Deux budgets militaires, une politique de sécurité qui s’accommode du « déséquilibre de la terreur »
Au début d’avril dernier, le « New York Herald Tribune » laissait entendre que le Gouvernement de Londres avait accueilli avec quelque réserve les démarches du Général Maxwell D. Taylor qui, fidèle à sa doctrine, réclamait le renforcement des forces conventionnelles britanniques déployées sur le continent.
Le Général Taylor avait eu la malchance d’arriver à Londres quelques semaines seulement après la publication du « Livre Blanc » de 1962 sur la Défense. Fort nettement, le gouvernement de M. Macmillan y développait un programme très différent de celui que la nouvelle administration démocrate ne cesse de recommander à ses Alliés. Si M. Kennedy réclame l’augmentation des forces conventionnelles, celles du Royaume-Uni n’étaient pas accrues mais, au contraire, les effectifs sous les armes diminuaient ; plus que jamais, la sécurité des Îles Britanniques était fondée sur une arme nucléaire de dissuasion nationale. Quant à « l’engagement » sur le continent européen, il n’était pas davantage affirmé, le fameux « seuil » n’était pas haussé par un appoint britannique supplémentaire, et il était même spécifié que l’importance des forces britanniques stationnées en Allemagne occidentale dépendrait dans une large mesure de la situation économique. Ainsi, non seulement le nouveau plan implicitement contenu dans le « Livre Blanc » de 1962 négligeait les vues du Département d’État, non seulement ne condamnait pas le bouleversement stratégique créé par les fameux « Livres Blancs », de 1957 et de 1958 mais, au contraire, les conceptions stratégiques alors adoptées étaient reprises, précisées, amplifiées. Certes, comme le précédent, le nouveau « Livre Blanc », est davantage une directive définissant les grandes lignes de la politique de sécurité britannique durant les cinq prochaines années qu’un plan quinquennal comme ceux qu’ont établis les États-Unis ou la France. Cette directive confirme celle de 1957. Loin de revenir en arrière sur les décisions prises sous l’impulsion de M. Duncan Sandys, chargé à l’époque de la Défense, le Gouvernement de Londres s’engage résolument dans la voie alors tracée et fonde plus que jamais la sécurité des Îles Britanniques sur la menace de représailles nucléaires, tandis qu’il diminue régulièrement les effectifs sous les armes — ceux de l’armée active comme ceux des réserves entraînées — et qu’il compte défendre les intérêts britanniques hors du Royaume-Uni à l’aide d’une force d’intervention légère, très mobile, maintenue en attente sur le sol national.
Les idées fondamentales du concept stratégique britannique apparaissent être les suivantes :
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