L’importance de l’influence comme outil de politique internationale apparaît comme un fait majeur du XXIe siècle. Alors que toutes les puissances développent des stratégies d’influence assorties de moyens financiers considérables, il est nécessaire que la France structure ses ambitions dans ce domaine, en s’appuyant sur les outils dont elle dispose. Le champ militaire lui offre à la fois des leviers importants déjà existants, ainsi que des capacités de développement de modes d’action novateurs. Ils doivent toutefois s’articuler résolument dans une approche interministérielle pour décliner une vision stratégique nationale qui doit gagner en efficacité pour produire des effets et permettre à notre pays de demeurer une puissance d’ambition.
Quelle contribution militaire à la stratégie d’influence de la France ?
L’armée française doit perdre en visibilité, tout en espérant gagner en influence (1). » À travers ce sous-titre catégorique d’un article reprenant les propos du représentant permanent de la France auprès de l’ONU, qui venait d’expliquer qu’il fallait au Sahel que la France adapte son déploiement avec moins de soldats et plus de conseillers, l’importance de l’influence comme outil de politique internationale apparaît comme un fait majeur du XXIe siècle.
L’influence : de quoi s’agit-il ?
Ne pouvant se réduire à des manœuvres de séduction plus ou moins mensongère ou à des politiques de manipulation cachée, l’influence est un concept complexe que chacun peut percevoir dans un sens différent. Il convient toutefois de lui donner une définition précise. Ne se réduisant ni au lobbying ni à la propagande, notions auxquelles elle est fréquemment associée, l’influence est un moyen qu’un État construit par l’emploi simultané et conjugué de plusieurs outils régaliens (diplomatique, militaire, économique, culturel…), afin de créer des alliances ou des communautés d’intérêts qui porteront d’autres États à agir d’une façon qui ne sera pas opposée à ses intérêts, voire d’une façon qui lui serait favorable…
Dans un ouvrage de référence, le politologue Frédéric Charillon donne de l’influence une définition précise : « un acteur A fait faire par un acteur B ce qu’il n’aurait pas fait autrement, et ce sans recourir à la contrainte (2) ». Il s’agit donc d’une forme d’annihilation du libre arbitre de chaque État, par les effets d’une patiente et savante combinaison d’effets de toute nature visant à imposer à la cible d’agir d’une façon qui ne réponde pas forcément à ses uniques intérêts. Mais contrairement à la définition précitée, le principe d’une contrainte peut être envisagé dans le cadre d’une stratégie d’influence : la seule existence de la force et d’une capacité de violence fait peser la menace de son utilisation – « Quand les types de 130 kg disent certaines choses, ceux de 60 kg les écoutent » fait dire Michel Audiard à Jean-Paul Belmondo dans le film 100 000 dollars au soleil en 1964. Ainsi, des messages intelligemment transmis, des démonstrations de puissance finement orchestrées, de l’assistance militaire ou financière d’un État pour un autre, qui peuvent s’intensifier, se développer, se maintenir ou cesser, constituent une forme de contrainte dissuasive qui contribue fortement à l’influence. S’il ne s’agit pas d’une contrainte formulée, on peut considérer que la crainte de la contrainte permet d’influencer l’interlocuteur qui la ressent.
Nous retiendrons ainsi que l’influence est un moyen par lequel un État fait valoir la puissance combinée de ses capacités dans tous les champs pour obtenir de ses partenaires ou compétiteurs des choix, des positionnements ou des actions qui lui soient favorables, éventuellement par la menace de la contrainte.
De tout temps l’influence aura marqué les rapports humains, et donc les relations d’États, qui n’ont – comme le soulignait Lord Palmerston, ni amis ni ennemis éternels, mais uniquement des intérêts perpétuels (3). Mais pour la première fois dans l’histoire des relations internationales, on assiste depuis la fin du XXe siècle et l’émergence d’Internet et des moyens de l’informatique qui permettent d’agir directement sur les perceptions des individus, à la mise en œuvre de politiques visant à convaincre, véritables stratégies d’influence orchestrées dans des buts précis. Par exemple, obtenir la dénonciation d’un contrat d’achat de sous-marins au profit d’un autre fournisseur (4) ou bien l’abstention voire un vote favorable sur une résolution qui dérange à l’Assemblée générale de l’ONU (5) : cela s’est encore vérifié lorsque le 2 mars 2022 une résolution condamnant la guerre menée en Ukraine par la Russie a été adoptée – quatre États ont soutenu Moscou et trente-cinq se sont abstenus sur les 193 membres que compte l’organisation internationale…
Influencer : une nécessité
Influencer n’est donc pas une option aujourd’hui. Pour un pays qui veut peser dans le concert des Nations, grande puissance ou non, simplement pour défendre ses intérêts et porter les orientations de sa politique dans son environnement proche, il est indispensable de développer une vision stratégique et des messages, puis de les décliner dans chaque champ de l’action publique, en les faisant idéalement tous concourir à l’atteinte d’un « état final recherché », notion chère aux planificateurs militaires. L’exemple de la Chine est très éclairant ; son cap stratégique national est simple et affiché : l’empire du Milieu se fixe d’être la première puissance mondiale en 2049. Tout le programme des « nouvelles routes de la Soie » (6) y concourt dans les champs politique, diplomatique, culturel et économique, ainsi que le développement des capacités militaires et les choix stratégiques. Servie par des ressources financières colossales, cette politique globale décline avec finesse tout le panel des actions possibles dans les champs de la séduction, de la générosité calculée, des investissements de long terme, de la coopération et… l’ombre menaçante d’une puissance militaire de plus en plus titanesque, dont l’existence seule fait peser une forme de contrainte sur quiconque ne prendrait pas au sérieux les demandes du régime. Maniées habilement par des diplomates qui s’assument en « loups guerriers » (7) au ton alternativement suave ou belliqueux, ces notions illustrent parfaitement ce que peut être une stratégie coordonnée d’influence aujourd’hui.
