendarmerie va alors apporter sa contribution au cours de l’ensemble du processus de planification et d’anticipation : des travaux pré-décisionnels, de la planification opérationnelle jusqu’à la génération de forces. Les paragraphes de ces documents seront rédigés et approuvés conjointement par le CPCO, qui intègre des officiers concepteurs de la Gendarmerie, et par le Centre national des opérations de la DGGN. Ils feront l’objet de concertation et d’itération avec le commandant de la force interarmées auprès duquel sera placé le commandant de la composante Gendarmerie (ComGend) déployée. Ce dernier sera destinataire d’un Concept d’opérations (Conops) lui permettant de donner leurs missions à ses éléments subordonnés dans un ordre d’opérations. Cette méthode éprouvée permettra de positionner la Gendarmerie au niveau opératif afin de contribuer à la mise en œuvre de la stratégie opérationnelle et intégrée entre le théâtre d’opérations et le territoire national.
Elle permettra en outre d’en définir des missions adaptées au théâtre des Opex et qui pourraient être en première approche :
– la prévôté (police militaire) auprès de chacune des composantes d’armées ;
– le renseignement d’intérêt militaire ;
– le maintien de l’ordre et la sécurité publique à l’arrière du front ;
– la sécurité des mobilités militaires ;
– la protection rapprochée d’autorités militaires ;
– la défense d’emprises stratégiques ;
– l’intervention spécialisée, l’observation/surveillance, le contre-terrorisme ;
– les investigations criminalistiques dont NRBC-E (nucléaire, radiologique, biologique et chimique ou explosive) ;
– les liaisons avec les polices militaires alliées et les polices locales ;
– la contribution au fonctionnement du poste de commandement interarmées ;
– le soutien de la composante gendarmerie, notamment pour organiser sa projection par les armées ;
– l’autoprotection, en particulier la primo-réaction en cas d’attaque armée, la lutte anti-drones et la lutte contre les engins explosifs improvisés.
Sur le territoire national :
– l’appui de la mobilisation des réservistes des forces armées en métropole, tels ceux suppléant les militaires d’active déployés sur le théâtre des Opex ;
– le contrôle du territoire national ;
– la sécurisation des flux des armées en direction du théâtre ;
– le maintien de l’ordre public et de la cohésion nationale, notamment en raison des risques de désinformation ;
– l’anticipation opérationnelle d’agissements subversifs, comme ceux de diasporas ;
– la cybersécurité en appui de la défense ;
– la lutte anti-brouillage et anti-leurrage ;
– l’appui 3e dimension (ballon captif, drone, hélicoptère) ;
– la mise en œuvre de mesures de Défense opérationnelle du territoire (DOT) (31), prévues par l’article R*1421-1 du Code de la défense, en coordination avec les armées ;
– la contribution à la synthèse du renseignement multi-domaines issu du théâtre des Opex et du territoire national ;
– la liaison avec l’organisation territoriale interarmées de défense, notamment entre les états-majors des régions de Gendarmerie zonale et les états-majors interarmées de zone de défense.
Ces missions seront complémentaires de celles des armées. Elles s’inscriront dans l’interopérabilité interarmées requise notamment grâce à un système de commandement et de contrôle (C2) permettant la nécessaire fusion des données opérationnelles (hors enquêtes judiciaires). Elles participeront d’une vision en profondeur et coordonnée des opérations requérant des moyens fiables et robustes.
Concevoir et déployer une stratégie des moyens
Le besoin d’une doctrine adaptée
Ni les armées ni la Gendarmerie ne disposent aujourd’hui d’une doctrine sur la contribution de la Gendarmerie à un conflit de haute intensité. La doctrine interarmées (32) d’emploi de la Gendarmerie en Opex définit la vision nationale de la police de stabilisation et ses enjeux pour la résolution des crises extérieures. Elle précise également la méthode à suivre pour le déploiement efficace et adapté d’une composante Gendarmerie en Opex.
La notion d’intensité y est seulement envisagée pour distinguer le maintien du rétablissement de l’ordre ou encore les aptitudes en gestion de crise du Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN). Elle n’est pas mise en perspective dans le cadre d’une conflictualité de haute intensité. Il existe donc le besoin d’un travail de conception associant le Centre interarmées de concept, de doctrine et d’expérimentation (CICDE) de l’EMA et la DGGN afin de combler ce vide doctrinal.
