Appréhender le futur, bâtir une stratégie pour faire en sorte que celui qui adviendra soit conforme aux desseins et aux intérêts de notre Nation exige plus que de la patience. On ne peut se contenter de déplorer la dictature de l’immédiateté, pas plus que de fustiger les visions de court terme. Le chef militaire doit cultiver sa capacité à anticiper et à saisir le « temps opportun ». Il ne peut y parvenir sans forger son caractère, sans entretenir sa culture historique, sans se fier à son intuition et sans se ménager le temps de l’intériorité.
Le chef et le temps : la « patience stratégique » en question
« […] Il laisse la Tortue
Aller son train de Sénateur.
Elle part, elle s’évertue ;
Elle se hâte avec lenteur.
Lui cependant méprise une telle victoire ;
Tient la gageure à peu de gloire ;
Croit qu’il y va de son honneur
De partir tard. Il broute, il se repose,
Il s’amuse à toute autre chose […] »
Jean de La Fontaine, Le lièvre et la tortue.
Jean de La Fontaine n’est certainement pas l’auteur le plus fréquemment cité dans les pages publiées par la Revue Défense Nationale. À l’heure où le conflit ukrainien et ses conséquences inciteraient peut-être davantage à « relire Clausewitz », inviter le fabuliste plutôt que le stratège dans le débat pourrait sembler provocant voire incongru, pour le plus indulgent des lecteurs. Cet extrait de la fable du Lièvre et de la tortue a néanmoins le mérite de poser de manière imagée deux termes essentiels des débats actuels sur la sécurité collective de l’Europe : le temps et la stratégie. Sa morale résonne, en outre, comme une invitation à la réflexion face aux défis géopolitiques présents. Comment nier, en effet, l’actualité d’un texte mettant en scène deux compétiteurs disposant du temps chacun à leur manière, l’un misant sur une élégante célérité, l’autre sur une constance sans charme. La conclusion sans équivoque du moraliste sonne, en l’occurrence, comme une mise en garde : la victoire, contrairement à ce que les apparences laissaient supposer ne revient pas nécessairement au plus véloce mais à qui a su « se hâter avec lenteur ».
Le temps et la manière dont on l’appréhende semblent, en effet être, les clefs majeures d’un conflit qui, au-delà des seuls combats confrontant la Russie à l’Ukraine, constitue une remise en cause majeure de l’ordre mondial tel qu’il est établi depuis 1945. Condamnés à commenter les événements faute de pouvoir en influencer le cours, des analystes de tous bords saturent l’espace médiatique de leurs conjectures. Les plus honnêtes d’entre eux ont toutefois renoncé aux pronostics et se refusent désormais à la moindre prédiction, tant la situation actuelle génère de surprises et invalide un à un les scénarios envisagés. Dans ce contexte, une unique certitude émerge : le conflit sera long. À l’instar de ce que décrit la fable, une véritable course d’endurance est engagée entre deux adversaires pour qui la « compétition » est devenue une lutte existentielle. Pour l’ensemble du monde occidental, une redoutable équation est posée. La principale inconnue en est le temps : combien de temps les pays occidentaux pourront-ils soutenir matériellement l’Ukraine ? Les États-Unis auront-ils la patience de rester impliqués dans la gestion d’un conflit en Europe plutôt que de se consacrer pleinement à leur pivot vers l’Indo-Pacifique ? La France n’échappe évidemment pas à la litanie des interrogations que suscite le conflit.
Ces tensions et les logiques de confrontation actuelles mettent inévitablement à l’épreuve l’ambition de la France de concevoir et de mettre en œuvre une « stratégie de temps long », celle-là même qu’appelle de ses vœux la Revue nationale stratégique (RNS) publiée en 2022 (1). La résilience, la capacité à « encaisser les chocs », était en effet déjà inscrite au cœur de notre stratégie dès le Livre blanc de 2013 (2). La succession de crises de ces vingt dernières années avait déjà amplement mis le concept à l’épreuve. La RNS en a donc très logiquement tiré les leçons : « identifié dès la Revue stratégique de défense et de sécurité nationale de 2017 puis dans l’Actualisation stratégique de 2021 comme une tendance de temps long, le renouveau du phénomène de compétition stratégique se décline aujourd’hui au niveau mondial comme régional, dans des configurations qui nous exposent plus visiblement et se généralisent (3). » De fait, que l’on considère la guerre en Ukraine comme un changement de paradigme ou comme un brutal retour du réel, force est de constater qu’elle impose d’envisager la compétition autrement.
Faisant écho à ce constat, la notion de « patience stratégique » a régulièrement été invoquée ces dernières années comme une vertu à cultiver. Le concept semble aller de soi et on ne songe guère spontanément à le remettre en cause. Il se révèle toutefois plus complexe à manier qu’il n’y paraît de prime abord. Premièrement, l’appréciation du temps n’a en réalité rien d’une évidence et recouvre une part importante de subjectivité. Saint Augustin le confessait lui-même : « Qu’est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais ; mais si on me le demande et que je veuille l’expliquer, je ne le sais plus (4). » Ce questionnement du théologien d’Hippone, d’apparence anodine, permet de mettre en lumière la difficulté fondamentale de notre rapport au temps. Cette dernière concerne les Nations comme les individus en général et, plus singulièrement encore, ceux qui portent la responsabilité de gouverner. Pour le chef militaire, elle se révèle cruciale. En particulier pour celui qui, du fait de ses responsabilités de commandeur, assumera de « continuer la politique par d’autres moyens » et donc d’inscrire son action dans le temps. À cet égard, la notion de « patience stratégique » interroge : pourquoi semble-t-elle être devenue si nécessaire et qu’implique-t-elle pour un chef militaire ?