La France se doit donc de développer une stratégie d’influence propre. Dans une société de l’image, qui est passée de la communication permanente (mode qui exige des échanges entre un émetteur et un ou plusieurs récepteurs), à un modèle de l’expression dominante (il s’agit de publier sans s’adresser à un destinataire particulier, pour saturer l’espace informationnel en espérant simplement toucher et peut-être convaincre le plus grand nombre). Cela permet de commencer des débats en posant des fondements à partir desquels les positions évolueront), tout n’est qu’affaire de perceptions : si mon voisin croit que je suis fort, ou en tout cas plus fort que lui ; s’il croit qu’il obtiendra de moi un bénéfice ou une aide quelconque, alors il sera porté à servir mes intérêts. Au moins, il les étudiera pour considérer s’ils rejoignent les siens. Ainsi, la France pourra réduire les oppositions à ses initiatives, fédérer autour de ses entreprises, entreprendre des actions collectives – donc plus puissantes, dans l’objectif de porter ses intérêts.
Toutefois pour avoir du sens, et surtout de l’efficacité, une telle stratégie d’influence ne peut être que globale. Elle est la déclinaison naturelle de la « grande stratégie » (8) nécessaire à la détermination de ce que nous voulons être en tant que nation, au plus loin de l’anticipation possible (2050 paraît un horizon raisonnable). Elle s’articule donc autour de tous les domaines de responsabilité de l’État, avec autant d’interlocuteurs qui ont le devoir d’aligner les actions de leurs périmètres respectifs, à la fois entre eux et dans le sens du cap fixé par l’ambition stratégique nationale. Dans notre démocratie, cette ambition est déterminée à la tête de l’État, par son chef, et doit s’efforcer de dépasser les uniques horizons politiques en s’appuyant sur les remarquables outils dont la France a su se doter pour conduire son action, réunissant et fédérant des fonctionnaires particulièrement sélectionnés et formés : le Secrétariat général de la défense et la sécurité nationale (SGDSN), un réseau diplomatique étoffé, des structures de réflexion stratégique multiples dans tous les ministères, une intelligence collective performante structurée en une multitude d’établissements connectés dans le monde entier.
L’influence : un outil au service d’une stratégie
Aujourd’hui, la stratégie de la France est esquissée plutôt que dessinée, évoquée plutôt qu’écrite. Elle gagnerait sans doute à être plus clairement affirmée, mais on peut la décrire à grands traits : la France se veut toujours un acteur majeur dans le siècle, puissance d’équilibre (9) qui affirme et promeut sa singularité et la richesse de son modèle démocratique et libéral dans un monde multipolaire. Attachée au dialogue international et au multilatéralisme, elle réaffirme son attachement aux principes qui ont présidé à la mise en place des structures de gouvernance collective. Moteur de l’affirmation européenne, elle défend les droits de l’Homme et encourage leur diffusion.
Il revient à tous les responsables de l’action publique, aux ministres bien sûr, mais également aux hauts fonctionnaires en charge des structures de l’État, des établissements publics, des agences et des fondations, de la puissance publique et de la force militaire, de s’approprier cette ambition. Il leur appartient d’en distinguer les lignes de force et de contribuer à leur diffusion, afin de permettre à notre pays de s’appuyer sur les effets qu’elle produira pour fournir aux autorités politiques les moyens d’atteindre leurs objectifs stratégiques.
Une déclinaison militaire
Dans cette perspective, le champ militaire vient fournir des capacités certaines d’influence en appui des messages stratégiques (10).
Les armées doivent, en premier lieu, développer une approche globale, froide et de long terme, à vocation universelle pour poser les fondations de l’image qu’elles souhaitent diffuser dans un monde de compétition permanente. C’est ainsi qu’elles sauront, selon les mots du Chef d’état-major des armées, « Gagner la guerre avant la guerre (11) ». À nos amis, elles assureront la solidité de nos liens et la confiance qu’ils peuvent entretenir à notre endroit. À nos compétiteurs, elles souligneront tout l’intérêt qu’ils auraient à développer avec la France des relations de coopération et de partenariat. À nos adversaires, elles exprimeront la réalité de nos capacités à engager la force et la fermeté de notre détermination à lutter s’ils viennent contester nos intérêts. Afin d’éviter la guerre traduite physiquement par le fracas des armes sur le champ de bataille, celle qu’il faut gagner est bien la guerre de l’influence.
Parce que la France est une puissance majeure, nucléaire, et acteur militaire occidental de premier plan, ses armées doivent s’attacher, en second lieu, à porter le message de sa puissance : elles sont les garantes de son indépendance, de sa souveraineté, de la fiabilité de toute sa chaîne de mise en œuvre de la dissuasion nucléaire. Elles portent également son image de crédibilité, celle de sa force comme de son système de commandement qui lui permet de s’imposer en nation-cadre et d’intervenir en premier, éventuellement seule. Elle maîtrise l’intégralité du spectre des engagements militaires.
