L’action psychologique
L’auteur développe la thèse que l’action psychologique, dont on parle tant, est du domaine de la politique, et ne doit pas être considérée comme le propre de tel ou tel grand service de l’État. « Il faut restituer l’action psychologique à la Politique », écrit-il dans son livre ; la raison en est selon lui que la politique seule peut « éclairer et animer ces deux grandes formes naturelles de la Démocratie, l’Information et la Propagande ». Plus loin il juge que cela suppose « une exacte délimitation des compétences civiles et militaires », et une sagesse qui, « familièrement énoncée », pourrait s’exprimer en disant : « ne laissez pas les forces armées jouer avec l’action psychologique ».
Pour développer cette thèse, Maurice Maigret a recours à une analyse des conditions dans lesquelles, depuis ces dix dernières années, l’action psychologique a été conçue et appliquée chez nous ; son livre est donc en grande partie « l’histoire des états successifs de l’action psychologique ». Cette histoire est présentée sous une forme souvent ironique, parfois désabusée ; elle est pleine d’allusions que les seuls initiés pénétreront complètement.
C’est pourquoi de nombreux lecteurs auront quelque peine à suivre l’auteur dans cette « manière de voyage au bout de l’information », ainsi qu’il qualifie lui-même son livre. Nous pensons que la thèse, qui vaut certes la peine d’être soutenue et qui éclaire largement le difficile problème de l’action psychologique, aurait tiré plus de force démonstrative d’une présentation plus claire, plus « banale », pourrions-nous dire. Le procédé choisi par l’auteur est en quelque sorte indirect ; le sujet est d’une trop brûlante actualité et d’une trop grande importance pour qu’il se satisfasse de pages brillantes, intelligentes, mais souvent décevantes par leur ton paradoxal.
Et, en dernière analyse, même si le lecteur partage au fond l’avis de l’auteur, il reste à dire comment l’action psychologique pourrait pratiquement être rattachée à la politique ; au-delà du principe, on désirerait au moins l’esquisse d’une solution pratique. ♦