Ils arrivent
L’histoire du débarquement allié de 1944 vu du côté allemand, racontée en une suite de courts épisodes où les acteurs de tous grades sont mis en action, fait évidemment penser au célèbre livre de Cornélius Ryan, Le jour le plus long, mais n’en a ni la puissance, ni l’intensité. Paul Carell a voulu mettre dans son livre, en insistant sur les premières heures et les premiers jours du débarquement l’ensemble de la manœuvre jusqu’à Paris et même au-delà ; c’est sans doute pour un ouvrage de ce genre, une dimension trop vaste. Il en résulte un peu de confusion : les épisodes sont trop nombreux pour que le lecteur puisse aisément les suivre et les relier entre eux.
Il n’en reste pas moins que cet ensemble de témoignage est précieux pour l’historien, car il relate les réactions des combattants du rang le plus modeste, les espoirs et les déceptions des chefs de tous échelons, les alternances rapides de victoires et de défaites locales, en bref, ce grouillement sanglant, effroyable et comique qu’est une bataille.
Paul Carell a voulu démontrer que l’armée allemande a été écrasée par la puissance de l’organisation et du matériel allié. Il ne cache pas pour cela les défaillances du commandement allemand, ses hésitations, ses erreurs. Mais il insiste sur ce mécanisme implacable qui, malgré quelques grincements et quelques avaries, écrasait les résistances les plus opiniâtres. Le lecteur français qui a vécu la campagne de 1940 retrouvera ses impressions d’alors, lorsque nous succombions sous les coups des blindés et des Stukas, et partagera aisément l’état d’esprit des officiers et des soldats allemands que l’auteur met en scène.