L’attaque illégale de la Russie contre l’Ukraine a marqué le plus grand changement dans la politique de sécurité suédoise depuis très longtemps. La Suède, qui a une très longue histoire de non-alignement militaire, a demandé à adhérer à l’Otan et a décidé, dans le même temps, d’augmenter considérablement son budget de défense. L’article abordera l’évolution de la politique étrangère suédoise et les implications géopolitiques pour l’Otan d’un Nord unifié sous le contrôle de l’Alliance. Enfin, les opportunités et les défis découlant de cette adhésion seront traités.
Adhésion de la Suède à l’Otan : évolution de sa politique de sécurité et implications stratégiques dans la région de la Baltique
Un an après l’invasion illégale de l’Ukraine par la Russie, l’« opération militaire spéciale » ne s’est pas du tout déroulée comme prévu. Non seulement l’Ukraine résiste encore, mais elle a également regagné une partie du terrain perdu précédemment. La guerre d’anéantissement s’est transformée en guerre d’usure. La Russie avait prévu que l’Europe serait divisée, notamment après avoir mené des années de guerre de l’information, cela n’a toutefois pas non plus été le cas. L’Europe s’est même sortie, « comme un seul homme », de sa dépendance énergétique malsaine à l’égard de la Russie.
La Russie avait aussi supposé que les États-Unis, dont la stratégie est désormais orientée vers la Chine, laisseraient les Européens seuls faire face à leurs propres défis en matière de défense. Cela s’est avéré également une grossière erreur d’appréciation. Ce qui est peut-être le plus remarquable, c’est la manière dont cette guerre a bouleversé l’image que la Suède se faisait de son non-alignement et de sa neutralité, la forçant, avec la Finlande, à adhérer à l’Otan. Une telle conséquence est exactement ce que la Russie voulait éviter. Malgré les menaces russes, une fois l’invasion lancée, l’Occident s’est finalement uni derrière l’Ukraine.
Un an après l’invasion, il apparaît de plus en plus clairement que la Russie mène en Ukraine une guerre par procuration contre les valeurs démocratiques occidentales. Bien que tout le monde ne partage pas cette idée, c’est actuellement le point de vue qui prévaut au sein de l’Union européenne (UE) et de l’Otan. Dans le même temps, le soutien croissant à l’Ukraine oblige les pays occidentaux à se fixer des priorités. Après des décennies de coupes budgétaires dans le domaine de la défense, les nouvelles menaces qui pèsent sur la sécurité internationale ont placé les pays de l’Otan dans une situation précaire. La nécessité d’accroître leurs capacités militaires doit désormais être mise en balance avec le soutien en équipements à l’Ukraine. La capacité limitée de production de l’industrie militaire européenne et son incapacité à répondre urgemment aux besoins constituent une problématique. D’ailleurs, cette question clé met aujourd’hui à l’épreuve la cohésion occidentale, entre États et vis-à-vis de l’Ukraine. Si on y ajoute la crise économique, notamment énergétique et inflationniste, les gouvernements européens font désormais face à une pression intense de la part de leurs concitoyens.
Il faut donc espérer que la cohésion de l’Occident et de l’Europe tiendra tant que la Russie continuera à faire peser une menace évidente sur la sécurité internationale, car c’est précisément cette cohésion qui constitue le centre de gravité des pays démocratiques. Il faut le protéger à tout prix.
La Suède pendant la guerre froide et jusqu’à la fin des supposés « dividendes de la paix »
Avant toute chose, tentons de comprendre l’évolution de la politique de sécurité et de défense suédoise au cours des trente dernières années. Pendant la guerre froide, la Suède était définie comme militairement non alignée, visant la neutralité en cas de guerre. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, cela a pu sembler évident et a permis à Stockholm de rester en dehors du conflit gelé, notamment en se positionnant entre les deux blocs. Grâce à ce positionnement, la politique de neutralité suédoise était considérée comme stabilisatrice de la région et a sûrement permis d’éviter une guerre locale. Néanmoins, certaines actions de la Suède ont quelque peu discrédité cette neutralité. En effet, de nombreux documents et interviews datant de cette époque affirment que la Suède, contrairement à son non-alignement militaire, avait mis en place des plans de défense de grande envergure, en coalition avec l’Otan et les États-Unis, dans le cas où le pays serait attaqué par le Pacte de Varsovie (1). En d’autres termes, les Suédois ne doutaient pas de la menace que faisaient peser l’Union soviétique et aujourd’hui la Russie sur la zone Baltique, à l’exception des années des « dividendes de la Paix ».
Pendant 75 ans, les menaces du Kremlin ont tenu la Finlande et la Suède à l’écart de l’Otan. Vladimir Poutine aurait déclaré que : « lorsque nous regardons de l’autre côté de la frontière, vers la Finlande, nous voyons un ami. Si la Finlande rejoint l’Otan, nous verrons un ennemi » (2).
À l’époque de la chute du mur de Berlin, la Suède disposait d’une force de défense et d’un système de défense totale, dont la mission était de dissuader une attaque ennemie et, si nécessaire, de se défendre en cas d’attaque armée, de préférence à l’intérieur de ses frontières. Selon la logique de l’époque, on supposait qu’aucune autre nation ou alliance militaire ne nous aiderait à le faire (3). En bref, la Suède a appliqué avec succès une politique de neutralité depuis l’époque de Karl XIV Johan qui, entre autres choses, a contribué à tenir le pays à l’écart des deux guerres mondiales (4). Le fait que la Suède ait vécu en paix depuis 1814 a souvent été assimilé au bienfait de cette politique. Une affirmation qui n’est pas entièrement dénuée de sens, mais qui a, en même temps, contribué à un excès de confiance dogmatique dans ce concept de neutralité, empêchant la Suède de procéder aux ajustements militaires nécessaires lorsque le monde a rapidement changé.
Du non-alignement et de la neutralité à la solidarité stratégique : transition lente ou décision hâtive ?
Au début de l’année 2022, le commandant en chef suédois avait déclaré que « l’année serait décisive ». Peu de gens pouvaient deviner à quel point sa déclaration serait juste. Avant même l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le climat politique suédois, motivé par la détérioration de la situation extérieure, avait déjà incité le gouvernement à prolonger le mandat de la commission de la défense chargée d’examiner une augmentation du budget de la défense. Le 17 mars 2022, les forces de défense soumettaient une proposition au gouvernement concernant un accroissement du budget pour l’année en cours de 200 millions d’euros. Peu de temps après, le gouvernement confiait une nouvelle mission aux forces armées : étudier la rapidité avec laquelle elles pourraient monter en puissance si les dépenses de défense augmentaient progressivement jusqu’à 2 % du produit intérieur brut (5). Parallèlement à ces travaux, le débat politique sur l’Otan se poursuivait, l’opinion publique se prononçant en faveur de l’adhésion au cours des premiers mois de 2022. La proportion de personnes favorables à l’adhésion à l’Otan a continuellement augmenté après la demande d’adhésion de la Suède en mai 2022 et, en décembre de la même année, près de 70 % de la population estimait que la Suède serait plus en sécurité au sein de l’Otan (6).
