Bizerte, base stratégique
Chenal d’entrée du Port de Bizerte
L’avènement rapide, dans les deux camps mondiaux, des missiles thermonucléaires planétaires, nous paraît rendre de plus en plus probable la neutralisation de l’arme de destruction réciproque. Par suite, sous la « couverture » de ce « deterrent » bilatéral, les facteurs « classiques » régissant toutes les activités humaines conservent, à notre avis, tout leur intérêt.
La « menace thermonucléaire » ne saurait, en particulier, nous semble-t-il, diminuer l’importance stratégique des points de convergence ou d’inflexion obligatoire des grandes routes maritimes mondiales, à l’heure où elles peuvent seules assurer le transit des matières premières de plus en plus vitales pour la vie quotidienne des nations.
La position du « tournant » tunisien tire sa valeur de ces deux caractéristiques géostratégiques : il constitue, d’une part, le flanc africain du détroit central de la Méditerranée — dit de Sicile (1) — le plus large et le plus direct pour la navigation longitudinale dans cette mer ; et, d’autre part, c’est le promontoire le plus septentrional de toute l’Afrique, que cette même navigation doit obligatoirement doubler, au plus près, pour suivre l’itinéraire le plus court vers l’Est ou vers l’Ouest. Le cap situé immédiatement à l’Ouest de Bizerte atteint, en effet, 37°20’ de latitude, soit, sensiblement celles de Séville, de Carthagène, de Catane et de Sparte.
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