En s’appuyant sur des vecteurs de communication de portée stratégique, en informant nos alliés et nos compétiteurs sur le sérieux de leurs capacités, les armées françaises se dotent des moyens d’une politique de persuasion militaire combinant l’ombre menaçante de ses capacités nucléaires et conventionnelles qui s’épaulent pour construire le premier message : la France est un allié fiable et solide, engagé au combat et qui gagne. L’abondance et la vivacité de la pensée militaire française, la réactivité de son organisation, la cohérence de ses capacités lui permettent d’afficher une grande sérénité face aux menaces du siècle qui vient. Cette robustesse constitue le socle sur lequel se développera la contribution militaire à la stratégie d’influence de la France. Sans ces fondations, elle n’aura pas la même stabilité.
La production de cette perception n’est rien par elle-même. Mais la certitude de son existence permettra d’appuyer les messages politiques à destination de nos alliés, de nos compétiteurs, de nos adversaires éventuels. De surcroît elle contribuera, avec pédagogie, à l’édification de nos concitoyens qui, privés de toute expérience militaire personnelle, ont besoin qu’on leur explique la qualité de leur armée, de ses compétences, de son éthique. Ils doivent avoir confiance en elle. Cette démarche de communication institutionnelle, qui n’est pas de l’influence mais un exercice majeur de démocratie, doit se faire en vérité et donnera corps à la réalité d’un lien solide entre la nation et son armée. Celui-ci est, par ailleurs, indispensable à la construction de la résilience du pays (12). Convaincus de la qualité de leurs armées, les Français seront ainsi autant de vecteurs d’influence dans un monde globalisé où chacun peut s’exprimer sur des réseaux interconnectés et potentiellement mondialisés.
Un des atouts majeurs dont disposent nos armées en matière d’influence internationale réside dans la qualité de leur corpus doctrinal, de la réflexion militaire et de la grande performance de leurs systèmes éducatifs. Ces facteurs, bien qu’imparfaitement exploités et confrontés à des difficultés structurelles, offrent à la France une capacité à toucher les élites militaires étrangères, et donc à façonner leurs modes de pensée. Les écoles de formation initiale ou de spécialité, mais également les formations de cursus développées au cours de la vie professionnelle des cadres des armées sont reconnues pour la qualité de l’enseignement dispensé. À tel point que nos compétiteurs cherchent à reproduire ce modèle, et le vice-amiral d’escadre Didier Maleterre, chargé de la rédaction d’un rapport pour le ministre des Armées sur l’offre française de formation au profit des cadres militaires étrangers souligne que la Chine s’inspire des programmes français pour développer une offre de formation militaire à destination de pays africains principalement, dans la langue de Molière à Pékin (13) ! Cet investissement de long terme, « les résultats étant souvent perceptibles 10 ans à 20 ans plus tard lorsque les officiers étrangers exercent de hautes responsabilités au sein de leurs armées (14) », constitue un extraordinaire avantage qu’il faut absolument préserver et développer autant que possible. S’il ne suffit pas à garantir l’adhésion des autorités concernées, comme on a pu l’observer dans des États africains d’un ancien « pré carré » de l’influence française (15), il permet la constitution d’un réseau d’amitiés et donc de possibilités de transmettre des messages.
Cette offre de formation auprès de nos alliés et partenaires contribue à la fois à la diffusion de méthodes de réflexion inspirées par l’école française, permet la création et le développement de liens forts d’amitié interpersonnels, et contribue également au soutien aux exportations des matériels produits par les industries de défense françaises. Elle pourrait aisément être valorisée à peu de frais par le biais d’une réorganisation de sa gouvernance, par une rationalisation de son offre en ciblant davantage les États d’intérêt (selon une double analyse structurelle et conjoncturelle), et en particulier en améliorant radicalement le suivi des stagiaires étrangers pendant leur scolarité (système de parrainage à mettre en place sur le modèle anglo-saxon), et surtout à l’issue de celle-ci : aujourd’hui, malgré l’existence d’un outil numérique dédié à cette fin, parce qu’il est inégalement renseigné, mal suivi et peu ou mal exploité, les armées françaises sont incapables de cartographier avec précision le réseau des anciens auditeurs étrangers formés dans leurs écoles ! Il semblerait pourtant facile et peu coûteux de fournir les ressources nécessaires à l’entretien d’un lien avec les anciens stagiaires alliés, par le biais d’une cellule dédiée au sein de la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS) du ministère des Armées, appuyée sur quelques publications institutionnelles à transmettre. Le système des parrainages de ces élèves internationaux par des binômes français pourrait également être mieux développé en exigeant davantage de la part des parrains. L’association Frères d’armes (16) pourrait jouer un rôle majeur dans l’animation de ce réseau, à condition de disposer d’un budget adéquat… On peut aisément imaginer des rencontres régulières des alumni de l’enseignement militaire français, à l’initiative des missions de défense dans les pays de résidence des intéressés, en particulier à l’occasion de visites d’autorités militaires françaises. Lors de ces temps forts, des remises de décorations pourraient être organisées, à condition de revoir et assouplir les règles d’attribution des médailles : aujourd’hui très restrictives, celles-ci ne permettent pas de décerner ce type de récompense aisément, alors que l’impact d’une telle marque de considération crée un véritable lien entre le récipiendaire et l’institution qui lui manifeste ainsi un témoignage de reconnaissance et d’intégration au sein d’une communauté. Particulièrement pour les militaires qui portent au quotidien leurs médailles sur la poitrine, une telle démarche est un symbole fort, dont il semble important de faciliter la mise en œuvre.
