La signature de l’alliance AUKUS ainsi que le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne invitent à un réexamen de la relation de défense franco-britannique. Fruit d’une histoire longue et complexe ayant largement contribué à forger deux États encore profondément différents, cette relation doit être appréhendée à l’échelle mondiale. En Europe, parce que les intérêts essentiels de l’un des deux pays ne pourraient être menacés sans que les intérêts essentiels de l’autre ne le soient également, les relations de défense devront rester fortes et profondes, bien que soumises à l’arbitrage des États-Unis. En Indo-Pacifique, en revanche, la poursuite d’intérêts particuliers, notamment économiques, dans le cadre de l’exportation d’armement, pourrait amener Londres et Paris à être de nouveau en compétition.
Relations bilatérales de défense entre le Royaume-Uni et la France : enjeux et perspectives après la signature de l’alliance AUKUS
« We have no eternal allies, and we have no perpetual enemies. Our interests are eternal and perpetual, and those interests it is our duty to follow ».
Henry John Temple, Lord Palmerston, discours à la Chambre des Communes (1848)
« Aucune alliance ne peut être dissociée de l’effort entrepris par chacun de ses membres, pour son compte, à ses frais, et en fonction des intérêts qui lui sont propres. »
Charles de Gaulle (1)
La naissance de l’alliance AUKUS restera vraisemblablement comme un moment important dans l’histoire des relations de défense entre le Royaume-Uni et la France, pourtant déjà longue et tumultueuse. En février 2019, le « contrat du siècle », signé entre Canberra et Paris, d’une valeur de 31 milliards d’euros (dont 8 Md € au profit des entreprises françaises), visait la construction de douze sous-marins Shortfin Barracuda, conçus en France spécialement pour les besoins australiens (2). Le 15 septembre 2021, c’est une onde de choc à l’origine d’une crise diplomatique inédite. Le partenariat AUKUS est signé entre l’Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni, l’Australie mettant un terme – sans préavis – au contrat franco-australien. Pendant plusieurs mois, les responsables politiques et militaires de Canberra, Washington et de Londres ont ainsi travaillé à la mise en place de cette alliance sans en avertir Paris, un « comportement inacceptable entre alliés et partenaires » pour Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. En signe de protestation, les ambassadeurs français à Washington et à Canberra sont rappelés en France. C’est aussi un des principaux piliers sur lesquels la France s’appuyait pour déployer sa stratégie en Indo-Pacifique (3) qui disparaît et les liens forts entre la France et l’Inde sont réaffirmés moins d’une semaine après, grâce à un échange téléphonique entre les dirigeants indiens et français (4). Pour le Royaume-Uni, partenaire industriel et militaire historique de l’Australie, il s’agit simplement d’une histoire de contrat, tous les coups étant permis dans ce domaine, même entre alliés.
Alors que les relations diplomatiques fortement perturbées par AUKUS auraient pu reprendre assez rapidement (5), les désaccords sur les quotas de pêche, sur les solutions à mettre en œuvre pour résoudre la crise migratoire en Manche et sur les accords portant sur l’Irlande du Nord ont continué de polluer les relations entre Londres et Paris. Le divorce politique est définitivement consommé à la fin de l’année 2021. Comme si AUKUS n’avait été que l’étincelle dans l’atmosphère rendue délétère ces derniers mois par les négociations sur le Brexit, la fin de la participation britannique au programme Galileo, et un certain antagonisme entre Britanniques et Français. Londres parle maintenant de Global Britain et compte exercer pleinement son influence sur la scène internationale sans composer avec ses anciens partenaires de l’Union européenne (UE), alors que Paris redouble d’efforts vis-à-vis de l’intégration européenne en militant pour une véritable autonomie stratégique (6).
Qu’en est-il des conséquences sur les relations bilatérales de défense, c’est-à-dire la capacité pour les forces armées britanniques et françaises à échanger dans le domaine de la préparation opérationnelle, à coopérer dans des programmes d’armement conjoints, et à réaliser des missions et des opérations communes ? Il peut être surprenant de s’interroger sur ce point alors que les responsables britanniques et français n’ont pas cessé de rappeler l’importance de leurs relations de défense, que les Accords de Lancaster House, signés le 2 novembre 2010, venaient sceller pour 50 ans, une coopération étroite dans le domaine nucléaire, capacitaire et opérationnel et que les relations entre les forces armées, notamment en opérations, restent excellentes (7). Cependant, le Brexit et les incertitudes qu’il a engendrées ont rendu la coopération bilatérale difficile. Par exemple, dans le cadre du développement du Système de combat aérien du futur (Scaf), les obstacles identifiés depuis 2014 sont devenus plus difficiles à résoudre et le renforcement des relations avec les États-Unis et l’Allemagne plus séduisant respectivement pour Londres et Paris (8).
