La préparation au combat de haute intensité par les forces armées allemandes est un enjeu clé. La défense nationale et collective, incluant combats de haute intensité, est redevenue la mission la plus exigeante et structurante pour la Bundeswehr. Dans ce cadre, l’Allemagne considère que l’Otan reste indispensable et que c’est cette dernière qui fixe les cibles et objectifs. En effet, bien que la Bundeswehr se prépare, comme les forces armées françaises, au combat de haute intensité, les implications pour les deux pays sont différentes. Le thème de cet article vise à illustrer ce que cela signifie réellement pour l’Allemagne.
Le combat de haute intensité, un enjeu clé pour la Bundeswehr - La politique de défense de l’Allemagne après des décennies de « dividendes de la paix »
À l’occasion de la publication de l’Actualisation stratégique 2021, la ministre des Armées françaises, Florence Parly, annonçait : « Nous allons renforcer […] nos armées […] y compris dans la perspective de conflits de plus haute intensité » (1) (2). À peine quelques jours plus tard, la ministre fédérale de la Défense, Annegret Kramp-Karrenbauer, et le chef d’état-major (Generalinspekteur) de la Bundeswehr, le général Eberhard Zorn, présentaient un document de position (3). Celui-ci confirme l’analyse des risques et menaces émise dans le Livre blanc de 2016 et conclut que l’Allemagne « porte la responsabilité de […] la défense du territoire national – ainsi que de la défense collective, tout aussi importante » (4). Mais les termes « haute intensité » n’y figurent pas.
En effet, bien que la Bundeswehr se prépare, comme les forces armées françaises, au combat de haute intensité (le développement de systèmes d’armes en commun comme le Scaf [ou FCAS] – Système de combat aérien du futur – ou le MGCS – Main Ground Combat System – en sont la preuve), les implications pour les deux pays sont différentes. Le thème de cet article vise à illustrer ce que signifie réellement se préparer au combat de haute intensité pour l’Allemagne.
Une politique de défense profondément revue
Un changement de paradigme dans la politique de défense
Après la chute du Mur, l’Allemagne s’est essentiellement consacrée à l’organisation de la réunification et à la compensation du coût économique de celle-ci. Le pays se voyait « entouré d’amis ». La guerre semblait devenue impensable (5). Le service militaire obligatoire a été suspendu et les dividendes de la paix ont entraîné pour les forces armées une réduction massive des effectifs (6), des matériels, des munitions, des stocks, des infrastructures et des garnisons – mais aussi du budget (7). Celles-ci se sont focalisées uniquement sur leur cœur de métier et ont externalisé de nombreuses tâches. En parallèle, leur réorientation vers la conduite d’opérations internationales de gestion de crise (avec la mise en place d’une capacité de projection stratégique, de longues chaînes de commandement et d’approvisionnement, de moyens de campement, matériel apte pour toutes les zones climatiques) a favorisé la priorisation d’une spécialisation structurante, aux dépens de la mission fondamentale que constitue la défense nationale et collective.
En Allemagne, contrairement à la France, l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014 a été ressentie comme une réelle menace, notamment au sein de la population. Ce sentiment a été exacerbé par le conflit en Syrie et la crise migratoire de 2015.
En 2016, le gouvernement fédéral a adopté son Livre blanc, le premier depuis dix ans. Outre la réorientation vers la défense nationale et collective ainsi que les adaptations structurelles des forces armées qui en ont découlé, ce document a intégré également comme axes d’effort la résilience de l’État dans son ensemble, l’anticipation de crises, la guerre hybride et la cybersécurité. Compte tenu de son poids économique et politique, l’Allemagne a consenti à investir davantage dans la défense collective (8).
Figure 1 : Évolution du budget de défense de l’Allemagne en Md€
Par conséquent, la défense nationale et collective classique est redevenue la mission la plus exigeante de la Bundeswehr. Elle inclut une augmentation forte des capacités dans la perspective d’un conflit de haute intensité. La restructuration, qui s’est étalée sur de longues années, a conduit de facto à un élargissement de ses missions. L’Allemagne n’est plus, comme au temps de la guerre froide, un État sur la ligne de front, mais plutôt une zone de projection, de déploiement initial et de repli et, de ce fait, une plaque tournante logistique.
