L’armistice de 1940 et l’Afrique du Nord
« En 1940 fallait-il signer l’armistice ou poursuivre la lutte en repliant les Forces françaises en Afrique du Nord » ? Partisan de la seconde solution, M. Truchet expose, avec grande impartialité, les raisons qui ont déterminé sa conviction. Son livre documenté apparaît précieux et utile. Il essaie d’éclairer cet important et douloureux problème qui partage encore de nombreux esprits éminents.
Dans une première partie, très vivement enlevée, M. Truchet fait un récit objectif et nuancé des événements d’Afrique du Nord. Le ton sincère et dégagé de passion de l’auteur restitue l’atmosphère de ces heures troublées où se sont égarés tant d’honnêteté et de dévouement. Les réactions de l’opinion nord-africaine, celles des dirigeants de ces régions, à l’annonce de l’Armistice, sont éclairées de commentaires pénétrants, La situation militaire est minutieusement étudiée.
Dans une seconde partie, plus étoffée, objet réel de l’étude entreprise, l’auteur se pose la question de savoir si la défense de l’Afrique du Nord était alors possible. Après avoir exposé les deux thèses en présence, il entreprend l’analyse des différentes objections qui firent, conclure à l’inutilité d’un repli sur l’Afrique du Nord : le manque de temps, de bateaux, d’effectifs, de matériels rendait-il impossible une évacuation sur l’AFN ? Nos alliés auraient-ils pu nous soutenir ? L’attitude de l’Italie et de l’Espagne n’était-elle pas inquiétante ? Autant de questions discutées par l’auteur auxquelles il répond avec précision, perspicacité.
M. Truchet étudie ensuite dans le détail la portée de cet armistice, dont il est un adversaire convaincu. Il soutient que sans lui, le conflit germano-russe aurait pu être retardé, voire empêché, et parvient ainsi à constater dans sa conclusion que « la défense de l’Afrique du Nord eût été possible avec des risques minimes si le gouvernement et le commandement avaient pris à temps les dispositions nécessaires et qu’elle l’était encore avec des risques accrus mais acceptables, si le général Noguès avait eu, le 25 juin, suffisamment de caractère pour prendre la tête d’une dissidence de l’Empire ».
L’auteur termine en étudiant rapidement les effets de l’armistice sur le plan de la politique intérieure et sur celui de la politique mondiale.
Plusieurs pages d’annexes ferment le livre et lui donnent un intérêt supplémentaire, par l’importance de leurs renseignements. ♦