Parmi les livres – Interrogations sur la Russie
Une fois de plus, l’attention s’est portée sur la Russie. Que n’a-t-on cité depuis qu’a été prononcée, dans les années 1940, la fameuse phrase de Winston Churchill : « La Russie est un rébus enveloppé de mystère au sein d’une énigme », ajoutant que la clé pour résoudre cette énigme, nous la tenons : c’est l’intérêt national russe. L’actuelle crise, qui s’est cristallisée, depuis novembre 2021 à propos de l’Ukraine, et au-delà de toute l’architecture de sécurité en Europe, démontre bien qu’à Moscou et dans les capitales de l’« Occident global », on est loin de partager les mêmes conceptions et perceptions sur les intérêts légitimes de sécurité. Pour se plonger plus avant dans les réalités de la Russie, le lecteur dispose d’un certain nombre d’ouvrages lui permettant de se forger une opinion plus solide sur l’affrontement actuel des volontés, tant pour analyser son comportement sur la scène européenne et mondiale, que pour passer en revue les divers volets de la vie politique, de l’économie, de la société et de l’histoire russe, en particulier la riche et prometteuse histoire des relations franco-russes.
Il convient donc de saluer, après une interruption d’un an, du fait de la pandémie de Covid-19, la parution, en fin d’année 2021 de Russie 2021. Regards de l’Observatoire franco-russe. Ce volume broché de 576 pages, édité par les éditions de L’Inventaire en 600 exemplaires, est incontestablement l’outil d’analyse le plus complet, le plus diversifié et, ajoutons, le plus agréable qui soit sur la Russie, perçue dans toute sa densité. Son regard ne porte pas comme il se doit sur l’actualité des années 2020-2021, mais se penche sur les aspects historiques de la Russie ou des relations franco-russes. Puisque l’année 2021 a été l’année du bicentenaire de la naissance de Fiodor Dostoïevski, saluons le bel article que lui a consacré Anne Coldefy-Faucard, de Sorbonne-Université, cofondatrice des éditions L’Inventaire, qui a supervisé l’immense travail de traduction des articles écrits en russe, parus dans Russie 2021. « Le terrain occidental se fait chaque jour plus semblable à celui de Dostoïevski », écrivit le philosophe René Girard. André Glucksmann n’a-t-il pas, quelque temps après les attentats du 11 septembre 2001, intitulé un de ses ouvrages Dostoïevski à Manhattan ? Pour pénétrer dans la tête de Vladimir Poutine, comme d’aucuns s’évertuent à le faire, comme d’une partie des élites russes, c’est aussi dans les éclats visionnaires de Dostoïevski qu’il convient de se plonger. On comprendra mieux la vision eurasiatique du pays, qui s’oppose à la vision euro-atlantique, ainsi que les rapports pas toujours harmonieux avec l’Europe. Un autre article est consacré à Ivan Bounine, le premier prix Nobel russe, qui a passé le tiers de sa vie en France, puisque c’est à Grasse qu’il apprit qu’il avait été primé par l’Académie suédoise, en 1933. Bien d’autres sujets passionnants sont abordés dans cette dernière partie : la France et le commerce de la mer Noire, un ministre de la marine impériale de Russie, le marquis de Traversey, Pierre Cubat, le cuisinier des tsars… Est-ce un clin d’œil, à travers les siècles, à Evgueny Prigojine, le « cuisinier de Poutine », patron, entre autres, de la sulfureuse société militaire privée (SMP) Wagner, qui vient de déployer un demi-millier des siens au Mali, après s’être solidement implanté en République centrafricaine (RCA) et qui lorgnerait déjà sur le Burkina Faso ?