Se saisir de cette problématique impose un triple questionnement. Préciser ce que recouvre la notion de patience stratégique et souligner ce que l’expression a de pertinent, de même que sa complexité, est un préalable indispensable pour sortir le terme du registre de l’incantation. Cette clarification sémantique permet, ensuite, d’identifier les obstacles à la « patience stratégique » et de souligner combien ces derniers sont, au-delà du contexte actuel, intrinsèquement liés à l’exercice du pouvoir au sein des démocraties d’opinion occidentales. Il s’agit, enfin, de proposer des pistes de réflexion, bien plus qu’une intangible solution, sur ce que cela impose pour le chef militaire. Soumis aux contingences et à la « discordance des temps » (5) politique et militaire. Il doit apprendre à composer avec des temporalités différentes. Pour le décideur en général et pour le chef militaire en particulier, cela implique, entre autres qualités, de se forger un « caractère » permettant de ne pas subir les événements. « Vaste programme » en vue duquel la relecture du Fil de l’épée du général de Gaulle semble d’actualité.
La patience seule ne fait pas une stratégie
Un nécessaire effort de définition
S’efforcer de bien nommer les choses est le préliminaire indispensable à toute réflexion. En effet, comme le souligne l’historien et stratégiste français François Géré dans son ouvrage L’homme, la politique et la guerre, « aujourd’hui, chacun utilise le mot stratégie pour désigner l’ensemble des actions visant à réaliser un objectif, indépendamment du contexte. On parlera de stratégie financière, de marketing, de publicité ; l’origine militaire du terme, se dilue dans la métaphore » (6). Le terme « stratégie » s’est effectivement progressivement éloigné de son sens étymologique (7) et de sa dimension strictement militaire. S’il permet à celui qui l’emploie de placer d’emblée son discours dans le registre des préoccupations d’importance, le terme n’en est pas moins galvaudé.
Il apparaît donc nécessaire de dissiper en premier lieu ce brouillard sémantique et de s’en tenir à la définition lapidaire de la stratégie qu’en donnait le général d’armée Georgelin : « L’art et la manière de réaliser les buts politiques fixés par l’État (8). » Cette définition appelle d’emblée trois commentaires. Elle a, tout d’abord, l’avantage de rappeler que la conception d’une stratégie d’ensemble – grande stratégie ou stratégie générale – est avant tout un acte politique. Elle ne précise pas, ensuite, à quelle échéance temporelle les buts politiques peuvent ou doivent être réalisés, indiquant par là même, la part d’incertitude inhérente à toute stratégie et ce qui, fondamentalement, la distingue d’un plan dont il suffirait de dérouler dans le temps les différentes séquences (9). Enfin, bien que cela ne soit pas explicitement mentionné, il est légitime de supposer que, pour son auteur, la déclinaison militaire de la stratégie en constitue, néanmoins, une facette essentielle car elle peut aboutir au paroxysme de la guerre. Elle constitue, à ce titre, le point d’application de la présente réflexion.
Pas de stratégie sans patience…
La RNS a, en l’occurrence, mis en avant les objectifs « de défendre les intérêts de la France sur le temps long ainsi que les valeurs universelles, l’application du droit international, le multilatéralisme et la préservation des biens communs » (10), rappelant ainsi que toute stratégie visait à rendre possible « un futur souhaitable » et exigeait nécessairement du temps pour produire ses effets. Comme Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense, l’a affirmé avec conviction au sujet de l’engagement français en Afghanistan : « nous devons agir en faisant preuve de “patience stratégique”. Cela veut dire trouver un juste milieu entre l’inertie naturelle des machines administratives (nationales et internationales) et l’impatience bien légitime des opinions publiques. “Patience stratégique” : en l’occurrence, l’adjectif importe autant que le substantif, car il s’agit bien d’établir une stratégie dans la durée, d’anticiper d’éventuelles réactions adverses ou des développements négatifs (11). » Le 11 juillet 2019, le général d’armée Lecointre, lors de son audition devant la Commission de la défense et des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, lançait un appel similaire, concernant cette fois-ci l’engagement français au Sahel : « la complexité de la situation, l’aspect systémique de cette crise ainsi que son lien avec les enjeux démographiques ou environnementaux nous appellent à la patience stratégique. Il est nécessaire de regarder les choses avec lucidité et de maintenir notre effort avec constance. Je ne pense pas qu’il y ait d’autre solution (12). »
Si l’on se réfère à la définition commune de la patience, cette dernière désigne « l’aptitude à persévérer dans une activité, un travail de longue haleine, sans se décourager » (13). Elle exprime le rapport au temps entretenu dans la poursuite d’un objectif. Puisque la stratégie s’inscrit effectivement et nécessairement dans le temps long, plaider pour la patience stratégique semble relever du bon sens le plus élémentaire. Et pourtant, à rebours de ce que l’on pourrait penser spontanément, le général chinois du VIe siècle av. J.-C. Sun Tzu prend soin de préciser dans son Art de la guerre qu’il « n’existe pas d’exemple d’une nation qui aurait tiré profit d’une longue guerre » (14). Force est de constater également, certes avec une lucidité toute rétrospective, que les deux appels à plus de « patience stratégique » évoqués précédemment n’ont pas été entendus et que la stratégie a suivi d’autres voies. L’expression ne va donc pas de soi. S’interdire d’en interroger davantage la pertinence revient in fine à accepter qu’il ne s’agisse que d’un « mot-valise » sur lequel tout le monde s’entend sans s’assurer d’être d’accord sur ce qu’il contient. En effet, appeler de ses vœux à plus de patience stratégique, c’est déjà pressentir qu’elle est parfois hors d’atteinte ou qu’elle risque de faire défaut. La patience reste-t-elle, dans ces conditions, une vertu dont nous devrions cultiver les ressorts ou n’est-elle que le paravent masquant une absence de stratégie efficace, voire pire une absence de stratégie tout court ?
