La défense aérienne en guerre atomique
À la veille de la Seconde Guerre mondiale, certains artilleurs soutenaient encore qu’avec quelques adaptations le canon de 75 Mle 1897 pouvait continuer à remplir en défense aérienne sa mission de matériel universel. Ils s’inquiétaient du coût et de l’usure rapide des canons de 90 que d’autres jugeaient indispensable de leur substituer. Aujourd’hui, cet esprit d’économie et de conservation ne convaincrait personne. Un matériel de défense aérienne ne peut pas faire deux guerres mondiales.
En 1945, l’artillerie de DCA pouvait estimer qu’elle avait correctement tenu la place qu’on en attendait, au cours d’opérations où nulle interception, terrestre ou aérienne, ne pouvait être pleinement efficace. Lors des derniers sursauts offensifs de la Luftwaffe, à Alger par exemple où le commandement américain avait réuni la plus dense des artilleries de défense éloignée et rapprochée qui ait jamais été opposée à un aviateur, les pertes qu’elle infligea à l’adversaire le contraignirent à cesser ses attaques. La DCA navale, celle du Pacifique notamment, atteignait une efficacité supérieure encore, contre des attaques-suicides qu’on n’avait certainement pas envisagées à l’époque où l’on hérissait de pièces de tous calibres cuirassés et porte-avions. Si l’Allemagne ne pouvait pas, en tout point des territoires qu’elle avait à protéger contre les expéditions aériennes alliées, réunir des défenses de cette densité, les résultats obtenus par la DCA terrestre dans la Ruhr ou par la DCA navale à Brest ont parfaitement répondu à l’espoir de leurs organisateurs.
Aussi, dès 1945, la première réaction d’une artillerie de DCA fut-elle le perfectionnement de ses matériels de défense éloignée et rapprochée par une conduite de tir plus en rapport avec les progrès récents du radar et des calculateurs électroniques. Des programmes imposants, auxquels l’ensemble des budgets militaires n’aurait pas suffi, furent dressés. L’état des finances françaises n’en permit heureusement qu’une exécution très limitée.
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