Ainsi, il semble opportun de réfléchir à ce qui fonde la coopération franco-britannique de défense en 2022. À l’aune de la riche histoire de leurs relations bilatérales, certainement une des plus anciennes et une des plus tumultueuses au monde, il semble nécessaire de bien identifier ce qui différencie encore le Royaume-Uni de la France, ce qui les rassemble afin d’aborder les enjeux auxquels ils doivent faire face avec sérénité, notamment en Europe et dans la région Indo-Pacifique.
Une histoire conflictuelle, des différences toujours prégnantes
Le Royaume-Uni et la France se sont forgés l’un contre l’autre. Les conséquences de cette dynamique conflictuelle demeurent aujourd’hui perceptibles dans l’organisation de la société, la façon d’appréhender le monde et la manière de prendre des décisions en temps de crise.
L’histoire conflictuelle entre l’Angleterre et la France est bien connue, et a largement contribué à façonner leur identité respective. Les victoires anglaises pendant la guerre de Cent Ans, à Crécy (1346), à Poitiers (1356, le roi de France Jean II est alors fait prisonnier à la Tour de Londres) et à Azincourt (1415) décimèrent la chevalerie et l’aristocratie française avant d’être célébrées de manière patriotique par Shakespeare 160 ans plus tard (9). Le sursaut national français passera par Jeanne d’Arc puis les contre-attaques de Charles VII alors que le duc de Bourgogne s’est désolidarisé des Anglais. La ville de Paris est reprise après 16 ans de présence anglaise, la bataille de Formigny scelle le départ des Anglais de Normandie, et la bataille du Castillon permet à la France de récupérer l’Aquitaine. L’Angleterre sombrera alors dans une guerre civile (guerre des Deux Roses, 1455-1485).
La portée des résultats de la rencontre diplomatique du Camp du Drap d’Or (1520) entre François Ier et Henri VIII est limitée. Les hostilités continuent à faire rage entre le royaume de France, fils aîné de l’Église, et l’Angleterre qui se tourne vers l’anglicanisme. Elles atteignent leur paroxysme au XVIIIe siècle puis avec l’épopée napoléonienne, à tel point que certains historiens n’hésitent pas à parler aujourd’hui d’une seconde guerre de Cent Ans entre 1689 et 1815 (10). À cette époque, les sociétés britannique et française s’admirent alors autant qu’elles se haïssent, renforçant ainsi leur rivalité (11) : Rome et Carthage cherchent à s’anéantir. La France perd son premier empire colonial suite à la guerre de Sept Ans (1756-1763), mais apporte une aide essentielle à l’indépendance américaine. Bien que méconnue, la bataille de la baie de Chesapeake (1781) est à ce titre d’une importance capitale : l’amiral de Grasse triomphe de la Royal Navy, interdisant ainsi tout soutien logistique aux troupes britanniques à Yorktown, alors que le ravitaillement des troupes de George Washington, de Rochambeau et de La Fayette continue d’être assuré depuis Newport et les Antilles françaises. L’Angleterre tiendra sa revanche lors de la bataille de Trafalgar et aura le dernier mot en 1815. Wellington remporte à Waterloo une victoire militaire décisive considérée alors comme le triomphe de la monarchie parlementaire sur les idéaux républicains issus de la révolution française, qui ne referont surface qu’à la faveur de la IIe puis surtout de la IIIe République.
Aujourd’hui, au-delà de leurs systèmes politiques très différents, qui restent des déclinaisons finalement assez proches des principes de la démocratie moderne, les modèles de société britanniques et français sont opposés. Au Royaume-Uni, le concept politique d’ethnicité est plébiscité, permettant de mettre en avant les disparités entre les différentes communautés afin de mieux les juguler. En France, il reste incompatible du principe de laïcité et de l’universalisme, l’idéal républicain cherchant peut-être davantage à souligner les similarités entre les différents citoyens sans toutefois tomber dans une assimilation identitaire comme on peut parfois le comprendre outre-Manche. Alors que le multiculturalisme dans l’espace public est considéré en France, par principe, comme une menace contre ce qui fonde la nationalité française et le « vivre ensemble », il est largement encouragé au Royaume-Uni en tant que condition indispensable à toute société ouverte sur le monde.