Le 16 mai 2022, avec le soutien d’une large majorité du Parlement suédois, le gouvernement a pris la décision historique de demander l’adhésion à l’Otan (7). Cette demande a été officiellement soumise le 18 mai au Secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg. Les événements de ces dernières années, en particulier l’invasion de l’Ukraine par la Russie, ont entraîné la plus grande transformation de politique de sécurité et défense suédoise des temps modernes. Comment cela s’est-il produit ? Dans le débat suédois qui a suivi la demande d’adhésion à l’Otan, il a souvent été affirmé que la décision avait été prise à la hâte. Est-ce réellement le cas ?
Pour aborder cette question, il est important d’analyser d’abord l’évolution de la situation après la guerre froide. En 1994, la Suède a rejoint le Partenariat pour la paix (PPP) et l’année suivante, elle est devenue membre de l’Union européenne (8). En conséquence, les exercices internationaux sont devenus une partie intégrante de la vie quotidienne militaire suédoise, et des questions clés, telle que l’interopérabilité, ont donné l’occasion de réfléchir à la manière dont la Suède pouvait contribuer militairement à des opérations en coalition (9). La coopération en matière de défense a également permis à la Suède de comprendre les procédures utilisées par l’Otan, gage d’efficacité opérationnelle. En tant que pays non aligné, il s’agissait déjà d’un défi, car la réflexion opérationnelle suédoise s’appuyait essentiellement sur une défense autonome. D’un point de vue méthodologique et intellectuel, cette coopération a été stimulante et a obligé à réévaluer de nombreuses idées préconçues sur la manière de se défendre. Grâce à sa participation au Processus de planification et d’examen du partenariat pour la paix la défense suédoise a été évaluée en permanence par l’Otan selon les mêmes standards que les autres pays de l’Alliance (10). Dans le cadre de ce processus, la Suède a ainsi obtenu le point de vue de l’Otan sur la manière dont sa défense devait être organisée en fonction de ses besoins nationaux, en identifiant à la fois ses points forts et ses besoins d’amélioration (11).
L’appartenance à l’Union européenne est un autre facteur qui a influencé les opinions sur la sortie du non-alignement. Bien que l’UE ne soit pas une alliance militaire, la Politique étrangère et de sécurité commune (PSDC) (12) en est la pierre angulaire afin de maintenir la paix en Europe. Selon l’article 42.7 du Traité sur l’Union européenne (13) chaque État membre a une obligation de porter assistance aux autres États-membres (14).
Il existe des similitudes avec l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord (15). Le contenu de la clause est très éloigné du principe de neutralité. Comment rester passif et à l’écart, si la guerre éclate et qu’un État-membre est attaqué ? Après l’adhésion à l’UE et dans les années précédant 2022, parallèlement à la détérioration de la situation internationale, la position de la Suède en matière de politique de défense et de sécurité est souvent apparue dans le débat politique national, oscillant en fonction du parti au pouvoir. Toutefois, la relation et l’attitude à l’égard de l’Otan ont été relativement claires au cours de cette période. Les partis de droite se sont très tôt prononcés en faveur de l’adhésion, ce qui était tout aussi impensable au Parti de la gauche, au Parti de l’environnement-Les Verts et au Parti social-démocrate suédois des travailleurs (SAP). Pour simplifier, on aurait pu comparer la question de l’adhésion à l’Otan à celle qui prévalait avant le référendum suédois sur l’adhésion à l’Union européenne : à cette époque, les sociaux-démocrates s’étaient prononcés tardivement en faveur de l’adhésion, ce qui avait eu une influence décisive sur l’issue du vote (16). En revanche, ce qui fut différent dans le cas de l’Otan, c’est que le choix de la Suède de se désarmer progressivement alors que la situation internationale se détériorait, était devenu de plus en plus insoutenable au pays. Il n’y avait en fait pas vraiment d’autre choix.
Afin de définir et de développer une nouvelle politique de défense et de sécurité, le Parlement suédois (Riksdag) a alors adopté à une large majorité la Déclaration de solidarité suédoise dans le cadre du projet de loi sur la défense de 2009. Cette déclaration fondée sur la clause de solidarité du Traité sur l’UE donne à la politique de défense et de sécurité de la Suède une signification entièrement nouvelle. Elle a fait passer la Suède d’un État qui n’appartient à aucune alliance militaire, à un État qui construit désormais sa sécurité avec d’autres. Pour les forces armées suédoises, cette évolution n’est pas passée inaperçue, notamment en raison des activités militaires menées avec les pays de l’UE et par conséquent de l’Otan au cours des dernières décennies. Certains ont alors affirmé que la coopération en entraînement était le maximum que pouvait faire la Suède, n’impliquant nullement d’être engagée dans des obligations de défense collective avec l’Otan : « Cette coopération étendue, combinée à notre propre déclaration de solidarité, nous rapproche tellement de l’Otan que nous pouvons difficilement éviter d’être identifiés à l’Alliance – sans bénéficier ni de l’effet de la coopération ni de la protection de la solidarité qu’offrirait l’adhésion » (17). Bien qu’il s’agît d’un premier pas vers une Suède construisant désormais sa sécurité avec d’autres, cela signifiait également que le pays ne pouvait plus rester neutre si une attaque armée frappait un autre État-membre de l’UE ou un État nordique : « Le gouvernement soutient la déclaration de solidarité émise par le Comité de défense, qui comprend des membres de l’UE ainsi que la Norvège et l’Islande. Il n’est pas possible d’envisager des conflits militaires dans notre voisinage qui n’affecteraient qu’un seul pays. La Suède ne restera pas passive si une catastrophe ou une attaque devait toucher un autre État-membre ou un pays nordique. Nous attendons de ces pays qu’ils agissent de la même manière si la Suède est touchée. La Suède devrait donc être en mesure de fournir et de recevoir un soutien militaire (18). »
Malgré la clause de solidarité de l’UE et la détérioration de la situation internationale, le budget de défense n’a cessé de diminuer par rapport au PIB dans les années 2010. Il s’agissait donc d’une volonté politique de coopération sans avoir réellement les moyens de la mettre en œuvre.
Développements en 2014-2022
Après l’invasion et l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, l’Europe s’est réveillée de l’ère de la « paix perpétuelle » à laquelle elle croyait et a lentement commencé à s’attaquer à la menace russe désormais tangible (19). Comme l’aurait dit l’ancien président estonien Toomas Ilves à propos de la guerre en Géorgie : « l’Occident a entendu la sonnerie du réveil, mais s’est rendormi. Il a fallu une guerre en Ukraine pour que les décideurs politiques sortent du lit. Maintenant, il est temps de se mettre au travail ! ».