Une forte augmentation du budget militaire
Pour la défense nationale et collective, l’Otan reste indispensable pour l’Allemagne et constitue la référence en termes de cibles et objectifs à atteindre (9). L’accord conclu lors du Sommet de l’Otan au Pays de Galles en 2014, fixant un niveau de dépenses de défense de 2 % du Produit international brut (PIB), a entraîné une nette augmentation du budget de défense de l’Allemagne. Celui-ci est passé de 32,4 milliards d’euros en 2014 (37 Md en 2017, 43,2 Md en 2019) à 46,93 Md€ en 2021. Cela représente une augmentation d’environ 10 Md€ en quatre ans, soit + 45 % depuis 2014 (10). D’après les directives de l’Otan, la contribution de l’Allemagne au budget de ce dernier atteint 53,03 Md€ (11) (1,5 % du PIB) en 2021. À partir de 2021, l’Allemagne et les États-Unis contribuent à parts égales aux dépenses collectives de l’Otan (16,35 %) (12).
Les cibles capacitaires otaniennes comme cibles nationales
Depuis 2017, l’Allemagne est la première grande Nation à appliquer les impératifs théoriques fixés par le processus de planification des capacités de défense de l’Otan (NDPP – NATO Defence Planning Process), à la planification de ses propres forces armées. Ces impératifs découlent des directives politiques décidées lors des Sommets de l’Otan de 2014 et 2016 (nouveau niveau d’ambition). Le scénario retenu pour la base de planification est une opération interarmées de défense collective de grande envergure (Major Joint Operation « Plus », MJO + ; par exemple, la Luftwaffe devra assurer le commandement d’un groupe aérien multinational dont elle devra assumer les trois quarts des 350 sorties par jour) (13). L’Allemagne s’est fixé l’atteinte de ces objectifs en 2032 – mission exigeante tant au plan quantitatif que qualitatif.
Étant donné que les forces armées allemandes ne disposent que d’un réservoir unique de forces (« Single Set of Forces »), celui-ci est engagé aussi bien dans les opérations de l’Otan que dans celles de l’UE. Il paraît logique que l’Allemagne apporte les mêmes contributions et cibles de planification capacitaire au processus de planification européen (CARD – Coordinated Annual Review on Defence) afin de renforcer le pilier européen dans l’Otan.
Une approche allemande inédite de planification capacitaire à long terme et transparente
Suite aux contraintes politico-stratégiques du Livre blanc (14) (priorités stratégiques, champs d’action, missions et tâches de la Bundeswehr), le ministère fédéral de la Défense a émis, via la directive générale Die Konzeption der Bundeswehr de 2018, les orientations de conception stratégique des forces armées. La différenciation de l’éventail des tâches et les contraintes liées au profil capacitaire de la Bundeswehr y sont définies (15). Ce document conceptuel phare de la Bundeswehr peut être considéré comme la « philosophie de base » des forces armées. Si toutes les tâches mentionnées se situent au même rang, c’est bien la défense nationale et collective dans le cadre de l’Otan et de l’UE qui y est citée en premier (16).
Sur la base des prescriptions conceptuelles de la Bundeswehr, les équipements de la Bundeswehr et leur volume sont définis dans un document de planification interne, le « Profil capacitaire de la Bundeswehr » (« Fähigkeitsprofil Bw », actualisé chaque année) (17). Cela a permis, pour la première fois, de fournir une prospective exhaustive et transparente à long terme. Le profil capacitaire décrit les catégories de capacités en matière de personnel, de matériel, d’infrastructure, de fonctionnement, d’organisation et de formation jusqu’en 2031. Ses objectifs sont la modernisation des capacités existantes, le comblement de « structures vides » et le développement de capacités nouvelles (18).
Pour ce faire, trois étapes ont été définies. D’ici 2023, l’équivalent d’une brigade modernisée et entièrement équipée doit être mis en place pour la VJTF (Very High Readiness Joint Task Force) de l’Otan. Cela inclut également une unité opérationnelle navigante mixte et des capacités maritimes. Forte de ces atouts, l’Allemagne veut prendre plus de responsabilités dès 2023. La deuxième étape, de 2023 à 2027, doit permettre de faire le premier pas vers la capacité intégrale de défense nationale et collective, incluant une nette augmentation capacitaire en vue du combat de haute intensité. En 2027, une première division de la Heer – l’armée de terre – doit être entièrement équipée et opérationnelle. Deux autres divisions s’ajouteront à celle-ci d’ici 2031 (19). La troisième étape prévoit l’équipement de toutes les unités actives, partiellement actives ou non actives. À l’issue, la Bundeswehr sera en mesure d’accomplir toutes les missions qui lui seront confiées avec la même efficacité (20).