La formation ne se délivre pas exclusivement sur le seul territoire fran-çais. Dans les structures de nos alliés, sur leur territoire, au sein d’écoles nationales éventuellement à vocation régionale, la Direction de la coopération de sécurité et de défense (DCSD) (17) concourt à la diffusion de l’influence militaire française. Les 311 coopérants militaires (18) d’aujourd’hui sont autant de porte-voix et de vecteurs potentiels pour délivrer des messages, expliquer les positions aux autorités qu’ils rencontrent ou auprès desquelles ils sont affectés comme conseillers. Ce dispositif particulièrement riche mériterait d’être valorisé en confiant à ses acteurs une mission supplémentaire de suivi et d’animation des réseaux locaux des anciens bénéficiaires de formations françaises. Relais des missions de défense, quotidiennement au contact des forces locales ou des hauts responsables militaires, ces cadres représentent un volume important de capteurs et d’intermédiaires discrets des messages de la France. Les réductions successives de notre dispositif de coopération depuis les années 2000 ont conduit à un affaiblissement significatif de nos capacités d’évaluation, de compréhension et d’anticipation des évolutions et des menaces, essentiellement en Afrique (19). L’entretien d’un tel réseau est extrêmement coûteux, mais la plus-value de son existence est sans commune mesure, car non seulement il permet l’existence d’une capacité d’influence permanente et très réactive, mais également il assure à nos armées le maintien d’un vivier de cadres expérimentés connaisseurs de zones géographiques sensibles, potentiels foyers de crises.
L’influence par la modélisation des perceptions
Les guerres d’influence trouvent leur application dans le champ des perceptions. Reprenant la volonté du général Sir Gerald Templer (20) lorsqu’il était engagé en Malaisie en 1853, il s’agit de « gagner les cœurs et les esprits ». Si les cœurs sont aujourd’hui plus délicats à atteindre dans une compétition permanente, c’est notamment par le biais des idées que les esprits se conquièrent, au moins pour les plus aiguisés. Le champ de la réflexion stratégique doit être occupé par les penseurs français, qui ont fourni au cours des siècles nombre de références civiles et militaires. À la suite de prestigieux prédécesseurs tels l’amiral Castex (21), les généraux Ailleret (22), Beaufre (23) et Poirier (24), le professeur Coutau-Bégarie (25) ou Raymond Aron (26), les armées doivent encourager et accompagner les initiatives en matière de recherche stratégique. Cet effort se traduit par l’alimentation des think tanks nationaux en matière utile à la poursuite de leurs travaux. La plus grande proximité doit être recherchée entre leurs membres et ceux des armées, directions et services qui doivent les accueillir et leur donner accès à tout ce qui leur sera nécessaire à la compréhension fine des qualités, des faiblesses, des capacités militaires dont la France dispose, mais également de l’état d’esprit qui les anime et de leurs cultures respectives. Partant du principe qu’on ne parle bien que de ce qu’on connaît bien, il faut favoriser l’ouverture du monde militaire aux chercheurs civils, et faciliter la diffusion dans les publications civiles des meilleurs travaux réalisés par les officiers (de l’École de Guerre tout particulièrement). Une piste intéressante à explorer serait, à l’image de ce qu’ont mis en place les Britanniques au travers du lien développé par l’armée de terre (Bristish Army) avec le Royal College of London, d’encourager une filière permettant de développer des parcours de doctorants parmi les officiers. Ainsi titulaires d’un diplôme de référence au sein de l’université, ceux-ci pourraient porter une parole reconnue dans les cercles intellectuels, y compris à l’étranger.
Cet effort en direction des mondes académique et universitaire sera utilement complété par un soutien à la diffusion de la pensée stratégique française dans les enceintes internationales. Les forums au sein desquels peuvent être délivrées la parole institutionnelle et celle, plus libre, des think tanks, permettent d’influencer par le biais de messages échangés au sein d’une assistance composée de représentants politiques, diplomatiques, militaires, mais également de représentants de la société civile, d’organisations internationales ou non-gouvernementales. Il s’agit, comme le souligne Frédéric Charillon d’être « là où se forge le politiquement correct (27) ! » Il est nécessaire de peser sur la normalisation de la pensée collective, de contribuer à définir les principaux concepts qui s’imposeront en références. Ainsi, les réflexions d’une certaine « école française » pourront être intégrées dans le débat public.
Le Forum de Dakar (28), qui était une référence en la matière, a perdu de son audience et de sa capacité de rayonnement, au profit d’initiatives comparables conduites par nos principaux compétiteurs asiatiques, américains ou européens. C’est le modèle anglo-saxon (29) qui domine actuellement. Il irrigue les champs de la réflexion, même si les enceintes asiatiques (30) se développent et cherchent, « en douceur » à imposer leurs idées : le Forum sur la coopération sino-africaine (ou FOCAC : Forum On China-Africa Cooperation) s’est tenu en 2021 au Sénégal, où la France organise traditionnellement depuis 2013 son propre Forum sur la paix et la sécurité en Afrique. L’initiative chinoise a connu un très grand succès. Lancée en 2000 à Pékin, elle s’est développée de façon très dynamique et son site Internet souligne : « avec l’élargissement et l’approfondissement de la coopération sino-africaine, ont été mis sur pied des sous-forums, tels que le Forum populaire Chine-Afrique, le Forum des jeunes dirigeants Chine-Afrique, le Symposium ministériel sino-africain sur la coopération et le développement de la santé, le Forum sur la coopération entre les médias sino-africains, la Conférence sino-africaine sur la réduction de la pauvreté et le développement, le Forum juridique du FCSA, le Forum sur la coopération entre les autorités locales sino-africaines, le Forum des think tanks sino-africains, etc. (31). » En agissant ainsi, les autorités chinoises parviennent à vulgariser la réflexion sur les relations sino-africaines et à modeler la perception que les populations développeront progressivement de leur pays. Elles parviennent également à identifier les personnalités d’avenir parmi les jeunes étudiants, auxquelles sont proposées des sessions de formation-séduction aux conditions très avantageuses dans les grandes villes chinoises. La France ne saura pas concurrencer la dimension financière qui sous-tend l’influence chinoise, ni son détachement à l’égard des critères de gouvernance auxquels nous sommes attachés. C’est pourquoi il est important de consolider nos positions sur les champs dans lesquels nous demeurons concurrentiels ! La sphère intellectuelle en est un, il faut l’investir.