En effet, la menace que représente la Russie pour l’Otan n’est pas nouvelle, elle est revenue sur le devant de la scène depuis l’attaque verbale de Vladimir Poutine lors de la conférence de Munich en 2007 (20). Depuis 2014, la situation n’a cessé de s’aggraver, le Président russe ayant clairement démontré sa volonté politique d’utiliser la force militaire pour arriver à ses fins. De surcroît, en plus de la négation ouverte des idéaux de la démocratie occidentale et de l’ordre international, Poutine nie à son peuple les droits de l’homme, promouvant des valeurs plus archaïques (21).
Cependant, la détérioration de la situation internationale a entraîné un réveil politique, les questions de politique de défense et de sécurité retrouvant leur importance dans le débat politique en Occident. En Suède, comme dans de nombreux autres pays européens, il faudra attendre plusieurs années avant que cette évolution sécuritaire ait un réel impact positif sur les budgets de défense. Lors de la réunion de l’Otan à Bruxelles en 2018, le président Donald Trump a violemment tancé les États-membres européens pour n’avoir toujours pas atteint l’objectif de 2 % du PIB consacré aux dépenses de défense (22). En tant qu’État non aligné, vous devriez raisonnablement allouer plus à la défense lorsque vous êtes de facto vous-même et que vous ne pouvez compter sur personne d’autre. C’était également le cas en Suède pendant la guerre froide et il a fallu attendre les années 1990 pour que les dépenses de défense tombent en dessous du niveau de 2 % du PIB (23). En 2021, la Défense ne représentait plus que 1,4 % du PIB, soit la part la plus faible des pays nordiques (24).
En résumé, la position de la Suède en matière de politique de défense et de sécurité a évolué progressivement depuis la fin de la guerre froide. Elle est passée d’une approche strictement nationale et de défense unilatérale à une ouverture progressive à la coopération et à la construction d’une sécurité collective. Au cours de cette période, les exercices et opérations avec l’Otan se sont intensifiés et, au niveau politique, un nombre croissant d’accords de défense bilatéraux et multilatéraux ont été conclus. Dans le cadre de diverses collaborations multilatérales telles que le Groupe nordique, la Force expéditionnaire commune, la Nordic Defence Cooperation (NORDEFCO) qui regroupent de nombreux pays également membres de l’Otan, la Suède avaient déjà pris l’initiative de coopérer dans le domaine militaire (25).
Lorsque la Russie a envahi l’Ukraine, les conditions étaient donc réunies pour changer de cap politique. Moins de deux mois après le déclenchement de la guerre en Ukraine, l’opinion publique suédoise avait déjà évolué et, pour la première fois, une majorité souhaitait adhérer à l’Alliance atlantique. L’opinion était d’ailleurs encore plus favorable à l’adhésion de la Suède du fait que la Finlande décidait de la rejoindre aussi (26). Le peuple suédois, confronté à une menace extérieure claire, a rapidement changé d’avis et a décidé du plus grand changement politique des temps modernes. Cette évolution des mentalités, favorisée par la décision identique de la Finlande, a finalement conduit le parti social-démocrate à changer également d’avis sur la question, obtenant ainsi une majorité significative au parlement (Riksdagen).
La Première ministre suédoise, Magdalena Andersson, est également à la tête du parti social-démocrate suédois, qui s’est toujours opposé à l’adhésion à l’Otan. L’invasion de l’Ukraine par Vladimir Poutine reflète toutefois pour la Première ministre un changement d’époque : « Je pense (…) que c’est un moment très important de l’histoire. Il y a un avant et un après 24 février 2022. Le paysage sécuritaire a complètement changé, avec les exigences de la Russie en décembre, puis l’invasion de l’Ukraine. Compte tenu de cette situation, nous devons vraiment réfléchir à ce qui est le mieux pour la Suède, notre sécurité et notre paix dans cette nouvelle situation (27). »
On peut raisonnablement supposer qu’en raison de la détérioration croissante de la situation internationale depuis les années 2000 et du changement progressif de la politique de défense suédoise, qui est passée du non-alignement militaire à une coopération de défense élargie, la discussion de son adhésion à l’Otan aurait probablement été lancée sans les événements du 24 février 2022. Les événements du printemps 2022 sont, par conséquent, un catalyseur qui, à lui seul, a accéléré le cours des événements.
Les Nordiques s’unissent au sein de l’Otan, une région plus importante qu’auparavant ?
Outre l’évolution de la politique de Défense suédoise telle que décrite ci-dessus, il est également nécessaire d’analyser et de comprendre la manière dont ce revirement affecte le contexte géopolitique. La région nordique fait le lien entre les divers pays qui la composent dans différents domaines : militaire, informationnel, économique et culturel. Au sein de l’Otan, la géographie de la Suède présente principalement un avantage dans la planification opérationnelle. En effet, elle permet d’accéder à l’ensemble de la région et d’avoir une profondeur stratégique accrue pour les opérations défensives. À court terme, il est aussi probable que la Russie voit dans la région nordique une zone stratégique primordiale. Plus particulièrement, la région du Cap Nord, qui lui permet le déploiement d’une grande partie de ses capacités de seconde frappe nucléaire russe basée autour de Mourmansk, deviendra un point clé. Il devrait sûrement à l’avenir faire l’objet de rivalité, surtout si l’Otan s’y déploie massivement et si la situation tactique en Ukraine échappe progressivement aux forces conventionnelles russes.
Les différentes zones de la région nordique : le Grand Nord (28), la mer Baltique et la côte ouest suédoise
La détérioration du climat géopolitique et l’augmentation de l’instabilité dans le monde ont également eu un impact sur les activités dans la région arctique. Normalement, la zone est définie comme l’aire géographique située au nord du 66e parallèle, mais elle s’étend réellement jusqu’au 60e. La région arctique comprend tous les pays nordiques, le Canada, les États-Unis et la Russie, qui sont membres du Conseil de l’Arctique (29). Ces dernières années, l’activité militaire dans la région a augmenté, en partie à cause d’une concurrence accrue pour les ressources naturelles de la région, mais aussi en raison de la détérioration des relations internationales. L’impact négatif du changement climatique sur la région, où des températures plus élevées entraînent la fonte de la banquise, crée également de nouvelles conditions de mobilité maritime, notamment par le passage du Nord-Est (30). L’augmentation générale de l’activité militaire dans la région, en particulier de l’activité navale, contribue à accroître le risque d’incidents militaires.
Du point de vue russe, la base de sous-marins stratégiques de la péninsule de Kola, dans le nord de la Russie européenne, à environ 200 km de la Norvège et de la Finlande, est un élément essentiel de sa capacité de frappe nucléaire en second. Pour garantir la liberté d’action de ses sous-marins, Moscou cherche à contrôler l’océan Arctique et la mer de Barents. La sphère d’intérêt de la Russie s’étend également loin vers les zones terrestres de la Calotte du Nord. En réponse à l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’Otan, la Russie devrait poursuivre ses déploiements de forces dans la région arctique, avec pour conséquence une possible augmentation des tensions. La dissuasion nucléaire stratégique russe est essentielle pour sa défense. À court terme, l’importance stratégique de la région augmentera tellement qu’elle pourrait devenir la zone de confrontation la plus probable de l’Otan avec la Russie, devant l’Europe centrale (31).