Britanniques et Français donnent plus largement le sentiment de s’opposer dans leur manière de penser leur rapport au monde, peut-être depuis que Descartes et Locke ont révolutionné au XVIIe siècle la façon de fonder la connaissance. Alors que le premier développe la méthode du doute qui permet in fine d’acquérir intellectuellement des idées claires et distinctes et « souligne la nécessité de se former (…) une idée débarrassée de toutes les informations empiriques », le second défend au contraire la pensée expérimentale. Pour Locke, « toutes nos idées résultent d’opérations qui mettent en rapport notre esprit et l’expérience. À l’opposé d’un rationalisme spéculatif, [le philosophe anglais] n’a pas d’hypothèses a priori et se laisse guider par les phénomènes (12). » Les prérequis de la réflexion intellectuelle ne sont fondamentalement pas les mêmes : en France, la maîtrise des concepts est indispensable ; en Grande-Bretagne, il est peut-être plus important d’accumuler un maximum de données issues de l’expérience pour se forger une idée. Les démarches intellectuelles sont différentes : d’un côté, l’introspection, pour trouver la solution en soi ; de l’autre, l’ouverture pour s’appuyer sur une réalité concrète. La relation à l’erreur est donc différente. D’un côté de la Manche, c’est le signe d’une faille dans un raisonnement individuel, et donc largement préjudiciable pour l’intéressé. De l’autre côté, un échec est davantage vu comme une expérience supplémentaire, une nouvelle donnée à prendre en compte, presque plébiscitée en fonction des conséquences pour l’intéressé, qui restera dans tous les cas utiles à tous. Ainsi, Britanniques et Français donnent parfois le sentiment de considérer différemment la façon dont les décisions doivent être prises en temps de crise et au combat. Les différences de cultures et de « styles » stratégiques, mises en lumière par Hervé Coutau-Bégarie (13), sont toujours prégnantes. Alors qu’il reconnaissait lui-même qu’elles s’estompaient de plus en plus du fait de la grande technicité des matériels et d’une certaine standardisation de la pensée, on peut arguer aujourd’hui que le Brexit a renforcé l’insularité du Royaume-Un i vis-à-vis de l’alliance continentale européenne. Pour Londres et Paris, la Manche n’a pas la même signification. De plus, les modalités d’une décision en pleine incertitude semblent encore obéir aujourd’hui à des réflexes culturels et historiques spécifiques. Les programmes des écoles de formation des officiers supérieurs britanniques (Advanced Command and Staff Course (14) et Royal College of Defence Studies (15)) plébis citent une décision collective, s’appuyant sur des processus clairs permettant notamment de questionner l’autorité sur la véracité de ses conclusions (16), toute décision individuelle étant suspecte car nécessairement entachée de biais cognitifs et culturels.
Ainsi, les identités française et britannique ont été, dans une certaine mesure, forgées par une histoire conflictuelle quasiment continue entre le XIIe et le XIXe siècle. Loin de vouloir alimenter des stéréotypes nécessairement trop simples et donc simplistes, ces différences culturelles doivent cependant être soulignées à l’heure où la mondialisation pourrait laisser penser qu’elles sont désormais surannées. Britanniques et Français restent différents dans leur manière de penser la société, d’appréhender le monde, et de décider face à des environnements complexes et incertains. Les différences linguistiques, évidentes, sont ainsi loin d’être les plus importantes. Une grave erreur consisterait alors pour l’un, à considérer qu’il comprend nécessairement l’autre à partir du moment où il maîtrise correctement sa langue.
Ces différences profondes opposent comme elles peuvent rassembler. Les Français n’apprécient pas l’opportunisme britannique tout en reconnaissant toutefois que faire preuve de pragmatisme et d’une grande flexibilité pour coller davantage à la réalité des choses est pertinent. Il est d’autant plus remarquable que Français et Britanniques aient réussi au cours des deux derniers siècles à renverser cette histoire conflictuelle et à unir leurs efforts en considérant leurs intérêts communs.
Des intérêts communs
Au cours des XIXe et XXe siècles, la France et la Grande-Bretagne ont réussi à surmonter leurs différences et à nouer des alliances quand leurs intérêts, notamment vitaux, étaient en jeu. Prenant acte de la perte d’une partie de leur puissance sur la scène mondiale, notamment suite à l’expédition de Suez en 1956 et à la décolonisation, le Royaume-Uni et la France ont alors opté pour des stratégies nationales différentes. Alors que l’aventure britannique au sein de l’UE vient de se terminer, la France et le Royaume-Uni continuent à partager un grand nombre d’intérêts communs ainsi que la volonté de garantir la stabilité du monde.