Les mesures pour une capacité de défense nationale et collective
Pour des raisons de confidentialité, les mesures présentées dans ce qui suit ne peuvent être exhaustives. Malgré cela, ces exemples suffisent à démontrer l’importance des moyens mis en œuvre pour l’accomplissement de cette tâche. Le classement des contenus ci-dessous, s’appuie sur le système américain qui utilise les catégories de capacités suivantes : doctrines/stratégies, organisation, formation, matériel, leadership, personnel et infrastructure (DOTMLPF) (21).
• Doctrines/stratégies : même à long terme, l’Allemagne considère être dépendante des États-Unis pour assurer sa défense nationale et collective. « Sans les capacités nucléaires et conventionnelles de l’Amérique, l’Allemagne et l’Europe ne peuvent pas se protéger (22). » En même temps, l’Allemagne doit à l’avenir prendre davantage de responsabilités qui, jusqu’à présent, étaient prises en charge par les Américains. « Nous devons devenir plus européens pour rester transatlantiques (23). » Cela permettra à l’Europe de renforcer sa souveraineté et sa capacité d’action.
Pour toutes les activités liées à la défense nationale et collective, il existe un document conceptuel de base qui permet de guider les actions (24). Ainsi, le ministère fédéral de la Défense (Bundesministerium der Verteidigung ou BMVg) a publié plusieurs nouvelles stratégies dont la conceptualisation était nécessaire afin d’acquérir de nouvelles capacités. Les lignes directrices stratégiques concernant la numérisation (25), l’Espace (26) ou encore la cyberdéfense (dont la conduite d’opérations cyberoffensives contre des cibles ennemies) (27) en sont quelques exemples.
• Organisation : au sein du BMVg, le chef d’état-major adjoint de la Bundeswehr a été désigné « délégué à la défense nationale et collective ». Il dirige l’institution dédiée ainsi que les groupes de travail de celle-ci. Le secrétariat « Défense nationale et collective » a été rattaché au bureau du chef d’état-major de la Bundeswehr, ce qui permet de garantir une étroite coopération avec le chef d’état-major. Un « centre d’opérations » a été mis en place afin d’assurer le suivi de la situation et la conduite des opérations au niveau stratégique. Des modifications concernant les structures sont en cours d’élaboration et seront présentées en mai 2021 (par exemple, mise en place uniforme d’une « structure d’état-major en J » [pour « Joint »], calquée sur la structure Otan) (28).
Au vu des menaces émanant des nouveaux domaines cyber et spatial, le service « Cyber et information » a été créé en 2017. Il regroupe les capacités de renseignement et d’action dans le cyberespace et dans l’espace informationnel ainsi que les tâches du service de géo-information qui compte environ 15 000 militaires.
À titre d’exemple, l’adaptation de l’organisation des forces armées à la défense nationale et collective est déjà visible dans le Joint Support and Enabling Command (JSEC) qui prévoit un état-major opérationnel de l’autorité territoriale nationale, la réorganisation entamée des forces logistiques mobiles, la mise en place d’un bataillon logistique dédié à la spécialisation « réception, stationnement et mouvement » (Reception, Staging and Onward Movement – RSOM) et d’un Air and Space Operations Centre (ASOC). À partir d’avril 2021, la 10e Division blindée disposera d’un bataillon de transmissions. Le 130e Bataillon du génie blindé sera transformé en un bataillon du génie amphibie germano-britannique (capacité unique au sein de l’Otan : pont flottant à construction rapide) à compter d’octobre 2021.
• Formation : ces dernières années, les exercices et les mesures de formation des militaires se sont déjà intensifiés pour les préparer aux nouvelles exigences de défense collective. Sur le plan stratégique, la préparation passe par l’exercice de gestion de crise de l’Otan (Crisis Management Exercise). Les opérations menées par cette dernière, dans le cadre de la force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation (Very High Readiness Joint Task Force – VJTF), de la force de présence avancée renforcée (enhanced Forward Presence – eFP) ou des missions de police du ciel dans les espaces aériens balte et roumain, contribuent à cette préparation, au même titre que les exercices nationaux et internationaux, comme les MagDays de la Luftwaffe. Les exercices Defender sont d’une grande utilité pour mieux préparer l’Allemagne à son rôle de zone de déploiement initial et pays de transit (la participation allemande pour 2021 s’élève à 430 militaires et 2,9 millions € (29)).