La Russie constitue une menace opérationnelle sérieuse pour les voies maritimes transatlantiques grâce à ses capacités sous-marines, qui ont été développées ces dernières années et sont d’un niveau technologique élevé. Elle dispose en outre de capacités spécialisées et d’unités spéciales capables d’opérer à de grandes profondeurs et qui constituent un élément important de la guerre contre les installations situées au fond de la mer (32). La Suède s’est déjà efforcée de développer une capacité militaire dans ce domaine, capable d’opérer dans la région avant même de poser sa candidature à l’adhésion à l’Otan. Le gouvernement suédois a décrit l’importance de la zone dans sa dernière stratégie pour l’Arctique et affiche clairement son ambition d’y relever les défis futurs (33). De l’avis du commandant en chef des Armées, la région est une zone militaire stratégique prioritaire, qui impose d’être doté de capacités pour y intervenir (34).
La région de la mer Baltique
La mer Baltique est également importante d’un point de vue géostratégique et, depuis les années 2000, cette tendance n’a fait que s’accentuer. Dès 2014, la commission de la défense a noté que les exercices militaires et les activités de renseignement russes ont augmenté depuis 2007, et qu’en réponse, ils s’accompagnent d’une présence accrue des pays de l’Otan et de l’UE (35). La zone circonscrite de la mer Baltique, avec ses entrées et sorties canalisées, peut être décrite comme suit : « Géographiquement, la mer Baltique, en tant que masse d’eau fermée, forme une zone distincte. À l’ouest, la péninsule scandinave la protège de l’influence directe de l’Atlantique. À l’ouest, les détroits danois empêchent l’accès direct à l’Atlantique. Pendant la guerre froide, on a soutenu qu’elle formait également une unité stratégique distincte. C’est encore plus vrai depuis que les États baltes ont rejoint l’Otan en 2004. D’autre part, la mer Baltique fait partie du flanc nord plus large et, par conséquent, le littoral balte est pris en compte dans les questions extra-baltiques et vice-versa (36). »
Avec l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’Otan, tous les États riverains de la mer Baltique, à l’exception de la Russie, feront partie de l’Alliance. Toutefois, l’appellation de « mer de l’Otan » peut être trompeuse si l’on considère cette mer comme fermée. Cette idée de mer fermée a d’ailleurs servi les intérêts de l’Union soviétique lorsque la majeure partie du littoral de la mer Baltique appartenait aux pays du Pacte de Varsovie. Aujourd’hui encore, elle permet à la Russie de tenter de réduire la liberté de mouvement de l’Otan. Considérer la mer Baltique comme une mer ouverte est depuis longtemps un intérêt de la politique de Défense suédoise. À l’époque, cela équilibrait la puissance de l’URSS dans la région. Aujourd’hui cela permet d’assurer la liberté de circulation nécessaire à un éventuel soutien en cas de crise. En revanche, après l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’Alliance, la capacité de l’Otan à contrôler et contraindre l’adversaire russe dans l’utilisation de la mer Baltique, sera réelle.
D’un point de vue économique, la région est très intéressante. La mer Baltique est l’une des zones maritimes les plus fréquentées au monde, avec plus de 2 000 mouvements de navires par jour (37). Sous la surface, passent aussi les gazoducs Nord Stream, qui relient la Russie à l’Europe. En outre, des câbles Internet installés dans les fonds marins relient les États côtiers. Les récentes attaques contre ces gazoducs (38), quels qu’en soient les auteurs, ont démontré la nécessité de contrôler la zone. Au fur et à mesure que les pays se dotent de capacités de guerre des fonds marins, la nécessité de surveiller et de protéger ces installations va s’accroître. Les dommages potentiels sur des flux d’informations Internet par lesquels transitent de nombreuses transactions économiques ne peuvent être sous-estimés. L’ensemble de ces éléments donne une idée de l’importance de la zone et montre l’importance de pouvoir la protéger si la situation sécuritaire l’exigeait. Dans le cadre de sa guerre hybride contre l’Occident, la Russie est parvenue, méthodiquement et sur une longue période, à rendre l’Europe dépendante du pétrole et du gaz russe (39). Ce pouvoir a ensuite été habilement utilisé comme une arme économique pour influencer les populations européennes en augmentant les prix de l’énergie à la suite de la crise (40). En 2007, le commandant en chef suédois a évoqué cette dépendance énergétique à l’Université de défense suédoise, la qualifiant de prise de contrôle hostile de la Russie sur l’Europe. Quinze ans plus tard, ses craintes s’avèrent de nouveau tout à fait justifiées (41).
La situation stratégique de l’île de Gotlandau centre de la mer Baltique permet, pour la Suède aujourd’hui et pour l’Otan demain, de tenir une position stratégique à partir de laquelle la mer Baltique peut être contrôlée (42). De même, elle devient un nœud important pour la protection des flux, par exemple entre la Suède et les États baltes. La compréhension de l’importance géopolitique de Gotland s’est accrue au fur et à mesure que la situation extérieure se détériorait. Il convient de noter qu’à l’époque des dividendes de la paix, Gotland avait été complètement démilitarisée. En réponse à l’évolution de la situation sécuritaire, le commandant en chef suédois a décidé, en 2016, de rétablir une présence militaire permanente sur l’île.
La situation de Gotland au milieu de la mer Baltique constitue également une faiblesse, car l’île doit recevoir quotidiennement des livraisons de marchandises de la métropole suédoise pour subvenir aux besoins des habitants isolés. En 2018, le gouvernement a donc demandé au conseil administratif du comté de Gotland, ainsi qu’aux forces armées suédoises et à d’autres administrations, d’analyser la situation du point de vue de la défense nationale, l’île devant être en mesure de faire face à une crise pendant 90 jours sans recevoir de livraisons de la Suède continentale (43). C’est un exemple de l’importance croissante accordée aujourd’hui à la défense totale. Par ailleurs, un nouveau poste ministériel a été créé en 2022 : ministre de la Défense civile, chargé de la reconstruction de la défense civile, actuellement occupé par Carl-Oskar Bohlin.
Du point de vue de la Russie, l’évolution géopolitique des dernières décennies a réduit son influence dans la région. Alors qu’elle contrôlait pratiquement la moitié de la côte de la mer Baltique à l’époque de l’Union soviétique et qu’elle partageait cette zone avec des États côtiers non alignés et neutres, qu’elle considérait comme des homologues, la Russie est aujourd’hui confinée aux zones de Kaliningrad et de Saint-Pétersbourg. Avec des importations et exportations russes via la mer Baltique, la dépendance du pays à l’égard de cette voie maritime s’avère évidente. En 2014, dans le cadre de ses efforts pour asseoir son influence sur la région, Moscou a déployé un système de missiles Iskander à Kaliningrad (44). Ce système d’arme offensif, qui peut être utilisé pour attaquer les pays situés autour de la mer Baltique, est destiné à cibler des infrastructures telles que des bases aériennes ou navales. Combiné à des exercices réguliers et à un comportement de plus en plus offensif, ce déploiement est un exemple de la montée des tensions en matière de sécurité dans la région de la mer Baltique.
