Problèmes sociaux et impératifs militaires
« La France… qui change de visage. »
A. Maurois.
Marquée surtout par la découverte et l’emploi de moyens énergétiques de plus en plus puissants, la révolution technique caractérise les deux derniers siècles. Le phénomène est d’autant plus sensible que le rythme d’application s’accroît avec le temps. Il en est de même de l’extension des conséquences — dès lors qu’est résolue la libération de l’énergie dite atomique. Cette dernière, par le capital de recherches scientifiques et d’infrastructures techniques qu’elle exige, tend à donner aux problèmes stratégiques et tactiques des dimensions planétaires.
Les incidences de tels bouleversements sur la définition des Forces Armées sont généralement admises. À l’extrême limite, s’atténuent les exigences numériques d’effectifs. Appuyée sur une immense base scientifique et industrielle protégée, l’Armée atomique de demain ne requerra qu’une phalange de techniciens militaires, voués aux questions de transport, protection, manipulation et emploi. Voilà qui explique le déséquilibre des études conduites dans cette hypothèse, selon qu’il s’agit du facteur matériel ou de l’élément humain. Certes, il n’est qu’une différence de degré — et non de nature — entre cette disproportion et celle qui marque toute définition d’organisation industrielle. Il n’en demeure pas moins de graves risques d’erreurs ou d’échecs. Une stratégie atomique commande une information constante et une éducation profonde, non seulement des praticiens engagés, mais aussi de la population tout entière, immanquablement condamnée aux représailles. L’importance et la permanence des problèmes humains en matière de Défense nationale apparaîtront plus nettement encore si la Nation doit se préparer à d’autres formes de conflit.
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