Pas de patience sans objectif…
Le détour par Le Robert permet de formuler un premier élément de réponse à cette problématique. Selon la définition proposée plus haut, la patience doit nécessairement s’accompagner d’un objectif clairement défini. Le défaut d’une stratégie patiente mais qui ne viserait rien d’autre que l’entretien d’un statu quo serait ainsi celui de la passivité. C’est en l’occurrence le reproche (15) qui fut adressé à la National Security Strategy (16) américaine de 2015, la dernière de l’Administration Obama. Dans ce document, qui fut – notons-le au passage – diffusé avec deux années de retard, l’Administration Obama plaidait pour une « patience stratégique » assimilée à une « prise de recul », là où ses détracteurs n’ont voulu voir qu’une hésitation coupable et un manque de détermination.
Une fois posé l’impératif de déployer la stratégie dans le « temps long » comme le fait la RNS, reste assurément à « organiser la patience » et à l’orienter vers un objectif aussi clairement défini que possible. De manière implicite, cela suppose que soient déterminés les effets à mesurer, leur place dans l’atteinte des objectifs fixés et les éléments permettant d’apprécier objectivement l’efficacité de la stratégie. Ce point de méthode pourrait sembler secondaire. Il est pourtant cardinal car il oblige à traduire, dans tous les domaines d’application de la stratégie, des objectifs généraux, parfois même vagues, en réalisations concrètes, toute stratégie ayant vocation à s’incarner dans l’espace et dans le temps. Sans détermination préalable d’un État final recherché (EFR) à une échéance donnée, la patience risque de se muer en attente passive. Cette étape, sans exclure que l’EFR évolue ou soit précisé en cours d’action, conditionne la détermination des moyens à mettre en œuvre. Pour être efficace, la patience est donc nécessairement active, orientée vers un objectif identifié, soutenue par une volonté constante, et armée des moyens qui permettent la persévérance.
Les démocraties occidentales à l’épreuve du temps long
Dictature de l’immédiateté et oubli de l’histoire
La « patience stratégique » peut donc être définie comme « la capacité à anticiper et consentir le temps nécessaire à ce que la stratégie produise ses effets ». En s’appuyant sur cette définition, il apparaît désormais nécessaire de s’interroger sur les facteurs d’impatience susceptibles de rendre chimérique le « temps long » nécessaire à l’efficacité de toute stratégie.
Il est en, premier lieu, tentant de considérer l’avènement d’un « monde rétréci », sous l’impulsion des nouvelles techniques de communication, comme le principal facteur d’impatience stratégique. Comme le constate le général (2S) Bruno Mignot dans son ouvrage consacré aux invariants stratégiques, « nous sommes aujourd’hui accaparés par le temps court, pour ne pas dire commandés, assujettis ou asservis, et oublions de penser à l’avenir, de fixer une route et de maintenir un cap » (17). L’accélération du tempo informationnel et médiatique a un impact sur la manière de gouverner, comme sur la capacité de tout un chacun à ne pas céder à la satisfaction de l’immédiateté, à privilégier la réflexion sur l’émotion. En concentrant l’attention des décideurs sur l’actualité et sur le court terme, ces évolutions sont susceptibles de générer une forme d’aveuglement. Ce dernier est forcément rédhibitoire dès lors qu’il est question de concevoir et de conduire une stratégie dans la durée.