La côte ouest de la Suède
Le port de Göteborg est le plus grand port de Suède et de la région nordique. Il traite environ 90 % de toutes les marchandises entrant en Suède. Le port est également central pour la Norvège et les États baltes. La plupart des marchandises qui arrivent à Göteborg sont transportées par voie terrestre jusqu’à la côte est de la Suède, puis expédiées par bateau vers les États baltes. Une partie des marchandises est également acheminée directement de la façade occidentale vers la mer Baltique. Ces flux majeurs montrent l’importance de la côte occidentale suédoise pour l’approvisionnement de la région de la mer Baltique. La protection du port de Göteborg est donc un élément essentiel de la planification de l’Otan. Ce point d’approvisionnement doit rester ouvert. L’importance de la côte ouest a aussi été relevée par la Suède. L’une des leçons tirées de la pandémie de Covid-19 a été la nécessité de pré-stocker certains biens, comme les fournitures médicales, telles que l’équipement de protection individuelle, qui est nécessaire pour gérer les situations difficiles, même en temps de paix (45).
D’un point de vue militaire, la région de Göteborg et la côte ouest constituent un élément clé de la planification stratégique de la défense suédoise. L’installation d’un régiment amphibie dans la ville, avec la capacité de maintenir les voies maritimes ouvertes, renforce considérablement la sécurité aux abords du port le plus important de Scandinavie. Le fait que la Suède construise aujourd’hui sa sécurité et ses capacités en coopération avec d’autres pays a également permis d’organiser régulièrement des exercices conjoints au cours des dernières années dans la région. Ainsi, lors de l’exercice des forces de défense Aurora 2023, qui a réuni 26 000 participants de 14 pays, l’accent sera mis sur le soutien à la nation hôte (46). Dans le cadre du développement de la défense totale suédoise, une analyse des besoins en infrastructures dans la région de Göteborg est également en cours, afin de préparer la région à recevoir un soutien militaire en cas de crise ou de guerre.
L’analyse logistique de la zone s’applique à la fois aux besoins nationaux et aux besoins de l’Otan. Comme pour la Norvège, il peut être nécessaire de pré-stocker du matériel et de déployer des troupes étrangères sur le sol suédois (47). Ce point, inhérent à l’adhésion future de la Suède à l’Otan, a été discuté lors de la conférence nationale annuelle de Folkoch Försvar à Sälen en 2023. Le gouvernement s’est montré intéressé par une coopération plus approfondie avec les États-Unis, envisageant le pré-stockage de matériel militaire américain et la présence de soldats en Suède comme déterminants (48). La conclusion du Conseil de défense, soumise au gouvernement le 1er novembre 2022, décrit le soutien à la nation hôte comme une capacité prioritaire à développer. Dans l’ensemble, l’analyse de la région baltique montre déjà une forte interdépendance entre les pays de l’Otan, qu’il s’agisse de transactions économiques, de flux d’informations ou d’activités militaires. Cette tendance sera renforcée par l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’Otan et constituera donc un élément primordial de la future planification de défense intégrée pour la région.
Défis, opportunités et propositions stratégiques
Défis
Quels défis et quelles opportunités concernant l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’Otan ? Existe-t-il des conséquences négatives à ces adhésions pour l’Otan ?
Comme mentionné précédemment, certaines personnes influentes en Suède continuent de penser que le processus d’adhésion à l’Otan a été trop rapide. L’ancienne ministre des Affaires étrangères Margot Wallström, qui a démissionné en septembre 2019 après que la Suède a choisi de ne pas ratifier la Convention des Nations unies sur l’interdiction des armes nucléaires, a critiqué le processus décisionnel qui a conduit à la demande d’adhésion (49). L’ancien ambassadeur à Moscou, Sven Hirdman, est allé plus loin dans ses critiques, affirmant que l’adhésion augmentait le risque de guerre et aggravait la situation sécuritaire dans le Nord. Il peut sembler paradoxal que la Suède reconnaisse une menace sécuritaire accrue, d’une part, mais qu’elle n’alloue pas, d’autre part, de budget suffisant à ses forces armées pour se défendre tout en jugeant l’intégration dans l’Otan comme une menace accrue de guerre. Les populations indigènes du Nord ont également exprimé leur inquiétude quant à la recrudescence des activités militaires dans le Grand Nord, qui conduit selon elles à une augmentation du risque de confrontation. « J’estime que l’adhésion de la Suède à l’Otan est problématique, en particulier pour moi qui suis autochtone du nord du pays. Il y a déjà une lutte pour la terre dans le pays et je pense que l’Otan peut considérer le nord de la Suède (qui est un territoire autonome) comme une immense région militaire pour effectuer ses exercices. Je considère donc qu’il s’agit d’une autre forme de colonisation (50). »
Le point commun de ces critiques internes suédoises est qu’elles s’appuient sur la perspective d’un pays non aligné et neutre, s’opposant à l’intégration à l’Otan et à la défense collective de l’Europe. Cependant, l’image que la Suède a aujourd’hui d’elle-même a fondamentalement changé et désormais une forte majorité de la population et du Parlement souhaite l’adhésion du pays à l’Otan.
La longue histoire de non-alignement de la Suède peut-elle empêcher le pays de penser « autrement », c’est-à-dire de construire sa sécurité avec les autres ?
Sur ce point, il est bon que l’adhésion à l’Otan fasse débat, car cela permet de discuter plus en avant des sujets de défense. Ainsi la Suède a mis fin à plusieurs décennies de coupes budgétaires. Même si ces questions sont désormais prises au sérieux par les mêmes individus qui ont été responsables de la réduction des capacités militaires du pays, il apparaît un risque sur la manière d’utiliser ces nouveaux budgets et le manque d’expérience de la classe politique dans ce domaine. Le défi pour le gouvernement et l’État-major des armées est maintenant de moderniser l’armée suédoise avec de nouveaux équipements utiles à la défense collective du pays au sein de l’Otan et par conséquent interopérables, tout en augmentant la capacité de production de l’industrie de défense.
La force de l’Otan tient dans sa cohésion interne. L’obstruction de la Turquie aux demandes d’adhésion de la Suède n’est pas seulement un problème pour ce pays scandinave, mais pour l’Otan dans son ensemble, car elle affecte directement l’image de cohésion de l’Alliance (51). Il s’agit donc d’un problème politique pour l’Otan, qui montre que, même pendant un conflit sur le continent européen, malgré un niveau de menace accru, l’organisation n’est toujours pas « une et indivisible ». Il s’agit probablement de l’un des principaux défis que l’Otan devra relever à l’avenir. Il s’agit autant d’une question de compréhension culturelle entre États-membres que de perception commune de la situation sécuritaire, qu’un adversaire comme la Russie sera prompt à exploiter. Après toutes ces années de guerres choisis, l’Otan doit maintenant rapidement reprendre connaissance de tout ce qui relève de la défense collective. L’une des règles de base pour cela est de pratiquer des exercices de la même manière en temps de paix que l’alliance veut agir en cas de guerre.
