« Active » et « Réserve »
Il est peu de pays au monde où la puissance des mots soit aussi remarquable que chez nous. Il en est peu où les effets de cette puissance soient aussi souvent contraires à l’intérêt de la Nation, où cette magie du verbe intervienne pour entretenir les citoyens dans un climat de pensée dont le moins qu’on puisse dire est qu’il freine le redressement de notre pays en maintenant celui-ci dans un état d’impuissance larvée. Ainsi des mots « Active » et « Réserve ».
Le premier, s’appliquant à une armée au travail, est dynamique par essence. Il évoque une fourmilière grouillante et ordonnée où les tâches, hiérarchisées, s’accomplissent selon un rythme comportant un minimum de loisir. À un aspect viril et créateur, il ajoute une idée de santé, de bonne humeur, de fierté aussi pour être le boucher à l’abri duquel vit le pays.
Le second, s’appliquant à une armée en « pointillé », est, lui, statique. Ce qu’il évoque ? Une masse aux contours mal définis, quelque chose comme une fourmilière peut-être, mais dont nul ne connaîtrait les activités qu’elle recouvre. Méduse, nébuleuse, inconsistance, bouillon de culture, pépinière, serre chaude, force disponible, voire dépôt d’explosifs dont on ne saurait trop si quelques détonateurs ne sont pas encore en place, tels sont les mots ou les images auxquelles « Réserve » fait penser…
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