Alors que la population mondiale a atteint 8 milliards d’êtres humains en 2022, les études prospectives de l’Organisation des Nations unies décrivent le scénario probable d’une stabilisation autour de 10 Md d’habitants à l’horizon 2100. L’évolution sera inégale entre les pays développés qui se vident et les pays en développement qui vont connaître une croissance démographique forte et génératrice de tensions, de conflits et de flux migratoires. Alors que la population chinoise décline, l’Inde devient le pays le plus peuplé de la planète. Toutefois, cette puissance démographique n’est pas un atout stratégique majeur face à des compétiteurs mieux organisés, aux populations plus unies et mieux équipées technologiquement.
Les déstabilisations possibles conséquences des évolutions démographiques mondiales
La population mondiale a atteint, le 15 novembre 2022, la barre des 8 milliards d’êtres humains. Sa croissance exponentielle traduite en chiffres impressionne autant qu’elle inquiète. En effet, quatre humains naissent chaque seconde alors que seulement deux meurent. Ce qui se traduit par une croissance de 200 000 êtres humains par jour ou encore de 75 millions par an. À ce rythme d’un doublement en 65 ans, la population mondiale atteindrait 15 Md d’individus en 2080. Cependant, ce scénario n’est pas celui que privilégie l’Organisation des Nations unies (ONU) dans ses études prospectives (1) en 2022. D’après elle, la population mondiale devrait vraisemblablement atteindre de l’ordre de 10 Md d’humains en 2060 et se stabiliser autour de cette valeur.
En effet, l’ONU privilégie un scénario dans lequel toutes les zones du monde achèveront à l’horizon 2100 une transition démographique mondiale analogue à celle qu’a vécue l’Europe au cours des XIXe et XXe siècles. Cette transition s’est décomposée en trois phases. Elle part d’une situation dans laquelle une forte natalité équilibre une forte mortalité. Ainsi, les populations européenne comme mondiale n’ont que très peu augmenté jusqu’au début du XIXe siècle où la population mondiale approchait le milliard. L’équilibre entre les naissances et les décès a été rompu il y a environ deux siècles grâce à un fort essor économique et aux progrès en termes d’hygiène et de médecine qui ont fait diminuer drastiquement la mortalité, notamment infantile. Par un phénomène d’inertie sociétale, la natalité est restée initialement à un niveau très élevé et la population s’est accrue à un rythme exponentiel. Puis les besoins générés par un nombre élevé d’enfants ont modifié les comportements et ont naturellement fait baisser la natalité jusqu’à revenir à l’équilibre de la mortalité à la fin du XXe siècle. La population n’augmente plus, voire décroît comme nous le verrons plus loin. La transition démographique européenne est alors achevée après une multiplication de la population par quatre en deux cents ans. L’ONU observe que cette transition s’est étendue à l’ensemble de la planète avec une mortalité qui a diminué et diminue encore dans toutes les régions du monde et des familles qui font le choix de limiter le nombre des naissances comme l’ont fait plus tôt les familles européennes. Cette transition démographique devrait s’achever pratiquement partout d’ici 2100 après une multiplication par dix de la population mondiale en trois siècles.
L’équilibre du scénario le plus probable n’est toutefois pas garanti et des scénarios d’implosion ou d’explosion sont également possibles. Alors qu’un équilibre à 10 Md d’individus posera déjà des problèmes stratégiques majeurs liés au vieillissement (emploi, charges sociales), au partage des ressources et au climat, les scénarios les plus extrêmes poseront des défis stratégiques probablement insolubles, dont les prévisionnistes les plus alarmistes jugent qu’ils pourraient aller jusqu’à causer l’extinction de l’espèce humaine. Seule une politique globale des natalités permettra de les éviter et ces scénarios catastrophiques ne seront pas étudiés ici. Les conflits et les effets du changement climatique sont également de nature à infléchir la vision prospective de l’ONU comme le montreront les exemples russe et syrien.
Au-delà d’un possible équilibre global en 2100, comme le montre le tableau suivant, la croissance des populations ne sera pas homogène au niveau régional. Alors que certains ensembles de populations sont à l’équilibre, voire en décroissance, d’autres connaîtront encore une croissance exponentielle pendant plusieurs décennies.
2025 | 2050 | 2075 | 2100 | |
Afrique | 1 512 629 | 2 465 755 | 3 346 896 | 3 917 077 |
Amérique latine et Caraïbes | 672 442 | 748 715 | 728 889 | 649 177 |
Amérique septentrionale | 389 112 | 421 001 | 439 591 | 447 907 |
Asie | 4 800 868 | 5 290 145 | 5 147 796 | 4 684 822 |
Europe | 741 376 | 704 172 | 636 989 | 587 362 |
Océanie | 46 375 | 57 653 | 64 920 | 68 657 |
Monde | 8 155 601 | 9 687 440 | 10 365 079 | 10 355 002 |
Projections de populations (en milliers) par continent de 2025 à 2100. Scénario central (2)
Il en est ainsi par exemple de l’Afrique subsaharienne et du sous-continent indien. Les défis posés y seront démultipliés et les différences de potentiel humain entre ces grands ensembles seront des facteurs de puissance ou de faiblesse, et généreront des flux de biens et de populations.