Opportunités
La coopération en matière de défense entre l’Otan, la Finlande et la Suède s’est beaucoup développée depuis le début des années 1990. La coordination des programmations d’exercices avec l’Otan a permis d’augmenter les volumes de forces déployés, d’augmenter la complexité des scénarios et par là même l’interopérabilité des forces engagées.
Dans le cadre de la NORDEFCO, les exercices majeurs ont débuté en 2009, sous le nom de Close Border Training (CBT). La Suède, la Finlande et la Norvège, ont mis au point un moyen d’optimiser leurs entraînements conjoints réguliers. Grâce à une planification commune, ils peuvent partager leurs moyens aériens, maritimes et terrestres afin de réaliser des exercices à moindre coût. Le Swedish Finnish Naval Task Group (SFNTG) et la Joint Expeditionary Force (JEF) sont d’autres exemples de coopérations régionales opérationnelles qui améliorent l’interopérabilité culturelle et technique ainsi que l’efficacité opérationnelle des contributeurs. Il s’agit là de quelques-uns des exemples de coopération qui ont vu le jour dans la région ces dernières décennies. La caractéristique commune de ces coopérations est qu’elles rassemblent essentiellement des pays membres de l’Otan qui s’exercent finalement à mettre en œuvre les plans de défense de l’Alliance dans la région (52). Par exemple, afin de mieux répondre aux divers défis des nouvelles politiques de défense de la région, une proposition de défense aérienne commune (53) a récemment été présentée par les quatre pays nordiques : la Norvège, le Danemark, la Suède et la Finlande. Pour que l’Otan puisse tirer pleinement parti de l’unité des plans de défense des pays nordiques, il faut d’abord comprendre pourquoi chaque pays s’est doté des capacités dont il dispose. Pour la Norvège, l’accent a été mis sur le Grand Nord. Pour la Finlande, la longue frontière terrestre avec la Russie et l’expérience de la Seconde Guerre mondiale sont des éléments essentiels de son système de défense, surtout terrestre. Pendant des décennies, la Suède a clairement mis l’effort sur la mer Baltique, catalyseur de son développement en matière de défense. En se dotant de capacités militaires lui permettant de se défendre rapidement d’une attaque par la mer, avec des forces aériennes et navales conséquentes, ainsi qu’avec des unités terrestres mobiles et puissantes, l’idée était de créer un seuil dissuasif (54).
Dans l’histoire, la structure de commandement de l’Otan s’est adaptée à l’environnement actuel. La guerre en Ukraine a une fois de plus démontré la capacité de l’Otan à s’adapter à de nouvelles conditions, mais il reste encore beaucoup à faire. Avec l’intégration de la région nordique au sein de l’Otan, la question de la révision de cette structure se pose aussi. À l’heure actuelle, la responsabilité globale de l’ensemble de la région est partagée entre le JFC Brunnsum (Pays-Bas), MARCOM (Northwood, Royaume-Uni) et le JFC Norfolk (États-Unis). Ce dernier vient de rejoindre en 2018 la structure de commandement opérationnel de l’Otan pour faire face à la menace russe dans l’Atlantique Nord. Un slogan affiché dans le hall d’entrée indique son objectif : « De la Floride au Finnmark – des fonds marins à l’espace – prêts à se battre (55). »
Compte tenu de l’importance stratégique militaire de la péninsule de Kola et de la mer Baltique, véritable cordon ombilical économique de la Russie, la présence des pays nordiques dans l’Otan et l’UE pose un défi sécuritaire au voisin russe. Si l’on ajoute à cela la résistance féroce de la région balte à l’influence russe dans la région, cette zone nordique risque de devenir la principale zone de conflit potentiel entre l’Occident et la Russie.
Du point de vue de la planification de défense, le territoire suédois peut au moins contribuer à la profondeur stratégique de l’Otan. Par la fourniture de bases logistiques et de commandement, il accroît les possibilités de dispersion des forces de l’Otan. La Finlande et la Suède disposent également d’une infrastructure militaire importante. Plus précisément, l’ensemble de la région, l’Arctique, la mer Baltique et les pays nordiques doivent être considérés comme une zone unique et entièrement interdépendante, y compris militairement. En outre, il existe des liens historiques et culturels forts entre les pays de la région, ce qui peut être considéré comme un atout pour l’Otan, qui doit en tenir compte dans sa planification.
« Tout est simple dans la guerre, mais même la chose la plus simple est difficile à faire », aurait dit Clausewitz. Commencer par mettre en œuvre une structure de commandement complexe, où la répartition des responsabilités n’est pas claire, ne semble pas être un facteur de réussite opérationnelle. Une grande partie de la structure de commandement de l’Otan et de ses États-membres est le résultat de décennies de guerres « choisies ». Aujourd’hui, alors que la réalité est tout autre et que l’ordre sécuritaire européen est sérieusement menacé, il serait peut-être temps de préparer des structures de commandement et des organisations qui répondent à des guerres « subies ».
Une alliance n’est jamais plus forte que son maillon le plus faible et la cohésion de l’Alliance est donc d’une importance capitale. Ces dernières années, cette cohésion a été mise à l’épreuve. Avec les nouvelles menaces que l’Otan a définies dans son plan Deter and Defense (DDA) (56), auxquelles s’ajoute bientôt la menace chinoise, il est encore plus important d’accroître nos efforts en matière de coopération militaire. Dans la situation sécuritaire actuelle, il n’est pas temps de se concentrer sur les besoins propres de chaque pays, où des expressions telles que « l’autonomie stratégique » peuvent être interprétées comme des idées nationalistes et protectionnistes. Faire preuve de solidarité stratégique, partager le fardeau, est encore plus important aujourd’hui qu’avant, car aucun pays d’Europe n’a la capacité, seul, de faire face aux menaces actuelles. Les grands pays, la France et le Royaume-Uni, ont une responsabilité particulière à cet égard. Ils ont également la possibilité de changer les choses par l’exemple et de faire preuve de leadership politique et militaire, alors que les États-Unis se concentrent sur leur pivot asiatique.
À moins que l’UE ne présente une proposition audacieuse qui se traduise par des acquisitions militaires tangibles comblant les lacunes des capacités de l’Otan et permettant à l’Europe d’agir seule en cas de besoin, un partenariat transatlantique plus équilibré restera une chimère (57).
Jusqu’à présent, la plupart des discussions en Europe ont porté sur la nature et la manière dont les États-Unis soutiendraient l’Europe à l’avenir, en cas de guerre. Les Européens devraient plutôt concentrer leurs efforts sur l’amélioration de leurs propres capacités, rendue possible par des budgets conséquents. Cela démontrerait une solidarité stratégique et le fait que l’Europe relève unie les défis de l’avenir. Les États-Unis réclament depuis longtemps que l’Europe commence à assumer la responsabilité de sa propre sécurité. Il est temps de le faire. En d’autres termes, il ne s’agit pas d’exclure les États-Unis du continent européen, ce que la majorité des pays européens ne veulent pas, mais plutôt de partager le « fardeau » des dépenses communes de défense et de sécurité, notamment en ce qui concerne la protection de l’Europe.
