L'auteur s'interroge sur les enjeux éthiques de l'autonomie accrue des systèmes d'armes, en prenant l'exemple du drone armé qui se développe sous l'effet de trois avancées technologiques : la numérisation, la capacité de calcul et, dans une moindre mesure, « l'actuation ou passage à l'acte létal » sous faible poids et faible puissance, qui permet désormais de transformer le potentiel numérique en réalité physique de combat.
La télé-opération et l'autonomisation des drones : quels problèmes éthiques ?
Permettre de frapper l’adversaire en restant hors de sa portée a toujours été le moteur du développement des armements. Au début du XXe siècle, l’apparition de l’électronique a permis leur télé-opération et, désormais, la numérisation leur confère une autonomie croissante de déplacement et d’action. Le robot est le produit naturel de cette évolution et le drone en est le premier développement important.
Outre les débats budgétaires autour de l’acquisition de ce type d’engin, le drone est connu des médias en France pour son rôle dans la lutte contre-insurrectionnelle américaine. Aux États-Unis, cet emploi a soulevé une controverse analogue à celle du napalm ou de l’« agent orange » de la guerre du Vietnam. Ne trouvant pas de soutien dans un droit déconcerté par la nouveauté du phénomène (cf. Living under drones), cette réaction morale a éveillé une interrogation sur la légitimité de la guerre dans laquelle il est engagé. Ainsi la mise en œuvre de drones sur les théâtres contemporains nous offre une bonne occasion de réfléchir aux enjeux éthiques de la télé-opération et, à un degré moindre, de l’autonomie des systèmes d’armes. Se limiter à ces deux apports opérationnels des progrès techniques récents ne permet pourtant pas d’en avoir une vue équilibrée sans en étudier un troisième : la précision.
C’est donc de ce triptyque que nous allons tenter de mesurer les enjeux éthiques aujourd’hui : précision, télé-opération et autonomisation avec le cas particulier des drones armés. Son développement récent tient à trois avancées technologiques présentes dans le monde civil autant que militaire : la numérisation d’abord, la capacité de calcul ensuite et, dans une moindre mesure, « l’actuation » (1) sous faible poids et faible puissance, qui permet désormais de transformer le désir numérique en réalité physique.
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