La culture général de l’Officier / L’épreuve de culture générale dans l’Enseignement militaire supérieur
« Il faut orienter la culture ».
Gabriel Bonnet.
La nécessité pour les officiers des armées modernes de posséder une culture technique et des connaissances spécialisées ne fait de doute pour personne. Chefs et exécutants doivent donc connaître à fond les éléments de la technique des engins et instruments qu’ils ont à utiliser. Mais on sait qu’un trop exclusif particularisme d’esprit risque de limiter l’aptitude à envisager les ensembles, à dégager l’essentiel. La culture générale, par l’exercice constant de la pensée, par la tendance à développer à la fois l’esprit « géométrique » et l’esprit « de finesse », contribue à développer des cerveaux aptes à juger avec pénétration.
Le colonel Bonnet, dans son premier ouvrage, détermine l’ampleur et les limites de la culture générale nécessaire aux officiers. Ses « bases de granit » sont : « l’initiation humaine », la formation scientifique, la pratique des langues, l’exploration des sciences politiques et de l’histoire militaire, une culture militaire d’ensemble. Cette culture, dit-il en parlant de l’officier « …enrichit son patrimoine intérieur, éclaire sa route et l’aide à l’action. Elle est l’outil indispensable de sa pensée, et non pas un ornement ; elle meuble et assouplit son esprit, lui permet de révéler ses talents, de dépouiller et de juger sainement les plus volumineux dossiers ; d’explorer avec lucidité les problèmes les plus complexes jusque dans leurs profonds replis ; de découvrir les meilleures solutions à leur apporter, après avoir pesé, interprété et, s’il y a lieu, corrigé tous leurs éléments, et enfin d’exprimer avec précision une opinion à la fois personnelle et intelligible à tous ».
Après avoir exposé les conditions dans lesquelles se fait la formation culturelle dans les armées étrangères, l’auteur détermine les instruments de travail de la culture et fixe la composition d’une bibliothèque dotée des éléments de base.
Le second ouvrage vise plus particulièrement la préparation à l’épreuve de culture générale des examens de l’Enseignement militaire supérieur (EMS). C’est un traité didactique.
La première partie traite de « la méthode de travail et d’étude ». Dépassant le cadre de la préparation à l’épreuve d’un examen, elle entend déterminer les procédés à utiliser dans tout travail intellectuel d’une certaine importance : « élaboration d’un rapport, d’un article, d’un ouvrage, d’une thèse ». Ainsi que le fait remarquer le général Blanc dans la préface du premier volume, le nom de Descartes y est fréquemment cité et ceci est caractéristique de la méthode suggérée.
Treize sujets-types sont entièrement traités dans la deuxième partie. Leur matière est celle de la plupart des problèmes d’actualité. En outre de la sérieuse documentation qu’ils rassemblent, leur forme suggère aux lecteurs les différentes formes dans lesquelles un sujet peut être présenté.
Une troisième partie est constituée par des « résumés aide-mémoire » avec plans et schémas. Les matériaux destinés à l’établissement des travaux y sont rassemblés ou indiqués.
Les deux ouvrages du colonel Bonnet représentent une contribution clairvoyante et – ô combien ! – utile à la détermination des besoins de culture générale des officiers, et à la fixation des méthodes et moyens à appliquer pour y faire face. La valeur de sa pensée est largement étayée par les conclusions d’une solide expérience. Ces études méritent une large diffusion. Il faut souhaiter qu’elles soient dans le corps des officiers à l’origine d’un regain de curiosité intellectuelle. ♦