• Matériel : tout comme le budget de la défense, les dépenses d’équipement ont, elles aussi, augmenté. En 2020, les investissements ont pu passer à 9,5 Md€ (recherche, développement et expérimentation inclus, soit une hausse de 2,3 Md€). Suite à l’optimisation du système d’approvisionnement, le budget de la défense a pu être dépensé entièrement pour la première fois en 2020 (30). Dans le cadre du plan de relance allemand (2021-2024) pour faire face à la pandémie de la Covid-19, le BMVg perçoit 3,2 Md€ supplémentaires, dont 1,2 Md€ fait déjà partie du budget de la défense de 2021. Cet investissement doit permettre prioritairement de développer l’infrastructure informatique et la numérisation (31).
Parmi les grands projets lancés l’année dernière, on compte la commande de 38 nouveaux avions de combat Eurofighter de remplacement, 31 hélicoptères embarqués SeaTiger de remplacement, 4 frégates de type F126 (nouvelle classe/capacité) ainsi que 1 000 poids lourds non blindés (5 et 15 t) de renouvellement et augmentation (32). Pour l’année en cours, 10,3 Md€ sont disponibles, dont 8,69 Md€ sont prévus pour l’approvisionnement (18,5 % du budget global, soit une augmentation de 9,5 % par rapport à l’année précédente) (33). Au cours du premier semestre, 51 projets différents, d’un volume financier supérieur à 25 M€, doivent être soumis pour approbation à la commission du budget du Bundestag. Parmi ces projets, figurent le nouveau fusil d’assaut, l’« Eurodrone » ainsi que le développement du système de combat aérien futur (FCAS) et du système de combat principal terrestre (MGCS) (34). La décision concernant l’acquisition des hélicoptères de transport lourd (40 à 60 exemplaires) – en remplacement des 71 Sikorsky CH-53GS et CH-53GE – et le remplacement des avions de combat Tornado, doit être prise avant la fin du 2e trimestre (35).
Au niveau gouvernemental, une stratégie pour le renforcement de l’industrie de défense et de sécurité a été arrêtée. Outre la définition de technologies clés allemandes, celle-ci définit également des spécifications en matière de coopérations d’armement et des directives concernant la passation des marchés publics et d’exportation (36). En décembre 2020, le gouvernement allemand a acquis une participation de 25,1 % (environ 500 000 €) dans la société Hensoldt (spécialisée dans l’électronique militaire) afin de se protéger d’une influence étrangère (37). Plus que par le passé, les approvisionnements doivent être examinés et priorisés à l’aide de critères définis : plus robustes, plus résilients, plus simples, plus rapides, etc. (38).
• Leadership : dans son ordre du jour du 22 octobre 2020 (39), le General-inspekteur s’est adressé aux militaires, réservistes et employés civils en insistant sur le nouvel accent mis sur la mission de défense nationale et collective, et en appelant à une évolution des mentalités en ce sens. Dans ce contexte, une brochure a été publiée à l’intention des supérieurs hiérarchiques (40). Selon le général Zorn, chacun doit être en mesure de passer d’un moment à l’autre à cette mission de défense nationale et collective, en acceptant les épreuves et les sacrifices qu’elle implique. Les militaires doivent être prêts à combattre et être capables de s’imposer (41).
Dans tous les échelons organisationnels supérieurs, les chefs d’état-major œuvrent sans relâche pour faire avancer le développement et l’assimilation de cette conception de base homogène. Les termes « guerre » ou « matériel de guerre » qui n’étaient jusque-là que très rarement utilisés dans la Bundeswehr, le sont désormais couramment (42). Dans tous les établissements de formation pour sous-officiers, officiers et personnel civil, cette réorientation fait partie intégrante des programmes ou contenus de formation.
• Personnel : en 2016, les effectifs de la Bundeswehr étaient historiquement au plus bas. Suite à la mise en œuvre du « changement de tendance en matière de ressources humaines » (Trendwende Personal), une nouvelle procédure plus flexible a été instaurée pour déterminer le besoin en effectifs. Depuis, les rangs de la Bundeswehr ont augmenté de 8 800 soldats. L’objectif est d’atteindre un effectif de 203 000 hommes en 2027 (décembre 2020 : 187 777). L’année dernière, 1 800 postes budgétaires civils ont été créés pour atteindre 69 700 postes (43).
Figure 2 : Bundeswehr : planification du nombre des militaires
Le volume de postes de réservistes sera augmenté de 2 500 à 4 500 réservistes en 2025. La doctrine a été arrêtée en 2019 (44). En parallèle, a été établi le principe d’une affectation automatique du statut des réservistes pour toutes les militaires sous contrat sur une période de six ans après leur libération du service actif (environ 15 000 par an).