Ainsi, cette étude propose de plonger dans les évolutions démographiques au niveau régional avant d’en déduire des enjeux de niveau stratégique vus d’Europe et de France.
Des populations en décroissance et vieillissantes dans les pays développés
L’Europe, l’Amérique du Nord et le Sud-Est asiatique ont terminé leur transition démographique. Dans ces ensembles la population va, au mieux, se stabiliser et plus vraisemblablement diminuer. À ce premier constat s’ajoute le corollaire du vieillissement de la population. Au-delà du seul nombre, les besoins et les capacités des individus ont évolué et posent de nouvelles contraintes aux États.
Les taux de fécondité des pays développés sont comparables et globalement faibles (3). En 2019, il est en moyenne de 1,53 enfant par femme dans l’Union européenne. Ces taux de fécondité, dont la décroissance date déjà des années 1970, ne permettent plus d’assurer la relève des générations. Avec 1,86 enfant par femme, la France est un des pays qui se rapproche le plus de l’équilibre démographique grâce à une espérance de vie qui continue à augmenter pour atteindre 83 ans en 2019 (4), hommes et femmes confondus. La population française est néanmoins, elle aussi, mécaniquement sur le déclin et vieillissante. L’Allemagne se situe à 1,54 enfant par femme, l’Italie à 1,27 et l’Espagne à 1,23.
Les États-Unis ont, en 2019, un taux de fécondité de 1,77 enfant par femme. À ce faible taux s’ajoute une espérance de vie qui diminue depuis 2014 pour les hommes (5). Cette diminution est pour moitié due aux overdoses liées à la consommation excessive d’antidouleurs à base d’opiacés. La croissance de l’obésité et du diabète joue également un rôle. Cependant, l’ONU estime que la population étasunienne ne va pas subir la même inflexion que celle de l’Europe et va continuer à augmenter jusqu’à la fin du siècle pour atteindre environ 400 M d’habitants. Une des explications de ce dynamisme est l’immigration. Les États-Unis, vont rester un eldorado qui va continuer à attirer, en particulier des populations d’Amérique centrale et du Sud. Le Canada est un autre exemple des effets de l’immigration, dans ce cas, choisie. En effet, en 2022, le Canada a enregistré une croissance démographique record expliquée par l’arrivée de migrants et de travailleurs temporaires (6). Son taux de croissance de 2,7 % est le plus élevé de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). La population du Canada pourrait ainsi doubler d’ici 26 ans si la tendance restait identique avec un équilibre constant entre besoins, immigration et moyens dédiés à l’accueil des migrants. Il semble toutefois que les ressources et la place ne manqueront pas dans ce pays. Question cruciale face aux défis démographiques globaux.
La population japonaise vieillit vite
Le Japon est un exemple extrême de décroissance démographique post-transition. L’espérance de vie y est forte avec plus de 84 ans en moyenne, mais le taux de fécondité qui n’était déjà plus que de 1,75 enfant par femme en 1980 est aujourd’hui tombé à 1,36. Cela explique l’évolution de la population totale qui a culminé à 128 M d’habitants autour de 2010 et s’établit en 2022 à 123 M (7). L’ONU estime que le Japon devrait perdre 15 % de sa population d’ici 2050. Au-delà de la population totale nippone dont on pourrait imaginer qu’une diminution soit bénéfique, au vu de la forte densité dans les zones habitables, se pose la question du vieillissement. Le Japon est le pays le plus vieillissant du monde avec 30 % des habitants ayant plus de 65 ans en 2020 (8). La croissance de cette population âgée est quasi-exponentielle et est le souci démographique principal du pays. Les impacts sont de plusieurs ordres. D’abord, la main-d’œuvre est vieillissante et il y a pénurie de jeunes en âge de travailler. Ce point touche nécessairement le recrutement des armées. Ensuite, les dépenses sociales de l’État augmentent fortement. Des problèmes sociaux liés à l’appauvrissement et à la dépendance se développent. Le Japon s’adapte autant que faire se peut à la situation, notamment avec une robotisation à outrance de la société, dans l’industrie comme dans les services.
Si le Japon est en avance concernant le vieillissement de sa population, il n’est cependant pas une anomalie. L’ONU anticipe plus qu’un doublement de la population mondiale de plus de 65 ans, passant de 761 M en 2012 à 1,6 Md d’ici 2050 (9). La population de plus de 80 ans devrait croître encore plus vite. Si les pays développés sont aujourd’hui les plus touchés, les pays pauvres suivent une trajectoire identique. À l’échelle mondiale, la conséquence principale du vieillissement est un problème de dépendance économique qui conduit souvent à un appauvrissement potentiellement déstabilisateur. Dans la majorité des pays en développement où un nombre élevé d’enfants permettait de s’assurer un soutien une fois trop âgé pour s’assumer et où aucun dispositif d’aide sociale ou de retraite ne viendra se substituer à cette « assurance familiale », le vieillissement est une problématique majeure. La diminution relative des populations jeunes et valides est également un paramètre qui structurera la capacité de travail au niveau mondial.
