Asie centrale - Afghanisation ?
Depuis que, le 23 juin 2011, le président Obama a annoncé le retrait américain hors d’Afghanistan en 2014, toute l’Asie centrale regarde avec inquiétude vers le Sud. Les menaces israéliennes de bombardement contre l’Iran viennent encore aggraver les craintes d’une afghanisation du Turkestan déjà fragilisé par ses dissensions internes, le trafic de drogues et l’agitation islamiste ou populaire. Le repli par l’Asie centrale des unités et du matériel du corps expéditionnaire en Afghanistan et la succession à venir des Présidents ouzbek et kazakh ajoutent une touche d’incertitude à un ensemble plutôt préoccupant. Seule une proposition de coopération de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) avec l’Otan et la bonne volonté de Moscou par rapport au retrait via la Russie des troupes de la coalition correspondent à une évolution positive. Il en va de même du projet d’exportation du gaz turkmène vers l’Europe par le gazoduc Nabucco qui paraît à nouveau envisageable.
Dissensions
L’incontestable succès de la démocratie qu’a pu représenter, le 30 octobre 2011, une élection présidentielle sans fraude notable au Kirghizstan ne doit pas cacher le maintien dans ce pays d’une opposition entre le Nord « européanisé à la russe » et le Sud de plus en plus islamisé et mafieux. La sombre réalité est également illustrée par l’aggravation du blocus qu’impose l’Ouzbékistan au Tadjikistan tout au long de leurs 1 161 kilomètres de frontière. Sous prétexte que la construction par les Tadjiks de l’énorme barrage de Rogoun menace l’irrigation en Ouzbékistan, le président Karimov multiplie les tentatives de blocus. Ainsi, depuis novembre, après une mystérieuse explosion ayant endommagé un pont, maintient-il fermée la voie ferrée qui le long de l’Amou-Daria approvisionne le Sud du Tadjikistan (1). Les escarmouches entre gardes-frontières des deux pays ne sont pas rares et l’on signale parfois, côté ouzbek, des concentrations de troupes. Tachkent, il est vrai, peut se permettre d’être arrogant puisque son budget pour la défense est de 20 fois supérieur à celui de Douchanbé et de 45 fois à celui de Bichkek (2) ! La Russie est suffisamment proche de l’Asie centrale pour que ses difficultés locales puissent être amalgamées aux dissensions internes.
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