Union française - Le retour du Sultan au Maroc et la constitution d'un gouvernement - Le congrès du Néo-Destour - La situation en Algérie - La réforme municipale en Afrique noire - Les rapports franco-vietnamiens
Afrique du Nord
Maroc
À l’issue de l’entretien qui a eu lieu le 6 novembre 1955 à La Celle-Saint-Cloud, entre M. Antoine Pinay et le Sultan du Maroc, une déclaration commune a défini un accord sur les points suivants :
– constitution d’un gouvernement marocain ayant pour mission d’élaborer les réformes institutionnelles qui feront du Maroc un État démocratique à monarchie constitutionnelle, de conduire avec la France les négociations destinées à faire accéder le Maroc au statut d’État indépendant uni à la France par les liens permanents d’une interdépendance librement consentie et définie ;
– assurance que la France et le Maroc doivent bâtir ensemble et sans intervention de tiers leur avenir solidaire dans l’affirmation de leur souveraineté par la garantie mutuelle de leurs droits et des droits de leurs ressortissants, et dans le respect de la situation faite par les traités aux puissances étrangères.
Après un retour triomphal, à l’occasion duquel l’enthousiasme populaire marocain atteignit le délire, le Sultan procéda immédiatement à la consultation des divers partis politiques. Le Parti démocratique de l’Indépendance et l’Istiqlal – ce dernier après quelques hésitations – donnèrent leur accord à la constitution d’un gouvernement représentatif. Si Bekkaï, pressenti pour former ce gouvernement, fait finalement connaître son acceptation le 30 novembre 1955.
La tâche du Sultan et de Si Bekkaï reste très délicate dans les circonstances actuelles. Des mots lourds de sens, tels qu’« indépendance » et « interdépendance » ont été prononcés publiquement, et il n’est pas sûr que certains milieux politiques ne les interprètent pas de façon différente. Le Parti démocratique de l’indépendance, comme l’Istiqlal, ont inscrit à leur programme la création d’une monarchie constitutionnelle, d’une armée et d’une représentation diplomatique marocaine. Que sera dans ces conditions le contenu de l’« interdépendance ? »
D’autre part le retour du Sultan n’a pas arrêté le terrorisme dont les manifestations ont fait 10 morts et plus de 60 blessés les 19 et 20 novembre 1955, à Rabat, Meknès et dans d’autres villes marocaines. L’ordre enfin n’est pas encore rétabli dans le Rif, à la frontière espagnole, où le 26 une embuscade tendue par les rebelles à une ambulance a causé 17 morts et 10 blessés. Le nouveau Résident général de France au Maroc, M. André Dubois, arrivé à Rabat le 10, doit donc lui aussi faire face à une situation qui reste tendue.
Il est à souhaiter que la constitution d’un gouvernement marocain approuvé par toutes les parties de la population et l’engagement des négociations avec la France calment définitivement l’effervescence qui subsiste actuellement.
Tunisie
Le Congrès du Néo-Destour s’est tenu à Sfax au milieu de novembre. Il a approuvé le 18 les conventions franco-tunisiennes et l’exclusion de M. Salah ben Youssef ; il a par ailleurs réclamé des élections à une Assemblée constituante et la création d’une forte armée territoriale.
M. Habib Bourguiba a été réélu président du Néo-Destour. Cette confirmation peut lui permettre de résister à la tentation de se livrer vis-à-vis de M. Salah ben Youssef à des surenchères qui risqueraient de remettre en cause les conventions franco-tunisiennes. L’annonce de bagarres survenues entre partisans des deux hommes laisse néanmoins subsister un doute sur la mesure de l’apaisement des esprits en Tunisie.
Algérie
L’Assemblée algérienne s’est réunie en session ordinaire le 30 novembre 1955 pour examiner les premières réformes du plan du gouverneur général Soustelle.
Le décret de dissolution de l’Assemblée nationale intervenu le 2 décembre 1955 a fait tomber automatiquement l’état d’urgence en Algérie. Il aura d’autre part pour conséquence des élections simultanées dans ce pays et dans la Métropole.
La question algérienne a été retirée de l’ordre du jour de l’Assemblée générale des Nations unies le 25 novembre 1955. La France a repris son siège à cette assemblée le 29 novembre 1955.
Afrique noire
Une loi en date du 18 novembre 1955 réorganise les municipalités de l’Afrique occidentale française (AOF), de l’Afrique équatoriale française (AEF), du Togo, du Cameroun et de Madagascar. Aux termes de cette loi peuvent être créées dans ces territoires des communes de plein exercice, après avis de l’Assemblée territoriale intéressée. Quarante-quatre localités ont été immédiatement instituées en communes de plein exercice.
Indochine
Vietnam
Les élections générales ont été reportées au mois de janvier 1956. Le gouvernement du président Ngo Dinh Diêm a fait connaître au gouvernement français qu’il mettait comme condition à l’ouverture de négociations économiques la définition par ce dernier gouvernement de ses rapports avec le monde communiste et en particulier avec le Vietminh.
Les deux officiers français accusés de tentative de sabotage et détenus par les autorités vietnamiennes depuis le 21 août 1955 ont été remis aux autorités françaises le 10 novembre 1955. ♦