Il est important pour le ministère des Armées de redynamiser sa présence dans le champ intellectuel. L’initiative du « Pacte Enseignement supérieur–ministère des Armées » (32) de 2015, qui fournit une audience intéressante auprès des étudiants et notamment de nombreux étrangers, doit désormais monter en puissance et véritablement produire des effets sous peine de ne rester qu’une graine semée sans être arrosée… Pour cela il est indispensable d’associer davantage les armées à son développement, en imaginant des actions concrètes, dans la continuité des annonces récentes de Mme Florence Parly : « le ministère des Armées, a (…) engagé une vigoureuse réforme de son dispositif de soutien à la recherche stratégique afin d’assumer pleinement son rôle, en tant que premier acteur du champ des questions de défense (33). » Il paraît urgent de poursuivre les efforts entrepris et de développer encore le champ de la réflexion stratégique en France, pour corriger le déficit chronique dont elle souffre avec trop peu de think tanks de niveau suffisant et un manque de vision globale pour piloter leur action. Cette situation, décrite par Pascal Boniface dans la Revue Défense Nationale en 2015 (34), mérite un souffle nouveau. Cependant, c’est un souffle coûteux qu’il faut savoir consentir. Il serait illusoire d’espérer gagner en influence « à moyens constants » : c’est une stratégie de puissance, et la puissance coûte cher !
L’influence militaire : une gouvernance à consolider
La DGRIS est en charge du développement de la pensée stratégique au profit du ministère des Armées (35). Elle contribue également à la mise en cohérence des positions et des discours en interministériel, en maintenant un dialogue permanent avec les directions partenaires du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, le Secrétariat général des affaires européennes (SGAE), le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) et les organisations internationales (UE, Otan, ONU…). Elle anime le réseau des représentants français de haut niveau dans ces structures. Avec eux, elle identifie les postes d’influence pour lesquels il serait profitable que la France présente des candidatures crédibles et utiles. Tous les acteurs institutionnels évoqués précédemment préparent en commun la conquête de ces postes, afin de favoriser l’influence de la France et une « approche française » des affaires traitées dans ces enceintes.
Même si certains analystes considèrent que le déclassement de la France est une idée fausse (36), force est de constater que notre influence dans les organisations internationales décroît (37), alors même que le discours officiel ne cesse de réaffirmer l’importance qu’accorde notre pays au multilatéralisme. Pour le sénateur Vincent Delaye, auteur avec Rémi Féraud d’un rapport d’information de la Commission des finances du Sénat présenté le 26 janvier 2022 (38), « La France se disperse beaucoup trop. Il n’existe aucune vision stratégique et la France, comme les autres pays occidentaux, perd de son influence dans les grandes organisations internationales (39) ». Il est donc d’une importance capitale de poursuivre cet effort de conquête des postes de direction ou de haute responsabilité transverse. Et du fait de leur formation pluri-disciplinaire, de la richesse de leur expérience et de l’ouverture d’esprit qu’ils ont développée dans les opérations, la légitimité des officiers français à occuper de telles responsabilités est indiscutable… à condition qu’ils parlent anglais ! Mais également en encourageant une stratégie interministérielle de conquête de ces postes, en intégrant la population militaire, éventuellement dans l’optique d’un retour à la vie civile, dans le vivier des candidats disponibles. La presse française (40) s’est fait l’écho de cette situation et déplore la suppression depuis trois ans du document de politique transversale qui détaillait l’emploi des contributions versées par tous les ministères aux organisations internationales, et recommande « une plus grande lisibilité et une plus grande transparence de la politique française trop sujette au bon vouloir présidentiel en la matière ».
En matière d’influence, la DGRIS fédère de très nombreuses initiatives (41). Le pragmatisme exige toutefois que des choix soient réalisés afin de valoriser l’efficience des options retenues. En effet, l’influence nécessite des moyens importants, et représente un coût qu’il faut parfois consentir aux dépens d’autres investissements. Il est donc nécessaire qu’un échelon de pilotage puisse hiérarchiser des priorités déclinées à partir des ambitions stratégiques nationales, en associant toutes les structures du ministère à leur définition. Cet outil de gouvernance recherchera également l’alignement des temporalités afin de parvenir à concentrer les efforts avec réactivité, en fonction des objectifs stratégiques : il faut savoir cesser des actions d’influence dès lors qu’elles ne servent plus nos intérêts selon les évolutions du contexte international. Comment expliquer, en effet, que l’Agence française de développement (AFD) poursuit le financement de programmes coûteux en Chine ou en Turquie (42) quand, dans le même temps, ces États s’affichent en compétiteurs sur de nombreux champs de la politique étrangère française et développent eux-mêmes des stratégies d’influence à nos dépens ? Alors que les frégates chinoises sont capables de manœuvres d’intimidation (43) pour remettre en question la libre navigation de nos bâtiments militaires en mer de Chine méridionale, qu’un navire turc s’était autorisé en 2020 au large de la Libye l’illumination de la frégate française Courbet qui effectuait une mission de contrôle de l’embargo en Méditerranée, la réorientation rapide de nos projets officiels de développement devrait pouvoir être envisagée comme un signal stratégique. Il est indispensable de parvenir à aligner les actions de la France dans tous les champs de l’action publique.