La Russie se vide
La Russie est un pays particulièrement touché par toutes les dynamiques démographiques négatives. Sa population qui s’établit aujourd’hui autour de 145 M d’habitants d’après l’ONU (10).
Le taux de fécondité est de 1,83 enfant par femme, quasiment comparable à la France. Il est en revanche passé par un creux à 1,2 enfant par femme dans les années 2000, alors que l’on aurait pu imaginer l’inverse dans l’enthousiasme de la libéralisation de la société. En fait de libéralisation, la Russie a été en proie à l’incertitude et pour partie au chaos jusqu’à retrouver une forme de stabilité avec l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine. L’espérance de vie est basse pour un pays développé. Plafonnant à 72 ans (11), elle est la plus basse de l’OCDE et en Europe seule la Moldavie est en dessous. La pauvreté d’une large partie de la population et l’alcoolisme qui est un problème de santé publique majeur en sont les principales explications. Ainsi, sauf changements majeurs affectant la société, d’ici 2100, la population russe pourrait décroître jusqu’à environ 110 M d’habitants. Or, la guerre en Ukraine constitue un stress supplémentaire pour la démographie russe du fait de l’envoi sur le front d’un nombre élevé d’hommes en âge de procréer et des émigrations massives qu’ont entraînées les mobilisations et la perspective de nouveaux appels sous les drapeaux pour la jeunesse russe (12). Le déclin démographique russe pourrait donc s’accélérer et la Russie verra ainsi sa réserve de forces vives diminuer au mieux dans les mêmes proportions.
La population chinoise commence à décroître
La Chine est aujourd’hui le deuxième pays le plus peuplé au monde avec un peu plus de 1,4 Md d’habitants. Cependant, en 2022 et pour la première fois depuis les années qui ont suivi le « grand bond en avant » (1958-1960), elle a vu sa population décroître, de l’ordre de 850 000 habitants.
Cette perte est limitée, mais elle est la marque d’une tendance lourde héritée de la « politique de l’enfant unique » mise en œuvre de 1979 à 2015. Le taux de fécondité a été artificiellement limité durant cette période. Surtout, cette politique a entraîné un déséquilibre structurel entre les hommes et les femmes qui sont moins nombreuses dans un rapport dépassant parfois 120 garçons pour 100 filles dans certaines régions (13). L’espérance de vie s’établit à presque 80 ans pour les femmes et juste 74 ans pour les hommes (14). Ces éléments expliquent la trajectoire anticipée par l’ONU qui mène à une population inférieure à 800 M d’habitants en 2100 (15).
La population âgée est encore, à ce stade, moins importante que dans les pays occidentaux ou le Japon. En 2018, moins de 12 % de la population avait plus de 65 ans (16). Près de 65 % de celle-ci sont en âge de travailler, ce qui constitue la force principale du pays. Le Parti communiste chinois (PCC) peut ainsi s’appuyer sur des effectifs pléthoriques pour alimenter l’Armée populaire de libération (APL) – plus de 2 M de soldats actifs – et toutes les forces et milices qui agissent pour la défense de ses intérêts. La trajectoire démographique du pays devrait in fine limiter cette manne, la Chine restera néanmoins un géant démographique jusqu’à la fin du siècle.
La domination démographique indienne
Avec une estimation à plus de 1,4 Md d’habitants (17), l’Inde vient de dépasser la Chine et est devenue le pays le plus peuplé de la planète. Son taux de fertilité soutenu, aux alentours de 2 enfants par femme, dans les régions les plus développées du sud du pays et une mortalité avant l’âge de 5 ans en très forte diminution expliquent cette dynamique démographique qui devrait amener l’Inde à culminer à 1,7 Md d’habitants autour de 2060, avant de redescendre à 1,5 Md en 2100 (18).
Affectée par l’épisode catastrophique de la Covid-19 qui a lourdement impacté l’Inde (environ 500 000 morts recensés) (19), l’espérance de vie est basse et avoisine les 72 ans. Ce point est une illustration de fragilités multiples qui font que la démographie indienne, qui devrait être un facteur de puissance, notamment face à leur ennemi chinois, est en fait une faiblesse tant les défis induits sont colossaux. Démographiquement, les réalités sont très différentes entre les régions les plus riches au Sud qui ont réalisé leur transition démographique et les régions plus défavorisées du Nord où le taux de fécondité peut encore atteindre 3 à 4 enfants par femme. Cette dynamique démographique alliée à une inadaptation des infrastructures et des services entraîne une forte inégalité des chances pour la jeunesse du pays. Alors que la moitié de sa population a moins de 25 ans, l’Inde devrait pouvoir tirer parti de ce « dividende démographique » jusqu’en 2055 avec une part d’actifs sur inactifs élevée. Cependant, cette main-d’œuvre, principalement sous-éduquée, ne trouve pas de travail dans un pays où l’industrie manufacturière est faible. Le taux de chômage des 20-25 ans est ainsi de l’ordre de 50 %. Enfin, la population indienne est aujourd’hui aux deux tiers rurale. D’ici 20 ans, les mouvements internes de populations devraient pousser environ 300 M d’Indiens des campagnes vers les villes. Alors que les besoins en infrastructures sont déjà abyssaux et que les villes indiennes sont parmi les plus polluées au monde, cela s’avère être un défi majeur. L’Inde est lancée dans une course contre la montre pour s’adapter à sa démographie avant que la surpopulation ne fasse imploser un pays traversé par des fractures ethniques et religieuses.