Après 1815, la Grande-Bretagne et la France vont se rapprocher notamment lorsque leurs intérêts communs seront menacés par l’expansionnisme russe (guerre de Crimée, 1853-1856), l’empire puis le nationalisme allemand au cours des deux guerres mondiales. Ces alliances ponctuelles ne feront toutefois pas disparaître les antagonismes franco-britanniques. Les relations restent difficiles entre les représentants britanniques et français lors des deux conflits mondiaux (entre Lloyd George et Clemenceau puis entre Churchill et de Gaulle) et dans l’entre-deux-guerres. De fait, l’Entente cordiale signée en 1904 n’a pas inauguré une période continue d’entente ni de cordialité. Conclu après un lent rapprochement entamé au milieu du XIXe siècle sous l’impulsion de la France, alors isolée sur la scène internationale, cet accord réglait divers conflits coloniaux suite à la crise de Fachoda (1898). « La France renonçait à contester l’occupation de l’Égypte par la Grande-Bretagne (qui remontait à 1882), et celle-ci donnait les mains libres à la France pour étendre son influence au Maroc (17). » Pour les Britanniques, l’affaire était déjà close alors que les Français y voyaient le début d’une coopération qui se renforcerait au cours des années et aboutirait à une véritable alliance. C’est finalement l’attitude de l’Allemagne qui transformera l’entente en alliance militaire, mais la victoire allait donner à la France et la Grande-Bretagne de nouveaux motifs de mésententes. Le Traité de Versailles fut un compromis entre une paix dure recherchée par les Français et une position britannique garantissant un redressement économique rapide de l’Allemagne. « Hitler arriva au pouvoir et l’on aurait attendu que l’Entente cordiale renaisse de ses cendres face au Führer, comme elle était née trente ans plus tôt face au Kaiser. Il n’en fut rien et, de 1933 à 1939, on eut une pseudo-entente, qui n’avait rien de cordiale (18). »
Après la Seconde Guerre mondiale, le Royaume-Uni et la France vont adopter des stratégies nationales très différentes suite à l’échec de l’expédition de Suez en 1956. Cette opération franco-britannique, échafaudée avec la discrète participation d’Israël, peut être considérée comme une alliance de fortune montée à la hâte suite à la nationalisation du canal de Suez par les autorités égyptiennes. Alors que le gouvernement français cherche à faire tomber le régime de Nasser qui soutient l’insurrection en Algérie et constitue alors une menace importante pour le jeune État juif, les responsables britanniques souhaitent conserver leur influence auprès des pays arabes, déjà tentés par le pan arabisme du leader égyptien. Les responsables britanniques et français s’accordent sur la reprise du canal. Alors que leurs troupes sont sur le point de le contrôler, les menaces américaines et soviétiques mettent fin à l’expédition. Les conséquences furent terribles pour la France et le Royaume-Uni, et les nouvelles orientations stratégiques nationales presque opposées. Pour le Royaume-Uni, l’incompréhension avec les États-Unis pendant la crise de Suez oblige à un rapprochement qui permettra également d’exercer une influence à leur égard. À Londres, on espère que le nouvel empire romain continuera à regarder vers la Grèce antique. Pour la France, il ne faut plus dépendre de décisions prises aux États-Unis. Il est décidé de construire une Europe forte qui pourra peser face aux superpuissances américaine et soviétique. « L’Europe sera votre revanche (19) » aurait dit Konrad Adenauer à Guy Mollet qui venait d’apprendre la décision britannique d’arrêter l’aventure. Il est difficile aujourd’hui d’imaginer que ces orientations puissent être remises en cause alors que le Royaume-Uni vient de quitter l’UE.
Pour autant, le Royaume-Uni et la France partagent encore en 2022 de nombreux intérêts communs. Ce sont les deux seules puissances nucléaires en Europe. Nations fondatrices de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan), elles possèdent des services de renseignement très performants et s’appuient sur des stratégies nationales de défense assez proches, consacrant le rétrécissement du monde, l’importance des milieux cyber, spatial et informationnel, et la nécessité d’agir vite pour gagner la guerre avant la guerre. Britanniques et Français considèrent qu’ils doivent faire face aujourd’hui aux mêmes menaces. Leurs investissements de défense sont équivalents et conséquents, leur permettant de disposer, grâce à leur Base industrielle et technologique de défense (BITD) dynamique, d’un outil militaire (quasi) complet. Le professionnalisme de leur personnel est largement reconnu, la quantité et la qualité de leurs équipements comparables et enviées, même s’il leur est impossible aujourd’hui de soutenir seuls des opérations extérieures. Le Royaume-Uni et la France n’ont d’ailleurs pas hésité ces dernières décennies à recourir ensemble à la force armée, comme en Irak en 1990-1991, en ex-Yougoslavie (1991-1999), en Afghanistan (2001-2014), en Libye (2011), en Syrie (raid aérien Hamilton le 14 avril 2018 notamment), et plus récemment au Mali, le contre-exemple le plus notable restant bien entendu l’Irak en 2003.
Car ce qui rassemble peut-être encore davantage le Royaume-Uni et la France aujourd’hui, c’est la volonté de préserver la stabilité mondiale, édifiée sur des valeurs démocratiques. Les deux anciennes puissances coloniales s’impliquent très largement dans les affaires du monde en s’appuyant sur leur compréhension des relations internationales (notamment du fait de leur réseau diplomatique très important) qui leur permet de fréquemment « tenir la plume » des propositions de résolutions au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies dont ils sont membres permanents. À tel point que « la proximité stratégique entre la France et le Royaume-Uni est singulière en Europe (20). » Il est important néanmoins de remarquer que les Britanniques contribuent largement et depuis très longtemps à théoriser une « science des relations internationales » qui « peut être considérée comme une méditation sur les causes de la guerre et les possibilités de paix » et qui influença de nombreux représentants et universitaires américains (21). Pour le Royaume-Uni, il s’agit aujourd’hui d’œuvrer à la sécurité et à la stabilité du monde pour préserver sa prospérité économique. Il faut promouvoir l’économie de marché et le modèle de la démocratie libérale. La ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss, parle même aujourd’hui de « Network of Liberty ». Plus récemment, Londres a affiché sa volonté de renforcer la résilience du monde face au réchauffement climatique et de lutter contre les pandémies. Ainsi, l’objectif stratégique « Security, Stability, Prosperity » est analysé en détail par tous les officiers supérieurs britanniques et étrangers lors de leur scolarité au ACSC et au RCDS. Une certaine façon d’appréhender le monde, de faire la guerre et d’œuvrer pour la paix est puissamment distillée depuis plusieurs générations (22).