Car la nature même des enjeux de puissance, et donc des confrontations stratégiques, ne peut être pleinement comprise qu’en se référant au temps long. Sur ce point, le cas d’étude du conflit ukrainien est éloquent. Sous l’effet de surprise de l’invasion russe et selon une lecture immédiate de l’affrontement, il est tentant de considérer que le monde a changé le 24 février 2022. Prendre un peu de recul vis-à-vis de l’actualité permet de rappeler que le conflit en cours était en germe dans l’invasion de la Crimée et la sécession « accompagnée » d’une partie du Donbass en 2014. Prendre encore davantage de recul conduit à se rappeler que la déflagration actuelle pouvait déjà être envisagée en 1991, au moment de la dislocation de l’Union soviétique et de la proclamation d’indépendance ukrainienne. Ce même recul permet aussi de rappeler que la domination des États satellites reste, à travers l’avatar communiste comme à travers celui de la « Mère Russie », une matrice essentielle de la pensée stratégique russe. La réflexion stratégique ne peut, à l’évidence, faire l’économie d’une certaine profondeur historique et cette dernière ne peut être acquise avec un regard rivé sur l’actualité.
Des démocraties d’opinion impatientes par nature
Certes, l’addiction à l’immédiat de nos sociétés démocratiques contemporaines n’encourage nullement la patience. Qu’il soit toutefois permis de n’y voir qu’une exacerbation de la nature intrinsèque des démocraties telle que l’avait perçue l’écrivain Alexis de Tocqueville dans De la démocratie en Amérique (1840). Ce dernier, parmi ses nombreuses intuitions quant à l’évolution des démocraties, avait en particulier souligné leur nature sujette à une forme « d’engourdissement des âmes » provoqué par « l’habitude et la passion du bien-être » (18), un souci de l’unique confort et des valeurs matérielles immédiates. Cette tendance profonde de la démocratie contribue directement, pour le meilleur, à la nature pacifique de nos sociétés. Tant que la société démocratique elle-même n’est pas directement menacée, elle peut également conduire, pour le pire, à une forme d’impatience rendant l’effort de long terme plus difficilement supportable. Pour les démocraties européennes, ce légitime désir de confort a entretenu l’illusion des « dividendes de la paix » au détriment d’un effort constant en matière de défense. Impatiente par nature, la démocratie d’opinion l’est du fait des gouvernés comme des gouvernants.
Pour le gouvernant, et, dans le cas particulier de la France, peut-être encore plus depuis que le temps démocratique s’est aligné sur un quinquennat, la rupture constitue, davantage que la continuité, un argument politique majeur. La « promesse du changement », qui, à certains égards, peut apparaître comme une figure imposée du discours électoral, s’est en particulier traduite dans le domaine des engagements et de la stratégie militaire. Comme le constate le général (2S) Didier Castres dans un entretien pour la chaîne Internet Thinkerview (19), nos derniers présidents de la République ont tous été confrontés à cet enjeu de continuité, décidant d’engagements dont ils savaient qu’ils ne pourraient vraisemblablement pas les mener à leur terme ou héritant d’engagements militaires qu’ils n’avaient pas décidés. La patience, le temps long ne sont de facto pas nécessairement perçus comme des enjeux stratégiques par le décideur politique soucieux d’entreprendre un changement, et vite.
Autocrates entêtés, démocraties fatiguées
De ce point de vue, la guerre en Ukraine en consacrant « le durcissement de la compétition stratégique » (20) a rendu particulièrement évident le fossé séparant démocraties et régimes autocratiques en matière de culture stratégique. Si la Chine comme la Russie représentent deux déclinaisons particulières et distinctes de ce type de régime, elles ont néanmoins en commun d’être largement insensibles aux préoccupations des démocraties – ne fût-ce que l’intérêt pour le confort de leurs populations – tels que les décrit Tocqueville. Cela se traduit, concernant ces deux États, par des projets stratégiques de nature impériale, enracinés dans la profondeur historique et orientés vers le temps long. Motivés par un esprit de revanche sur ce qui est considéré comme la parenthèse de la domination occidentale pour la Chine ou par la nostalgie de la grande Russie pour son président Vladimir Poutine, ces stratégies sont, précisément, entretenues par la certitude que l’histoire n’est pas « finie » (21). La Chine a clairement affiché son ambition de remporter un « marathon de cent ans » (22) : être la première puissance mondiale en 2049, pour le centième anniversaire du Parti communiste chinois (PCC) tandis que la Russie assure, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Sergeï Lavrov, qu’elle atteindra ses objectifs (23).
La patience et la persévérance apparaissent ainsi comme les leviers les plus efficaces des stratégies agressives de ces deux compétiteurs ayant, selon la formule consacrée, choisi « de disposer du temps plutôt que d’avoir une montre ». A contrario, il semble que la pensée stratégique occidentale contemporaine, sûrement plus singulièrement encore au sein de l’Union européenne, soit, quant à elle, encore durablement imprégnée du mythe de la « fin de l’Histoire » tel que l’avait professé le chercheur en sciences politiques américain Francis Fukuyama (24). Dans une certaine mesure, l’esprit de conquête qui sous-tend les stratégies chinoises et russes est un facteur de patience dont ne dispose pas le modèle démocratique occidental. Certes, le messianisme américain a pu constituer le moteur d’une volonté d’expansion du modèle démocratique, quitte à l’imposer par la force. Pour autant, au moins en Europe, l’enjeu semble avant tout, jusqu’à aujourd’hui, avoir été celui du maintien d’un système de valeurs et de prospérité.