Un parangonnage gagnera pour cela à être entrepris auprès du Centre d’excellence des polices militaires (MP COE) de l’Otan qui est implanté à Bydgoszcz (Pologne) et qui a organisé récemment des travaux sous forme de Webinar concernant l’hybridité. Un tel benchmarking pourra aussi être mené à Vincenza (Italie), siège d’EuroGendFor. Ainsi, la Gendarmerie et les armées témoigneront d’une analyse doctrinale commune, d’une volonté de progrès de leur interopérabilité et donc d’influence en matière de normalisation.
Un plan de génération de force, d’organisation du commandement et d’équipement
Au regard des missions possibles pour la Gendarmerie dans la haute intensité, il apparaît pertinent d’envisager une force interarmées dotée d’une composante gendarmerie incluant, outre des brigades prévôtales (33), un certain nombre d’unités de Gendarmerie, de circonstance et polyvalentes. Elle devra être justement dimensionnée aux besoins et exigences de la force interarmées et des autres composantes. La composante gendarmerie devra pouvoir s’articuler avec celle terrestre pouvant correspondre au niveau de la division, avec celle aérienne au niveau de la base aéroprojetée ainsi qu’avec celle maritime, notamment en termes d’emprise portuaire à sécuriser.
Il conviendra donc de la générer en :
– déterminant les capacités nécessaires à la réalisation des missions planifiées ;
– identifiant les contributeurs et en mettant en place un processus d’activation ;
– désignant et alertant les unités possédant les capacités requises ;
– les mettant sur pied ;
– les déployant ;
– les intégrant in fine dans la force interarmées.
Même si cette génération de force interarmées est du domaine du CPCO, la DGGN avec son Centre national des opérations (CNO) y concourra dès lors que le déploiement d’une composante gendarmerie aura été envisagé puis validé au plan politico-militaire. Une fois toutes les options arrêtées, la DGGN désignera le personnel et les unités pour la mission.
D’ailleurs, selon les dispositions de l’article R3225-6 du Code de la défense, « toutes les formations de la Gendarmerie nationale ont vocation à participer à la défense du territoire (34) », par conséquent leurs personnels présentant les conditions requises d’aptitude. Un détachement prévôtal comprenant plusieurs brigades prévôtales, rattachées à des unités de niveau groupement tactique ou équivalent pourra ainsi être structuré. De même, pour la composante gendarmerie stricto sensu , des unités de types escadron de Gendarmerie mobile avec moyens blindés, peloton de Gendarmerie de surveillance et d’investigations (unité mixte composée de gendarmes départementaux et de gendarmes mobiles), équipe d’intervention spécialisée avec des personnels du groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale, section opérationnelle de lutte contre la cybercriminalité, équipe 3D-drone et groupe de commandement pourraient être adaptées. Une cellule d’état-major intégrée au centre opérationnel du poste de commandement interarmées de théâtre mériterait aussi d’être envisagée. Dans le cadre de la police judiciaire, l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité, les génocides et les crimes de guerre (OCLCH) serait susceptible d’être également engagé pour enquêter contre tout auteur de telles infractions. Des personnels de toutes les subdivisions d’arme de la Gendarmerie et sous statut militaire, pourraient donc être déployés pour accomplir le service de ces unités. L’ensemble serait placé sous le commandement d’un officier général ou supérieur ayant donc l’appellation de ComGend. Il aurait pour attributions de conseiller le commandant de la force interarmées, d’être le référent hiérarchique des militaires de la Gendarmerie sur le théâtre et de veiller au bon emploi des unités de Gendarmerie.
À l’instar de son engagement en Afghanistan en 2010 et 2011, une telle contribution de la Gendarmerie pourrait donner lieu à un saut qualitatif en termes d’équipements et de matériels. Elle pourrait voir déployer les nouveaux véhicules blindés remplaçant les actuels Véhicules blindés à roues de la Gendarmerie (VBRG) que Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, a annoncés dans sa lettre aux gendarmes du 27 octobre 2020 (45 devant être livrés en 2021). Une projection du nouvel hélicoptère H160 serait aussi significative afin d’en éprouver les capacités opérationnelles et techniques. L’acquisition d’un nouveau fusil d’assaut en remplacement du Famas pourrait également être une opportunité afin d’adapter et de renforcer la puissance de feu individuelle des gendarmes.