De l’histoire de la Russie
En continuant cette introspection, si nécessaire, de l’histoire et de la psyché russe, il paraît bien utile de se plonger dans le stimulant ouvrage de Sabine Dullin, L’ironie du destin. Une histoire des Russes et de leur Empire (1953-1991), aux éditions Payot, paru en 2021 (300 pages). En survolant toutes les rudes épreuves qu’ont affronté l’Empire des tsars, puis l’URSS, au cours de ce siècle et demi d’histoire, elle montre combien l’autocratie, le rêve d’Empire et la nation sont les composantes essentielles de l’histoire en train de s’écrire à Moscou, à Kiev, mais aussi à Simferopol (Crimée) et Stepanakert (Haut-Karabagh). Si le totalitarisme et la guerre froide ont été, et sont encore aujourd’hui, les grilles de lecture dominantes du siècle soviétique, elles ont leurs vertus. Elles insistent sur l’idéologie et sur la dimension inédite de la répression et de la propagande, au moins jusqu’à la mort de Staline. Elles enferment, cependant, l’histoire de l’Union soviétique dans un silo à part de celle de la Russie. Elles relèvent en grande partie d’une vision occidentale de la Russie, qui n’est pas celle des Russes. Aussi, en partant de la guerre de Crimée, ce livre choisit, au contraire, d’enjamber 1917. Il s’arrête en 1991. Mais l’histoire de l’Empire, de ses nations et de ses habitants continue. Sabine Dullin prolonge d’ailleurs, à grands traits, cette histoire. À l’ombre du mausolée de Lénine, la Russie multinationale continue ainsi, belle ironie du destin, à osciller entre la croissance économique et l’affirmation de sa puissance, entre la voix nationale et impériale. On retiendra particulièrement les pages consacrées à la politique menée en direction des nationalités non russes, sans doute la dimension la plus étonnante de l’entreprise soviétique des années 1920. C’est bien l’héritage de celle-ci que remet en partie en cause Vladimir Poutine, en imputant à Lénine la responsabilité d’avoir introduit le droit à sécession aux Républiques fédérées en décembre 1922. Cependant, explique Sabine Dullin, le fédéralisme de Lénine fut essentiellement tactique. L’objectif était de désarmer le nationalisme et de préparer l’étape suivante, celle de l’homogénéisation dans un grand tout socialiste. À l’époque, rappelle-t-elle, l’exigence de l’Ukraine de conserver ses prérogatives n’a pas été entendue. L’ironie du destin, c’est qu’en fin de parcours, c’est bien celle-ci qui finit par faire éclater l’URSS en 1991. Et les éclats de cette implosion continuent de jaillir.
Des relations franco-russes
Aucun auteur de Russie 2021 n’avait prévu l’accélération de la spirale de confrontation de l’automne-hiver 2021-2022, bien qu’ils en aient perçu quelques signes annonciateurs. Dans son introduction, Arnaud Dubien, directeur de l’Observatoire franco-russe, notait bien que « la liste des griefs à l’égard de Washington » s’alourdissait de jour en jour. Les dirigeants russes étaient convaincus que les États-Unis cherchaient à affaiblir systématiquement leur pays, voire à y organiser un changement de régime. C’est là que réside certainement la raison de la brusque montée des « revendications » ou « exigences » de Vladimir Poutine, qui, pressé par le temps, est plus désireux qu’auparavant de résoudre la question ukrainienne, avant l’échéance de 2024. Quant aux relations France-Russie, il était clair qu’il s’agissait d’un rapprochement semé d’embûches. Aux griefs français portant sur les affaires d’espionnage – avec expulsions discrètes de diplomates – de cyberattaques – malgré les discussions engagées dès juillet 2008 entre l’Agence nationale de sécurité des systèmes informatiques (Anssi) et le Conseil de sécurité de Russie – s’ajoutent de graves différends portant sur les dossiers régionaux. Y répondent les irritations russes : Moscou ne voit pas d’un bon œil la participation de chars Leclerc, à des exercices de l’Otan dans les pays baltes, la vente de patrouilleurs à l’Ukraine et de systèmes antiaériens à la Géorgie. Les déclarations de responsables du Quai d’Orsay sur le vaccin Spoutnik V et le Nord Stream 2 ont été interprétées à Moscou comme un signe de glissement de la France vers les positions des pays européens les plus hostiles à son égard. Tout pourtant n’allait pas mal entre Moscou et Paris, chacun des partis étant désireux de poursuivre un dialogue exigeant. La France conserve une part de marché d’environ 3,5 %, contre 4,7 % avant les sanctions et contre-sanctions. Elle est le deuxième investisseur, hors paradis fiscaux, en flux et en stock et le premier employeur étranger en Russie. Le spectre de coopération est très large, incluant les secteurs technologiques de pointe, ce qui distingue la France des autres pays occidentaux. « Je t’aime, moi non plus » : depuis