Actuellement, la question de l’introduction d’une année de service militaire ou civil obligatoire pour les femmes et les hommes fait débat dans les sphères politiques allemandes. Depuis 2020, un « service militaire volontaire pour la protection du territoire national » d’une durée de douze mois (« Ton année pour l’Allemagne ») est proposé par la Bundeswehr. Les sept premiers mois sont consacrés à la formation. Les jeunes peuvent ensuite servir en tant que réservistes au sein de la réserve territoriale (pas de départ en Opex), dans les six années suivantes (45) (46).
• Infrastructure : en 2021, des opérations d’infrastructure sont prévues pour plus de 1,4 Md€ (augmentation de 19,2 % par rapport à 2020). Celles-ci sont indispensables, d’une part pour moderniser les infrastructures existantes, et d’autre part pour réhabiliter d’anciennes unités ou garnisons, ou pour en créer de nouvelles (47).
Le concept de stationnement, adopté en octobre 2011, prévoyait la fermeture de nombreuses emprises. Sa mise en œuvre a été stoppée en 2018 et ce concept a été revu en raison de la réorientation de la Bundeswehr et de la remontée en puissance des effectifs des forces armées (48). Le Generalinspekteur a récemment ordonné la remise en service de trois dépôts de munitions et de cinq entrepôts de matériels. L’utilisation d’autres sites ainsi que de soutes et abris fortifiés est toujours en cours d’examen (49).
Une mission qui incombe à l’État dans son ensemble
Depuis la chute du Mur, l’Otan et l’UE se sont étendues jusqu’aux frontières de la Russie, de la Biélorussie et de l’Ukraine. En cas de défense collective, l’Allemagne ne serait plus un État sur la ligne de front, mais plutôt une plaque tournante logistique et stratégique, une zone de déploiement initial et de repli. Elle est ainsi devenue un pays hôte et de transit pour les forces armées allemandes et alliées. L’engagement de l’Allemagne, dans le cadre de la défense collective, ne se limite plus à la seule défense du territoire allemand.
Un mode d’action « hybride » de l’ennemi, en dessous du seuil d’une crise extérieure (déstabilisation de la société par la paralysie d’infrastructures sensibles, cyberattaques, campagnes de désinformation, attentats…) pourrait par ailleurs empêcher, en temps utile, la prise de mesures ou de décisions par le gouvernement allemand. Par conséquent, « […] la défense relève de l’État dans son ensemble et ne doit donc pas se refléter uniquement dans le budget de la défense (50) ».
C’est la raison pour laquelle un « concept de défense civile » a été publié peu après le Livre blanc 2016 (51). La défense civile et la défense militaire forment conjointement la « défense globale ». La première est en charge des quatre tâches suivantes : préservation du fonctionnement de l’État et du gouvernement ; protection civile (survie de la population, maintien du fonctionnement d’installations et d’infrastructures vitales et essentielles à la défense) ; approvisionnement en biens et services de la population, des organes de l’État et du gouvernement ainsi que des forces armées (y compris forces armées alliées) ; soutien des forces armées dans le but d’assurer et de maintenir leur liberté d’action en matière de défense et de conduite des opérations.
Jusque-là, l’attribution des responsabilités et les missions de défense globale de l’Allemagne étaient fixées par les « directives-cadres pour la défense globale » de 1989. Elles sont en cours d’actualisation sous le pilotage du ministère de l’Intérieur allemand (Bundesministerium des Innern) (52). Compte tenu des changements importants qui ont modifié l’éventail des tâches (État de la ligne de front, plaque tournante logistique, etc.) et du fédéralisme allemand, la mise à jour s’apparente à une tâche complexe et longue. Toutefois, la coordination interministérielle en matière de protection contre des menaces hybrides et des cybermenaces est d’ores et déjà prise en charge par le ministère de l’Intérieur.
Il convient de noter deux particularités allemandes : durant les six premières années de la République fédérale d’Allemagne, la sécurisation des frontières extérieures était assurée uniquement par une police fédérale spécifique (Bundesgrenzschutz – Corps fédéral de protection des frontières). Ces fonctionnaires qui, jusqu’en 1994, disposaient du statut de combattant, ont été intégrés dans la Police fédérale actuelle (environ 52 100 personnes). Celle-ci est composée de différentes catégories de forces spéciales qui sont, entre autres, également équipées d’armes militaires et maîtrisent des tactiques militaires. La Bundespolizei dispose de plus de 7 032 véhicules opérationnels dont environ 1 000 véhicules et engins spéciaux, de 9 bâtiments opérationnels et patrouilleurs, d’environ 500 chiens de sécurité et détecteurs d’explosifs ainsi que de 70 hélicoptères (53). En raison de l’évolution de la menace, les effectifs des forces de police ont été nettement renforcés dans toute l’Allemagne au cours des dernières années, et s’élèvent à environ 333 500 personnes (juin 2019) (54). Le nombre de stagiaires policiers a plus que doublé dans les dix dernières années, ce qui représente une concurrence pour la Bundeswehr sur le plan du recrutement.
