Briand, pèlerin de la paix
Pour bien comprendre la politique étrangère à laquelle le nom de Briand reste attaché, en d’autres termes, son pacifisme, ou, pour tout dire, le « Briandisme », il importe de se rappeler son terroir natal, et ses premières options politiques.
Il est né à Nantes, il y a cent ans, le 28 mars 1862. C’était un Celte aux yeux bleus, d’allure nonchalante, qui, selon l’un de ses collaborateurs et biographes, Alfred Aubert, devait à sa ville natale « cet air méditatif et rêveur que les luttes politiques n’ont pu effacer ».
Il entre, très tôt, dans la vie publique sous le drapeau d’un socialisme, moins révolutionnaire peut-être que ne l’a écrit Jacques Bainville, assez peu conformiste, empreint d’indépendance et de générosité. Il se trouve, de la sorte, en prise directe avec le prolétariat ouvrier, et, plus tard, devenu gentleman-farmer de Cocherel, avec le prolétariat agricole et paysan. Il a donc pu observer de très près les petits et les humbles, connaître leurs problèmes, leurs difficultés, leurs aspirations, de vivre de plain-pied avec eux, toujours attentif, bienveillant, familier, tout grand homme d’État qu’il soit devenu. Dans ses discours, il parlera constamment des « peuples ». Il se souciait du « peuple », il l’aimait.
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