Mémoires – Alger, Tunis, Rome
On ne présente pas les Mémoires du Maréchal Juin. Il faudrait tout dire et tout citer de ce livre passionnant, clair et bien construit et dont le style honore l’écrivain.
Tous ceux qui s’intéressent à la politique française de 1940 à 1945 et, en particulier, à la politique suivie à Alger au cours de ces années, y trouveront un témoignage direct et précis sur les événements et, parfois, un bref jugement sur les hommes.
Tous ceux qui s’intéressent à l’art militaire ne peuvent pas ne pas lire et méditer toutes ces admirables pages consacrées aux campagnes de Tunisie et d’Italie qui sont parmi les plus belles de notre histoire militaire. Ils y apprendront comment se forme et se mûrit la décision du chef et comment il en suit personnellement l’exécution. Et ils consulteront, avec intérêt, les annexes à ce livre qui reproduisent quelques-uns des ordres, mémoires et documents d’état-major consacrés à ces campagnes.
Les relations parfois difficiles, avec les alliés trop souvent prévenus ou de science militaire trop schématique, sont retracées avec beaucoup de franchise, mais les portraits des individus y sont toujours nuancés d’estime, voire d’amitié. La fraternité d’armes n’est pas un vain mot. Et les Mémoires du Maréchal Juin montrent en tout cas combien la droiture d’esprit, la persévérance et le courage des chefs de notre corps expéditionnaire, l’héroïsme de ses soldats français et africains ont contribué à rétablir auprès de nos alliés le prestige de nos armes que notre adversaire avait déjà reconnu.
Ce beau document ne s’adresse donc pas seulement à tous ceux qu’intéressent l’histoire et l’art militaire. Il s’adresse en particulier à ceux, et ils sont nombreux, qui, pour comprendre le présent, veulent être informés d’une façon précise et directe sur des événements pourtant peu éloignés, mais dont malheureusement une très grande partie de l’opinion française n’avait pu, à l’époque, qu’ignorer ou apprendre le déroulement à travers des miroirs déformants. ♦