De la « tacticisation » de la stratégie militaire
La crainte de ce qui pourrait être perçu au sein de l’opinion publique comme un « enlisement » et la sensibilité évidente de nos sociétés aux pertes humaines constituent des facteurs déterminants dans la tendance des démocraties occidentales à interrompre brutalement le volet militaire de leurs stratégies. Faute de vouloir y consentir un temps jugé trop long et un investissement estimé trop coûteux, il apparaît parfois préférable de renoncer plutôt que de poursuivre un objectif qui aura pourtant été défendu comme un enjeu crucial de sécurité quelques années auparavant. Cette inclination propre aux démocraties occidentales s’est traduite, à l’issue de la guerre froide et sur le plan de la stratégie militaire, par le développement de modèles d’armées expéditionnaires dont l’agilité devait permettre de mettre en œuvre le principe de « first in, first out ». Ce modèle s’accompagnait d’une promesse permettant de s’assurer le soutien d’opinions a priori réticentes : celui de conflits qui resteraient lointains et limités. L’histoire récente, du retrait anticipé d’Afghanistan à celui – contraint – du Mali, en a démontré les limites. Tous ces engagements ont finalement été longs : vingt années en Afghanistan, neuf au Mali soit autant que la guerre d’Indochine. Tous ont été considérés comme coûteux, en particulier en vies humaines, au regard du bénéfice engrangé. À titre d’illustration et par effet de contraste, la présence continue de détachements français au Liban depuis 1976 offre un exemple éloquent d’opération militaire de « faible intensité » et qui peut, de ce fait, être entretenu dans la durée. Les engagements militaires ne semblent donc désormais supportables dans la durée qu’à deux conditions : rester au plus bas niveau d’intensité possible ou constituer effectivement un enjeu existentiel.
Allant de pair avec le modèle expéditionnaire, la nature même des opérations menées a conduit, indépendamment de leur durée, à mettre davantage l’accent sur « la gestion de crise » et sur un modèle de « sécurité globale », plus que sur la stratégie et ses buts politiques à proprement parler. Ce phénomène, amplifié par les opérations menées contre des adversaires « asymétriques » ou « irréguliers », a été décrit par le Professeur en science politique Olivier Zajec comme une « tacticisation de la stratégie » (25). Il dénonce en particulier une évolution permettant à « un empilement de tactiques de se prendre pour des stratégies, renvoyant toujours à plus tard la question essentielle de l’objectif des projections extérieures dans le monde chaotique de l’après-guerre froide. » Nulle surprise, à la lumière de cette analyse, que les engagements afghan et malien soient ceux qui aient, en France, amené les décideurs politiques comme les chefs militaires à invoquer la patience stratégique. Nulle surprise non plus, que nos adversaires dans ces conflits en aient davantage fait preuve dans la mesure où ils disposaient, au moins dans le cas afghan, d’un objectif stratégique clair : en l’occurrence, chasser une force étrangère de leur territoire. En synthèse et dans ces conditions, la patience ne peut être érigée en vertu absolue. Elle ne peut être consentie qu’à la mesure des enjeux, enjeux sur lesquels la volonté politique et la force militaire doivent s’accorder.
Plus que sur la patience, « c’est sur les contingences qu’il faut construire l’action »
Concordance des temps politiques et militaires : un vœu pieux ?
Les défis posés par la situation géopolitique actuelle mettent en lumière les difficultés des démocraties, en particulier européennes, à inscrire leur stratégie dans le temps long. Ils invitent à trouver les leviers permettant de dépasser le stade du « vœu pieux ». Comment énoncer et entretenir dans le long terme une vision claire des fins politiques à atteindre ? Comment garantir dans le long terme la cohérence des voies et des moyens ? Le chef militaire, du fait de la relation singulière qu’il entretient avec le décideur politique, et par les responsabilités qui lui sont confiées dans la conception et la conduite du volet militaire de la stratégie est, en quelque sorte, dépositaire d’une partie du « capital de patience » de la Nation.
Considérant la relation politico-militaire, il est tentant d’opposer la figure de l’homme politique soumis à l’immédiat à celle du militaire forcément ancré dans le temps long, cette distinction rendant forcément le second plus sensible à l’idée de patience stratégique. L’homme politique et l’homme de guerre ont en effet une appréhension différente du temps, et comme le souligne le général (2S) Bentégeat : « les divergences entre ces deux catégories de responsables naissent […] d’horizons temporels différents. La définition et l’équipement d’une armée, compte tenu de la durée des programmes d’armement, exigent des engagements sur dix à quinze ans, alors que les mandats électoraux ne dépassent pas cinq ans (26). »
Divergence voire incompréhension pure et simple. Comme le soulignait déjà le général de Gaulle dans Le Fil de l’épée, « de cette dissemblance résulte quelque incompréhension, le soldat considère souvent le politique comme peu sûr, inconstant, friand de réclame. L’esprit militaire, nourri d’impératifs, s’étonne de tant de feintes auxquelles est contraint l’homme d’État. L’action guerrière, dans sa simplicité terrible, contraste avec les détours propres à l’art de gouverner (27). » Il serait ainsi possible de définir deux modèles quasiment irréconciliables avec d’une part, « des mobiles changeants de nature passionnelle et d’autre part une rationalité intemporelle ; la rationalité, et la passion : les mobiles (le fluctuant, le subjectif) et le calcul stratégique (l’intemporel, le constant) (28). » Ce serait toutefois oublier que si cette tension existe effectivement, elle n’en est pas moins incarnée, au sens premier du terme, par des individus (désignés pour les besoins de la présente réflexion par les termes génériques du « politique » et du « militaire »), assumant leurs responsabilités avec leur intelligence et leur sensibilité propres.