Au-delà de l’Inde, c’est tout le sud de l’Asie qui vit un développement démographique intense et devrait compter 2,5 Md d’habitants à l’horizon 2050. La région est confrontée à des problématiques d’accès aux ressources naturelles, notamment à l’eau (20), qui ne vont faire que s’aggraver. L’Inde est régulièrement confrontée à des épisodes de chaleur extrême qui ont une double incidence sur la simple capacité physiologique à y survivre et sur l’agriculture. Concernant le premier point, l’Administration nationale [américaine] de l’aéronautique et de l’Espace (NASA) indique que les conditions de température et d’humidité rendront une partie de l’Inde inhabitable d’ici 2050 (21). Sur la base de l’indice wet bulbe qui mêle ces deux paramètres et en considérant qu’un humain ne peut survivre plus de six heures soumis à une température wet bulbe supérieure à 35 °C, de larges parties d’Asie du Sud seront concernées. Pour le deuxième point, en 2022 déjà, l’Inde s’est retrouvée confrontée à l’incapacité à exporter du blé en raison d’une sécheresse ayant impacté ses récoltes (22). Les effets du dérèglement climatique auront également des effets dévastateurs sur l’habitabilité du Bangladesh dont plus de la moitié de la surface n’est qu’à peine 5 mètres au-dessus du niveau de la mer. Là encore, la place va manquer pour accueillir un surplus démographique qui n’aura d’autre choix que de migrer dans la sous-région ou au-delà.
Un Proche et Moyen-Orient porteur de risques
Juste à l’Ouest du sous-continent indien, le Proche et Moyen-Orient va lui aussi subir une augmentation démographique importante tout en étant confronté au dérèglement climatique.
Le taux de fertilité y est encore supérieur à 2,5 enfants par femme (23). Même si l’espérance de vie est peu élevée (de l’ordre de 72 ans pour les hommes et 77 ans pour les femmes), le taux de mortalité infantile est bas. La croissance démographique reste donc soutenue et ne se stabilisera qu’à la fin du siècle autour de 450 M d’habitants (24).
En regardant plus en détail les évolutions des pays, Israël, la Jordanie et la Syrie vont voir leurs populations continuer à croître jusqu’en 2100. Néanmoins, les phénomènes migratoires rendent ces projections très aléatoires. Par exemple la Syrie a perdu presque 4 M d’habitants entre 2011 et 2018 (25), soit près de 20 % de sa population. Une part de ces habitants est réfugiée en Jordanie et en Turquie où elle constitue un point de crispation et un risque de déstabilisation majeur. Ce phénomène migratoire a un impact jusqu’en Europe.
L’Arabie saoudite et l’Iran auront des trajectoires démographiques comparables avec un point culminant en 2050, où ces deux pays atteindront respectivement 50 M et 100 M d’habitants. L’Irak, quant à lui, continuera à gagner des habitants jusqu’en 2100 pour atteindre 110 M d’habitants. La répartition sunnites/chiites autour du golfe Arabo-Persique devrait donc pencher en faveur des chiites, avec un possible impact sur l’équilibre des puissances tant l’Iran mise sur la masse dans sa stratégie qu’il exporte de Beyrouth à Téhéran, en passant par le Yémen.
Les défis vont être nombreux pour accueillir ces augmentations de population. Certaines régions sont déjà parmi les plus densément peuplées du monde. Ainsi, la bande de Gaza compte plus de 4 000 habitants au kilomètre carré dans des conditions sanitaires très dégradées. Les zones les plus peuplées ne pourront probablement pas continuer à croître dans les conditions actuelles. Les populations concernées, ayant la particularité d’être jeunes et sous-éduquées, ont une force physique et une vivacité qui pourront alimenter des déstabilisations ou des insurrections.
Le dérèglement climatique apportera ici aussi son lot de mouvements de populations. La NASA indique, toujours en utilisant son indice wet bulbe, que les pourtours de la mer Rouge et du golfe Arabo-Persique seront eux aussi probablement inhabitables d’ici 2050. Les pays les plus riches pourront peut-être protéger leurs populations les plus aisées avec des infrastructures dédiées. En revanche, les populations les plus démunies seront condamnées à migrer. De ce fait, le cas de l’Irak, dont la zone Sud héberge l’immense majorité des populations chiites et des ressources en hydrocarbures, risque fort de rester une zone d’instabilité majeure.
