Stratégie de dissuasion et stratégie de guerre
Le raisonnement stratégique est devenu si complexe que les initiés eux-mêmes se perdent parfois dans son dédale. Que dire alors des non-initiés, troublés de découvrir les obscurités parfois volontaires et les contradictions des spécialistes ! Dans un domaine si important et si mal connu — même de ceux qui font profession de le connaître — il est indispensable de dégager quelques concepts simples, capables de constituer les fils directeurs d’un raisonnement ou d’une discussion où les idées seraient enfin mises à leur vraie place, au lieu d’être mélangées de façon inextricable. Un débat récent m’a convaincu de cette nécessité et m’a incité à tenter ici cette clarification.
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Pour traiter les problèmes stratégiques modernes, nous ne disposons que d’un vocabulaire assez mal assuré : il est farci d’anglicismes de traduction souvent incertaine, et surtout les définitions fermes manquent. Je ne voudrais pas faire ici un glossaire qui serait cependant indispensable. Je me limiterai à deux expressions clés : le « deterrent » — dissuasion et la « réponse flexible ».
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