Admettre ce dernier point permet de sortir d’une opposition de principe qui n’apporte pas de solution en pratique. La relation politico-militaire ne peut se limiter à ces stéréotypes, quand bien même ils permettent de décrire des tendances très générales. En effet, « la qualité de la relation dépend de la capacité du chef militaire à s’inscrire, jusque dans le détail de son action, dans la vision politique, tout en protégeant le dirigeant politique de la tendance de la guerre à déborder de son lit ; elle dépend aussi de la capacité du dirigeant politique à veiller à la dimension militaire de son action sans priver le chef militaire de la marge d’initiative qui seule lui permettra de faire face à son adversaire. » (29) Appliquée à la problématique du temps et à la question de la patience stratégique, cette dimension de la relation politico-militaire prend toute son acuité.
C’est précisément parce que cette « discordance des temps » (30), comme la nomme le général Castres, est inhérente à la relation politico-militaire que le chef militaire doit en permanence s’efforcer de rapprocher, autant que faire se peut, ces deux temporalités. L’honnêteté oblige à reconnaître qu’une fois engagé dans une opération, l’appareil militaire n’est pas systématiquement le plus prompt à en indiquer la sortie, s’en remettant à la décision politique dans ce domaine. Davantage et fort naturellement focalisé sur la dimension opérationnelle de son action, il pourra se satisfaire de l’absence de directives politiques claires tant que l’action strictement militaire apparaît efficace. Comme le souligne, là encore, Olivier Zajec, « quand les conceptions opérationnelles, qui exigent un contexte politique ne s’en voient donner aucun, elles viennent d’elles-mêmes remplir le vide correspondant. » Ainsi, le militaire doit-il veiller à ne pas user inutilement du précieux temps qui lui est confié par le pouvoir politique.
Résister à l’impatience tout comme à la tentation de « faire durer », parfois inutilement, ne semble, en effet, possible sans la formulation d’objectifs politiques clairs. Pour le chef militaire, l’essentiel n’est finalement pas tant de « convertir » le politique à une forme de patience. Cela semble illusoire compte tenu des responsabilités de ce dernier vis-à-vis du peuple souverain qui l’a élu et de la pression politique qui en découle. Avisé des fins politiques, le chef militaire se doit en revanche, certes de solliciter les moyens permettant d’y parvenir, mais surtout, et peut être davantage, de proposer des voies médianes : celles du « temps opportun » où s’alignent objectif politique et effets militaires. Comme le souligne Charles de Gaulle, « Saisir les circonstances, s’y adapter, les exploiter, telle fut la base des conceptions de Napoléon. On chercherait en vain dans ses plans et dans ses ordres une théorie du procédé (31). »
« Relire de Gaulle » plutôt que les fables de La Fontaine
Le général de Gaulle, en particulier dans Le Fil de l’épée, a amplement souligné ce paradoxe du temps long car, selon lui, il n’est « point d’affaire qui dure sans une incessante rénovation ». Dans cet ouvrage, celui qui fut à la fois officier et homme d’État et, notons-le au passage, particulièrement inspiré par le grand « philosophe du temps » qu’est Henri Bergson (32), souligne quelles vertus lui semblent cardinales pour le chef et l’homme d’action. S’il n’y est point question de patience, le « facteur temps » y est en revanche omniprésent. La lecture de l’ouvrage n’offre, d’évidence, ni recette intangible ni solution définitive. Pour autant, relire Le Fil de l’épée (33) permet de considérer la notion de « patience stratégique » avec un regard différent, orienté vers l’action et la création de « l’événement », compris comme l’application d’une volonté dans un temps précis. Tout en restant conscient de la distance qui sépare leur énoncé de leur mise en pratique, qu’il soit ainsi permis de proposer une interprétation personnelle de ce que pourraient être quatre qualités essentielles du chef militaire pour appréhender son rapport au temps et aux objectifs que lui fixe la stratégie. In fine, elles lui permettent davantage de saisir « le temps opportun » et le rythme imposé par les contingences que d’être simplement patient.
• Le caractère, « vertu des temps difficiles », est ce qui permet de « vivifier l’entreprise », de ne pas subir les événements. Le caractère va de pair avec l’initiative et le goût des responsabilités. Sans caractère, difficile de considérer les problèmes à résoudre sous un angle différent et d’imposer des vues nouvelles. Difficile aussi de ne pas céder à la tentation du mensonge, fût-ce par omission. Le général Burkhard, actuel chef d’état-major des armées, l’a rappelé en soulignant « l’importance de notions que nous connaissons bien, pour y être confrontés dans l’exercice du commandement : la franchise, la loyauté et, à l’opposé, le mensonge » (34). L’enjeu est de taille car faire preuve de caractère, avec la part « d’indocilité » que cela suppose, exige aussi de le faire avec discernement, en distinguant en particulier ce qui relève du débat public de ce qui relève strictement du dialogue politico-militaire.