Ainsi, bien que n’allant pas toujours de soi, coopérer entre militaires britanniques et français reste une nécessité. La divergence fondamentale héritée de Suez doit susciter la vigilance, et la victoire obtenue lors des deux conflits mondiaux, une raisonnable espérance. Lorsque des intérêts essentiels sont en jeu ou quand les ambitions sont clairement exprimées, Français et Britanniques, de par leur complémentarité, forment une alliance forte et redoutable.
Une relation mature dont la complexité doit être acceptée
La relation de défense entre le Royaume-Uni et la France doit être appréhendée à l’échelle mondiale dans toute sa complexité. En mesure de défendre ensemble leurs intérêts essentiels en Europe, Londres et Paris sont néanmoins en compétition dans la région Indo-Pacifique.
Tiraillé entre sa nostalgie d’empire et la tendance de sa population au repli sur soi, le Royaume-Uni déploie aujourd’hui une double stratégie de Global Britain à l’international et de Levelling up (23) au plan national, en tentant de concilier ces deux stratégies autour d’un Commonwealth ravivé (24). Il compte sur la langue anglaise, sa maîtrise du droit anglo-saxon (Common Law) réputé plus flexible que le droit continental (Civil Law) notamment dans le droit des affaires, substrat indispensable à tout accord de libre-échange, et sur ses relations privilégiées avec les États-Unis, les dominions (Australie, Canada, Nouvelle-Zélande (25)), certains membres du Commonwealth et des partenaires stratégiques comme le Japon. Le Royaume-Uni souhaite également devenir une superpuissance technologique « raisonnable », se posant comme un modèle intermédiaire dans le domaine du numérique, de l’intelligence artificielle (IA) et des biotechnologies, entre des États-Unis trop libéraux et des Européens adeptes du principe de précaution. N’ayant plus à composer avec ses anciens partenaires de l’UE, le Royaume-Uni promet enfin d’être en mesure de saisir rapidement toutes les opportunités qui pourraient se présenter. Il se posera alors comme un pays européen aux aspirations mondiales et ne choisira pas entre l’Europe et le reste du monde.
Quel que soit le théâtre d’opérations, l’interopérabilité des forces armées britanniques et françaises restera un élément crucial : maîtrise de procédures de travail standardisées au travers d’exercices bilatéraux ou multilatéraux (comme l’initiative FRUKUS rassemblant la France, le Royaume-Uni et les États-Unis) et mise en œuvre d’équipements identiques ou du moins compatibles. Les capacités à échanger des informations au travers de réseaux sécurisés et à utiliser des ressources communes (énergie, munitions, …) resteront prépondérantes. À plus court terme, et notamment du fait de la crise Covid qui pourrait avoir des répercussions sur les budgets de défense, s’appuyer davantage l’un sur l’autre pour les équipements identiques (avion de transport A400M), en utilisant les infrastructures de formation et de maintenance, pourrait être jugé intéressant. Alors que l’approche globale est aujourd’hui largement plébiscitée au Royaume-Uni et en France, et qu’il ne s’agit plus de se concentrer sur le temps de guerre uniquement, la capacité à travailler avec un large éventail d’acteurs (gouvernementaux, non-gouvernementaux) sera davantage recherchée. Elle nécessitera une connaissance mutuelle fine des organisations et des processus décisionnaires de chacun.