la fin du XVIe siècle, les relations culturelles, intellectuelles, économiques, voire politiques, entre la Russie et la France, ont connu maints soubresauts, mais elles ont perduré même aux moments les plus critiques. Jean de Gliniasty, ambassadeur de France en Russie de 2009 à 2013, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), en retrace l’histoire (1), entre géopolitique et idéologie. Il fait le point sur la situation actuelle et passe en revue les raisons de s’accorder et les motifs de désaccords. L’ouverture à l’Est s’est traduite par une coopération d’excellence, depuis le général de Gaulle, dans la science, la technologie, l’espace ; par une concurrence et une complémentarité sur le terrain de l’énergie. L’Otan et l’Union européenne constituent-ils alors des obstacles au développement des relations franco-russes ? Ces questions, et bien d’autres, comme les liens culturels et la coopération scientifique et universitaire sont abordées de front, sans faux-semblants ni faux-fuyants.
Un état des lieux social, économique et démographique de la Russie
On trouvera dans cet ouvrage les descriptions les plus fouillées qui soient de la politique intérieure, de l’économie et de la société, de la culture et des régions, et de la politique étrangère et de défense russes. Jean-Robert Raviot, professeur en études russes et postsoviétiques à l’Université Paris-Nanterre, passe en revue ce qu’il nomme « l’horizon 2036 » ou la relance plébiscitaire du système politique russe. Pour sûr, l’année 2021 a vu un durcissement du pouvoir russe, qui dépasse le seul cas d’Alexeï Navalny, sur lequel l’attention de l’Occident s’est fixée de manière quasi exclusive. Ce qui s’avère durable, c’est qu’en dépit des épreuves et du temps, la cote de popularité de Vladimir Poutine se situe toujours au moins 20 à 25 % au-dessus de celle du parti gouvernemental Russie Unie. Plus que jamais sa personne est indispensable à la survie du système, qui reste étroitement circonscrit aux quatre partis traditionnels, même si les élections de la Douma, le parlement russe, en septembre 2021, ont vu l’arrivée d’une cinquième et nouvelle formation « Les Nouveaux », ainsi que quelques candidats d’autres partis élus localement au scrutin majoritaire. Aussi assiste-t-on à la prolongation du statu quo, alors que la Russie figure au 49e rang dans le classement mondial de la liberté de la presse. Divers articles plus spécialisés portent sur des sujets variés apportant un éclairage bien utile sur la société russe – la classe moyenne, l’islam dans les prisons, la place et le rôle des femmes, le sport et le dopage. Il convient d’examiner avec attention les développements portant sur la situation démographique et la Covid-19, véritable talon d’Achille du pays, qui a perdu 500 000 habitants en 2020, rythme qui devrait se poursuivre en 2021. Depuis 1993, c’est à une diminution de 4,8 M d’habitants à laquelle on a assisté, ce qui ne manquera pas de se traduire, à terme, sur les capacités productives et les effectifs des forces armées. On sait également que l’espérance de vie des hommes se situe à 66 ans (onze de moins que la France) et celle des femmes à 77 ans (85 ans pour la France), la Russie étant de tous les pays développés celui qui a connu la baisse la plus importante de l’espérance de vie (moins 1,8 an). En examinant la trajectoire du Spoutnik V, Tatiana Kastouéva-Jean, directrice du Centre Russie/NEI de l’Institut français des relations internationales (Ifri) conclut : « Rapide envol, trajectoire parsemée de secousses, son maintien en orbite laisse encore beaucoup de questions ouvertes. »
Géopolitique, Asie centrale et Moyen-Orient
Sans avoir prévu la brusque montée des tensions entre la Russie et « l’Occident collectif », Isabelle Facon, directrice-adjointe de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), observait, à l’été 2021, que la tension avec les pays occidentaux était devenue la « nouvelle normalité ». Entre la Russie et l’UE, le dialogue est devenu décidément introuvable, les pays baltes et surtout la Pologne et la Suède ayant rejeté, en juillet, la proposition d’Angela Merkel et d’Emmanuel Macron d’ouvrir un dialogue avec Moscou. Du fait de la Covid-19, les visas Schengen délivrés aux citoyens russes sont tombés à 635 000 en 2020, contre 4 millions en 2019. Plus encore, Moscou faisait face dans son voisinage proche à des crises et tensions, ce qui devrait la conduire à redéfinir ses relations avec l’espace ex-soviétique, ce qui, disons-le, est advenu (hors Ukraine) relativement à son avantage tant dans le Caucase qu’en Asie centrale, sans parler de la Biélorussie, qui dépend de plus en plus de son puissant voisin, comme l’attestent les récentes manœuvres militaires menées par les deux pays amis.
