Six études sur les équilibres internationaux
Six études sur les équilibres internationaux
Équilibres certes, mais souvent bien instables ! L’auteur a choisi, à partir de la Renaissance, six périodes ou plutôt autant de « moments-clés » centrés sur la situation politique et stratégique du continent européen, à la fois acteur incontournable et terrain de jeu même si, depuis la Seconde Guerre mondiale, l’établissement d’un ensemble multipolaire et l’entrée en scène des « émergents » ont élargi le théâtre à l’ensemble de la planète et accéléré les évolutions. Le choix du début de la réflexion chez Machiavel, sans retour à l’Antiquité, est assurément raisonnable.
Cet homme volontaire et mal aimé, « réaliste désenchanté… logicien impitoyable » a fait ressortir avec bon sens la notion permanente de risque ainsi que le rôle de la force (notamment militaire) et de la ruse. Face à l’éparpillement italien et germanique de l’époque, il a décrit l’État-nation sur le modèle français et espagnol et évoqué le « citoyen-soldat ». Quelque trois siècles après la rédaction de « Il Principe », le sage et lucide Metternich, « observateur implacable » recherche au congrès de Vienne, et sans trop d’illusion, le charme du statu quo.
Après donc deux premières études consacrées à ces personnages, les quatre autres couvrent la période contemporaine et, négligeant 1918, prennent plutôt 1945 comme point de départ. Elles forment un tout sans découpage chronologique évident, où les dirigeants (Roosevelt, Kennedy, de Gaulle, Adenauer, Obama et Sarkozy) sont plus pilotes que théoriciens. Bien entendu, on retrouve ici, à propos de notre vieux continent, le « dilemme entre intégration et confédération » fusion dans le « sillage atlantique » ou simple Europe des patries ? Les États, où le sentiment national reste enraciné, sont réticents face au « cosmopolitisme ambiant » et consentent à des « transferts de compétence plus que de souveraineté ». Et pourtant, sur l’échiquier planétaire où le foyer principal de puissance se trouve comme toujours en Eurasie et face à l’agitation croissante dans les nouveaux « Balkans mondiaux », dans la perspective aussi d’un relatif déclin américain, la mise en œuvre d’une grande politique eurasiatique basée sur une communauté d’intérêts devient indispensable, alors que nous ne nous trouvons actuellement qu’à mi-parcours. Autant dire que nous rejoignons là la plus brûlante actualité. Si l’appel à l’action est net, si les affirmations sont clairement exposées, la lecture est parfois ardue et réclame une attention soutenue, par exemple lorsqu’il s’agit de distinguer gouvernance et gouvernabilité. Le terme « Étude » indique bien la nature d’un ouvrage destiné, semble-t-il, à un public averti.