La République fédérale d’Allemagne ne disposant pas de forces armées lors de sa création, un organisme chargé de la protection civile et de la protection contre les catastrophes – l’Agence fédérale de secours technique (Technisches Hilfswerk – THW) – a été fondé en 1953. Elle est composée de bénévoles (98 %) et d’un personnel exerçant sa fonction à titre d’activité principale. Cet organisme présent dans toute l’Allemagne compte 668 sections locales dans lesquelles travaillent environ 83 000 personnes. Il mène des opérations tant sur le territoire national qu’à l’étranger et dispose, pour ce faire, d’équipements spécialisés conséquents et d’environ 12 000 véhicules opérationnels (55).
* * *
Les processus de préparation au combat de haute intensité des forces armées françaises et allemandes sont devenus un enjeu clé pour les deux Nations. Cependant, le terme « combat de haute intensité » est très rarement utilisé en Allemagne. Les deux documents stratégiques pertinents que sont le Livre blanc et la conception de la Bundeswehr mentionnent uniquement la nécessité d’acquérir la « supériorité opérationnelle […] quel que soit le degré d’intensité » (56) et les « opérations de haute intensité » (57).
Après s’être concentrée exclusivement sur les opérations extérieures pendant des décennies, après avoir subi des restructurations ainsi que des coupes dans les effectifs et les budgets, la Bundeswehr est en train de se préparer à la défense nationale et collective, incluant le combat de haute intensité. La défense nationale et collective est redevenue la mission la plus exigeante (robustesse et résilience) et par conséquent la mission structurante de la Bundeswehr. Pour cette tâche, l’Otan reste indispensable pour l’Allemagne et fixe les cibles et objectifs en matière de défense. La stratégie allemande est de renforcer le pilier européen dans l’Otan – et ainsi d’augmenter à la fois sa souveraineté et sa capacité d’action de l’Union européenne.
Durant les derniers mois, la pandémie de la Covid-19 a démontré qu’il fallait faire de même pour la défense globale, donc pour la partie civile. Certes, celle-ci dispose encore de capacités datant de la guerre froide en matière de structures, de personnel et de matériels. Mais dans ces domaines aussi, les concepts interministériels, la capacité de commandement et les structures appropriées doivent être adaptés.
Les mesures prises durant la guerre froide ne peuvent plus servir de modèles, l’Allemagne n’étant plus un État sur la ligne de front. Elle est désormais appelée à assumer un éventail de tâches plus large (zone de projection, de déploiement initial et de repli, plaque tournante logistique). Pour procéder à la réorientation, il faut d’abord faire comprendre aux citoyens allemands qu’une défense globale crédible est impérativement nécessaire. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’il sera possible d’obtenir les enveloppes budgétaires nécessaires, malgré les contraintes imposées par la pandémie, le Brexit et autres défis économiques. Il faut avant tout qu’à partir de l’automne 2021, le prochain gouvernement et le Bundestag accordent à l’armée parlementaire les moyens nécessaires. La réorientation ne pourra être réalisée si la programmation financière des forces armées reste au niveau actuel (58) (59). L’engagement à se conformer aux objectifs et aux cibles fixés par l’Otan compense le manque d’une loi de programmation militaire allemande.
La défense nationale et collective est redevenue la mission la plus exigeante et la plus structurante de la Bundeswehr. La capacité d’une défense nationale et collective, adaptée aux menaces actuelles, nécessite des réformes militaires, interministérielles et aussi civiles. Elle est ainsi l’enjeu clé de la sécurité et de défense d’Allemagne. La capacité de combat de haute intensité est une sous-tâche clé de la défense nationale et collective. Ainsi, les enjeux et défis de préparation qui lui sont liés existent comme en France. Mais au titre de la sécurité et de défense, la perception allemande se focalise fortement sur l’enjeu majeur qu’est la défense nationale et collective.
En conclusion, dans le cadre des défis à relever et de la préparation pour le « combat de haute intensité », un Allemand se référera systématiquement à la préparation de la défense nationale et collective avec toutes les reformes militaires, interministérielles et aussi civiles que cela implique – un champ beaucoup plus vaste que ne semble l’impliquer la préparation au combat de haute intensité pour la France. Cela doit être toujours être pris en compte dans les échanges franco-allemands.