Signalons à cet égard le bien utile ouvrage d’Isabelle Facon chez le même éditeur, La nouvelle armée russe, paru en 2021, une description détaillée de la montée en puissance de l’armée, enfant choyé par Poutine dès son accession au pouvoir. Alexandre III n’avait-il pas dit que la Russie a deux amies : son armée et sa flotte ? On notera également un stimulant article d’Andrei Kortunov, directeur général du Conseil russe des affaires internationales, qui constate que, paradoxalement au cours de ces trente dernières années, si la Russie a su se transformer en une puissance mondiale très active, elle n’est pas parvenue à s’imposer comme une autorité régionale légitime, ce qui est moins vrai après la brève incursion de force de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) – une première depuis la création de cette institution en 2002 – au Kazakhstan.
Saluons la série d’articles (avec cartes) sur la situation des pays de Transcaucasie et d’Asie centrale, ainsi qu’une étude circonstanciée d’Igor Delanoë, directeur adjoint de l’Observatoire franco-russe, sur les acteurs de l’influence russe au Moyen-Orient. Loin de l’image communément admise d’un Kremlin à la manœuvre derrière chaque initiative russe dans la région, la politique poursuivie par Moscou dans la région met en lumière une pluralité d’acteurs aux pratiques et réseaux bien définis. Ainsi, on a assisté de la Syrie aux ventes d’armement à la fulgurante ascension du ministère de la Défense dans les arbitrages moyen-orientaux de la Russie. Sergueï Choïgou, un des ministres les plus populaires du gouvernement, affichant une rare proximité avec le maître du Kremlin, qu’il amène pêcher, chasser, ou chevaucher dans sa Sibérie natale loin des salons de la capitale ou des palais des bords de la Neva, est à la manœuvre. Ce qu’il convient également de souligner est le récent – près de cinq ans – développement du commerce avec les pétromonarchies arabes du Golfe et le rôle du Fonds russe pour les investissements directs. Le commerce de la Russie avec les pays du Conseil de coopération du Golfe a été multiplié par quatre au cours de la dernière décennie, passant de 1,5 milliard de $ en 2010 à 6 milliards en 2020.