Une explosion démographique toujours en cours en Afrique subsaharienne
De tous les continents, l’Afrique est sans doute celui qui présente les plus grands défis en termes de démographie. En effet, sa population devrait croître de manière fulgurante de 1,5 Md d’habitants en 2022 à 3,9 Md en 2100 (26) – dont 550 M rien que pour le Nigeria (27), véritable géant démographique. Une large part de cette croissance sera portée par la seule région subsaharienne qui atteindra quasiment 3,5 Md d’habitants à elle seule (28). Le fondement principal de cette croissance est une forte fertilité, toujours aux alentours de 5 enfants par femme (29). Cette fertilité est entretenue par des difficultés d’éducation et l’absence de sécurité fournie par la société ou l’État. La mortalité infantile est également un élément de compréhension puisqu’elle reste quasiment deux fois supérieure à la moyenne mondiale (de l’ordre de 75 ‰). Elle encourage les foyers à avoir plus d’enfants pour multiplier les chances d’en voir grandir suffisamment pour soutenir la cellule familiale une fois les parents trop âgés pour travailler.
L’espérance de vie en Afrique subsaharienne est très basse. Elle s’établit autour de 60 ans. La population d’Afrique est et va rester très jeune. C’est une chance dans la mesure où elle est plus facilement employable que les populations vieillissantes des pays développés. C’est en revanche un risque compte tenu de la faiblesse des systèmes d’éducation. Des populations pléthoriques et non éduquées sont un terreau favorable pour le recrutement des groupes terroristes qui prospèrent dans la région et plus généralement pour que des guerres éclatent, civiles, interethniques ou interétatiques.
La problématique de l’accès aux ressources promet d’être quasiment insoluble. Elle pousse déjà une part des populations à émigrer, à ce stade majoritairement en restant à l’intérieur de la sous-région (70 % des 29,3 M d’émigrés en 2015 (30)). Or, le dérèglement climatique devrait frapper durement cet espace géographique, notamment en multipliant les épisodes extrêmes et donc les crises alimentaires, comme en 2020 (31). Le réchauffement devrait dans cette zone être plus fort que la moyenne mondiale en atteignant 3 à 4 °C. Au confluent de l’air sec du Sahara et du front intertropical, le climat du Sahel est soumis à une très forte variabilité et la tendance pour le futur devrait être un assèchement de son tiers Ouest et une hausse des précipitations dans les deux tiers Est (32). Cela aura pour effet de renforcer les flux migratoires internes et potentiellement externes. C’est un risque avant tout pour la stabilité régionale. Il pourra avoir des effets induits jusqu’en Europe, principalement dans l’espace méditerranéen.
Flux migratoires : à la fois arme démographique, risque et opportunité
L’Asie du Sud, le Proche et Moyen-Orient, et l’Afrique, en particulier subsaharienne, devraient voir leur population en forte augmentation générer des flux migratoires internes et externes. Le dérèglement climatique amplifiera ce phénomène.
Certains acteurs pourront exploiter ces flux sur la scène internationale. Ainsi, les réfugiés syriens sur le sol turc sont une donnée transactionnelle dans les relations entre Ankara et l’UE (33). En novembre 2021, à l’aube de l’offensive russe en Ukraine, la Biélorussie a utilisé des migrants pour tenter de déstabiliser l’Europe. Régulièrement le Maroc utilise les migrations au travers des enclaves de Melilla et Ceuta dans sa relation diplomatique avec l’Espagne (34). Dans tous ces cas, la Turquie, la Biélorussie et le Maroc ont instrumentalisé une question humanitaire avec des répercussions sociétales et sécuritaires en Europe. Si la réponse à ces exploitations des migrations ressort du domaine politique, la question est crispante et alimente les craintes de déstabilisation, notamment culturelle, des sociétés européennes. Ces craintes sont attisées par des déclarations telles que celle d’Erdogan qui exhorte, en mars 2017, les femmes de la diaspora turque « à faire au moins cinq enfants ».
Face à des migrations qui seront naturelles, entre vases communicants des pays en développement surpeuplés vers les pays développés en train de se vider, le rôle des armées sera probablement marginal. La solution, globale et essentiellement politique, réside donc probablement dans l’aide au développement à ces pays pour y accélérer la transition démographique par l’éducation et le progrès social, y faire croître l’économie et enfin fournir un appui pour faire face au dérèglement climatique. L’appui militaire à la stabilisation des zones les plus sensibles pourra, au besoin, atténuer des symptômes sur une durée limitée, la sécurité et la stabilité étant les prérequis au développement économique de ces régions.
L’exemple canadien évoqué plus haut montre que ces migrations présentent aussi des opportunités, notamment là où les populations diminuent et vieillissent. C’est ce vers quoi, tend l’Allemagne. Alors que la main-d’œuvre pour son industrie manufacturière diminue et va continuer à diminuer dans les années à venir de 400 000 travailleurs par an, l’Allemagne envisage d’accueillir 6 M de migrants choisis. Se pose alors une double question : celle du choix de ces migrants puis celle de leur maintien en Allemagne. Elle risque, en effet, de priver des pays en développement des élites qui leur seront nécessaires pour faire face aux défis qui les attendent. Ensuite, contrairement au Canada dont les frontières sont étanches, l’Allemagne est incluse dans l’Espace Schengen et ne peut garantir que les migrants qu’elle aura choisis ne partiront pas ailleurs en Europe, notamment dans des pays aux politiques et aux populations opposées à ce choix. Il en ressort un risque sur la cohésion et sur la stabilité politique de l’Union européenne. L’immigration choisie pour faire face à un besoin de main-d’œuvre est une question régulièrement posée sur la scène politique française. Elle reste à ce jour clivante.