Au regard des besoins de mobilisation de réservistes opérationnels de 1er et de 2e niveau des armées afin de parvenir à la masse indispensable pour durer, la réalisation de l’objectif des 40 000 contrats d’engagement à servir dans la réserve opérationnelle de la Gendarmerie s’avérerait encore plus un impératif.
La formation et la préparation opérationnelle des personnels et des structures de circonstance
Pour tenir son rang dans la haute intensité, la Gendarmerie devra mettre en condition ses personnels et ses unités. La formation initiale des officiers, sous-officiers et gendarmes adjoints volontaires est essentielle, à ce titre, pour persuader d’un tel scénario d’emploi, afin d’acquérir des savoir-faire tactiques individuels et collectifs mais aussi dans le but de tremper les caractères. Les corps comme les esprits doivent prendre la mesure de la dureté et des exigences du combat. Pour les chefs et les cadres, il est capital de développer l’aptitude au commandement dans des circonstances extrêmes de violence, tout en sensibilisant aux enjeux éthiques et juridiques en découlant pour la Gendarmerie. Le passage du brevet de parachutiste pour les élèves-officiers du 2e groupement de l’école des officiers de la Gendarmerie nationale (35) est à ce sujet un moyen pour appréhender le risque élevé et développer le courage, pour chacun d’entre eux, mais aussi pour toute la promotion en cohésion. Cette formation ne peut qu’être bénéfique pour gérer les situations de sécurité et de crise quotidiennes, pouvant dégénérer, et requérant des capacités adaptées de raisonnement, de manœuvre ou encore de protection. Conforme à la lettre et à l’esprit des exigences fondamentales de l’état militaire rappelées supra, elle est sans conteste un levier structurant pour aider à ancrer chez les élèves-officiers de la Gendarmerie qu’ils doivent être en mesure de recevoir la mort librement mais aussi de la donner volontairement pour la défense de nos concitoyens.
Les formations continues pourront être également une occasion pour se préparer à la haute intensité notamment en évoquant ses conséquences stratégiques pour la Gendarmerie et en entretenant les savoir-faire indispensables en termes de maîtrise des armes et d’intervention.
Pour la composante gendarmerie du théâtre d’opérations, un cycle d’entraînement opérationnel, organique à la Gendarmerie puis intégré à celui des armées dans le cadre de la mise en condition avant projection pourra être mis en œuvre. Pour celui organique, selon les prescriptions du commandement des écoles de la Gendarmerie, les savoir-faire du commandement de la Gendarmerie prévôtale, du Centre national de formation à la police judiciaire (CNFPJ), du Centre national de formation aux langues et à l’international de la Gendarmerie (CNFLIG), du Groupement blindé de la Gendarmerie mobile (GBGM) et ceux du Centre national d’entraînement des forces de Gendarmerie (CNEFG) seront mobilisables. Lors d’une opération sous mandat de l’Otan, les militaires de la Gendarmerie devront de plus suivre le cycle « d’induction course » conformément au concept d’opération.
La formation et la préparation doivent permettre d’être à la hauteur du défi posé par la haute intensité. Il s’agit d’une condition indispensable pour conserver une marge de supériorité face aux compétiteurs et adversaires.
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Une contribution de la Gendarmerie à un conflit de haute intensité est donc envisageable au regard de sa riche histoire et des normes supérieures la régissant, mais également en opportunité missionnelle au vu de la dimension globale d’une telle situation. Elle prendra place dans le cadre d’une stratégie intégrale, validée au sommet de l’État, sur un théâtre d’opérations extérieures et/ou sur le territoire national, en complémentarité et avec différenciation de l’action des armées conduisant les opérations. Elle s’inscrira dans l’impérative interopérabilité entre les composantes de la force interarmées de circonstance, niveau opératif auprès duquel la Gendarmerie sera représentée pour produire les effets attendus. Une préparation opérationnelle des capacités engagées, fondée sur le réalisme et l’exigence, en sera un facteur de succès. La rencontre le 28 janvier 2021 entre le général Christian Rodriguez, DGGN, et le général Thierry Burkhard, Chef d’état-major de l’Armée de terre (Cémat), constitue sans conteste une impulsion pour la concrétiser (36). Certes modeste en volume de moyens mais potentiellement forte en impact et symbole, l’engagement de la Gendarmerie dans cette conflictualité valorisera le modèle français singulier de défense et de sécurité nationale pour répondre aux défis les plus critiques de la sécurité collective. ♦
(1) Churchill Winston, « Comment arrêter la guerre ? 12 juin 1936 », Journal politique, 1936-1939, Taillandier, 2020, p. 39.