Les opérations militaires produisent de l’influence et la politique d’influence appuie les opérations
S’il est indispensable pour notre pays de disposer d’une stratégie militaire d’influence qu’on pourrait qualifier de « froide » développée sur le long terme en appui du message stratégique national, la France a également besoin de développer une capacité d’influence militaire moins universelle, qui s’inscrit en appui de la conduite de ses opérations. En effet, pour faciliter l’acceptation de la force, pour permettre son déploiement, pour appuyer sa mise en place et favoriser son efficacité, la France doit être capable de mettre en œuvre une stratégie d’influence spécifique. Le cas de l’Afrique est intéressant : tout en contribuant à la posture stratégique globale par leur simple existence et la capacité d’action et de rayonnement qu’elles représentent, les forces françaises de présence sur ce continent concourent au succès des opérations, au Sahel en premier lieu depuis le déclenchement de l’opération Serval en 2013. Toutefois, leur action est complémentaire de celles des structures civiles, visant à produire un effet global dans la lutte contre le djihadisme terroriste et combattant. Au-delà de ces outils, le président de la République a fait le choix de désigner un ambassadeur (Sylvain Itté depuis décembre 2020) pour la diplomatie publique en Afrique. Sa mission, pilotée directement depuis le sommet de l’État, repose sur deux grands piliers (44) :
• Valorisation de l’action de la France en Afrique, en développant notamment le dialogue avec l’AFD pour mettre en avant les résultats positifs des initiatives portées en faveur du continent.
• Lutte contre le dénigrement de notre pays afin de discréditer un discours « anti-France » manipulé par certains de nos compétiteurs dans le cadre de leurs propres stratégies d’influence. En lien avec les différentes structures interministérielles concernées, il s’agit de développer une forme de « contre-influence » qui a vocation à rétablir la vérité, à expliquer, à justifier.
Les ambitions de l’ambassadeur sont multiples et s’articulent parfaitement avec les objectifs des opérations militaires. Il se heurte toutefois à la limite imposée par la faiblesse des moyens dédiés à son action, notamment financiers et humains notoirement insuffisants.
Les armées s’inscrivent pleinement dans cette démarche et contribuent dans leur périmètre à la diplomatie publique. Les capacités et la doctrine militaire de Lutte informatique d’influence (LII) (45) permettent ainsi la « manœuvre dans les champs informationnels », en combinant et complétant les moyens et doctrine de la Lutte informatique défensive (LID) (46) et offensive (LIO) (47). De surcroît, en matière de communication l’État-major des armées élabore sa ligne éditoriale et les objectifs à atteindre en matière de communication en développant une approche intégrée avec le MEAE et les services de l’ambassadeur Itté. La portée stratégique de chaque message est mesurée, et de manière réciproque, chaque intervention dans les médias s’inscrit dans la déclinaison des objectifs de communication stratégique (Stratcom) élaborés en coordination interministérielle (48).
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S’inscrivant parfaitement dans la fonction stratégique « Prévention », l’influence doit avant tout être considérée comme un moyen pour notre pays, au service de ses intérêts stratégiques. La France doit développer des leviers d’influence pour ensuite pouvoir les utiliser afin d’obtenir des gains et atteindre ses objectifs. Le Plan stratégique des armées 2021-2024 (49) décline la Vision stratégique du Céma (50) et précise par un néologisme très illustratif qu’il s’agit de « gagner la supériorité influencielle » dans le domaine militaire.
La définition de nos objectifs stratégiques est donc déterminante et constitue un préalable. La haute hiérarchie militaire, en s’appuyant sur la richesse de ses structures et de son organisation, ainsi que sur une expérience unique au sein de l’État et complémentaire de celle des autres grands corps qui le constituent, doit être mobilisée pour contribuer à ce travail. La détermination d’une grande stratégie nationale doit s’inscrire dans le temps long, s’exprimer simplement et dépasser l’horizon des lois de programmation militaire successives.
Pour peser dans un monde de compétition permanente, la stratégie française d’influence nécessite des moyens importants. Notre pays dispose de ressources comptées, et affronte des contraintes financières qui imposeront des choix difficiles. Dans le domaine militaire, ces efforts doivent être consentis principalement dans le domaine de la réflexion stratégique, du développement de nos structures de coopération de sécurité et de défense dans les pays d’intérêt majeur, et dans la constitution et l’entretien de réseaux d’influence au sein des armées partenaires. La diplomatie de défense permet « aux militaires de parler à des militaires (51) », entre personnes qui se connaissent et qui partagent des référentiels communs. C’est ainsi que les États-Unis ont su persuader les militaires égyptiens de ne pas faire ouvrir le feu sur la population civile qui manifestait pour obtenir le départ du président Moubarak en janvier 2011. La toile d’araignée que constitue le réseau des attachés de défense dans les ambassades du monde entier constitue un outil de synthèse des perceptions des évolutions du monde.
Influencer offre la possibilité de « gagner la guerre avant la guerre » comme le souligne le général d’armée Burkhard, « dès le stade de la compétition, état normal du monde… (52) ». Après ce stade de la compétition, lorsque des États se contestent ou s’affrontent, il n’est plus temps de construire des leviers d’influence, car on change de dialectique.
Les développements de la technologie et en particulier de l’intelligence artificielle, pour comprendre les évolutions du monde, alerter et identifier les tendances, doivent nous permettre d’élaborer une politique claire, sur le long terme, nécessairement interministérielle, pour préserver et renforcer le statut international de la France. De surcroît, et parce qu’il est probable que nos interventions militaires ne se feront plus qu’en coalition, il faut développer nos partenariats militaires, notre interopérabilité et notre capacité à encadrer, mais surtout à fédérer des actions multiples, sans forcément s’imposer en leaders. La question des alliances sera la clé des affrontements de demain.