Recommandations
La Suède développe depuis longtemps des capacités uniques pour opérer dans la région de la mer Baltique et dans le Grand Nord. Ces capacités, associées à la connaissance fine de la région, constituent des apports stratégiques pour l’Otan de demain. Ces dernières années, les forces suédoises et plus généralement scandinaves se sont développées grâce à l’accroissement des exercices interalliés. Il faut continuer dans ce sens et aller encore plus loin, afin de garantir la protection de la zone au sein de l’Alliance. La longue tradition suédoise de neutralité et son besoin spécifique de capacités adaptées à la région baltique et Nordique ont imposé à l’industrie nationale de défense de développer des équipements. Maintenant qu’il y a de nouveau la guerre en Europe, il est urgent de produire rapidement de nouvelles capacités et les ressources nécessaires à la défense collective de l’Europe, notamment en munitions. La base industrielle de la Suède constitue dès lors un atout pour l’Otan, qu’il ne faut pas négliger. L’autonomie stratégique de l’Europe passe ainsi par des investissements collectifs des pays de l’UE pour leur défense.
Pour l’Otan, l’adhésion de la Suède signifie l’apport de nouvelles capacités opérationnelles, parfois spécifiques, au sein de l’organisation. Les concepts de défense totale de la Suède et la Finlande sont également des données qui renforcent l’Alliance. Ces concepts, qui unissent la défense civile et la défense militaire, sources d’une capacité opérationnelle accrue et d’une résilience avérée des sociétés civiles, suscitent déjà l’intérêt de nombreux pays de l’Alliance, notamment en France.
Dans le domaine du commandement et du contrôle du flanc nord de l’Otan, il semble préférable de se placer sous un unique état-major de l’Alliance. La zone nordique, relativement limitée et, comme décrite ci-dessus, fortement interdépendante, ne devrait pas être subdivisée pour y maintenir les synergies entre pays scandinaves. Il existe d’importants flux, économiques, informationnels et énergétiques qui, d’une manière ou d’une autre, doivent être surveillés et protégés par une structure unique couvrant l’ensemble de la zone, gage d’efficacité. L’Otan a entamé une transformation de sa structure de commandement dans le but de pouvoir planifier et conduire une guerre de haute intensité. L’adhésion de la Suède et de la Finlande doit contribuer à accélérer ce processus.
Enfin, l’emplacement de la Suède, à bonne distance d’un éventuel front avec la Russie, constitue un atout pour l’Otan, pouvant servir de base de stockage et de départ pour les matériels et les troupes prépositionnés. Le territoire suédois augmente considérablement la profondeur stratégique de l’Otan si elle devait s’installer en défensive à long terme. L’une des conséquences de la guerre en Ukraine est l’élargissement de l’Otan et, pour la première fois depuis la création de l’alliance, l’ensemble du flanc nord de l’Europe sera placé sous le contrôle de l’Otan. Alors que la Russie visait à réduire l’influence de l’Otan sur le continent européen, son comportement a, paradoxalement, généré exactement le contraire.
Éléments de bibliographie
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Ringer John, Chakrabarti Meghna, « The risks and rationale of expanding NATO », 28 avril 2022 (www.wbur.org/).
(1) Ryden Daniel, « Så blev Sverige en del av Nato [Comment la Suède est devenue membre de l’Otan] », 2 avril 2019, (https://popularhistoria.se/sveriges-historia/1900-tal/sa-blev-sverige-en-del-av-nato).
(2) Ringer John, Chakrabarti Meghna, « The risks and rationale of expanding NATO », 28 avril 2022 (www.wbur.org/).
(3) Tolgfors Sten, La Suède dans l’Otan, 2016, p. 96.
(4) En français Charles XIV Jean, nom de règne du maréchal d’Empire Jean-Baptiste Bernadotte, qui régna sur la Suède de 1818 à 1844.
(5) Wedin Lars, « La défense suédoise : un lent réarmement », Tribune n° 1365, RDN, 23 février 2022 (https://www.defnat.com/e-RDN/vue-tribune.php?ctribune=1472).
(6) « [La société] davantage favorable à l’Otan, selon une nouvelle enquête » [en suédois], Statistics Sweden, 7 décembre 2022 (https://www.scb.se/pressmeddelande/fler-positiva-till-nato-i-ny-matning/).
(7) Richard Julie, Agence France Presse (AFP), « Adhésion à l’Otan : quelles étapes pour la Suède et la Finlande ? », La Croix, 16 mai 2022 (www.la-croix.com/).
(8) Créé en 1994, c’est un programme de coopération pratique bilatérale entre l’Otan et des partenaires euro-atlantiques. Otan, « Le Partenariat pour la paix », 11 avril 2023 (https://www.nato.int/cps/fr/natohq/topics_50349.htm).
(9) Wedin Lars, op. cit.
(10) Otan, « Processus de planification et d’examen du PPP », 19 juin 2014 (www.nato.int/).
(11) Tolgfors Sten, op. cit, p. 128.
(12) Legrand Jérôme, « La politique de sécurité et de défense commune », Parlement européen, avril 2023 (https://www.europarl.europa.eu/erpl-app-public/factsheets/pdf/fr/FTU_5.1.2.pdf).
(13) Union européenne (UE), Traité sur l’Union européenne (https://eur-lex.europa.eu/).
(14) « Au cas où un État-membre serait l’objet d’une agression armée sur son territoire, les autres États-membres lui doivent aide et assistance par tous les moyens en leur pouvoir, conformément à l’article 51 de la charte des Nations unies. Cela n’affecte pas le caractère spécifique de la politique de sécurité et de défense de certains États-membres. »
(15) Otan, « Défense collective – Article 5 » (https://www.nato.int/cps/fr/natohq/topics_110496.htm).
(16) Les Suédois ont voté à 52,27 % en faveur de l’adhésion de leur pays à l’UE. « Entrée de l’Autriche, la Finlande et la Suède dans l’Union européenne », Perspective Monde, Université de Sherbrooke (https://perspective.usherbrooke.ca/).
(17) Bertelman Thomas, « Coopération en matière de politique de défense – efficacité, solidarité, souveraineté » [en suédois], 2013, p. 10 (www.alliansfriheten.se/).
(18) La proposition de défense (https://www.regeringen.se/).
(19) La Russie annexe la péninsule de Crimée (Ukraine) après une invasion qui eut lieu entre février et mars 2014.
(20) Poutine Vladimir, « Speech and the Following Discussion at the Munich Conference on Security Policy », 10 février 2007 (http://en.kremlin.ru/events/president/transcripts/24034).
(21) Reid Graeme, « Russia, Homophobia and the Battle for “Traditional Values” », Human Rights Watch, 17 mai 2023 (https://www.hrw.org/news/2023/05/17/russia-homophobia-and-battle-traditional-values).
(22) Mac Askill Ewen et Crerar Pippa, « Donald Trump tells Nato allies to spend 4 % of GDP on defence », The Guardian, 11 julllet 2018 (www.theguardian.com/).