En Europe ou dans son voisinage immédiat, une multitude d’alliances et d’organisations permettront de maintenir une relation de défense forte entre les forces armées britanniques et françaises. Tout d’abord, les Accords de Lancaster House, qui incluent notamment un volet nucléaire, devraient rester pertinents. Il est en effet toujours impossible d’« imaginer une situation dans laquelle les intérêts vitaux de l’un des deux pays ne pourraient être menacés sans que les intérêts vitaux de l’autre ne le soient également (26). » Ainsi, la force expéditionnaire bilatérale (27) ne devrait pas être remise en cause alors que les ressources financières sont toujours plus comptées, et qu’il faut faire face aux menaces russe et chinoise. On constate pourtant un essoufflement de cette dynamique, à laquelle s’est substituée celle du multilatéralisme sous leadership britannique. Alors que CJEF s’établit sur la base d’une symétrie et d’une imbrication acceptées, JEF consacre le Royaume-Uni comme Nation-cadre, entraînant le nord de l’Europe sans avoir à rechercher de symétrie. C’est finalement plus le souhait des États-Unis de se concentrer sur la région Indo-Pacifique qui rapproche les deux nations « able and willing » (capables et prêtes) en Europe (28). Paradoxalement, malgré leur intérêt moindre pour les questions européennes (29), les États-Unis resteront l’arbitre de cette relation bilatérale, dans une Europe où l’Otan est devenue la seule référence pour les Britanniques. Il conviendra donc de renforcer l’initiative FRUKUS, au moment où le Royaume-Uni s’efforce de rester le « meilleur ami » des États-Unis et où l’interopérabilité de nos systèmes de combat ne peut s’envisager sans les Américains. Alors que 21 alliés de l’organisation transatlantique sont membres de l’UE, il sera également nécessaire de mettre en avant la complémentarité de la défense collective de l’Alliance atlantique et de l’approche globale civilo-militaire de l’UE, permettant de stabiliser les crises avant qu’elles ne dégénèrent en conflit ouvert. Puissance pivot, bien que ni réellement « able » ni vraiment « willing », la reconnaissance effective par l’Allemagne de cette complémentarité pourrait permettre de lisser les divergences européennes et de s’investir de manière plus autonome au Sud notamment. Il reste à savoir si les Britanniques souhaiteront coopérer directement avec l’UE, alors qu’ils refusent encore de demander à participer aux projets de la Coopération structurée permanente (CSP) (30), tout en considérant avec une certaine envie les financements du Fonds européen de défense. Alors que les volets « affaires étrangères » et « défense et sécurité » ont été exclus des accords du Brexit de 2020, les relations entre le Royaume-Uni et l’UE resteront instables en l’absence de toute formalisation qui restera soumise, de fait, au bon vouloir des Britanniques. La France pourrait jouer un rôle central dans ce rapprochement… dès lors qu’elle ne sera plus perçue comme souhaitant l’échec du Brexit.
Enfin, dans la région Indo-Pacifique, il faut reconnaître que la situation pourrait bien être singulière. À la différence de la France, qui possède de nombreux territoires ultramarins dans la région, le Royaume-Uni y dispose de peu d’intérêts essentiels qui pourraient être menacés. Sa stratégie consiste donc principalement à reconstruire son réseau historique en s’appuyant sur ses anciennes colonies. D’ailleurs, le dernier déploiement du groupe aéronaval britannique n’aurait pas pu se réaliser sans la contribution de Nations étrangères. La zone Indo-Pacifique, est devenue à la fois le moteur de la croissance économique mondiale, mais aussi un nouveau centre de gravité sécuritaire. En première ligne dans le développement de technologies et de procédés industriels décisifs (énergie, climat, défense…) cette région attise donc naturellement les appétits économiques du Royaume-Uni. Les intérêts britanniques et français pourraient donc être en très forte compétition, notamment en ce qui concerne l’exportation d’armements. L’alliance AUKUS, rendue possible par une culture anglophone commune avec les États-Unis et l’Australie, qui ne se réduit pas à la simple maîtrise de la langue anglaise, est finalement tout à fait en ligne avec la stratégie du Global Britain et sa traduction dans le domaine sécuritaire : le « tilt Indo-Pacifique ». À l’inverse, l’ambition commune de Londres et de Paris de défendre la règle du droit et la libre circulation maritime, réunit Britanniques et Français, qui pourraient s’appuyer sur leur relation bilatérale, le cénacle FRUKUS, voire l’UE – qui a publié en septembre 2021 sa stratégie pour la coopération dans la région Indo-Pacifique.
Les liens historiques dans la région, les corpulences similaires et le souhait de promouvoir le multilatéralisme sans exacerber inutilement les tensions avec la Chine, plébiscitent une approche commune entre Londres et Paris, refusant toute logique de bipolarisation et de bloc qui viendrait prioriser la seule confrontation militaire. Bien que différente de celle des États-Unis, il conviendra cependant pour le Royaume-Uni que cette approche reste complémentaire. En reconnaissant avec franchise que les intérêts britanniques et français pourraient être divergents dans cette partie du monde, la relation de défense entre les pays en ressortirait renforcée.
Pour une relation sans angélisme
« Les traités de Lancaster House reflètent une proximité stratégique ancienne, durable et indispensable. Ancienne, elle l’est par notre histoire commune : nos États se sont forgés l’un contre l’autre, puis l’un avec l’autre, depuis plus de mille ans. Durable, notre coopération l’est par l’évidence géographique (…), mais aussi par notre communauté de valeurs (…). Indispensable, elle l’est plus que jamais à l’heure du retour des États-puissances (31). » Alors que le Royaume-Uni s’est retiré de l’UE, cette déclaration doit être comprise sans aucune naïveté, sous peine de conduire à de graves incompré hensions. Le Royaume-Uni et la France restent différents et n’ont coopéré militairement durant leur longue histoire que si leurs intérêts le nécessitaient.