Appliquée au recrutement militaire, l’immigration choisie est déjà pratiquée par des pays aux ressources humaines endogènes limitées. Par exemple, le Canada et l’Australie recrutent des militaires étrangers formés et les emploient de la même manière que leurs propres nationaux, notamment à des postes nécessitant des compétences de pointe (35). Il est ainsi possible de voir un lieutenant-colonel d’une nationalité européenne commander un escadron de chasse canadien. Ce recrutement est également pratiqué, le plus souvent pour des emplois de militaires du rang ou de sous-officiers, par nos pays partenaires dans le golfe Arabo-Persique. La France intègre elle-même des étrangers au sein de la Légion étrangère, mais la comparaison s’arrête là dans la mesure où il n’y a pas de porosité avec les autres unités pour nos militaires de nationalité étrangère.
La démographie comme facteur de puissance ?
Alors que l’Inde dépasse la Chine en termes de démographie, cela signifie-t-il nécessairement que la puissance indienne dépasse la puissance chinoise ? Les pays les moins peuplés sont-ils condamnés à être soumis aux pays les plus peuplés ? Concernant la masse démographique, le cinéaste Michel Audiard aurait répondu que « quand les types de 130 kg disent certaines choses, les types de 60 kg les écoutent. ». C’est aujourd’hui une part au moins de la stratégie de la Russie qui reste visiblement confiante dans sa profondeur démographique pour soumettre l’Ukraine qui ne compte que 44 M d’habitants. En 1950, la Chine peut se permettre de déployer des centaines de milliers de soldats en Corée pour contrer l’avancée sud-coréenne et onusienne parce qu’elle est une puissance démographique à défaut d’être déjà une puissance militaire. Encore un peu plus loin dans l’histoire, le dénouement de la Seconde Guerre mondiale est aligné avec la démographie des puissances belligérantes. L’Axe s’attaque avec un peu plus de 400 millions d’habitants (Japon 304 M, Allemagne 87 M et Italie 57 M) aux pays et empires alliés qui comptent 1,2 Md d’habitants (URSS 168 M, Empire britannique 545 M, Chine 267 M, États-Unis 148 M et Empire français 111 M). L’Allemagne, forte de l’expérience de la Première Guerre mondiale, tentera, sans succès, d’éviter de combattre sur plusieurs fronts à la fois pour limiter la problématique de dispersion des masses de forces nécessaires à une guerre totale.
La démographie n’est pour autant pas forcément complètement déterministe dans un conflit. En 1967, Israël avec ses 2,6 M d’habitants défait ses voisins arabes dont l’Égypte qui à elle seule compte 32 M d’habitants. La masse démographique n’est donc qu’un facteur de puissance parmi d’autres et ne doit pas être surévaluée en matière de stratégie. Dans le cas de la guerre des Six Jours, la vision stratégique et la supériorité technologique des forces israéliennes auront fait la différence.
Les caractéristiques de la masse démographique ont leur importance. On l’a vu, l’âge est une variable structurante pour objectiver la puissance démographique. Une population jeune aura plus de moyens à mobiliser qu’une population vieillissante. La cohésion dans cette population est également primordiale. Lorsque l’Empire romain s’en remet à des peuplades barbares assimilées depuis peu pour défendre son limes, il organise indirectement son invasion.
Atouts stratégiques français face aux déséquilibres démographiques
En termes de stratégie, un pays comme la France dispose de leviers pour faire face aux défis démographiques qui sont déjà à l’œuvre.
Le premier levier stratégique de la France pourra être constitué par ses politiques de natalité et migratoire. Ces sujets éminemment politiques et clivants pour ce qui concerne l’immigration ne seront pas développés ici car ils ne concernent pas les armées.
Un levier majeur réside dans le jeu des alliances. La France seule pèse démographiquement peu. En revanche, au sein de l’Union européenne et de l’Otan, elle peut exprimer sa voix car elle est amplifiée par des masses démographiques (446 M pour l’UE), mais aussi économiques, politiques et militaires. Dans la confrontation face à la Russie, l’Otan aligne un réservoir de 3,2 M de soldats face à 830 000 soldats russes. En dehors d’un affrontement nucléaire, l’Otan possédant également la supériorité technologique sur le champ de bataille, elle ne saurait être militairement à la portée de la Russie. Nous profitons de ce rapport de forces qui est un des éléments qui nous a permis de suspendre la conscription et donc de passer d’un concept de « masse militaire » défensive à des armées professionnelles essentiellement dédiées à un rôle expéditionnaire.