Nos actions doivent se développer en coordination permanente avec le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, en particulier au niveau local avec les ambassades et les structures de l’action de la France sur les territoires (agences, centres culturels, instituts français de recherche, partenaires privés…), ainsi qu’avec les partenaires locaux : militaires bien sûr, mais également journalistes, chercheurs, penseurs… Notre influence locale sera davantage le fruit d’articles pédagogiques réguliers dans des journaux locaux que d’éditoriaux brillants dans les grands quotidiens parisiens !
À l’heure où tous les départements ministériels et toutes les grandes entreprises disposent d’une direction ou d’une division de la stratégie, et pour s’adapter au monde qui vient, il paraît nécessaire de revoir en France l’organisation et le pilotage de notre capacité à produire de l’influence pour servir nos objectifs stratégiques. Il faut recentrer cette fonction autour d’un projet clair, décliné ensuite pour chaque sujet, à partir des décisions arrêtées en Conseil de défense et de sécurité nationale. Chaque département ministériel doit y concourir et le ministère des Armées, fort de ses multiples atouts en matière de réflexion stratégique et de sociologie des organisations, peut y contribuer de façon utile. C’est sans doute au SGDSN que devrait revenir le pilotage de la stratégie d’influence nationale, afin de garantir au Premier ministre la responsabilité de l’unité du message national.
La prise en compte du continuum « compétition-contestation-affrontement » impose une nouvelle répartition des responsabilités. Là où les diplomates pensaient la stratégie d’un temps de paix avant qu’il se transforme en crise puis plonge dans la guerre – affaire des militaires –, il est nécessaire désormais de comprendre que la victoire pourra être remportée avant la bataille par la mise en cohérence de messages stratégiques d’influence, portés concomitamment par les mondes civils et militaires.
En 2023, les armées joueront un exercice majeur baptisé Orion (53). La conception de cette séquence sollicite dès aujourd’hui des contributions interministérielles, ce qui permet d’illustrer et préciser le besoin d’une approche globale, notamment en termes d’influence. C’est ainsi qu’on gagnera la guerre avant la guerre, sans nécessité de s’en remettre au sens propre au succès des armes de la France ! ♦
(1) Airault Pascal, « Le président Macron prépare la suite de ses grandes manœuvres sahéliennes », L’Opinion, 15 juin 2021.
(2) Charillon Frédéric, Guerres d’influence – Les États à la conquête des esprits, Odile Jacob, 2022, p. 25.
(3) « We have no eternal allies, and we have no perpetual enemies. Our interests are eternal and perpetual, and those interests it is our duty to follow. » Henry John Temple, Lord Palmerston, « Speech to the House of Commons », 1er mars 1848 (https://api.parliament.uk/historic-hansard/commons/1848/mar/01/treaty-of-adrianople-charges-against).
(4) Péron-Doise Marianne, « AUKUS : la France, grande perdante du duel américano-chinois », The Conversation, 1er octobre 2021 (https://theconversation.com/aukus-la-france-grande-perdante-du-duel-americano-chinois-168786).
(5) Tinguy (de) Anne, « Les Nations unies, un multiplicateur d’influence pour la Russie », Revue Défense Nationale, n° 802, Été 2017.
(6) Rouiaï Nashidil, « La Chine à la conquête de la nouvelle route de la Soie », Carto, n° 44, 3 novembre 2017 (https://www.pressreader.com/france/carto/20171103/281711204921466).
(7) Julienne Marc et Hanck Sophie, « Diplomatie chinoise : de l’“esprit combattant” au “loup guerrier” », Politique étrangère, vol. 2021/1, printemps 2021, p. 103-118 (https://www.cairn.info/).
(8) Briens Martin et Gomart Thomas, « Comment préparer 2050 ? De la “prévoyance” à la “grande stratégie” », Politique étrangère, n° 4/2021, Hiver 2021, p. 23-34.
(9) Macron Emmanuel, « Discours du président de la République sur la stratégie de défense et de dissuasion devant les stagiaires de la 27e promotion de l’École de Guerre », 7 février 2020 (https://www.elysee.fr/).
(10) « Au cœur du dispositif national de défense et de sécurité de nos citoyens, de notre territoire et de nos institutions, les armées contribuent à la stratégie de puissance d’équilibre de la France ». Général Burkhard Thierry, Vision stratégique du Chef d’état-major des armées, octobre 2021, p. 2 (https://www.defense.gouv.fr/).
(11) Ibidem.
(12) Gassilloud Thomas, Rapport d’information réalisé par la mission parlementaire sur la résilience nationale, Assemblée nationale, 23 février 2022 (https://www.assemblee-nationale.fr/).
(13) Rapport intermédiaire n° 190/ARM/CAB/C2B du 27 janvier 2022 [Accès restreint].
(14) Ibidem.
(15) Ainsi au Mali suite aux deux coups d’État d’août 2020 et mai 2021 qui ont entraîné la mise en place d’un régime hostile à l’engagement de la France au Sahel.
(16) L’Association française Frères d’Armes a été créée en 1984 par les ministères de la Défense et de la Coopération. Elle est placée sous le haut patronage du président de la République.
(17) Entretien avec le DCSD, le général de corps d’armée Thierry Marchand, le 4 avril 2022.
(18) À mettre en perspective avec les milliers de coopérants de l’époque du Service national…
(19) Aucun coopérant français n’était placé aux côtés des colonels qui ont effectué un coup d’État au Mali en 2019.