(2) Le maréchal Ferdinand Foch fut une des personnalités militaires essentielles de la Première Guerre mondiale dans laquelle il culmina comme généralissime des armées alliées, coordonnateur de toutes leurs actions. Quand il était professeur à l’École de Guerre, il reprit lors d’un de ses cours la formule « De quoi s’agit-il ? » dont fut à l’origine le général Lehr, ancien professeur à l’Académie impériale d’état-major de Saint-Pétersbourg dans un article sur la campagne de 1870.
(3) Traité de l’Atlantique Nord, 4 avril 1949 (https://www.nato.int/cps/fr/natolive/official_texts_17120.htm).
(4) Chefs d’État et de gouvernement, Communiqué du Sommet de Varsovie, Conseil de l’Atlantique Nord, Varsovie, 9 juillet 2016 (https://www.nato.int/cps/fr/natohq/official_texts_133169.htm).
(5) Nations unies, Charte, Chapitre VIII, articles 39 à 51 (https://www.un.org/fr/sections/un-charter/chapter-vii/index.html).
(6) Traité sur l’Union européenne – Titre V : dispositions générales relatives à l’action extérieure de l’Union et dispositions spécifiques concernant la politique étrangère et de sécurité commune – Chapitre 2 : Dispositions spécifiques concernant la Politique étrangère et de sécurité commune (PESC) – Section 2 : Dispositions concernant la Politique de sécurité et de défense commune (PSDC) – Article 42 (https://eur-lex.europa.eu/).
(7) État-major des armées, Concept d’emploi des forces 2020, CIA 01, 40 pages [document interne].
(8) Stratégie combinant des modes d’action militaires et non militaires, directs et indirects, légaux ou illégaux, mais toujours ambigus, conçus pour rester sous le seuil estimé de riposte ou de conflit ouvert.
(9) Ministère des Armées, Actualisation stratégique 2021, 21 janvier 2021 (https://www.defense.gouv.fr/).
(10) Constitution de la Ve République du 4 octobre 1958, article 36 (https://www.legifrance.gouv.fr/).
(11) Code de la défense, articles L2121-1 et suivants (https://www.legifrance.gouv.fr/).
(12) Actualisation stratégique 2021, op. cit., p. 27.
(13) Direction générale de la Gendarmerie nationale, Orientations générales pour l’action de la Gendarmerie – Répondre présent pour la population, Répondre présent pour le gendarme, GEND20.24, 17 pages [document interne].
(14) [Note de l’auteur] La notion de force armée est définie dans l’article 43 du Protocole additionnel I de 1977 de la Convention de Genève du 12 août 1949 (https://www.ohchr.org/FR/ProfessionalInterest/Pages/ProtocolI.aspx). La France l’a ratifié en 2001 en informant les États parties que « Les forces armées incluent de façon permanente la Gendarmerie nationale. »
(15) Code de la défense, article L3211-3 (https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000037201047).
(16) Code de la défense, article L3225-1 (https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000025629621).
(17) Code de la défense, article L4111-1 (https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000037200631) : « L’armée de la République est au service de la Nation. Sa mission est de préparer et d’assurer par la force des armes la défense de la patrie et des intérêts supérieurs de la Nation. L’état militaire exige en toute circonstance esprit de sacrifice, pouvant aller jusqu’au sacrifice suprême, discipline, disponibilité, loyalisme et neutralité. Les devoirs qu’il comporte et les sujétions qu’il implique méritent le respect des citoyens et la considération de la Nation ».
(18) Ministère de l’Intérieur, Livre blanc de la Sécurité intérieure, 16 novembre 2020, p. 43 (https://www.vie-publique.fr/).
(19) Code de la défense, article D3122-2 (https://www.legifrance.gouv.fr/).
(20) Gendarmerie de la sécurité des armements nucléaires, Gendarmerie maritime, Gendarmerie de l’air et Gendarmerie de l’armement.