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(1) Ministère des Armées, Actualisation stratégique 2021, 21 janvier 2021 (https://www.defense.gouv.fr/).
(2) Parly Florence, « Discours de la ministre des Armées, vœux aux armées », 21 février 2021, Balard (https://www.defense.gouv.fr/).
(3) Kramp-Karrenbauer Annegret et Zorn Eberhard, Positionspapier: Gedanken zur Bundeswehr der Zukunft, 9 février 2021, 7 pages (https://www.bmvg.de/).
(4) Ibidem, p. 3.
(5) Rau Johannes, « Wir sind doch von Freunden umzingelt », Der Tagesspiegel, 8 mai 2005 (https://www.tagesspiegel.de/).
(6) De 494 592 militaires en 1987 à 177 800 en 2016. Source : Statista (https://de.statista.com/).
(7) De 2,9 % du PIB en 1987 à 1,2 % du PIB en 2015. Source : Deutscher Bundestag (https://www.bundestag.de/).
(8) Merkel Angela, « Vorwort », Weissbuch 2016 zur Sicherheitspolitik und zur Zukunft der Bundeswehr, 13 juillet 2016, p. 6-7 (https://www.bundesregierung.de/).
(9) Kramp-Karrenbauer Annegret, « Zweite Grundsatzrede der Verteidigungsministerin », 17 novembre 2020 (https://www.bmvg.de/).
(10) Bundesministerium der Verteidigung (BMVg), « Verteidigungshaushalt » [Budget de la Défense], 24 mars 2021 (https://www.bmvg.de/de/themen/verteidigungshaushalt).
(11) Wüstenhagen Claudia, « Nato – Deutschland steigert Nato-Beitrag um 3,2 Prozent », Zeit Online, 7 février 2021 (https://www.dbwv.de/).
(12) Deutsche Presse-Agentur (DPA), « Militärbündnis – Deutschland übernimmt größeren Anteil an Nato-Kosten », Zeit Online, 28 novembre 2019 (https://www.bmvg.de/de/themen/verteidigungshaushalt).
(13) Glatz Rainer L. et Zapfe Martin, « Ambitionierte Rahmennation: Deutschland in der Nato », SWP-Aktuell 62, août 2017, Stiftung Wissenchaft und Politik (SWP), p. 3 (https://www.bmvg.de/).
(14) Weissbuch 2016, op. cit.
(15) BMVg, Die Konzeption der Bundeswehr, 20 juillet 2018 (https://www.bundeswehr.de/).
(16) BMVg, Die Konzeption der Bundeswehr: Ausgewählte Grundlinien der Gesamtkonzeption, avril 2018, p. 15 (https://www.bmvg.de/).
(17) Generalinspekteur der Bundeswehr, Fähigkeitsprofil, 2018 [classifié]. Voir BMVg, « Neues Fähigkeitsprofil komplettiert Konzept zur Modernisierung der Bundeswehr », 4 septembre 2018 (https://www.bundeswehr.de/).
(18) BMVg, « Neues Fähigkeitsprofil komplettiert Konzept zur Modernisierung der Bundeswehr », op. cit.
(19) Leithäuser Johannes et Seliger Marco, « Bis zu den Sternen », Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), 19 avril 2017.
(20) Deutscher Bundeswehrverband, « Bundeswehr-Pläne: Heer soll drei volle Divisionen bekommen », 19 avril 2017 (https://www.bundeswehr.de/).
(21) Capabilities Integration and Development System Otan: DOTMLPF (Doctrine, Organization, Training, Materiel, Leadership and Education, Personnel and Facilities).
(22) Kramp-Karrenbauer A., « Zweite Grundsatzrede der Verteidigungsministerin », op. cit.
(23) Ibid.
(24) BMVg, Charakteristika LV/BV-Anforderungen an die Bundeswehr, 2020 [classifié].
(25) BMVg, Strategische Leitlinie Digitalisierung, 2019 (https://www.bmvg.de/).
(26) BMVg, Strategische Leitlinie Weltraum, 2017 [classifié].
(27) BMVg, Strategische Leitlinie Cyber-Verteidigung, 2015 [classifié].
(28) Kramp-Karrenbauer A. et Zorn E., Positionspapier, op. cit, p. 7.
(29) Neuber Harald, « 2,9 Millionen Euro und 430 deutsche Soldaten für US-Manöver Defender Europe 2021 », Telepolis, 15 janvier 2021 (https://www.heise.de/).
(30) Carstens Peter, « Ministerium gibt ausnahmsweise alles Geld aus », Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), 28 janvier 2021.