• La culture générale, « véritable école du commandement » (35). Qui réfuterait, en effet, le constat que sans cette culture générale, il est impossible d’acquérir la profondeur historique essentielle pour comprendre la complexité de nos engagements opérationnels ? Pour le chef militaire, cela suppose évidemment un effort permanent de lecture et d’analyse, permettant de mettre en perspective les événements et d’en saisir les causes profondes. Pour l’institution militaire dans son ensemble, cela constitue en outre une invitation à davantage favoriser le contact avec le monde universitaire et, en particulier, celui de la recherche stratégique. Sur ce point, l’initiative britannique de créer sous la direction de Rob Johnson, universitaire et ancien directeur de l’Oxford Changing Character of War Centre, une cellule (36) ayant vocation à questionner les choix stratégiques du ministère de la Défense (MoD) britannique constitue un exemple à prendre en compte.
• L’intuition, qualité que l’on aurait tôt fait d’assimiler plus prosaïquement à du « flair ». Le général de Gaulle, s’inspirant de Bergson, en offre néanmoins une définition plus élaborée en expliquant « comment, pour prendre avec les réalités un contact direct, il faut que l’esprit humain en acquière l’intuition en combinant l’instinct avec l’intelligence. » L’intelligence et la méthode qui la structure viennent ainsi consolider la perception instinctive de l’objectif à atteindre et valider, par un souci très concret de la mise en œuvre, les voies et moyens d’y parvenir. L’intuition réconcilie ainsi le domaine des idées et celui des réalités. Elle est, in fine, ce qui permet de ne pas être « hors sol », reproche si souvent adressé aux stratégies qui pensent pouvoir atteindre les fins en s’exonérant des moyens à consentir, et le temps en fait partie. Pour le chef militaire, en particulier pour le planificateur, elle est cette qualité qui doit l’inciter à mesurer en permanence les effets concrets des décisions prises et le temps nécessaire à l’atteinte des objectifs fixés.
• L’intériorité, entendu comme faculté des chefs « de se replier sur eux-mêmes, de délibérer au-dedans » (37). Cette dernière qualité pourrait, là encore, surprendre tant l’image que renvoie le militaire est parfois à l’opposé du méditatif. Pourtant, tous les témoignages recueillis auprès de « grands chefs » qui ont assumé ou qui assument encore de hautes responsabilités le soulignent : garder du temps pour la réflexion personnelle, « prendre le temps » de penser et de méditer est fondamental. Sans temps, pas de prise de recul possible et pourtant s’autoriser cette indispensable respiration intellectuelle semble être devenu une gageure. S’accorder le temps précieux de l’intériorité supposerait, en effet, aujourd’hui de renoncer, entre autres exemples, à une comitologie étouffante, à des emplois du temps sans respiration et de faire effectivement valoir le « droit à la déconnexion ». Il y aurait là matière à une étude à part entière mais le rappel d’une règle simple édictée par le philosophe Jean Guitton dans Le travail intellectuel apporte un début de réponse : « La règle d’or du travail intellectuel peut se traduire ainsi : ne tolère ni de demi-travail ni de demi-repos. Donne-toi tout entier ou détends-toi absolument. Qu’il n’y ait jamais en toi de mélange des genres (38) ! »
Conclusion
« L’incertitude marque notre époque. Tant de démentis aux conventions, prévisions, doctrines, tant d’épreuves, de pertes, de déceptions, tant d’éclats aussi, de chocs, de surprises ont ébranlé l’ordre établi (39). » Au terme de cette réflexion, les premières lignes du Fil de l’Épée résonnent singulièrement avec l’actualité, signe que l’histoire, si elle ne se reproduit jamais à l’identique, a toutefois de graves leçons à nous apprendre. Appréhender le futur, bâtir une stratégie pour faire en sorte que celui qui adviendra soit conforme aux desseins et aux intérêts de notre Nation exige plus que de la patience. On ne peut, en l’occurrence, se contenter de déplorer la dictature de l’immédiateté, pas plus que de fustiger les visions de court terme. Connaître les facteurs « d’impatience stratégique » permet, davantage que de les gommer définitivement, d’apprendre à « faire avec ». Le chef militaire parce qu’il est particulièrement confronté à cette « discordance des temps » qui met parfois en échec la synchronisation des opérations militaires avec le tempo des fins politiques doit cultiver sa capacité à anticiper et à saisir le « temps opportun », à « résister à l’attrait séculaire de l’a priori, de l’absolu et du dogmatisme » (40). Il ne peut y parvenir sans forger son caractère, sans entretenir sa culture historique, sans se fier à son intuition et sans se ménager le temps de l’intériorité, autant de qualités qui ne sont ni celles d’une tortue ni celles d’un lièvre. ♦
(1) Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), Revue nationale stratégique, 9 novembre 2022 (https://www.sgdsn.gouv.fr/publications/revue-nationale-strategique-2022)
(2) Guehenno Jean-Marie (dir.), Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, 2013, 160 pages (https://www.vie-publique.fr/). NDLR : elle est citée 11 fois.
