Dernier territoire ouvert à la stratégie, le cyberespace s’intègre progressivement dans la stratégie militaire générale. Il reste à en calibrer les dimensions stratégiques défensives et offensives, juridiques et techniques et à en évaluer le potentiel dissuasif. C’est à cet effort analytique que participe l’auteur qui s’attache à cerner la capacité offensive qu’il recèle.
Agir et réagir dans le cyberespace
To act and to react in the cyberspace
The last territory open to strategy, the cyberspace integrates itself gradually into the general military strategy. It remains to calibrate the defensive and offensive, as well as the juridic and technical strategic dimensions, and to evaluate the deterrent potential. The author, who focuses on figuring out the offensive capacity hidden in the cyberspace, participates in this analytic effort.
Il n’est plus question aujourd’hui pour les grandes puissances d’ignorer l’importance stratégique du cyberespace. Colonne vertébrale des sociétés modernes, il est également un domaine extraordinairement fragile dont la protection constitue cependant un enjeu primordial. Ce constat impose alors de penser les moyens de protéger ses intérêts dans un espace en perpétuelle évolution, toujours plus complexe.
Le cyberespace, parent pauvre de la pensée stratégique française ?
Bien que le cyberespace soit un domaine « jeune », la cyberstratégie n’a bénéficié en France que d’une attention tardive. Longtemps réservé presque exclusivement aux informaticiens qui traitaient des questions de sécurité des systèmes et des réseaux, le champ ouvert à la stratégie militaire par le cyberespace a rapidement conduit à des réflexions sur les enjeux et les capacités stratégiques du domaine ainsi constitué. En France, s’il est évoqué dans le Livre blanc en 2008, il n’est pas une priorité pour la Défense. Quelques auteurs abordent le sujet, mais celui-ci semble rester réservé aux « connaisseurs ». Aux États-Unis, a contrario, les premiers travaux sur le sujet remontent au début des années 1990 (1) puis se sont multipliés avec les innovations technologiques laissant entrevoir des applications militaires attrayantes, pour devenir dès 2008 un sujet prioritaire à la Maison-Blanche et au Département de la Défense.
Il reste 90 % de l'article à lire