(31) Bundesrat, « Finanzplan des Bundes 2020 bis 2024 », 9 octobre 2020, p. 22 (https://www.bmvg.de/).
(32) Schröder Alexander, « Bundeswehr bekommt 1000 neue LKW », 8 octobre 2020, BMVg (https://www.bmvg.de/).
(33) BMVg, « Verteidigungshaushalt 2021 », 2020 (https://dserver.bundestag.de/brd/1989/D110+89.pdf).
(34) Wiegold Thomas, « Lange Liste für die Rüstungsbeschaffung – und lange Liste der Projekte ohne Geld », Augen geradeaus!, 3 février 2021 (http://www.bundespolizei.de//).
(35) Kramp-Karrenbauer A. et Zorn E., Positionspapier, op. cit., p. 7.
(36) Bundesregierung, Strategiepapier der Bundesregierung zur Stärkung der Sicherheits- und Verteidigungsindustrie, Bundesdruckerei, 12 février 2020 (https://www.thw.de/).
(37) Reuters, « Bundesregierung besiegelt strategische Beteiligung an Hensoldt », 17 décembre 2020 (https://www.reuters.com/).
(38) Müller Björn, « Robustes Material statt Hightech-Waffen? », Norddeutscher Rundfunk (NDR), 22 décembre 2020 (https://www.bmwi.de/).
(39) Generalinspekteur der Bundeswehr, « Tagesbefehl », 22 septembre 2020 (https://www.bundesregierung.de/).
(40) BMVg, « Auftrag Landes- und Bündnisverteidigung », juin 2020 (https://www.destatis.de/).
(41) Kramp-Karrenbauer A. et Zorn E., Positionspapier, op. cit., p. 3.
(42) Exemple : Amt für Heeresentwicklung, Dez I 1 (1): Versuch der Definition „Kriegstauglichkeit“.
(43) Bombeke Yann, « Personalplanung : 203.000 Soldaten sind das Ziel – 1800 zusätzliche zivile Posten », Deutscher Bundeswehrverband, 27 mai 2020 (https://www.zeit.de/).
(44) BMVg, Strategie de la réserve, K-10/5, 18 octobre 2019 (https://www.bmvg.de/).
(45) BMVg, « „Dein Jahr für Deutschland“: Der neue „Freiwillige Wehrdienst im Heimatschutz“ », 21 juillet 2020 (https://www.bmvg.de/).
(46) 1re embauche en 2021 : 9 000 candidats pour 1 000 postes. « Freiwilliger Wehrdienst in Franken: Heimatschützer trainieren in Volkach für Krisen », Nord Baryern, 8 mai 2021 (https://www.swp-berlin.org/).
(47) BMVg, « Verteidigungshaushalt 2021 », op. cit.
(48) Wiegold Thomas, « Jetzt offiziell: Neue Planung für Schließung von Bundeswehr-Liegenschaften », 30 mai 2018 (https://augengeradeaus.net/).
(49) Generalinspekteur der Bundeswehr, « Tagesbefehl des Generalinspekteurs: Änderungen in der Grobstruktur », 5 février 2021 (https://www.bmvg.de/).
(50) Kramp-Karrenbauer A. et Zorn E., Positionspapier, op. cit., p. 5.
(51) Bundesministerium des Innern, Konzeption Zivile Verteidigung (KZV), 24 août 2016 (https://www.dbwv.de/).
(52) Bundesministerium des Innern et BMVg, Rahmenrichtlinien für die Gesamtverteidigung, 10 janvier 1989 (https://dserver.bundestag.de/).
(53) Bundespolizei, « Zahlen, Daten, Fakten », 22 février 2021 (https://www.ndr.de/).
(54) Destatis, « Zahl der Polizeianwärterinnen und –anwärter seit 2010 mehr als verdoppelt », Pressemitteilung Nr. n° 57, 18 septembre 2020 (https://www.destatis.de/).
(55) Bundesanstalt Technisches Hilfswerk (THW), « Das THW », 22 février 2021 (https://www.europarl.europa.eu/).
(56) Bundesregierung, Weissbuch 2016, op. cit., p. 104.
(57) BMVg, Die Konzeption der Bundeswehr, op. cit., p. 39.
(58) Kramp-Karrenbauer A. et Zorn E., Positionspapier, op. cit., p. 4.
(59) Gebauer Matthias et Hammerstein (von) Konstantin, « In der Parallelwelt » [publié en ligne sous le titre « Der Bundeswehr geht das Geld aus »], Der Spiegel, 6 février 2021, p. 33.