Paris et Londres conservent aujourd’hui des ambitions mondiales similaires et des intérêts essentiels communs notamment en Europe ou dans son voisinage immédiat. Ces intérêts fondent les accords de Lancaster House qui permettent aujourd’hui encore de compter sur une force expéditionnaire de 10 000 hommes et qui entretiennent une coopération essentielle en matière de simulation nucléaire. Bien que cherchant chacune un rôle de leader (lorsque les États-Unis ne s’imposent pas), le Royaume-Uni et la France savent se battre côte à côte et doivent rester en mesure de le faire. À ce titre, les commémorations des combats réalisés lors de la Seconde Guerre mondiale il y a 80 ans doivent faire l’objet d’une attention toute particulière dans les prochaines années alors que la pandémie Covid a occulté partiellement le souvenir de ceux de 1940 et 1941.
Aujourd’hui, les stratégies nationales adoptées par Londres et Paris sont néanmoins bien différentes. Le Royaume-Uni navigue désormais seul et donc avec une plus grande flexibilité, renforçant le pragmatisme mais aussi l’ambiguïté qui le caractérise. La France, quant à elle, par l’intermédiaire de l’UE cherche à faire partie d’un ensemble suffisamment important pour peser vis-à-vis des États-Unis et de la Chine. La poursuite d’intérêts particuliers en Indo-Pacifique, dans le cadre de l’exportation d’armement, pourrait amener Paris et Londres à être en compétition.
Il convient de resserrer davantage les liens entre les deux pays afin d’œuvrer à une meilleure compréhension mutuelle notamment pour défendre le concept d’autonomie stratégique européenne et d’en faire percevoir à Londres les possibles bénéfices. Sans renier son lien particulier avec les États-Unis, l’Europe doit être en mesure de faire valoir ses intérêts et réduire ses dépendances, qu’elles soient économiques (en particulier énergétiques) ou encore normatives. Cette aspiration devrait sembler pertinente au peuple britannique qui a exprimé par le Brexit sa volonté de reprendre le contrôle de sa destinée. Ainsi, une UE plus forte, même sans le Royaume-Uni, semble légitime pour contribuer à la sécurité en Europe permettant in fine aux Américains et aux Britanniques de réaliser la bascule d’efforts en Indo-Pacifique à laquelle ils aspirent, pour contrer la montée en puissance de la Chine et conquérir de nouveaux marchés. Les relations de défense franco-britanniques dépendront donc largement de la position de Washington, mais aussi de Berlin, dans une moindre mesure.
Comme le rappelle Marc Bloch dans L’Étrange défaite, « une alliance véritable est une création continue ; elle ne s’écrit pas sur le papier ; elle ne subsiste que par une multiplicité de petits rapports humains, dont le total fait un lien solide (32). » La relation franco-britannique, parce qu’elle ne va pas de soi, doit être entretenue sans relâche. Elle continuera à s’appuyer sur des relations individuelles, souvent profondément amicales, qui ne devront néanmoins œuvrer qu’à la construction d’une relation franche, cherchant sans illusion, à poursuivre les intérêts communs de Londres et Paris.
Éléments de bibliographie
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Tombs Robert et Isabelle, That Sweet Enemy: The French and the British From the Sun King to the Present, William Heinemann, 2006, 400 pages.
Tombs Robert, The English and Their History, Allen Lane, 2014, 1 024 pages.
Vaïsse Maurice (dir.), La France et l’opération de Suez de 1956 (actes d’une table ronde), Centre d’études d’histoire de la Défense, Addim, 1997, 356 pages (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3324045p/).
Williams Andrew, dans Durieux Benoît, Vilmer Jean-Baptiste Jeangène et Ramel Frédéric (dir.), Dictionnaire de la guerre et de la paix, PUF Quadrige, 2017.
(1) Citation reprise dans le Livre blanc sur la défense de 1972 (https://www.livreblancdefenseetsecurite.gouv.fr/) et dans le discours d’Emmanuel Macron : « Discours du président de la République sur la stratégie de défense et de dissuasion devant les stagiaires de la 27e promotion de l’École de Guerre », École militaire, 7 février 2020 (https://www.elysee.fr/).
(2) Guibert Nathalie et Dellerba Isabelle, « 31 milliards d’euros, 12 sous-marins : un colossal contrat signé entre la France et l’Australie », Le Monde, 11 février 2019 (https://www.lemonde.fr/).
(3) Macron Emmanuel, « Discours du président de la République à Garden Island, base navale de Sydney », le 2 mai 2018 (https://www.vie-publique.fr/discours/206113-declaration-de-m-emmanuel-macron-president-de-la-republique-sur-les-r).
(4) Landrin Sophie, « Après “Aukus”, la France cherche à renforcer ses liens stratégiques avec l’Inde », Le Monde, 22 septembre 2021.
(5) L’ambassadrice française à Londres n’a pas été rappelée à Paris.
(6) Nécessitant donc une prise de distance vis-à-vis de l’allié américain, ce que les Britanniques ne peuvent imaginer.
