Union française - L'Afrique du Nord et l'ONU - Création d'une Assemblée nationale consultative au Maroc - Exode des Français du Maroc - En Afrique noire - Incidents au Nord-Vietnam
Afrique du Nord
Les événements du mois d’octobre continuent à peser sur les relations franco-tunisiennes et franco-marocaines. La brusque interruption de l’intervention militaire franco-britannique en Égypte, sous la pression de l’URSS et des États-Unis, et la condamnation de cette intervention par l’ONU, ont eu quelques répercussions en Afrique du Nord, sur les premiers résultats d’une politique de fermeté longtemps réclamée par le ministre résidant en Algérie.
Le Maroc et la Tunisie à l’ONU
Prenant pour la première fois la parole à la tribune des Nations unies, depuis l’admission de leurs pays, les représentants du Maroc et de la Tunisie ne se sont pas fait faute de se poser en défenseurs de l’indépendance algérienne et de critiquer sévèrement la France. M. Bourguiba a adjuré la France d’accepter en Algérie la juridiction de l’ONU et a suggéré que la force internationale nouvellement créée y soit envoyée. M. Balafrej, ministre des Affaires étrangères marocaines, a affirmé que la présence en Algérie de centaines de milliers de soldats français constituait une menace pour la paix.
La position gouvernementale française vis-à-vis du problème algérien
Il est certain que les déclarations des délégués marocains et tunisiens ne manqueront pas de séduire un bon nombre des nations représentées à l’ONU, qui y verront la possibilité d’internationaliser l’affaire algérienne. Devant cette menace le chef du gouvernement français s’est préoccupé de préparer la position qui sera exposée prochainement par la France devant cette assemblée. Au cours d’un Conseil des ministres auquel assistait M. Lacoste, certains membres du gouvernement se sont déclarés favorables à la définition rapide d’une solution politique. M. Guy Mollet a cependant pu faire prévaloir le point de vue défendu par le ministre résidant qui estime que le moment n’est pas encore venu de procéder à des réformes de structure politique en Algérie. M. Lacoste s’est déclaré persuadé que la pacification était en bonne voie ; il est reparti pour Alger, chargé par le gouvernement d’accentuer et de compléter son action.
Si l’on constate une certaine recrudescence du terrorisme urbain en Algérie, par contre les opérations contre les bandes rebelles continuent à être favorables à nos troupes, et la reddition d’un certain nombre de chefs de l’armée de libération constitue, à n’en pas douter, un nouvel espoir dans l’action pacificatrice.
Création d’une Assemblée nationale consultative au Maroc
Le sultan du Maroc, par un dahir du 12 novembre 1956, a créé une Assemblée nationale consultative dont il a désigné les 76 membres. Dans son discours d’ouverture, le sultan a évoqué l’objectif final à atteindre qu’il a ainsi défini : promouvoir une véritable vie représentative permettant au peuple de gérer les affaires publiques dans le cadre d’une monarchie constitutionnelle.
L’exode des Français du Maroc
À la suite des tragiques événements de Meknès, la population française du Maroc semble avoir perdu toute confiance dans l’avenir qu’elle peut avoir dans ce pays. Malgré les efforts du gouvernement français qui s’est attaché à aider financièrement les sinistrés et à obtenir du gouvernement marocain les garanties indispensables, le mouvement d’exode vers la France a repris, plus important que jamais, sans qu’il paraisse possible de l’enrayer.
Afrique noire
Les élections municipales se sont déroulées le 18 novembre 1956 en Afrique noire et à Madagascar. Elles ont confirmé l’audience du Rassemblement démocratique africain (RDA) en Afrique occidentale française (AOF), et en général l’intérêt des électeurs africains pour des consultations dont les enjeux locaux ne leur ont pas échappé.
Vietnam
De graves incidents se sont déroulés le 18 novembre 1956 dans le Nord Vietnam, au Nord de Vinh. La présence dans ce secteur de fortes populations catholiques, la tension due à la récente réforme agraire, et les « erreurs du régime » semblent les expliquer. ♦