Sahara, Tunisie, Communauté
AU cours d’une conférence prononcée le 10 décembre devant l’Académie diplomatique internationale, M. Jacques Soustelle soulignait le « caractère anachronique » des revendications, soit officielles, soit officieuses, soulevées par le Maroc et la Tunisie à propos du Sahara.
Nous avons traité ici même des revendications marocaines (1), mais les lecteurs auront pu s’étonner de trouver si peu de choses concernant la Tunisie. Ils se rappelleront peut-être la négociation franco-britannique de 1899, au cours de laquelle notre ambassadeur Waddington avait représenté à Lord Salisbury que la question de l’arrière-pays tunisien ne présentait pas d’intérêt, « puisque l’Algérie contourne la Tunisie et s’étend jusqu’à Ghadamès ». Les contestations qui se sont constamment élevées entre Alger et Tunis, à propos de l’exercice de la police aux confins sahariens et dans la région du Grand Erg oriental, nous avaient paru quelque peu en dehors du sujet. Enfin, il semblait que cette question eût été définitivement réglée, au préjudice d’ailleurs des thèses algériennes, à l’occasion des négociations de la convention franco-tunisienne d’autonomie interne, signée à Paris le 3 juin 1955. Son annexe n° 5, relative aux pouvoirs et services que conserveraient les autorités françaises pour assurer leurs obligations et responsabilité en matière de défense, ou découlant du traité de 1881, stipulait en effet que celles-ci continueraient d’exercer leurs missions actuelles dans une zone frontalière de sécurité, limitée notamment à l’Ouest et au Sud-Ouest par la « frontière entre l’Algérie et la Tunisie », tracée sur la carte jointe à ladite annexe.
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