Les événements de Cuba et les mesures navales prises par les États-Unis soulignent – si besoin était – l’importance des marines dans la lutte entre les deux blocs. Si les États-Unis d'Amérique ne font mystère ni de la composition, ni du tonnage, ni de l’armement de leurs navires de guerre, par contre Moscou tient secret ses efforts pour tenter de combler son retard dans le domaine naval. Que représente donc aujourd’hui la marine soviétique ?
Dans une prochaine livraison, l’auteur de cet article exposera la stratégie des forces navales des États-Unis qui, à elles seules, représentent plus du double de toutes les autres forces navales mondiales réunies.
La stratégie navale soviétique ne peut être évoquée sans tenir compte d’abord des facteurs géographiques qui, de tout temps, ont eu une influence déterminante sur la place tenue par la Marine, au sein des forces armées russes. Dans la conjoncture actuelle, la menace que représente pour l’U.R.S.S. l’énorme potentiel maritime des grandes puissances occidentales pèse aussi d’un grand poids sur cette stratégie. C’est en fonction de ces deux facteurs que l’U.R.S.S. a construit ces dernières années une flotte qui commence, malgré le secret qui entoure la chose militaire dans ce pays, à être suffisamment connue pour permettre d’évaluer ce que pourrait être la stratégie navale soviétique dans l’éventualité d’un conflit majeur.
Le théâtre maritime soviétique
L’U.R.S.S. est baignée au Nord par l’Arctique, à l’Est par le Pacifique septentrional, tous deux dominés par un climat glacial, à l’Est et au Sud par deux mers presque fermées, la Baltique et la Mer Noire, dont les débouchés en eaux libres sont tenus par des puissances non communistes.
L’Arctique soviétique englobe la mer de Barentz, la mer Blanche, les mers de Kara, de Laptev et de la Sibérie orientale ainsi qu’un certain nombre d’îles et d’archipels. Les conditions climatiques qui y règnent créent des difficultés de navigation pratiquement insolubles sauf le long du littoral sibérien pendant une courte période de l’année. Par contre la côte mourmane est soumise aux bienfaits de la branche nord du Gulf Stream qui réchauffe l’océan. Cette particularité donne à cette zone de l’Arctique soviétique une très grande importance économique et surtout stratégique. C’est là que se situe, au fond du fjord de Kola, le principal port de l’Arctique : Mourmansk. Avec ses annexes, il constitue à la fois un très grand port de commerce et de pêche, et la base, la plus importante peut-être, des forces navales soviétiques. En fait, cette base est répartie en de multiples points d’appui disséminés dans les nombreuses baies donnant sur le fjord. L’ensemble ainsi constitué dispose de nombreux moyens de réparation mais le principal chantier de constructions navales de l’Arctique se trouve en mer Blanche, à proximité d’Arkhangelsk. Des questions de sécurité militaire ont certainement prévalu lorsqu’il a été décidé avant 1939 de créer à cet endroit, sous le nom de Molotovsk, un très grand chantier naval, bien que la mer Blanche soit pratiquement bloquée par les glaces de décembre à la fin mai. Quoi qu’il en soit, les chantiers de Molotovsk, de Severodvinsk aujourd’hui, ont été achevés et agrandis après la guerre. En raison du froid rigoureux qui règne l’hiver dans ces régions, les constructions s’effectuent sur des cales couvertes dont quelques-unes de très grandes dimensions (1). Severodvinsk s’est spécialisé dans la construction de navires de commerce, de pêche et de brise-glace mais c’est là aussi, pense-t-on, que les Russes construisent, à l’abri de toute indiscrétion, leurs sous-marins lance-engins ou atomiques.
Le théâtre maritime soviétique
La menace navale adverse
Les forces aéronavales soviétiques
La flotte