Koweït : origines et perspectives d’une crise arabe (fin)
Puisque Koweït apparaissait à la fois peu mûr pour l’indépendance et peu pressé de l’acquérir, fallait-il la lui octroyer ? Du moins peut-on souligner que la crise, issue de ce changement de statut, procède uniquement d’initiatives extérieures à l’émirat. L’intérêt qu’elle présente réside d’ailleurs, plutôt que dans le sort même du petit État, dans les tendances et les forces antagonistes qui s’affirment ainsi de nouveau à l’intérieur du monde arabe, et dans les concours ou les oppositions qui se dessinent au-dehors à cette occasion. À ce titre, la crise de Koweit jette quelque lumière sur certains ressorts peu visibles de la politique orientale d’aujourd’hui.
Pourquoi la Grande-Bretagne a-t-elle octroyé l’indépendance à Koweït ?
Un premier sujet d’étonnement, de recherche et de réflexion pour l’observateur, consiste dans la décision même, prise le 19 juin par le gouvernement de Londres, d’accorder l’indépendance à Koweit.
À l’évolution politique et sociale, encore très sommaire, de la principauté, la discrète tutelle de la Grande-Bretagne correspond fort bien ; même en 1961, elle ne paraît pas gravement démodée. D’ailleurs, outre qu’elle garantit efficacement le cheikh contre les pressions politiques qui pourraient provenir du dehors, elle offre aux finances et à la prospérité future de l’émirat, au-delà même de l’ère peut-être provisoire du pétrole, une base extrêmement solide et durable, en assurant le placement d’immenses disponibilités, dans les conditions les plus sûres, à la Cité de Londres.
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