Parmi les problèmes économiques que l’Europe devra affronter au cours de la seconde moitié du XXe siècle, figurent au premier rang les conséquences de son évolution démographique, en particulier l’accroissement important du nombre des personnes âgées.
Personnes âgées et économies européennes
Parmi les problèmes économiques que l’Europe devra affronter au cours de la seconde moitié du XXe siècle, figurent au premier rang les conséquences de son évolution démographique, en particulier l’accroissement important du nombre des personnes âgées. Problème peu traité par les économistes et même par les sociologues jusqu’en 1950, il a été particulièrement mis en lumière par les travaux de M. A. Sauvy et de son Institut d’Études Démographiques (1). Le fait que ces études soient dues à des Français s’explique certainement par l’ampleur et la précocité du processus en France, ampleur aggravée, pour certaines de ces manifestations, par l’évolution de la natalité depuis 1946. Pourtant le problème est le même pour les autres pays de l’Europe, surtout du Nord-Ouest. Mais le vieillissement est un phénomène récent dans ces pays et il se trouve masqué par des difficultés économiques inconnues de la France : chômage, immigration, ce qui explique qu’on n’y attache pas toute l’attention qu’il mérite.
Au début de la deuxième moitié du XXe siècle, la situation exprimée dans les tableaux ci-après était déjà sensiblement plus marquée qu’au début du siècle. Et pourtant, le niveau maximum auquel il faut s’attendre n’était pas encore atteint. Rien que pour la France, où le vieillissement est déjà très avancé et tend à devenir étale, l’accroissement du nombre absolu de personnes de plus de 65 ans à prévoir entre 1960 et 1975 sera de 965 000, de très peu inférieur à l’accroissement du nombre de jeunes (1 073 000). Ce qui démontre la nécessité d’étudier le problème du vieillissement, aussi bien sur le plan psychologique, puisque les populations ne sont pas conscientes d’un problème pourtant plus ample encore que celui des jeunes, que sur le plan économique, puisque l’accroissement des effectifs des personnes âgées ne manquera pas d’avoir de graves conséquences non seulement sur le Social mais aussi sur l’Économique dans la répartition du produit et du revenu national, et sur l’activité et la localisation de la main-d’œuvre et de la population.
Actuellement, seules de tous les pays européens, la Grèce, la Turquie, l’Islande ont conservé pour la proportion de personnes âgées dans la population totale un pourcentage bas, l’Italie et les Pays-Bas atteignent maintenant les taux européens de 1930. Dans le reste de l’Europe, ce rapport avoisine 15 et 16 %. Il est légèrement plus élevé pour la France, dont le pourcentage de 17 est pourtant nettement réduit du fait des pertes masculines pendant la guerre de 1914. Certes, l’accroissement sensible de la durée de vie moyenne, de 15 à 20 ans suivant les pays, depuis le début du siècle a augmenté le nombre absolu de personnes âgées, et l’avenir apportera certainement de nouveaux progrès, en médecine, par exemple, qui accroîtront encore ces effectifs absolus. Mais on sait maintenant, les travaux de l’INED (2) l’ayant démontré, que le vieillissement est essentiellement une résultante de la baisse de la natalité. Il est vrai que pour les problèmes économiques, les chiffres absolus ont plus d’intérêt que les pourcentages, mais ceux-ci, par contre, ont certainement une importance plus grande pour les phénomènes sociaux : baisse du pouvoir global d’adaptation de la population, viscosité des opinions, des habitudes et des structures, diminution du taux d’innovation, opposition des générations, phénomènes de gérontocratie.
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