(20) General Sir Gerald Templer (1888-1979), commandant civil et militaire pour la Malaisie, considérait que si la priorité va à la sécurité (protéger les populations), pour gagner les cœurs, un enchaînement rapide vers des réformes socio-économiques d’amélioration des conditions de vie contribue à gagner les esprits. Il y a donc bien pour obtenir de l’influence une notion de gain pour la cible.
(21) Amiral Raoul Castex (1878-1968), premier directeur de l’IHEDN et auteur notamment des Théories Stratégiques.
(22) Général d’armée Charles Ailleret (1907-1968), chef d’état-major des armées et stratège de la dissuasion nucléaire.
(23) Général d’armée André Beaufre (1902-1975) et son célèbre Introduction à la stratégie (1963).
(24) Général d’armée Lucien Poirier (1918-2013). Voir notamment Le Cahier de la RDN « Le Général Poirier, théoricien de la stratégie », 2013, 178 pages (https://fr.calameo.com/read/00055811529c6a31a6991).
(25) Professeur Hervé Coutau-Bégarie (1956-2012), auteur notamment d’un Traité de stratégie, 3e édition (2002).
(26) Raymond Aron (1905-1983). Voir notamment Dabila Antony et Meszaros Thomas, « Raymond Aron, un stratégiste nucléaire entre deux mondes », dans Meszaros Thomas (dir.), Repenser les stratégies nucléaires. Continuités et ruptures, Bruxelles, Peter Lang, 2019.
(27) Entretien avec l’auteur, le 1er avril 2022.
(28) Forum international de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique, organisé depuis 2013 à l’initiative de la France (https://dakarforum.org/).
(29) Chatham House à Londres, World Strategic Forum aux États-Unis…
(30) Forum Shangri-La organisé dans l’hôtel éponyme par l’IISS (International Institute for Strategic Studies), think-tank britannique associant tous les cercles de réflexion du Sud-Est asiatique (https://www.iiss.org/).
(31) Site Internet du FOCAC (http://www.focac.org/fra/ltjj_4/ltjz/).
(32) Ce dispositif vise à contribuer à régénérer le vivier de la recherche universitaire dans les domaines de la défense et de la sécurité. Il poursuit quatre objectifs : contribuer à la constitution d’une filière « études stratégiques » en France, aider les jeunes chercheurs et favoriser leur employabilité, développer une logique d’excellence, et contribuer au rayonnement de la pensée stratégique.
(33) Discours de la ministre des Armées lors de la remise des labels d’excellence le 13 février 2021.
(34) Boniface Pascal, « La réflexion stratégique en souffrance », RDN, n° 785, décembre 2015 (https://www.cairn.info/revue-defense-nationale-2015-10-page-27.htm).
(35) Entretien de l’auteur avec Luc de Rancourt, directeur général adjoint des relations internationales et de la stratégie du ministère des Armées, le 22 mars 2022.
(36) Duclos Michel, « Le déclassement de la France est une idée fausse », Le Rubicon, 24 février 2022 (https://lerubicon.org/publication/le-declassement-de-la-france-est-une-idee-fausse/).
(37) Parmi les 215 agences de l’ONU, la France n’en préside plus qu’une seule (l’UNESCO avec Mme Audrey Azoulay).
(38) Commission des finances, Les contributions de la France au financement des organisations internationales (Rapport d’information n° 392) Sénat, 26 janvier 2022 (http://www.senat.fr/rap/r21-392/r21-3921.pdf).
(39) Hiault Richard, « Une France moins influente sur la scène internationale », Les Échos, 1er février 2022.
(40) Ibidem.
(41) Entretien de l’auteur avec Luc de Rancourt, op. cit.
(42) Selon l’AFD depuis 2004, 2,1 milliards d’euros prêtés en Chine (https://www.afd.fr/fr/) et 3,8 Md € investis en Turquie (https://www.afd.fr/).
(43) Lagneau Laurent, « En mer de Chine, les navires français font régulièrement l’objet d’actes d’intimidation, selon l’amiral Vandier », Zone Militaire-Opex 360.com, 13 mars 2022 (http://www.opex360.com/).
(44) Entretien de l’auteur avec l’ambassadeur Sylvain Itté, le 10 mars 2022.
(45) Dont les éléments publics ont été présentés conjointement par la ministre des Armées (https://www.vie-publique.fr/) et le Céma le 20 octobre 2021.
(46) Cabinet de la ministre des Armées, « Instruction ministérielle relative à la politique de lutte informatique défensive n° 101000/ARM/CAB », 24 décembre 2018 (https://www.legifrance.gouv.fr/circulaire/id/44356).
(47) Doctrine militaire de lutte informatique offensive élaborée par le ComCyber et dont les éléments publics ont été diffusés en janvier 2019 (www.defense.gouv.fr/).
(48) Entretien de l’auteur avec le porte-parole du Céma, chef de la cellule communication de l’EMA, le 25 mars 2022.
(49) Diffusé en mars 2022, ce plan décline la vision stratégique du Céma, oriente les travaux des différents états-majors pour définir précisément les processus nécessaires afin d’atteindre les objectifs fixés par le CEMA.
(50) Burkhard Thierry, op. cit.
(51) Entretien de l’auteur avec Frédéric Charillon, le 1er avril 2022.
(52) Burkhard Thierry, op. cit., p. 2.
(53) Exercice interarmées majeur souhaité par le Céma, Orion devrait voir l’engagement d’environ 10 000 soldats des armées, directions et services, dans tous les milieux, en vue de préparer un engagement de haute intensité sur un scénario mettant en œuvre les menaces identifiées par les analyses stratégiques.