Éditorial – « Le retour de la guerre »
Le thème de ces Assises nationales de la recherche stratégique, organisées par l’équipe Sécurité Défense Renseignement Criminologie Crises Cybermenaces du Cnam et placées sous le patronage du Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), est celui du retour de la guerre. L’Ukraine, bien sûr, est dans l’esprit de tous. Mais le champ du sujet que vous avez choisi est infiniment plus vaste. Aujourd’hui, la guerre ne se limite plus à des territoires bien cernés, et elle n’est pas que militaire. Elle est aussi idéologique, économique, technologique… La guerre est devenue multiforme, interconnectée, visible et invisible, ici et ailleurs. Elle touche une multitude d’acteurs comme de secteurs. Elle s’est accélérée, comme le reste.
Savoir la détecter, l’anticiper et, le moment venu, la mener devient infiniment complexe, que l’on se place du strict point de vue militaire ou dans une perspective plus globale. Cela implique toutes sortes de nouvelles stratégies, d’expérimentations, de développements, de talents et d’innovations. En ces temps troublés, l’un des grands défis de nos sociétés démocratiques consiste à former les esprits et lutter contre la désinformation dont la force est démultipliée par Internet, les médias automatisés via l’intelligence artificielle, les réseaux sociaux, etc. Dans ce contexte, il devient de plus en plus difficile de « connaître, anticiper, informer », sujet de la première table ronde de ce matin.
Le Cnam s’y emploie, de diverses manières : par ses formations multidisciplinaires, par sa recherche qui ne l’est pas moins, par ses actions au service de la diffusion de la culture scientifique et technique. Il s’y emploie aussi grâce aux liens et partenariats qu’il noue avec de nombreux acteurs publics et privés, par ses séminaires, journées et colloques qui accueillent un public d’experts et de non experts. La présence parmi nous, aujourd’hui, du Chef d’état-major des armées, du ministre des Armées et d’intervenants de très haute qualité renforce cette mission du Conservatoire.
Pour protéger nos démocraties, il faut, plus que jamais, favoriser le débat scientifique, sensibiliser aux enjeux d’aujourd’hui et de demain, accroître l’attractivité des métiers scientifiques et techniques. L’évolution des nouvelles technologies, de l’IA et de l’autonomie des machines révolutionne notre monde et ouvre des questionnements nouveaux, autour des risques, de l’éthique et de la prise de décision.
Je vous souhaite des échanges aussi instructifs que constructifs et je remercie le professeur Alain Bauer, artisan de ces Assises, ainsi que tous les intervenants qui nous font l’honneur et l’amitié de leur présence ici ce matin. ♦