(23) « Pengar till försvaret - land för land [De l’argent pour la défense - pays par pays] », SVT Nyheter, 25 avril 2022 (https://www.svt.se/datajournalistik/pengar-till-forsvaret-land-for-land/).
(24) « Les dépenses de défense de la Suède sont calculées à 1,4 % du PIB selon la définition de l’Otan » [en suédois], Ekonomistyrningsverket, 19 octobre 2022 (www.esv.se/).
(25) Bertelman Tomas, op. cit., p. 45.
(26) Knutson Mats, « Opinionens ja till Nato öppnar vägen för S [Le “oui” de l’opinion publique à l’Otan ouvre la voie à Suède] », 25 avril 2022 (https://www.svt.se/nyheter/inrikes/opinionen-oppnar-vagen-for-nato-medlemskap).
(27) Ringer John, Chakrabarti Meghna, op. cit.
(28) Nordkalotten est un terme désignant les régions de Norvège, de Suède et de Finlande situées au nord du cercle polaire arctique. Le terme est également utilisé pour les régions des trois pays qui se trouvent entièrement ou partiellement au nord du cercle polaire, à savoir le Nordland, le Troms et le Finnmark en Norvège, la région de Norrbotten en Suède et la région de Laponie en Finlande. Ensemble, ces régions représentent environ 30 % de la superficie totale des pays, mais moins de 5 % de la population. « Nordkalotten », Store norske leksikon, 30 janvier 2021 (https://snl.no/Nordkalotten).
(29) Le Conseil de l’Arctique est la principale institution intergouvernementale dévolue à la région et le lieu d’expression des positions diplomatiques et politiques des pays arctiques, comme des pays du monde entier aspirant à une légitimité dans la région. Voir « Le Conseil de l’Arctique », Observatoire de l’Arctique, FRS (www.observatoire-arctique.fr/).
(30) Renaux Louis-Xavier, « Réchauffement climatique en Arctique : une nouvelle donne géopolitique ? », Cahiers de la RDN, « Idées de la guerre, guerre des idées – Regards du CHEM – 71e session » (www.defnat.com/).
(31) Académie royale suédoise des sciences navales, « Une marine pour la Suède » [en suédois], 2018, p. 12.
(32) Base de l’OFL pour la prochaine décision d’orientation de la politique de défense, 2022, p. 64.
(33) Linde Ann, « La stratégie de la Suède pour la région arctique [en suédois] », p. 21 (www.regeringen.se/).
(34) « Les conseils du commandant en chef concernant le développement des capacités [en suédois] », Forsvarsmakte, 31 octobre 2022 (www.forsvarsmakten.se/).
(35) Le rapport final de la commision de la Défense. La puissance militaire et l’orientation de la politique de sécurité et la formulation de Défense militaire 2021-2025 [en suédois] (www.regeringen.se/).
(36) Laanemets Ott, « Sea Power in the Baltic Sea », 2021, p. 18 (www.kvak.ee/).
(37) Forces armées suédoises, « Coopération maritime entre autorités » [en suédois] (www.forsvarsmakten.se/).
(38) Morin Baptiste et Agence France Presse (AFP), « Nord Stream : ce que l’on sait des fuites qui touchent les deux gazoducs », Europe 1, 27 septembre 2022 (www.europe1.fr/).
(39) En 2021, environ 45 % des importations de gaz provenaient de Russie. Représentation en France de la Commission européenne, « L’Europe peut-elle se passer du gaz russe ? », Commission européenne, 20 octobre 2022 (https://france.representation.ec.europa.eu/informations/leurope-peut-elle-se-passer-du-gaz-russe-2022-10-20_fr).
(40) Gazzane Hayat, « Comment la guerre en Ukraine a bouleversé le marché de l’énergie en 4 chiffres clés », Les Échos, 27 octobre 2022 (www.lesechos.fr/).
(41) Discours en 2007 pour l’EdG suédoise, la promotion 2006-08.
(42) Wedin Lars, « L’île de Gotland et la crise ukrainienne », RDN, tribune n° 1362, 17 février 2022, 7 pages (https://www.defnat.com/e-RDN/vue-tribune.php?ctribune=1469).
(43) La MSB est une autorité nationale qui a pour objectif d’améliorer le rôle sociétal de prévention et de gestion des accidents et des crises, brochure-sweden-french.pdf (msb.se)
(44) Kunz Barbara, « Les pays nordiques face aux actions de la Russie en mer Baltique et à Kaliningrad », RDN, n° 802, été 2017, p. 135-140 (https://www.defnat.com/e-RDN/vue-article.php?carticle=21515&cidrevue=802).
(45) Évaluations publiques du gouvernement, SOU 2022:6, del 1 [en suédois] (www.regeringen.se/).
(46) Forces Armées de Suède, « Host Nation Support in focus during defence exercise Aurora 23 », Forsvarsmakten, 7 février 2023 (www.forsvarsmakten.se/).
(47) Department of the Navy, « MCO 4000.58 », 19 octobre 2016 (www.marines.mil/). (Force de prépositionnement maritime (MPF) et Programme de prépositionnement du corps des Marines - Norvège (MCPP-N)).
(48) Knutson Mats, « Analyse : “Implique une présence accrue de soldats américains en Suède” [Analys: ”Innebär utökad närvaro av amerikanska soldater i Sverige”] », 9 janvier 2019 (www.svt.se/).
(49) Margot Wallström (S) estime que le débat sur l’Otan n’est pas historique. « Margot Wallström : “Les modérés touchent du doigt notre histoire” » [en suédois], Dagens Nyether, 27 mars 2022 (www.dn.se/).
(50) Nezirevic Laila, « Discomfort in Sweden over “rushed decision” on NATO membership », Anadolu Ajansi, (https://www.aa.com.tr/en/europe/discomfort-in-sweden-over-rushed-decision-on-nato-membership/2596412).
(51) Mac Dougall David et Samar Kamuran, « Pourquoi la Turquie veut bloquer l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’Otan ? », Euronews, 20 mai 2022 (https://fr.euronews.com/).
(52) Bertelman Tomas, op. cit., p. 8.
(53) Lagneau Laurent, « Les pays nordiques veulent se doter d’une “défense aérienne unifiée” », 25 mars 2023 (https://www.opex360.com/2023/03/25/les-pays-nordiques-veulent-se-doter-dune-defense-aerienne-unifiee/).
(54) Tolgfors Sten, op. cit., p. 141.
(55) Nilsen Thomas, « As Finland and Sweden join NATO, Norfolk command beefs up readiness in alliance’s northern flank », The Barents Observer, 15 mai 2022 (https://thebarentsobserver.com/en/node/9739).
(56) Shape, « Deter and defend - an overview », Otan, 29 septembre 2022 (https://shape.nato.int/).
(57) Bergmann Max et Haddad Benjamin, « Europe Needs to Step Up on Defense. Brussels Should Borrow and Spend More on Security », Foreign Affairs, 18 novembre 2021.