Le lieutenant-colonel James F. Schnabel a exposé dans la revue militaire américaine Army de mai 1959, l’opération d’Inchon. Il analyse les conditions dans lesquelles le général MacArthur décida et réalisa au cours de la campagne de Corée cet « assaut amphibie » (septembre 1950) considéré comme une opération habilement exécutée et parfaitement réussie. Mais parmi ceux qui reconnaissent le succès éclatant de l’opération, certains regardent le débarquement comme un exemple de stratégie audacieuse, tandis que d’autres l’appellent un coup de dés « ne pouvant servir d’exemple pour les opérations futures ». Une telle divergence d’opinions reflète les difficultés que rencontra le général MacArthur : situation mouvante, réserves tactiques limitées, renseignements imprécis sur l’ennemi, conditions hydrographiques et topographiques incertaines ; il est donc aisé de tenir l’action de MacArthur soit pour un coup de dés dangereux, soit pour une opération hardie mais exemplaire.
À travers les revues - Le débarquement à Inchon : coup de dés dangereux ou opération exemplaire ?
Mac Arthur avait examiné la possibilité d’un débarquement amphibie sur les arrières des forces nord-coréennes avant même l’intervention des premières forces terrestres américaines dans le conflit coréen. La désintégration rapide des forces de la République de Corée et la pénétration profonde des armées de la Corée du Nord dans la péninsule semblaient en effet empêcher toute réunion de forces suffisantes pour rejeter l’assaillant. Mais cette situation offrait un avantage tactique : plus les Nord-Coréens s’enfonçaient dans la péninsule, plus s’allongeaient vers le Sud leurs lignes de communication ; et si ces lignes étaient mal gardées, l’ennemi présenterait alors un flanc vulnérable à un enveloppement amphibie. Il serait possible d’isoler les Nord-Coréens en débarquant sur leurs arrières ; la poursuite de l’attaque amphibie, conjuguée avec une poussée terrestre débouchant du Sud, pourrait amener la destruction de l’armée nord-coréenne ou, au minimum, permettre de la rejeter en Corée du Nord.
Mac Arthur considéra Inchon, port de la mer Jaune situé à mi-chemin sur la côte occidentale de la péninsule, comme le point le plus favorable à un assaut amphibie. Séoul, où convergent les principales routes et voies ferrées de Corée et qui, de ce fait, était le nœud des lignes de communications ennemies n’est qu’à 25 miles à l’Est ; les forces d’assaut n’auraient à effectuer qu’une faible avance pour couper de leurs ravitaillements les Nord-Coréens. De plus, la reprise de Séoul, capitale de la République de Corée, pourrait avoir un effet psychologique sensible.
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