La Russie et le contrôle des armements
Nikolai Sokov, du Centre viennois pour le désarmement et la non-prolifération (VCONP) signe un article détaillé : « La Russie et le contrôle des armements ». Il s’agit bien là – en dehors de la question de l’entrée de l’Ukraine et de la Géorgie dans l’Otan, ainsi que du déploiement d’armes qualifiées d’offensives sur les territoires des nouveaux membres de l’Alliance atlantique – de l’un des points durs de l’actuel affrontement Russie/États-Unis et « Occident global ». Sur la série des huit traités (Start, FNI de 1987, FCE de 1990, Ciel ouvert de 1992) ou Documents et Acte fondateur de 1997 Otan-Russie, aucun, en dehors du New Start, prolongé le 26 janvier, dès l’entrée de Joe Biden à la Maison-Blanche, n’est encore en vigueur, respecté ou mis en œuvre. C’est ce monde de l’Arms Control qui, pendant trois décennies, a régulé et tempéré les relations Est-Ouest, qui est aujourd’hui perdu et qu’il conviendrait bien de restaurer. Le fait que les Européens n’aient rien entrepris pour sauver l’accord sur les missiles à portée intermédiaire a renforcé les soupçons de la Russie à leur égard. Après le sommet Biden-Poutine du 16 juin 2021, un mince espoir avait vu le jour, les deux pays, ayant proclamé leur désir d’entamer un « dialogue bilatéral sérieux sur la stabilité stratégique » (2). On a vu ce qu’il en est advenu ! Une des questions clé concerne les systèmes de défense antimissile et les missiles conventionnels à longue portée, dont on ne savait pas encore s’il convenait de les inclure dans les discussions. Se sont ajoutés bien d’autres sujets, portant sur le déploiement des armes dans les pays ayant appartenu à l’ancien camp socialiste, la transparence des manœuvres, l’équilibre des forces, etc. De toute façon, le temps presse. Car ces négociations devraient (ou devront) s’achever avant l’été 2024, élection présidentielle, dans les deux pays oblige. Depuis lors, l’ordre du jour des consultations globales s’est considérablement élargi et l’esprit avec lequel elles sont abordées s’est alourdi.
Le droit de la mer et la circulation du gaz
Le lecteur trouvera bien d’autres articles approfondis pouvant combler ses attentes sur la politique de la Russie en matière de droit de la mer, avec notamment la question de la navigation dans le détroit de Kertch. D’autres sujets sont abordés comme l’Arctique, l’Antarctique, le changement climatique, la Russie à carbone 0, le grand dilemme énergétique russe ou les acteurs du numérique. Pascal Marchand expose l’aspect géopolitique de la route maritime du Nord, si chère à la Russie, pour laquelle elle représente un surcroît de puissance, d’influence et de nouveaux espaces où se déployer et accéder à l’Océan mondial. Le gaz qui représente 11 à 13 % des exportations russes, provient de plus en plus de l’Arctique où le groupe privé Novatek, dont TotalEnergies possède 20 % du capital, vise à produire 40 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL) en 2026 et 90 en 2035. Rappelons que la Russie assure 11 % des exportations mondiales de pétrole et que les livraisons de gaz par Gazprom à l’Europe programmées pour 2022 s’élèvent à 183 milliards de m3. En 2019, sur les 440 milliards de m3 importés par l’UE, 166 milliards (37 %) avaient transité par les gazoducs, auxquels il convient d’ajouter quelques cargaisons de GNL.
Notons également que la Russie s’est hissée depuis 2016 au premier rang des exportateurs de blé. Elle en exporte 44 à 45 millions de tonnes par an ! Jean Radvanyi, professeur émérite des Universités à l’Inalco, dresse un panorama complet de la relation Russie-mer Noire : une façade méridionale dynamique dans une région sous tension. En deux pages, il fait le point des tensions récurrentes autour de la Crimée qui ont abouti, on le sait, au rattachement de la péninsule à la Russie.
* * *
On n’entre pas en une seule fois dans Russie 2021. On y pénètre par étapes et selon ses choix et priorités. On en revient enrichi et mieux averti, exercice salutaire permettant d’échapper à la vague médiatique. En tout cas, au-delà de l’affrontement en cours, et des bruits de bottes qui résonnent à nos portes, il paraît plus nécessaire que jamais de connaître la Russie dans tous ses aspects. Aucun ordre européen de sécurité stable, durable et équilibré ne saurait être bâti sans elle et encore moins contre elle. « Les véritables accords sont les accords en arrière-pensées », disait Paul Valéry. ♦
31 janvier 2022
(1) Gliniasty (de) Jean, Petite histoire des relations franco-russes, L’Inventaire, 2021, 128 pages.
(2) Smolar Piotr, « À Genève, Joe Biden et Vladimir Poutine entament un dialogue stratégique à pas comptés », Le Monde, 17 juin 2021.