La technologie jouera également dans le futur un rôle fondamental pour atténuer les différentiels de masse humaine sur les champs de bataille. On peut penser à la dronisation. À l’image de la robotisation à outrance de la société japonaise, l’usage de drones, dans tous les milieux, permettra de pallier le manque d’humains, à l’unique condition d’un développement parallèle de l’Intelligence artificielle (IA). En effet, l’objet drone n’implique pas l’absence d’humains. Au contraire, l’endurance de certains drones implique des besoins en personnel importants si l’on veut garder en permanence « l’humain dans la boucle ». Par exemple, la montée en puissance de la capacité « drone Moyenne altitude longue endurance » (Male) dans l’Armée de l’Air et de l’Espace s’est révélée être une véritable gageure sur le plan des ressources humaines. La conduite d’une mission nécessitant un équipage de quatre personnes à relever régulièrement au cours d’un vol qui peut durer quasiment 24 heures implique le recrutement et la formation de plus de cent opérateurs pour servir une douzaine de drones. Ainsi, pour réaliser de réels gains en ressource humaine, il faudra questionner la place de l’humain pour la calibrer au plus juste besoin. L’IA devra permettre de réduire la facture humaine, ce qui implique de tendre vers des Systèmes d’armes létaux autonomes (Sala) et donc de régler les questions éthiques afférentes. La Turquie, en pointe sur la production et l’emploi des drones, a déjà dépassé nos préventions. Les drones turcs écument les conflits modernes, du Haut-Karabagh à l’Ukraine, en passant par la Libye. C’est en Libye que la Turquie aurait employé pour la première fois et avec efficacité des Sala d’après un rapport de l’ONU (36). Le théâtre ukrainien montre, avec la multiplication des « munitions rôdeuses », que le pas psychologique d’armements nettement moins dépendants de décisions humaines a largement été franchi.
Ensuite, la cohésion de la Nation est un paramètre structurel pour faire face à une crise, voire un conflit. Un pays sous la menace directe d’une invasion comme l’Estonie cultive un esprit de défense robuste matérialisé par l’existence d’une milice civile dédiée à assurer la résilience de la Nation. Cette cohésion peut être interrogée en France dans le contexte social post-Covid et plus de vingt ans après la suspension de la conscription. Le besoin de retrouver un sens du collectif est patent et les outils doivent être trouvés pour reconcentrer la population française autour d’un projet commun, à la poursuite d’une stratégie globale mise en œuvre par un leadership politique consenti. La Revue nationale stratégique 2022 consacre l’unité et la résilience de la France comme un objectif stratégique (37) et invite à promouvoir durablement l’esprit de défense dans la société et l’État. La force morale devant être le socle de la résilience collective, il convient de la renforcer, notamment au sein de la jeunesse. Le dispositif de Service national universel (SNU) devrait être la pierre angulaire de ce développement des forces morales et les armées devraient y prendre leur place, au sein d’une action interministérielle, en particulier pour promouvoir l’action mémorielle et diffuser l’esprit de défense. Cette action n’est cependant, à ce stade, pas entièrement budgétée dans la prochaine loi de programmation militaire.
Enfin, pour être autonome dans ses décisions et assumer pleinement son indépendance et sa souveraineté, la France peut s’appuyer sur la dissuasion. Quand bien même, elle serait attaquée militairement par une Nation dotée d’une profondeur démographique largement supérieure qui ne nous laisserait aucune chance de victoire dans le domaine conventionnel, il lui reste cette option d’infliger des dommages insupportables à notre ennemi pour faire cesser l’agression. La dissuasion remet à plat tous les facteurs stratégiques, dont la démographie, pour défendre le pays y compris face à un agresseur étatique a priori plus « fort ». Cette assurance-vie a un prix mais reste fondamentale face aux dérèglements, dont les déséquilibres démographiques, qui s’annoncent dans un monde où les instances de gouvernance internationales multilatérales ont perdu toute efficacité. Elle doit donc continuer à être modernisée avec pour objectif de garantir que le pays n’aura pas à lever des masses qu’elle n’aura potentiellement plus pour assurer sa survie. ♦
(1) UN/Department of Economic and Social Affairs (DESA)/Population division, World Population Prospects ou WPP (https://population.un.org/wpp/). Cette publication fournit les estimations de population des Nations unies pour tous les pays du monde pour chaque année entre 1950 et 2020, et les projections selon différents scénarios (bas, moyen et haut) pour chaque année entre 2020 et 2100.
(2) WPP, op. cit, Révision 2022. Les chiffres présentés ici correspondent aux projections pour l’année en cours selon le scénario moyen.
(3) Institut national d’études démographiques (Ined), « Indicateur conjoncturel de fécondité (Nombre moyen d’enfants par femme en Europe et autres pays développés de l’OCDE) » (https://www.ined.fr/).
(4) Ined, « Espérance de vie à la naissance en Europe et autres pays développés de l’OCDE » (https://www.ined.fr/).
(5) Barbieri Magali, « La baisse de l’espérance de vie aux États-Unis depuis 2014 », Populations & Sociétés, n° 570, octobre 2019, Ined (https://www.ined.fr/).
(6) Avec AFP, « Au Canada, une croissance démographique record portée par l’immigration », Le Figaro, 22 mars 2024 (https://www.lefigaro.fr/f).
(7) UN/DESA/Population division, « WPP 2022–Probabilistic projections–Japan : Total population » (https://population.un.org/wpp/Graphs/Probabilistic/POP/TOT/392).
(8) Banque mondiale, « Population âgée de 65 ans et plus (% du total) – Japan » (https://donnees.banquemondiale.org/indicator/SP.POP.65UP.TO.ZS?locations=JP).