(21) Traité entre le Royaume d’Espagne, la République française, la République italienne, le Royaume des Pays-Bas et la République portugaise portant création de la force de gendarmerie européenne EuroGendFor, signé à Velsen le 18 octobre 2007 (https://www.legifrance.gouv.fr/eli/jo2012/9/6).
(22) Actualisation stratégique 2021, op. cit., p. 34.
(23) 92 102 anciens militaires, dont 31 621 relèvent de la Gendarmerie, sont soumis pendant 5 ans à l’obligation de disponibilité et donc appartiennent à la réserve opérationnelle de 2e niveau. Cf. Haut comité d’évaluation de condition militaire (HCECM), Revue annuelle 2020, p. 16 (https://www.defense.gouv.fr/). La réserve opérationnelle comprend, d’une part, la réserve opérationnelle de 1er niveau composé de réservistes titulaires d’un contrat d’engagement à y servir et, d’autre part, la réserve opérationnelle de 2e niveau, composée d’anciens militaires d’active en situation de disponibilité, c’est-à-dire rappelable au service actif pendant 5 ans suivant leur départ des forces armées (https://www.gouvernement.fr/12-reserve-operationnelle-ro1-et-ro2).
(24) Code de la défense, articles L2141-1 à L2142-2 (https://www.legifrance.gouv.fr/).
(25) Constitution du 4 octobre 1958, Article 15 (https://www.legifrance.gouv.fr/).
(26) La Gendarmerie nationale compte 102 939 Équivalents temps plein (ETP) – dont 13 175 pour la Mobile – auxquels vont s’ajouter 317 ETP en 2021.
(27) Braw Elisabeth, « Forget U.N. Peackeepers: Send in the Gendarmes », Foreign Policy, 11 novembre 2020 (https://foreignpolicy.com/2020/11/11/forget-u-n-peacekeepers-send-in-the-gendarmes/).
(28) Mission d’étude accomplie par la 70e session du CHEM du 12 au 18 décembre 2021 au Tchad, au Niger et au Mali.
(29) Responsable de l’emploi des forces et commandant les opérations militaires, le Céma traduit les directives du président de la République et du Gouvernement en ordres dont il lui est rendu compte de l’exécution. En fonction des éventuelles évolutions de la situation générale et des capacités des forces, il propose les mesures militaires adaptées.
(30) Code de la défense, article D3121-6 (https://www.legifrance.gouv.fr/).
(31) L’article R*1421-1 du Code de la défense dispose que « La défense opérationnelle du territoire, en liaison avec les autres formes de la défense militaire et avec la défense civile, concourt au maintien de la liberté et de la continuité d’action du Gouvernement, ainsi qu’à la sauvegarde des organes essentiels à la défense de la nation. Les autorités militaires auxquelles incombe son exécution ont pour mission : 1° En tout temps, de participer à la protection des installations militaires et, en priorité, de celles de la force nucléaire stratégique ; 2° En présence d’une menace extérieure reconnue par le conseil de défense et de sécurité nationale ou d’une agression, et dans les conditions prévues à l’article R*1422-2, d’assurer au sol la couverture générale du territoire national et de s’opposer aux actions ennemies à l’intérieur de ce territoire ; 3° En cas d’invasion, de mener les opérations de résistance militaire qui, avec les autres formes de lutte, marquent la volonté nationale de refuser la loi de l’ennemi et de l’éliminer. » (https://www.legifrance.gouv.fr/).
(32) CICDE, DIA-3.22(B)_GEND-OPEX(2020) relative à l’emploi de la Gendarmerie en opérations extérieures – Supplément français à l’AJP-3.22 Stability Policing [Document interne]. NDLR : l’AJP-3.22 est un document de l’Otan (https://assets.publishing.service.gov.uk/).
(33) C’est-à-dire 70 gendarmes soit une demi-compagnie.
(34) Code de la défense, article R3225-6 (https://www.legifrance.gouv.fr/).
(35) C’est-à-dire les élèves-officiers de Gendarmerie en 1re année de formation à l’École des officiers de la Gendarmerie nationale (Melun).
(36) L’Armée de terre apportera à la Gendarmerie son retour d’expérience pour la gestion des situations sous le feu, suite au drame de Saint-Just du 22 décembre 2020 ayant coûté la vie à 3 gendarmes tués par un forcené.