(3) RNS, op. cit., §15, p. 9.
(4) Saint Augustin, Confessions, XI, 14.
(5) « Nous sommes en guerre, la stratégie française ? Général Didier Castres », Thinkerview, 8 septembre 2022 (https://www.youtube.com/).
(6) Géré François et Wedin Lars, L’homme, la politique et la guerre, Nuvis, 2017, p. 45.
(7) Étymologiquement, le terme de « stratégie » désigne le fait de conduire une armée.
(8) Georgelin Jean-Louis, cité par Géré François et Wedin Lars, op. cit., p. 46.
(9) Freedman Lawrence, « Strategies are not plans », Carnegie Council for Ethics in International Affairs, 30 septembre 2013 (https://www.youtube.com/watch?v=fe56iVvnkuI).
(10) RNS, op. cit., p. 26.
(11) Le Drian Jean-Yves, « Préambule – La stratégie de défense française à un tournant », RDN n° 787, février 2016, p. 13. Le texte est tiré de la leçon inaugurale de la Chaire « Grands enjeux stratégiques », Université Panthéon-Sorbonne, le 18 janvier 2016.
(12) Commission de la défense et des affaires étrangères, « Audition du général François Lecointre, Chef d’état-major des armées », 11 juin 2019, Assemblée nationale (https://www.assemblee-nationale.fr/).
(13) Dictionnaire Le Robert.
(14) Sun Tzu, L’art de la guerre, Flammarion, 2008.
(15) Haddad Benjamin, « Barack Obama et la “patience stratégique” », Le Monde, 25 février 2015 (https://www.lemonde.fr/).
(16) Seal of the President of the United Press, National Security Strategy, février 2015 (https://obamawhitehouse.archives.gov/).
(17) Mignot Bruno, Les invariants stratégiques : ou pourquoi la stratégie des États ne change pas, L’Harmattan, 2020, p. 23.
(18) Tocqueville (de) Alexis, De la démocratie en Amérique, Tome II, chapitre 26.
(19) Castres Didier, op. cit.
(20) RNS, op. cit, p. 9.
(21) Fukuyama Francis, La fin de l’histoire et le dernier homme, Flammarion, 1992 (1990 en langue originale), 452 pages.
(22) Pilsbury Michael, The Hundred-Year Marathon: China’s Secret Strategy to Replace America as the Global Superpower, St. Martin’s Griffin, 2016, 352 pages.
(23) « Je suis convaincu que, grâce à notre entêtement, notre patience et notre détermination, nous défendrons nos nobles objectifs, ceux vitaux pour notre peuple et notre pays ». Sergeï Lavrov, le 28 décembre 2022.
(24) Fukuyama Francis, op. cit
(25) Zajec Olivier, « Des stratégies alternatives ? », in Motte Martin (dir.), La mesure de la force : traité de stratégie de l’École de Guerre, p. 268
(26) Bentegeat Henri, « Le pouvoir politique et les responsables militaires », Revue des Deux Mondes, mai 2015 (https://www.revuedesdeuxmondes.fr/).
(27) Gaulle (de) Charles, Le Fil de l’épée et autres écrits, Plon, 1999, p. 212.
(28) Géré François et Wedin Lars, op. cit., p. 64
(29) Vial Philippe et Durieux Benoît (GCA), « Relations politico-militaires », in Durieux Benoît, Jeangène Vilmer Jean-Baptiste et Ramel Frédéric (dir.), Dictionnaire de la guerre et de la paix, PUF, 2017.
(30) Castres Didier, op. cit.
(31) Gaulle (de) Charles, Le Fil de l’épée, op. cit.
(32) Desvignes Michel, « Bergson et de Gaulle », in Charles de Gaulle, L’Herne, 1973 (https://www.charles-de-gaulle.org/).
(33) NDLR : En mai 1983, le ministre de la Défense de l’époque, Charles Hernu avait organisé un colloque à l’École militaire autour de cet ouvrage. Quelques mois plus tard, la RDN, dans son édition d’octobre (n° 436), en a publié les actes (https://www.defnat.com/sommaires/sommaire.php?cidrevue=436).
(34) Burkhard Thierry, « Ordre du jour » n° 13, du 22 avril 2022 (https://www.defense.gouv.fr/).
(35) Le Fil de l’épée, op. cit.
(36) State’s Office for Net Assessment and Challenge (SONAC). Sur ce sujet, consulter Ministry of Defense, « Announcement of new Director appointed to the Secretary of State’s Office for Net Assessment and Challenge (SONAC) », 6 mai 2022 (https://www.gov.uk/).
(37) Le Fil de l’épée, op. cit., p. 155.
(38) Guitton Jean, Le travail intellectuel, Aubier, 1922, p. 39.
(39) Le Fil de l’épée, op. cit.
(40) Ibid., p. 142.