(9) ONU, World Social Report 2023, p. 21 (https://www.un.org/).
(10) UN/DESA/Population division, « WPP 2022–Probabilistic projections–Russian Federation : Total population » (https://population.un.org/wpp/Graphs/Probabilistic/POP/TOT/643).
(11) Ined, « Espérance de vie », op. cit.
(12) Lacroix Luc, « Guerre en Ukraine : en Russie, le conflit va aggraver la crise démographique », France info, 3 mai 2023 (https://www.francetvinfo.fr/).
(13) Human Rights Watch, Rapport mondial 2019, « L’inquiétant déclin du nombre de femmes dans le monde – Une disparité particulièrement prononcée en Chine et en Inde » (https://www.hrw.org/).
(14) Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), « Espérance de vie et indicateurs de mortalité dans le monde (données annuelles 2020-2025) », 17 janvier 2020 (https://www.insee.fr/).
(15) UN/DESA/Population division, « WPP 2022–Probabilistic projections–China : Total population » (https://population.un.org/wpp/Graphs/Probabilistic/POP/TOT/156).
(16) Statista, « Répartition de la population en Chine de 2001 à 2022, par groupe d’âge », février 2023 (https://fr.statista.com/statistiques/666288/repartition-population-par-groupe-d-age-chine/).
(17) Le dernier recensement planifié en 2021 a été reporté à cause de la pandémie de Covid-19.
(18) UN/DESA/Population division, « WPP 2022–Probabilistic projections–India : Total population » (https://population.un.org/wpp/Graphs/Probabilistic/POP/TOT/356).
(19) Reuters, « Covid-19 tracker – Les derniers chiffres, graphiques concernant l’Inde », 15 juillet 2022 (https://www.reuters.com/graphics/world-coronavirus-tracker-and-maps/fr/countries-and-teritories/india/).
(20) AFP, « Des rivières meurent, des lacs s’enflamment : l’Inde face à une grave crise des eaux usées », La Croix, 3 mai 2023 (https://www.la-croix.com/).
(21) Domenech Claire, « Voici les régions qui vont devenir inhabitables en 2050, selon la NASA », Géo, 22 mars 2022 (https://www.geo.fr/environnement/voici-les-régions-qui-vont-devenir-inhabitables-en-2050-selon-la-nasa-208928).
(22) Avec AFP, « Sécheresse : quels sont les pays menacés par la suspension des exportations de blé de l’Inde ? », France info, 17 mai 2022 (https://www.francetvinfo.fr/).
(23) UN/DESA/Population division, « WPP 2022–Demographic Profiles–Western Asia » (https://population.un.org/wpp/Graphs/DemographicProfiles/Line/922).
(24) UN/DESA/Population division, « WPP 2022–Probabilistic projections–Western Asia : Total population » (https://population.un.org/wpp/Graphs/Probabilistic/POP/TOT/922).
(25) UN/DESA/Population division, « WPP 2022–Probabilistic projections–Syrian Arab Republic : Total population » (https://population.un.org/wpp/Graphs/Probabilistic/POP/TOT/760).
(26) UN/DESA/Population division, « WPP 2022–Probabilistic projections–Africa : Total population » (https://population.un.org/wpp/Graphs/Probabilistic/POP/TOT/903).
(27) UN/DESA/Population division, « WPP 2022–Probabilistic projections–Nigeria : Total population » (https://population.un.org/wpp/Graphs/Probabilistic/POP/TOT/566).
(28) UN/DESA/Population division, « WPP 2022–Probabilistic projections–Sub-Saharan Africa : Total population » (https://population.un.org/wpp/Graphs/Probabilistic/POP/TOT/1834).
(29) Ibidem.
(30) Héran François, « L’Europe et le spectre des migrations subsahariennes », Population & Sociétés, vol. 558, n° 8, 2018, p. 1-4 (https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/28441/558.population.societes.migration.subsaharienne.europe.fr.pdf).
(31) OCDE/Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO), « Sécurité alimentaire et nutritionnelle » (https://www.oecd.org/fr/csao/themes/sécurité-alimentaire-systèmes-résilience/).
(32) OCDE/CSAO, Climat sahélien : rétrospective et projections, 2010 (https://www.oecd.org/).
(33) Balci Bayram, « Les réfugiés syriens en Turquie », Bulletin n° 3, décembre 2016, Observatoire international du religieux, Sciences-Po CERI-CNRS (https://obsreligion.cnrs.fr/bulletin/les-refugies-syriens-en-turquie/).
(34) Pommiers Éléa (avec AFP), « À Ceuta, des décennies de crise migratoire entre l’Espagne et le Maroc », Le Monde, 19 mai 2021 (https://www.lemonde.fr/).
(35) Arjanee Ameerah, « Les forces armées à travers le monde qui recrutent des étrangers », Expat.com, 2 décembre 2022 (https://www.expat.com/).
(36) Bouvier Pierre, « Le spectre de drones de combat autonomes », Le Monde, 3 juin 2021 (https://www.lemonde.fr/).
(37) Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), Revue nationale stratégique 2022, 9 novembre 2022, 60 pages (https://www.sgdsn.gouv.fr/), p. 35.