(7) Le déploiement britannique d’hélicoptères Chinook en Afrique dans le cadre de l’opération Barkhane n’a pas été remis en cause suite à l’affaire AUKUS : Royal Air Force, « Life with the RAF Chinook Detachment in Mali », 3 décembre 2021 (https://www.raf.mod.uk/).
(8) Pannier Alice, Rivals in Arms, The Rise of UK-France Defence Relations in the Twenty-First Century, McGill-Queen’s University Press, 2020, p. 197-198.
(9) Tombs Robert, The English and Their History, Allen Lane, 2014, p. 110 et 137.
(10) Crouzet François, « The Second Hundred Years War: Some Reflections », French History, vol. 10, n° 4, décembre 1996, p. 432-450.
(11) Tombs Robert et Isabelle, That Sweet Enemy: The French and the British From the Sun King to the Present, William Heinemann, 2006, p. 293.
(12) Auregan Pierre et Palayret Guy, Dix étapes de la pensée occidentale. Des présocratiques à la modernité, Ellipses Poche, 2015, p. 220.
(13) Historiquement, la pensée stratégique britannique peut être qualifiée d’indirecte, de maritime et globale, se focalisant sur la préparation, la logistique afin de remporter la décision par le feu. La pensée stratégique française quant à elle est directe, continentale privilégiant l’Europe, se focalisant sur l’exécution afin de remporter la décision par le choc, Coutau-Bégarie Hervé, Bréviaire stratégique, Éditions du Rocher, 2016, p. 73-79.
(14) ACSC, équivalent de l’École de Guerre pour les forces armées britanniques.
(15) RCDS, équivalent de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) et du Centre des hautes études militaires (CHEM) au Royaume-Uni.
(16) Notamment depuis la publication du « Rapport Chilcot » (du nom du président de la commission d’enquête) suite à la guerre en Irak en 2003 : The Good Operation. A handbook for those involved in operational policy and its implementation, Ministry of Defense, 64 pages (https://assets.publishing.service.gov.uk/).
(17) Crouzet François, « L’Entente cordiale : réalités et mythes d’un siècle de relations franco-britanniques », Études anglaises, n° 57, 2004, p. 311-312.
(18) Ibid., p. 313.
(19) Vaïsse Maurice (dir.), La France et l’opération de Suez de 1956 (actes d’une table ronde), Centre d’études d’histoire de la Défense (ministère de la Défense), Addim, 1997, p. 329.
(20) Pannier Alice, Rivals in Arms, The Rise of UK-France Defence Relations in the Twenty-First Century, McGill-Queen’s University Press, 2020, p. 203.
(21) Williams Andrew, dans Durieux Benoît, Vilmer Jean-Baptiste Jeangène et Ramel Frédéric (dir.), Dictionnaire de la guerre et de la paix, PUF Quadrige, 2017, p. 1224.
(22) En comparaison, la France, « puissance d’équilibre », s’appuie sur une « indépendance de décision » et sur un « multilatéralisme fort, fondé sur le droit », Discours d’Emmanuel Macron à l’École de Guerre, 7 février 2020. La France croit dans les « droits universels de l’Homme ». Discours d’Emmanuel Macron au Parlement européen le 19 janvier 2022.
(23) Afin de rétablir un équilibre plus harmonieux entre Londres et les provinces, le Brexit ayant démontré de manière extrême les écarts de perception entre la capitale et le reste du Royaume-Uni.
(24) Alors qu’il était impossible pour certains pays du Commonwealth, notamment d’Afrique, de pénétrer le marché européen, des accords bilatéraux sont en cours de validation avec Londres.
(25) États-Unis, Royaume-Uni, Canada, Australie et Nouvelle-Zélande constituent notamment la communauté des « Five Eyes ».
(26) Déclaration conjointe du président de la République française Jacques Chirac et du Premier ministre britannique John Major, à Londres le 30 octobre 1995 (https://www.vie-publique.fr/), dans le cadre du 18e Sommet franco-britannique, Chequers, 29-30 octobre 1995.
(27) Appelée Combined Joint Expeditionary Force (CJEF) capable de déployer jusqu’à 10 000 combattants pour des missions de haute intensité, de maintien de la paix, d’intervention en cas de catastrophe naturelle et d’assistance humanitaire.
(28) L’Initiative européenne d’intervention (IEI), constitue un format original où les deux pays peuvent tenter de fédérer les réflexions stratégiques des autres européens – hors cadres Otan et UE.
(29) La question ukrainienne contraint les États-Unis à s’intéresser à l’Europe, mais la tendance au désengagement de ce théâtre est pérenne, les « intérêts vitaux » américains étant aujourd’hui dans la région Pacifique.
(30) Contrairement aux États-Unis qui sont désormais associés au projet lié au domaine Enabling, Joint (ENA) et lié à la Military Mobility (ENA1).
(31) Colonna Catherine, « Points de vue sur les relations de défense franco-britanniques », Revue Défense Nationale n° 834, novembre 2020, p. 11.
(32) Bloch Marc, L’Étrange défaite, Éditions Gallimard, 1990, p. 113.